guilandine. C'est l'arabe بندق bondouq, qui paraît d'origine | Chevallet cherche à bouracan une étymologie germaniques, indienne. On le trouve en malais. BORAX. Esp. borrax, borray; ital. borrace. De l'arabe بورق baura ou boūraq, venant du persan بوره bourah, même signification بورق est dans Razi (man. déjà cité, fol. 47 verso), et Gérard de Crémone transcrit baurach. Il n'est pas inutile de remarquer que le borax nous vient surtout des pays asiatiques; Léman1 dit que ce mot, emprunté aux Arabes, s'est introduit dans les langues européennes vers le 1x siècle. BORDAT. Sorte d'étoffe de laine égyptienne, qu'Ellious Bocthor traduit par بردة berda Bosan. Boisson en usage en Orient. De l'arabe بوزة || boūza (voy. Bocthor au mot Zythum), en Persan boūzah sa beverage made from rice, millet or barley. » (Richardson.) «A Loheya, dit Niebuhr2, on nous offrit une espèce de busa qui nous causa des nausées. » BOSTANGI. Jardinier turc ou garde des jardins du sérail. C'est un mot turc بستانجی bostandji formé du persan بستان bostān, jardin, et de la terminaison turquez dji, qui sert à former les noms de métier. C'est à tort que l'auteur d'Une visite au sérail en 18603 écrit bastandji. BOUDJOU. Monnaie d'argent dans la Barbarie, valant 1o 86°. En arabe algérien بوجو boudjoū, qui vient du turc بوق boutchouq, moitié, demi. (Voy. Pihan, Dict. des mots dérivés de l'arabe.) BOUGIE. Esp. bugia. On tire ce mot du nom de la ville africaine de Bougie en arabe بجاية bidjaya,qui fournissait jadis une grande quantité de cire. (Voy. Defrémery, Journ. asiat. janvier 1862, p. 93.) BOURACAN. Esp. barragan; portug. barregana; ital. baracane; bas lat. barracanus, baracanus. De l'arabe بركان ou برنکان barrakan, barnakān, même signification. M. A. de mais tous les mots qu'il cite sont relativement modernes et ne sauraient infirmer l'origine orientale. BOUTARGUE. Sorte de caviar fait avec des œufs de muge. Le Dict. d'hist. nat. de Déterville écrit boutarque, poutarque. Esp. botagra5, ital. buttagra. C'est l'arabe بطرخة boutarkha, même sens, lequel paraît formé, d'après Et. Quatremère, de l'article copte bou et du grec τάριχος ου τάριχον, poisson salé, fumé, séché. (Journ. des Savants, janvier 1848, p. 45.) BRAN. «Les bœufs sauvages qu'on appelle en Provence et Languedoc bœufs brans ou branes.... Tels bœufs sont nourris aux marets de la Camargue. » (Agriculture et maison rustique de Charles Estienne et Jean Liebault, p. 130.( Ce mot doit probablement être mis à côté de l'espagnol albarran, venant de l'arabe بران barran, avec le sens de sauvage, étranger, soit qu'on le dérive de بر barr, terre, champ, soit qu'on le rattache à la racine بری bariatre libre. (Voy. Gloss. de Dozy, p. 69.) BRODEQUIN. Esp. borcegui, portug. borzeguim, ital. borzacchino. M. Dozy a cherché à établir l'origine arabe de borcegui. On peut voir sa dissertation, p. 241 du Glossaire. BULBUL. Nom du rossignol en langue persane : بلبل boulboul, qui est évidemment une onomatopée. BURNOUS. Esp. albornoz, portug. albernos. De l'arabe برنس bournous, sorte de bonnet ou de capuchon. M. D'Escayrac s'est amusé à contester l'origine arabe de ce mot et a voulu y voir une corruption de merinos. Mais برنس est ancien dans la langue arabe. Chez Maçoudi et chez Ibn al-Athir, c'est un bonnet de forme haute : على راسه برنس طويل il avait sur la tête un bournous allongé », dit le premier ; علیه برنس باذناب الثعالب »il portait un bournous avec des queues de renard», dit le second. J'emprunte ces deux citations à une intéressante note de M. Defrémery, dans son Mémoire sur les Sadjides, p. 61, 64. s'est dit d'une science mystérieuse permettant de se mettre en communication avec les êtres surnaturels; de là, le sens