sibles, des crimes notoires, que le Seigneur du moins ne puisse pas nous accuser d'y avoir concouru, par notre peu d'amour pour nos concitoyens et par notre lâcheté dans la prière, et que dès aujourd'hui nous remplissions avec plus de fidélité, plus de persévérance et plus de foi, les fonctions de la sainte sacrificature dont nous sommes revêtus, et à laquelle Dieu ne peut rien refuser, quand nous l'exerçons au nom de Jésus-Christ! Dieu nous en fasse la grâce! Amen! LE TRIOMPHE FINAL DE CHRIST SUR TOUS SES ENNEMIS. Il faut qu'il règne, jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. 1 Cor. XV, 25. QUEL est ce personnage puissant et magnifique auquel est promis, dans mon texte, un triomphe final sur tous ses ennemis, et l'empire universel sur toutes choses? C'est celui dont le prophète Esaïe annonçait par avance les titres et la gloire, quand il disait : Son nom est l'Admirable, le Conseiller, le Dieu fort et puissant, le Père de l'éternité, le Prince de paix; il n'y aura point de fin à l'accroissement de son empire (1). C'est celui dont David célébrait dans ses chants le règne et les victoires : O Dieu! ton tróne demeure aux siècles des siècles, et le sceptre de ton royaume est un sceptre d'équité; tu recevras pour ton héritage les nations, et pour ta possession les bouts de la terre (2). C'est celui dont saint Paul affirme posi (1) Esaïc IX, 5, 6. (2) Hébr. I, 13. Ps. II, 8. tivement dans les paroles qui précèdent et dans celles qui suivent mon texte, qu'il détruira tout empire, toute domination et toute puissance, et que Dieu a mis toutes choses sous ses pieds, c'est Jésus-Christ, le Fils de Dieu, le chef de l'Eglise, le Roi du monde. Et quels sont ces ennemis qui doivent un jour s'humilier devant lui et reconnaître son pouvoir souverain? C'est tout ce qui s'est opposé et tout ce qui s'oppose encore dans le monde à son Evangile, c'est tout ce qui a combattu dans les temps anciens, tout ce qui combat encore de nos jours, tout ce qui combattra dans la suite des siècles la vérité de sa Parole, c'est la tiédeur, le pharisaïsme, l'incrédulité, la superstition, l'idolâtrie sous toutes les formes et à tous ses degrés. Une partie de cet oracle est déjà accomplie, l'autre ne l'est point encore. Christ a déjà soumis bon nombre de ses adversaires à son doux empire, mais il lui en reste encore beaucoup à vaincre; son triomphe est commencé, mais il n'est point consommé. Voyons quelles ont été ses conquêtes jusqu'à ce jour, et quelles sont celles que lui réserve l'avenir. Examinons d'une part ce qu'il a fait, et de l'autre ce qu'il lui reste à faire pour parachever sa victoire sur ce monde, et concluant des trophées spirituels et glo. rieux qu'il a déjà remportés sur tant d'àmes qui baisent aujourd'hui avec amour et adoration son sceptre de paix, à ceux qu'il ne peut manquer d'obtenir dans la suite, recherchons ce que nous avons à faire nous, chrétiens, pour prendre part aux succès infaillibles de notre divin chef, et nous associer à sa victoire. Seigneur Jésus, Prince de la vie, Sauveur de nos ames, qui as promis d'être avec les tiens jusqu'à la fin du monde (1), sois présent au milieu de nous, fais-nous sentir la puissance de ton Evangile, excite, ranime en nous le désir de combattre pour toi, afin que nous soyons un jour couronnés avec toi, dans ta gloire. Ainsi soit-il! Quelle opposision formidable, mes frères, que celle qui se manifesta dans le monde à la naissance du christianisme! Ce colosse prodigieux de la puissance romaine, qui d'une main s'appuyait sur le détroit de Gibraltar et de l'autre sur la mer Caspienne, et qui, couvrant l'Europe de son vaste corps, touchait de ses pieds les déserts de l'Afrique, et de sa tête les parties septentrionales de la Grande-Bretagne, s'arma tout entier, comme un seul homme, pour l'écraser. Dans tous les rangs, dans tous les états, il rencontra des ennemis acharnés à sa perte. Les empereurs, qui ne voyaient dans le renversement de l'ancienne superstition que la ruine de l'état et la perte de leur couronne, décrétèrent contre les confesseurs du nom de Jésus des persécutions sanglantes, qui durèrent trois siècles, sans presque aucune interruption. Les prêtres, dont les ressources et le crédit tombaient avec les faux dieux dont (1) Matth. XXVIII, 20, ils étaient les ministres intéressés, excitèrent contre la croix la rage d'un peuple fanatique, en lui représentant la nouvelle religion comme le plus terrible des fléaux qu'eût pu leur envoyer le ciel. Les philosophes, dans l'orgueil de la science qui les possédait, ne voulant pas échanger les vains systèmes dont ils étaient les artisans, contre la doctrine révélée apportée du ciel sur la terre par le Fils de Dieu, la dédaignèrent, la montrèrent au doigt, la persiflèrent et concoururent, avec tant d'autres causes, à fortifier les préjugés et à accroître la haine naturelle au cœur de l'homme contre la vérité. Et le peuple toujours si mobile, suivant ordinairement en aveugle l'impulsion qui lui est donnée d'en haut, et d'autant plus terrible dans son aversion qu'il est plus ignorant et plus superstitieux, accueillit partout avec des menaces et des imprécations les messagers de la bonne nouvelle. Un cri de mort se prolongea de Jérusalem à Ephèse, d'Ephèse à Rome, de Rome dans les Gaules. Les livres des chrétiens furent soigneusement recherchés et brûlés; leurs assemblées de prière et d'édification devinrent l'objet d'enquêtes sérieuses de la part du gouvernement et furent fermées ou dispersées ; les plus fidèles pasteurs furent jetés au fond des prisons, d'autres condamnés à travailler dans les carrières et dans les mines; un nombre considérable de disciples du Crucifié périt sur les échafauds et dans les bûchers. Humainement parlant, c'en était fait de l'Evangile, et si l'Eglise chré |