cessaire est non pas d'être complet, ce qui est impossible, mais de fournir un fonds solide de renseignements sûrs et de textes qui sont des témoignages. Au premier rang de ces additions sont les néologismes; ils y occupent une place notable; et c'est leur droit. A tous les instants de la langue, il y a eu néologie; et plus d'une fois je me suis complu, en parcourant les historiques réunis à propos de chaque mot et qui ne l'avaient pas encore été, à considérer la quantité et la nature des accroissements qui arrivaient par cette voie. Le classique dix-septième siècle a obéi, malgré Vaugelas et Ménage, aux nécessités de pensée et de parole qui appellent les nouveautés; le dixhuitième, plein de scrupule à l'égard de la langue dont il héritait, a eu la main forcée; et le dix-neuvième siècle pousse jusqu'à la licence le droit qu'Horace accorde à tout écrivain de mettre dans la circulation un terme nouveau frappé au coin de l'actualité. On verra dans ce supplément un cas singulier d'un antique néologisme (pardon de l'accouplement de ces deux mots), que je dois à une communication de M. MartyLaveaux. C'est H. Estienne qui a introduit dans notre langue le mot analogie; et en l'introduisant il s'excusa d'offenser l'oreille si gravement. Heureuse offense: car le mot a fait une grande fortune, et il nous serait bien difficile de nous en passer. N'ayons donc à l'égard des néologismes aucun parti pris ni de répulsion absolue, ni d'engouement. Horace a dit, en parlant du poëte Lucilius : Cum flueret lutulentus, erat quod tollere velles; de même, dans ce flot mélangé d'incessantes créations de mots nouveaux, il est de bonnes acquisitions qu'il faut retenir. La récolte que j'ai faite dans les écrits du jour, je l'ai soumise à la critique; j'ai rejeté les mots nouveaux qui étaient construits en violation des lois de la composition; j'en ai redressé quelques-uns qui étaient susceptibles de l'orthopédie grammaticale; en d'autres cas, j'ai discuté avec l'usage qu'on en fait; car l'usage, qui exerce une si forte pression, n'est pas toujours intelligent. Cependant je dois dire que mes collaborateurs m'ont plus d'une fois arrêté en des indulgences trop grandes. Ma garantie auprès du lecteur est que je ne suis jamais intervenu pour rien imaginer, que tout ce que je lui donne a été écrit, et que presque toujours je cite le lieu et le temps. En ce recueil de néologismes, il est quelques malices à l'adresse du dix-septième siècle. Des mots nouveaux portent le nom de Bossuet, au compte duquel le supplément met incensurable et inexaminable. Et qui ne croirait, à première vue, que l'adjectif inétonnable est dû à quelqu'un de ces audacieux que le puriste déclare sans foi ni loi à l'égard de la langue? Eh bien, non, il est de Malherbe, sans parler d'ineffrayable, qui est aussi de lui. Dans la révision que le supplément a nécessitée, quelques acceptions soit omises, soit nouvelles, ont été découvertes. Je les ai inscrites soigneusement; l'enchaînement et l'extension des acceptions est une des plus curieuses parties de l'histoire des langues. En tous temps, des mots étrangers sont entrés en français. Nos auteurs du treizième siècle se servent souvent d'un terme qui n'est pas resté (sauf pourtant dans le dérivé godailler) : c'est goudale, qui signifiait la bière et n'était autre chose que l'anglais good ale. Aujourd'hui, avec les chemins de fer, les rapports commerciaux et industriels, les télégraphes et la croissante uniformité de civilisation et de gouvernement, les