actuel, intrigues, menées secrètes. CABAN. Autrefois gaban; esp. gaban, portug. gabbão, ital. gabbano. Le Dictionn. de M. Littré donne pour étymologie l'arabe عباء aba, drap grossier dont on fait des capotes, et aussi manteau noir rayé des derviches. L'aba, dit M. Defrémery, est «une sorte de manteau court, ouvert sur le devant et dépourvu de manches. C'est l'habit caractéristique des Bédouins à toutes les époques 6. » « y avait là des Kurdes... dont l'abba est rayé de bandes brunes ou blanches. » (Duhousset 1.) Un autre terme قباء qaba est le nom d'une sorte de tunique dont Chardin et Tavernier ont donné la description. Eastwick définit le qabā a kind of light cloak with long sleeves, somewhat like a college gown, but generally made of wool 2. " ” Enfin le Gazoph. ling. Pers. traduit gaban par کین kapan et كينك kapanek, qui pourraient bien être d'origine européenne. Je ne vois là rien d'assuré pour l'étymologie du mot qui nous occupe. Mais عبا aba est l'aba, abat, que donne Bescherelle 3: « L'aba sert à habiller en Turquie les matelots et les indigents. — Les abats n'ont presque plus de valeur. " CABAS. Esp. capazo, capaza, capacho, portug. cabaz, bas lat. cabacus, cabacius, cabassio. D'après M. Defrémery 4, de Parabe qafas cages, qui a donné aussi l'espagnol alcahaz, même sens, d'où le languedocien cas, cage d'osier pour les poules. Le changement de fen p dans l'espagnol peut se justifier par l'exemple de alpicoz, concombre, à côté de alficoz, venant de النقص al-faqqoūs. CACATOÈS OU CACATOIS. Perroquet de l'archipel Indien. En malais کتو kakatoua. Ce nom n'est d'ailleurs que la figuration du cri ordinaire de l'oiseau. CADI. Transcription de l'arabe قاضی qadi juge, qui, avec l'article, a donné alcade. Cadilesker, magistrat turc, est formé de ce mot qadi et du persan لشكر lechkerarmée )ou, si l'on veut, de qādī et du persan arabisé العسكر alasker, l'armée). CADIE. Arbrisseau originaire d'Arabie, qu'on cultive chez nous en serre chaude. De l'arabe قضى qadinom de cet arbuste. CAFARD. L'espagnol et portugais cafre, dur, cruel, vient certainement de l'arabe کافر kafir, infidèle, mécréant. Mais je n'oserais affirmer que cafard ait la même origine, soit sous l'influence des pluriels كغار kifar, kouffar كفرة kafara, soit par l'adjonction de la particule péjorative ard )cafard pour cafrard). En tous cas, le mot کافر est employé aujourd'hui avec ce sens, comme on peut le voir dans les Dictionnaires de Bocthor et de Cherbonneau. Celui-ci prononce kafar. CAFE. De l'arabe قهوة kahoua (prononcé à la turque kahvé), qui désigne la liqueur et non le fruit. Cahua, dans Du Cange, est «du vin blanc léger», d'après Mathæus Sylvaticus, médecin du xiv° siècle. Le séns primitif du mot arabe paraît aussi être vin, liqueur apéritive. 1 Les chasses en Perse, dans le Tour du monde, 2o sem. 1862, p. 128. 2 The Gulistan, vocabul. قباء qaba a donné en portugais cabaya. 3 Dictionn. national. On trouve aussi dans les dictionnaires: abe, habit oriental; habe, habit des Arabes. (Nouv. vocab. de l'Acad. franç. Paris, 1831.) 4 Revue critique, numéro du 28 décembre 1868, p. 408. 5 Dans des relations de voyage, on trouve cafess employé pour désigner une partie du sérail servant de prison. Voy. par exemple le récit intitulé « Une on nomme qaid l'étoile ويسمى الذي على طرف الذنب قائد qui est à l'extrémité de la queue.» (Man. n° 964, sup.ar. de la Bibl. nat. fol. 19 recto.) CAÏMACAN. Mot composé de deux termes arabes قائم quim et مقام magam, signifiant ensemble lieutenant. CAÏQUE. Petite embarcation en usage dans l'Archipel et à Constantinople. C'est le turqaiq CAJEPUT. Terme de pharmacie, huile extraite d'un arbre des Moluques, très-employée en taxidermie, pour la