échanges internationaux de termes et de locutions sont plus fréquents que jamais. J'ai fait un choix, essayant de n'admettre que les mots dont l'usage commence à s'emparer. Mais la limite est arbitraire; et, comme je l'ai éprouvé dans mon long travail lexicographique, une part est laissée au jugement et à l'initiative du lexicographe. A mesure que je me suis plus rendu maître de la langue française dans son état actuel, dans son développement, dans son histoire, j'ai senti davantage que des limites étroites ne convenaient pas à mon travail. Dès lors tout ce qui peut contribuer à étendre ce domaine, est pour moi le bienvenu. C'est sous l'influence de ces idées que dans le supplément j'ai notablement élargi le cercle des admissions pro vinciales. J'ai d'abord voulu pourvoir au nécessaire. On rencontre maintenant dans les gazettes juridiques, dans les comptes rendus des sociétés régionales, dans le récit des exploitations agricoles une foule de mots qu'il s'agit d'inscrire et de faire comprendre. Les noms locaux d'engins, de plantes, d'animaux sont bons à enregistrer; ils tiennent leur place dans la langue et en méritent une dans le dictionnaire. Toute cette partie technique a une utilité manifeste pour quiconque s'est trouvé embarrassé devant un de ces mots provinciaux. Un intérêt doctrinal s'attache aussi à ce genre de recherches. Un mot provincial fournit quelquefois des attaches, des intermédiaires, et complète quelque série. D'autres fois, c'est avec l'ancienne langue que se fait le raccord. Des termes du français des douzième et treizième siècles ont disparu, qui vivent encore sous des formes de patois; et certains ont un historique aussi assuré et d'aussi bon aloi que les vocables les plus authentiques. Aussi ne faut-il rien négliger et ne pas se montrer dédaigneux. Quand je rencontrai fourdraine, nom dans l'Oise du pommier sauvage, j'eus raison de ne pas l'omettre malgré son étrangeté; car, quelque temps après, un heureux hasard me le montra dans un texte du treizième siècle. Enfin, une dernière considération m'a déterminé. Il y a là beaucoup de bon français qu'il ne faut pas craindre de reconnaître. On y trouve une foule de mots d'excellente frappe; justement parce que le plus souvent ils se rattachent à un archaïsme authentique. Dans ce temps où l'on se plaint des excès du néologisme, lequel, lui, a pour défaut essentiel d'être une menace perpétuelle pour l'analogie et la grammaire, il n'est pas inutile de rappeler les types conservés. Tous les jours il se publie quelque texte inédit, quelque vieux poëme en langue d'oïl tiré des bibliothèques, quelques documents datés du moyen âge. J'ai bien des fois confessé mon faible pour la langue de nos aïeux; je les lis donc pour euxmêmes; je les lis aussi pour enrichir mon supplément. Fixer l'âge des mots a été un de mes soins dans mon dictionnaire; mais, tout le monde le comprend, je ne me flattai pas d'avoir été complet. En effet on trouvera ici des séries prolongées d'un ou plusieurs siècles vers l'antiquité. Bien plus, des mots qui manquaient d'historique ont été pourvus de cet utile complément. De ces additions quelques-unes ont été très-bienvenues. Par exemple, il semblait impossible que gaieté ne remontât pas au delà du seizième siècle; cette improbabilité a disparu, et, de fait, gaieté appartient aux anciens temps de la langue. D'autres, au contraire, semblaient devoir garder leur caractère de nouveauté; mais point; quelques-uns ont retrouvé une généalogie que je ne leur soupçonnais pas. Ainsi hospitalité, qui n'avait pas le moindre historique, en montre dans le supplément un fort respectable. La méthode scientifique inaugurée par les modernes pour la recherche des étymologies est toujours à l'œuvre; et de temps en temps parmi les romanistes il se produit quelque discussion sur l'origine de tel ou tel mot. J'ai consigné dans ce supplément les investigations qui ont pour objet des vocables de la langue française. Les langues romanes sont devenues l'objet d'une étude assidue; le français tient parmi elles un rang honorable; je me serais cru en faute à l'égard de mon dictionnaire et de mon public, si je n'avais pas relevé avec soin ce qui se faisait dans le domaine étymologique. Quand on lit beaucoup, quand on a des amis connus et inconnus1 qui vous transmettent avec un zèle tout spontané leurs notes, il se produit quelques petites trouvailles. Il est naturel de ne pas consentir facilement à les laisser se perdre. Un supplément en a été l'asile tout ouvert. L'ancien supplément a été fondu dans celui-ci, afin de mettre sous un même coup d'œil tout ce qui est ajouté. Quand on y cherchera un mot, on fera bien de se référer au dictionnaire, si ce mot y est déjà. Cette seule précaution fera comprendre sans difficulté la nature des additions. J'ai commencé cette courte préface par un retour sur moi-même, sur ma témérité à m'engager en de longs travaux, sur le danger que j'ai couru et que je cours encore de n'en pas voir la fin. Je termine en faisant un retour sur mes collaborateurs, M. Beaujean, M. Jullien, M. Baudry, M. le capitaine d'artillerie André. Mon heureuse chance aurait été complète, si seul, M. Despois, enlevé aux lettres par une mort prématurée, ne manquait à mon nouvel appel. Mais, malgré ce malheur et ce regret, je m'estime privilégié par le sort d'avoir conservé mes quatre principaux collaborateurs, qui apportent à notre œuvre commune, comme par le passé, zèle, critique et expérience. 1. Je ne veux pas me borner à cette mention anonyme et collective, et je me ferais un reproche de ne pas nommer quelquesuns de ceux qui sont venus à mon secours d'une façon particulièrement systématique et prolongée: M. Peyronnet, chef de bureau au ministère des finances; M. Ch. Berthoud, de Gingins, canton de Vaud (Suisse); M. Hector Denis, avocat, à Bruxelles; M. Du Bois, avocat, à Gand; M. Eugène Ritter, professeur à l'Université de Genève, et M. Richard Hippe, son élève, qui a fait, à mon intention, le dépouillement de la Bible française de 1525. 2. On peut reconnaître du premier coup d'œil, par la présence de la prononciation figurée, les mots du supplément qui n'existent pas du tout au dictionnaire. Juin 1877. DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE. SUPPLÉMENT. ABA A. || 29o Ajoutez: Pour l'emploi populaire et archaïque de à au sens possessif, on peut citer: épo uvantail à chènevière, et cet exemple de La Fontaine: .... car le greffe tient bon, Quand une fois il est saisi des choses: C'est proprement la caverne au lion, Oraison. || Joinville disait comme nos paysans: La comtesse Marie qui fut sœur au roi de France, édit. de la Bibl. nat. p. 17. † ABACA (a-ba-ka), s. m. Espèce de bananier (musa textilis), dont la matière textile consiste dans les filaments très-tenaces des pétioles. Le phormium tenax donne un filament solide et rude; l'abaca, ou chanvre de Manille, fournit une trèsbelle matière blanche, soyeuse et brillante; le filament de jute est difficile à travailler...., Tarif des douanes, en 1869, p. 141. Le bananier de notre colonie [l'Algérie] égalerait certainement le beau produit nommé abaca ou chanvre de Manille, Journ. offic. 