conservation des objets d'histoire naturelle. C'est le malais کابو قوته kayou-poutih, littéralement arbre blanc, nom qu'on donne à l'espèce de myrte appelée par les naturalistes Melaleuca leucadendron. Leucadendron est, comme on voit, la traduction grecque du nom malais. Nos navigateurs appellent l'arbre cajeputier: «A l'ombre des cajeputiers, arbres reconnaissables à la blancheur de leur écorce... (Rienzi, Océanie, t. Icr, p. 211.) Les Malais nomment le cajeput مييق كابو قوته mignak kayou-poutih, huile du kayoupoutih. Le terme malaisكايو kāyou arbre figure, sous la forme caju, dans le nom d'un grand nombre d'arbres originaires des Indes orientales. Le Dictionnaire d'histoire naturelle de Déterville en cite plus de quarante. Aussi suis-je porté à croire que notre mot acajou, qu'on trouve également écrit cajou et cadjou, est le même mot malais. Le bois d'acajou, il est vrai, vient d'Amérique; mais le véritable acajou croît dans les mêmes parages que les arbres dont nous venons de parler. (V. l'article acajou et l'article mahogon, dans le Dict. de Déterville.) visite au sérail en 1860" (Le Tour du monde, 1er sem. 1863, p. 11). C'est la forme turque et persane qafes du même mot. 6 Voy. Sacy, Chrest. ar. t. Icr, p. 442. 7 Tome 1o, p. 422. 8 Journal du ciel, numéro du 22 mars 1875, p. 574. Voy. aussi le numéro du 3 mai suivant où j'ai donné l'explication de quelques autres noms d'étoiles de la même constellation (p. 619, 620). 52 CAKILE. Genre de plantes de la famille des crucifères. Le cakile maritime abonde aux environs de Boulogne-surMer, où on le brûle pour en retirer de la soude. C'est Parabe قاتلی qaqoullā, «species herbæ salsæ», dit Freytag d'après le Qamousou aqoulla, comme écrit l'Avicenne de Rome (p. ۲۴۳); Avicenne en mentionne deux espèces, l'une semblable au pois chiche, l'autre à la lentille. CALADION. Lat.botan. caladium, plante voisine du gouet, cultivée en serre. C'est le malais کلادی kaladi sorte d'arum à racine comestible. CALAM. Transcription de l'arabe قلم qalam, roseau à écrire. Mais calame, terme d'archéologie pour désigner le roseau à écrire des anciens, est le latin calamus; calame est un terme de formation savante, c'est-à-dire calqué sur le latin sans égard à l'accent. La langue populaire disait chaume. CALAMBAC, CALAMBART, CALAMBOU, CALAMBOUC, CALAMBOUR, CALAMBOURG. Tous ces noms paraissent s'appliquer à un même arbre des Indes orientales, dont le bois à odeur aromatique est connu en Europe sous le nom d'agalloche ou bois d'aloès. C'est le malais كلب kalambaq. Le calambac porte aussi, chez nos auteurs, le nom de garo, qui est le malais گهر gaharou ou garumot dorigine hindoue. De celui-ci vient, peut-être, notre mot garou, appliqué à l'écorce d'une espèce de laurier dont on se sert pour les vésicatoires. Le gahārou est ainsi défini dans le Dictionnaire de Marsden: «Sorte de bois résineux et en apparence pourri, qui en brûlant se fond et exhale un parfum dont on fait grand cas dans tout l'Orient. " CALAPITE. Concrétion pierreuse qu'on trouve dans l'intérieur des noix de coco. Ce mot vient de كلاق kalapa, nom malais et javanais du coco. CALENDER. Sorte de moine ou de religieux musulman. Du persan قلندر qalender, même sens. On peut voir dans la Chr. ar. de Sacy (t. I, p. 263 à 266) des détails sur la secte des Kalendéris. CALFATER. Esp. calafatear, calafetar, portug. calafetar, ital. calafatare, grec mod. καλαφατεῖν. Malgré l'opinion de Jal, adoptée par Engelmann, je ne crois guère à l'étymologie latine calefacere, calefactare, vainement appuyée sur des formes de vieux français calfaicter, calfacter, etc. que je n'ai, pour ma part, jamais rencontrées. Calfater ne signifie point mettre du goudron fondu dans les interstices des planches (et en fût-il ainsi que l'expression calefacere serait encore d'un choix assez peu ingénieux), mais bien y insinuer des étoupes, des fibres végétales. Chacun sait que, 1 Voy. l'édit. de M. Reinaud ou la trad. publiée dans les Voy. anc. et mod. t. II, p. 130 et 148. 