18 mai 1856, p. 3391, 3o col. † ABAISSÉE (a-bê-sée), s. f. Action de mettre, de tenir bas une chose. Dans la nature, une abaissée d'ailes [chez l'oiseau] correspond à une course quatre ou cinq fois plus longue que l'envergure, TATIN, Acad. des sc. Compt. rend. t. LXXXIII, p. 457. ABANDONNEMENT. Ajoutez : || 6o En termes de partage de biens, attribution à une personne d'une ou plusieurs parties possédées indivisément. ABAQUE. Ajoutez: || 3° Nom donné aujourd'hui à certains tableaux destinés à abréger les calculs. Il y a une table de ce genre intitulée Abaque de Lalanne. || On nomme aussi abaque le compteur à boules des Chinois † ABAT. Ajoutez: || 2° Abatis de volaille. Les tripiers, à Paris, ont ordinairement sur leur enseigne: marchand d'abats. || 3o Terme de boucherie. Synonyme d'abatis, c'est-à-dire la peau, la graisse et les tripes des bêtes tuées. Voici, d'après la Halle aux cuirs, les prix de vente à la tannerie des peaux en poil de l'abat de Paris, par 50 kil., et pour le courant de juin...., Journ. offic. 15 juin 1874, p. 4044, 3o col. || Les abats rouges, les parties qui sont encore rouges. Pour le cinquième quartier, composé des suif, cuir et abats rouges,... ib. 17 février 1874, p. 1319, 2o col. ABATAGE. Ajoutez: || 6° Terme d'exploitation houillère. Action d'abattre la houille dégagée par DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE. ABC le havage. || 7° A certains jeux de cartes, action d'abattre ses cartes. Dans le baccarat en banque, il ya à peu près la moitié des coups où il y a au moins un abatage, E. DORMOY, Journ. des Actuaires franç. t. 1, p. 45. Le banquier n'éprouve aucune difficulté quand il y a un abatage à sa droite ou à sa gauche, parce qu'alors il n'a plus à tenir compte, pour décider sa manière de jouer, que du tableau qui n'a pas abattu, ID. ib. p. 39. ABATIS. Ajoutez: || 6o Dans un langage très-bas, il se dit des mains et des pieds. Il a de gros abatis. † ABATTANT (a-ba-tan), s. m. La partie mobile du dessus du siége, dans les latrines, LIGER, Fosses d'aisance, p 5, Paris, 1875 ABATTEUR. Ajoutez: || 2° Terme d'exploitation houillère. Ouvrier employé à l'abatage dans les mines. † ABATTIS (a-ba-tî), s. m. Terme de fortification. Défense accessoire consistant en un amas d'arbres entrelacés, liés ensemble et arrêtés sur le sol. ÉTYM. Même mot qu'abatis, mais l'usage a prévalu, dans les traités spéciaux, de l'écrire avec deux t ABATTRE. Ajoutez: || 15° V. n. Faire effort sur l'extrémité d'un levier, en l'abaissant près de terre, de manière à faire tourner un treuil horizontal. Ce mot s'emploie principalement dans la manœuvre de la chèvre; on emploie, dans l'artillerie, pour déterminer ce mouvement, le commandement: Abattez † ABATTU (a-ba-tu), s m. État de ce qui est abattu. Le chien d'une arme à feu à percussion est dit à l'abattu quand il repose sur la cheminée. + ABBATIAT (a-ba-si-a), s. m. Dignité, fonction d'abbé d'un monastère. Il faut admettre une lacune entre les deux abbatiats [de Jean et de Guillaume, abbés du monastère de Fécamp], Journ. offic. 5 oct. 1875, p. 8541, 3o col. ABBÉ. Ajoutez: || 3° Nom donné autrefois aux chefs de certaines confréries d'artisans dans le Midi. Le local de la confrérie se nommait abbaye, nom qui est encore usité en Suisse, notamment à Berne. ABCÈS. Ajoutez : HIST. XVI s. Cure generale du phlegmon lorsqu'il est degeneré en abcès, PARÉ, vII, 10 ABE † ABDICATAIRE (a-bdi-ka-tê-r'), s. m. Celui qui fait abdication. J'allai, sans façon, offrir l'hommage de mon respect au roi abdicataire de Sardaigne, CHATEAUBR. Mém. d'outre-tombe (éd. de Bruxelles), t. 1, Palais du card. Fesch, etc. ABECQUER. ÉTYM. Ajoutez: On a dit abecher, D'AUB. Tragiques, I, et RACAN: Comme il abeche dans les airs Les corbeaux naissants.... Ps. 146. † ABEILLÉ, ÉE (a-bè-llé, llée, ll mouillées), adj. Garni d'abeilles, en termes d'armoiries. Le manteau impérial était abeillé. † ABEILLER (a-bè-llé, ll mouillées), s. m. Rucher, endroit où sont les ruches d'abeilles. Que fait ma mère? est-elle encore Au jardin près de l'abeiller? JUSTE OLIVIER, Chansons lointaines, la Visite. ÉTYM. Patois du pays de Vaud, avelli (ll mouillées), d'abeille. M. Olivier a francisé le mot patois; abeiller est un joli mot. + ABEILLÈRE (a (a-bè-llê-r', u mouillées), adj. f. Qui est relatif aux abeilles. Il en est de même [dans le Chablais] de l'industrie abeillère, qui fournit le beau miel de Chamonix, HEUZÉ, la France agricole, p. 8. † ABÉLIEN (a-be-liin), s. m. Membre d'une secte qui, prétendant se conformer à Abel, rejetait l'usage des vêtements. Est-il bien vrai que, chez des nations un peu plus policées, comme les Juifs et demi-Juifs, il y ait eu des sectes entières qui n'aient voulu adorer Dieu qu'en se dépouillant de tous leurs habits? Telles ont été, dit-on, les adamites et les abéliens, VOLT. Dict. phil. Nudité. + ABERGEAGE (a-bèr-ja-j'), s. m. Ancien terme de jurisprudence. Contrat primitif et première concession, que le seigneur faisait de son fonds à son premier emphytéote, Répertoire de jurispru dence de Merlin. - ETYM. Lat. aberrare, s'écarter, de ab, marquant séparation, et errare (voy. ERRER). AB HỘC ET AB HẬC. - ETYM. Ajoutez: Cette locution vient peut-être d'une chanson traditionnelle que chantent les étudiants allemands: Quando conveniunt Catharina, Sibylla, Camilla, Sermones faciunt Vel ab hoc, vel ab hac, vel ab illa. + ABHORRABLE (a-bor-ra-bl'), adj. Qui mérite d'être abhorré. HIST. xvi s. Pour celuy [nom] de Furstemberg, il estoit trop hay et abhorable aux François, BRANT. Cap. estr. Furstemberg. + ABIGAIL (a-bi-ga-il), s. f. Une des femmes du roi David. || Dans le langage familier, femme de chambre. On vit paraître une superbe berline, forme anglaise, à quatre chevaux, remarquable surtout par deux très-jolies abigails, qui étaient juchées sur le siége du cocher, BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, Variétés (désappointement). ÉTYM. Angl. abigaïl, suivante, soubrette. Le nom biblique d'Abigail est devenu en Angleterre synonyme de femme de chambre (lady's maid), depuis qu'Abigail Masham, une fille de condition inférieure, qui était au service de la duchesse de Marlborough, fut placée par elle auprès de la reine Anne, et supplanta bientôt sa première maîtresse dans la faveur de la souveraine (BERTHOUD). † ABIMANT, ANTE (a-bi-man, man-t'), adj. Qui abîme. Les eaux montrent la justice divine par cette vertu ravageante et abîmante, Boss. Élév. 22 sem. III. ABÎME. Ajoutez: || 10° En abîme, de haut en bas et à une grande profondeur. Un autre dessin déploie le panorama de Paris vu en abîme du plateau de la butte Montmartre, TH. GAUTIER, Journ. offic. 30 août 1874, p. 3083, 2o col. ABÎMER. Ajoutez: || 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés, BAYLE, La France toute catholique, à la fin. † ABIOTIQUE (a-bi-o-ti-k'), adj. Terme didactique. Où l'on ne peut vivre. Qu'au-dessous [de 500 à 600m] commençait un immense désert sans plantes, sans animaux, auquel il [Forbes] donnait le nom de zone abiotique, A. RECLUS, Rev. mar. et col., juill. 