2 Leurs nefs sont cousues de fil que il font d'escorces d'arbres des noix d'Inde; car il font battre l'escorce et devient comme poil de cring de cheval, de quoi il font fil et en cousent leur nef." (Marco Polo, édit. Pauthier, p. 87 et 88.) 3 «Ces bateaux se nomment chelingues..... Les coutures sont ca fatées dans les mers de l'Inde, on se servait autrefois, notamment à l'époque des voyages des Deux Musulmans1, et plus tard au temps de Marco Polo, de navires dont les parties étaient reliées entre elles par des coutures faites avec des fibres de cocotier ou autre végétal2. Ces mêmes fibres قلفة قلف qilf qilfa, servaient aussi à garnir les joints et sont encore employées au même usage en guise d'étoupes3, d'où le verbe arabe قلف qallaf «ferruminare, fibris palmæ vel musci tabularum commissuras infarciendo et obducendo picem, stipare navim", c'est-à-dire calfater ou calfeutrer, comme traduit lui-même Meninski; ďoù encore قلافة qilasa ou galāfa, calfatage. Quelle difficulté voit-on à ce que ces mots aient pénétré dans les langues européennes pour y donner calfat, calfater, etc.? Et pourquoi y chercher une coïncidence fortuite de son et de sens? Et d'où viendrait d'ailleurs ce singulier accord des termes espagnols, portugais, italiens, grecs, à adopter un a pour la seconde voyelle au lieu de l'e qui est dans calefacere, calefactare? Bocthor traduit calfater par تلغط galfat, mot de formation moderne et que ne donnent pas les anciens dictionnaires; le P. Germain de Silésie (1639) a seulement تلف qallafalaf (4.). Calfeutrer est sans doute le même mot que calfater, altéré sous l'influence de l'idée de feutre, tant il est vrai que la signification essentielle du mot est garnir d'étoupes et non goudronner. CALIBRE. On a proposé, comme étymologie, l'arabe قالب qālab, qālib, qāloub, forme, moule, prototype5. M. Dozy n'en veut pas. Il a peut-être raison; mais est-il vrai que les significations de qalib ne conviennent pas au sens de calibre? Le calibre est, ce semble, la mesure du diamètre intérieur d'un tuyau, ou, si l'on veut matérialiser cette idée abstraite, le cylindre qui entrerait exactement dans le tuyau. Y a-t-il donc là un tel désaccord avec les divers sens de qālib? Etsi قالب vient du grec καλάπους, forme à souliers, n'est-ce pas une analogie de plus? Reste la question de l'accent. قالب avec l'accent sur la première syllabe aurait dû donner calbe (et peut-être est-ce bien là l'étymologie de notre galbe). Mais cette règle de la conservation de l'accent, sujette à plus d'une exception lorsqu'il s'agit du passage du latin aux langues romanes, n'est pas plus immuable dans le passage de l'arabe à l'espagnol. Quelle que soit l'origine de calibre, on peut rapprocher de ce mot l'anglais caliver, petit mousquet dont on se servait autrefois et qui est cité dans Shakespeare. CALIFE. Esp. portug. et ital. califa. De l'arabe خليفة khalifa, successeur (de Mahomet). CALIOUN. Pipe persane. M. de Gobineau écrit kalian. «De avec de l'étoupe faite de la même écorce (coco) et enfoncées sans beaucoup de façons avec un mauvais couteau.” (Legentil, dans les Voy. anc. et mod. t. It, p. 540.) 4 Fabrica ling. arab. aux mots assettare et rassettare la nave. 5 M. Cherbonneau n'hésite pas à traduire calibre par قالب qalebajou tant entre parenthèses (étymol.), Dict. fr.