1874, p. 150. ÉTYM. A privatif, et βιωτικὸς, οù l'on peut vivre, de βίος, vie (voy. VIE). ABJURER. HIST. Ajoutez: xIve s. Et Jesus, sollaux [soleil] de droiture, Le diable atrible et ajure, A cui com mortiex anemis Est por pechié toz [tout] hom sourpris, MACÉ, Bible en vers, fo 52, 2o col. † ABOLITIF, IVE (a-bo-li-tif, ti-v'), adj. Qui a le pouvoir d'abolir. Remplacement militaire: désertion du remplaçant; loi abolitive du remplacement; obligation de l'assuré, Gazette des Trib. 1er-2 juin 1874, sommaire. - ÉTYM. Voy. ABOLITION. ABONDANT. Ajoutez: || 6o Terme d'arithmétique. Nombre abondant, celui dont les parties aliquotes prises ensemble forment un tout plus grand que le nombre; exemple, 12, dont la somme des parties aliquotes 1, 2, 3, 4, 6 est 16. † ABONNATAIRE (a-bo-na-tê-r'), s. m. Entrepreneur chargé d'un marché par abonnement. Art. 12.... Les réparations dont l'exécution ne sera pas reconnue satisfaisante seront refaites d'urgence par l'abonnataire.... Art. 3. L'abonnataire s'engage, en outre, à ajuster à la taille des hommes qui les reçoivent, les effets.... Journ. milit. officiel, part. régl. 1874, n° 77, p. 452 et 449. † ABORDEUR (a-bor-deur), adj. m. Qui aborde, heurte en mer un autre bâtiment. L'équipage, composé de neuf hommes, a péri, sauf un seul, que le bâtiment abordeur a pu recueillir, Journ. offic. 21 avril 1875, p. 2884, 1o col. † ABOTEAU (a-bo-tô), s. m. Barrage, obstacle mis au cours de l'eau, dans la Saintonge. ETYM. À, et bot, qui signifie une digue, Gloss. aunisien, p. 74. ABOUCHÉ. Ajoutez: - REM. Lamartine a employé ce mot au sens propre: Leurs visages charmants à son corps abouchés, Chute d'un ange, 15o vision. Ce qui, d'après le contexte, signifie que les enfants avaient la bouche appliquée au sein de leur mère. † ABOULER (a-bou-lé), v. n. Terme populaire. Isidiones de Sainte-Constance date d'après les uns || 1° Payer, s'acquitter d'une dette, non sans regret. du temps de Constantin, d'après d'autres du temps Il faut abouler. || 2° Venir, entrer. Ils peuvent abouler quand ils voudront. - ETYM. À, et un verbe fictif bouler, rouler comme une boule. ABOUT. Ajoutez : || 4° Ouvrier d'abouts, classe de mineurs. Une classe spéciale de mineurs, les ouvriers d'abouts, choisis parmi les plus robustes et les plus intelligents, sont employés au creusement des fosses (avaleresses) pendant la traversée des terrains ébouleux et aquifères.... les ouvriers d'abouts sont chargés également de l'établissement des cuvelages et des picotages, travaux très-difficiles, destinés à empêcher l'envahissement des exploitations par les eaux, Rev. scient. 21 août 1875, p. 184. + ABOUTER. Ajoutez: || 2° Dans la Saintonge, aller jusqu'au bout, terminer. Abouter un rang de vignes, un sillon. ABOUTİR. Ajoutez: || 4° Arriver au bout. Si les chevalets dont on peut disposer ne sont pas suffisants pour aller d'une rive à l'autre, il faut hien y ajouter des bateaux pour aboutir, Journ. offic. 13 janv. 1875, p. 293, 3o col. ABOYER. Ajoutez: - REM. Aboyer à la lune est une locution née de l'observation du chien qui, blessé par l'éclat de la lune, aboie contre elle. ABRACADABRA. Ajoutez: HIST. XVI s. C'est un plaisir que d'entendre telle maniere de faire la medecine, mais entre autres ceste cy est gentille, qui est de mettre ce beau mot abracadabra en une certaine figure qu'escrit Serenus pour guarir de la fiebvre, PARÉ, XXV, 31. ABRÉGÉ, s. m. Ajoutez: || 5 Se disait chez les protestants, sous le régime de l'édit de Nantes, d'un nombre restreint de membres de l'assemblée politique, délégués par elle avec le consentement du roi pour continuer à siéger après sa dissolution et veiller à l'exécution de ses décisions ou des promesses de la cour, ANQUEZ, Hist. des assembl. polit. des réf. de Fr. p. 78, 79, 473. HIST. XIVo s. Aubris Bernars a baillé son abregié de ses despens contre Aubin Chiffet (1348), VARIN, Archives administr. de la ville de Reims, t. II, 2o part. p. 1177. ABREUVÉ. Ajoutez: || Il se dit aussi de la lumière. A cet instant, les objets sont comme abreuvés de lumière, DIDER. Œuv. compl. 1821, t. IX, p. 463. + ABRÉVIATIF. Ajoutez: || 2° Qui abrége, qui rend plus court. Ainsi tous les moyens abréviatifs que découvre l'ouvrier dans l'exécution d'une tâche tournent contre lui, P. LEROY-BEAULIEU, Rev. des Deux-Mondes, 1er juill. 1875, p. 153. || 3o Qui rend un chemin plus court. Le concessionnaire de la ligne abréviative entre Cambrai et Douai, Journ. offic. 7 juill. 1875, p. 5032, 2o col. ABRÉVIATION. Ajoutez: || 2° Action d'abréger, de rendre plus court. Les innombrables moyens d'abréviation employés dans ces derniers temps sont l'œuvre des travailleurs aux pièces qui les inventent, les perfectionnent, P. LEROY-BEAULIEU, Rev. des Deux-Mondes, 1er juill. 1875, p. 142. † ABRÉVIATURE (a-bré-vi-a-tu-r'), s. f. Signe dont on se sert dans l'écriture pour abréger. M. Gale, dans l'édition de quelques auteurs grecs, en a banni toutes les abréviatures, LE CLERC, dans Trévoux. ABRUPT. Ajoutez: || 3° s. f. L'abrupte, l'état abrupt d'un lieu. Il eût été bien difficile de les atteindre [des oiseaux nichés dans des rochers) à cause de l'abrupte des falaises qui les dominaient, Journ. offic. 9 mai 1876, p. 3165, 2o col. Montagnes à sommets rectangulaires, dont les gigantesques abruptes présentent des perspectives étranges [dans le Caucase), J. FRANÇOIS, Acad. des sc. Compt. rend. t. LxxxII, p. 1245 + ABRUPTION (a-bru-psion), s. f. Terme de chirurgie. Fracture transversale d'un os avec des fragments rugueux. ETYM. Lat. abruptionem, de ab, et ruptum, supin de rumpere (Voy. ROMPRE). ABSENTER.-HIST. Ajoutez: || xvo s. Il a tenu et tient le party des dicts d'Orleans et leurs complices.... s'est absenté de nostre dite ville de Paris, Lettres de confiscation de 14411, VIRIVILLE, P. 74. † ABOUKORN (a-bou-korn), s. m. Quadrupède + ABSIDAL, ALE (ab-si-dal, da-l'), adj. Qui se du Soudan qui porte au front une protubérance osseuse, mince et droite, CORTAMBERT, Cours de géographie, 10° éd. 1873, p. 635. ÉTYM. Arabe, abou, père, et korn, corne: le père de la corne. rapporte aux absides. La décoration absidale de de Charlemagne, Revue critique, août 1875, р. 105. Dans quelques édifices, comme à Yviron [en Grèce], des absidioles s'interposent entre les branches [de la croix], DE VOGUE, Rev. des Deux-Mondes, 15 janvier 1876, p. 297. ABSINTHE. || 3° Ajoutez: Avaler son absinthe, subir patiemment quelque chose de désagréable. Si je n'avais trouvé notre petit Livry tout à propos, j'aurais été malade; j'avalai là tout doucement mon absinthe, sév. Lett. à Guitaut, 6 décembre 1679. + ABSINTHIQUE (ab-sin-ti-k'), adj. Qui a rapport à la liqueur faite avec l'absinthe. Empoisonnement absinthique, TH. ROUSSEL, Journ. offic. 24 mars 1872, p. 2081, 2o col. † ABSINTHISME (ab-sin-ti-sm'), s. m. Maladie causée par la liqueur faite avec l'absinthe. On doit aujourd'hui distinguer l'empoisonnement par l'absinthe pure ou absinthisme de l'empoisonnement par l'alcool ou alcoolisme, A. D'ASTRE, Rev. des Deux-Mondes, 15 mars 1874, p. 472. L'absinthe finit par conduire à l'épilepsie; mais l'absinthisme est différent de l'alcoolisme, H. DE PARVILLE, Journ. offic. 1er juin 1876, p. 3751, 1re col. ABSOLU. Ajoutez: || 11° En mécanique, le mouvement absolu d'un point est le mouvement de ce point rapporté à des points de repère fixes; par opposition à mouvement relatif, qui est ce même mouvement rapporté à des points de repère mobiles. || 12° Ajoutez: || A l'absolu, en termes de commerce, complétement. Laine entièrement dégraissée et desséchée à l'absolu, Journ. offic. 7 février 1872, p. 926, 1re col. || 13° Terme de thermodynamique. Zéro absolu, voy. ZÉRO, no 2. || Température absolue, température comptée à partir du zéro absolu, ou - 273 centigrades. † ABSOLUITÉ (a-bso-lu-i-té), s. f. Néologisme. Caractère de ce qui n'a rien de relatif ni de contingent, en termes de philosophie. La véritable apologétique suit la voie interne elle se propose de fonder l'absoluité du christianisme sur le fait qu'il répond parfaitement à tous les besoins de l'humanité, l'Alliance libérale (journal religieux qui paraît à Genève), 18 sept. 1875. ÉTYM. Absoluité est formé d'absolu comme assiduité d'assidu, continuité de continu. † ABSORBABLE (ab-sor-ba-bl'), adj. Qui peut être absorbé. Nous regarderons comme substance toxique toute substance absorbable qui, introduite dans l'économie animale, peut amener la mort en modifiant le fonctionnement des organes, HENNEGUY, Etude sur l'act. des pois. p. 5, Montpellier, 1875. ABSORBANT. Ajoutez: || 7° Terme de physique. Qui a la propriété d'absorber de la chaleur. Pouvoir absorbant d'un corps, le rapport de la quantité de chaleur qu'il absorbe à la quantité de chaleur qu'il reçoit. + ABSORBATION (ab-sor-ba-sion), s. f. Néologisme. État d'un esprit absorbé. Ce que l'on a le plus de peine à supporter dans l'infortune, c'est l'absorbation, la fixation sur une seule idée, STAËL, Influence des pass. 1, 6. REM. Absorption ne se prenant pas au figuré, Mme de Staël a été conduite à créer absorbation. † ABSORBEMENT (ab-sor-be-man), s. m. Etat d'une âme occupée entièrement. Dès les premiers absorbements, l'âme n'a qu'une vue de foi confuse.... Interpr. sur le cantique, dans Boss. Ét. d'orais. II, 4. -REM. Entre les deux mots absorbation et ab sorbement, tous deux pris au figuré pour signifier l'état d'une âme préoccupée, absorbement vaut mieux, d'abord parce qu'il est plus ancien, puis parce qu'il est moins lourd et plus régulier. ABSORBER. HIST. XII s. Ajoutez: E la clarté, ke de vus vint Absorba tant mes oiiz et tint.... Édouard le Confesseur, v. 2119. + ABSTENTIONNISTE (ab-stan-sio-ni-st'), s. m. Celui qui s'abstient lors d'une votation, qui ne prend pas part à une affaire. Il y a à la bourse comme ailleurs un certain nombre d'abstentionnistes en ce moment, la Semaine financière, 7 mai 1870, p. 354. + ABSTRACTEUR. Ajoutez: HIST. XVI s. Cet abstracteur d'idées ou essences.... vouloit à toutes forces ou extremités que je l'eusse accommodé de lieu pour faire la reduction des quatre elements, NOEL DUFAIL, Contes d'Eutrapel (des bons larrecins), fo 50, verso. ABSTRACTIVEMENT. Ajoutez: || 2o Dans le lan + ABSIDIOLE (ab-si-di-o-l'), s. f. Terme d'architecture. Petite abside. Celle la mosaïque des ab-gage général, abstraction faite, en ne tenant pas |