-ar. 1872. . En persan,كالبد kalboudforme, moule. On trouve dans les dictionnaires français : canque, toile de coton de la Chine, qui paraît être le même mot. CAMPHRE. Esp. alcanfor, portug. alcamphor, ital. canfora, bas grec καφουρά. De l'arabe کافور kafour, même sens. «Camphora, quam Aetius caphura nominavit», dit Herm. Barbaro, commentateur de Dioscoride au xv° siècle5. CANANG. Genre de plantes, comprenant des arbres des Indes orientales (Uvaria). En malaisکنا kenanga ; en bougui, kananga, qui paraissent être le sanscrit kanaka, dont la dernière consonne s'est nasalisée. CANARI. Arbre de l'archipel Indien. Lat. botan. canarium. C'est le malais کناری kanari. Le canari oléifère produit une résine huileuse qui entre, dit Bosco, dans la confection de la substance appelée damar ou dammar (en malais,دامر da mar, résine) employée dans l'Inde pour calfater les navires. CANDI (Sucre). Esp. cande, candi, portug. candil et ital. candito (dans un texte de 13107). De l'adjectif قندی qandi formé sur l'arabe-persan قند qand, sucre de canne, mot d'origine hindoue. CAPHAR. Droit que payent les Chrétiens pour leurs marchandises depuis Alep jusqu'à Jérusalem. De l'arabe خارة khafāra, protection. (Littré.) Cette définition n'est pas d'une parfaite exactitude, ainsi que l'a fait observer M. Defrémery, dans un compte rendu d'un ouvrage de M. Ch. Nisard (Le Constitutionnel, numéro du 23 septembre 1865, p. 2, col. 6); mais l'étymologie est exacte. CAPIGI. Portier du sérail. C'est le ture قيوي qapoudji, qapidji portier, venant de qapoporte CAPOC. Terme de commerce; espèce de coton soyeux des Indes orientales, qu'on ne file pas, mais qu'on emploie à la manière de la ouate. Le capoc se tire du fruit du capoquier, arbre du genre du cotonnier. C'est le malais كافق kāpoq, nom spécial de cette espèce d'ouate. En persan, on dit چاپوت chāpoūt. CARABÉ. Ambre jaune. Esp. carabe, portug. carabé, charabé, ital. carabe. De l'arabe كهربا kahrabā, qui est le persan كهربا kahrouba (de کا kah paille et rouba, qui en lève), nom donné au succin à cause de la propriété qu'il possède d'attirer les corps légers après avoir été frotté avec du drap. CARAFE. Esp. et portug. garrafa, ital. caraffa, «vient certainement de la racine arabe غرف gharaf qui signifie puiser», dit M. Dozy (Gloss. p. 274). Et le savant professeur en donne d'excellentes et solides raisons. Nous renvoyons à son article. M. Littré (Addit.) cite l'opinion de M. Mohl qui rapproche carafe du persan قرابه qarabah, bouteille de verre à gros ventre, destinée à laisser reposer le vin pendant quarante jours. CARAGUEUSE. Personnage des marionnettes en Turquie. «Le héros de la pièce, dit M. Sévin, est un infâme nommé Caragueuse qui paraît sur la scène avec tout l'équipage du fameux dieu de Lampsaque.» (Pouquevilles.) En turc, قرآغوش qaraghouch, aujourd'hui قره گوز qaragouz. CARAÏTE. Secte juive qui rejette les traditions et les interprétations de l'Écriture, pour s'attacher au texte. De l'hébreu קָרָא qarā, lire, réciter. La même racine sémitique se retrouve dans l'arabe قران goran. (Voy. ALCORAN.( CARAMBOLIER. Arbre des Indes orientales (Averrhoa). Linné note, entre autres espèces, l'Averrhoa carambola et l'Averrhoa bilimbi. Carambola est le malais کرمبل karambil, quoique Marsden et l'abbé Favre ne donnent à ce mot d'autre sens que celui de noix de coco; et bilimbi ou blimbing est le malais بمب balimbing, mot d'usage ordinaire pour désigner le fruit du carambolier. Chéramelle, chermelle, cherembellier, chéramellier (portug. cheramella) sont d'autres formes de carambolier. Quant à la dénomination botanique averrhoa, elle est prise du nom du célèbre philosophe arabe Averrhoès, c'est-à-dire ابن رشد Ibn-rouchd CARAQUE. Esp. carraca, caracoa, portug. coracora, corocora, ital. caracca; on trouve aussi dans le français du xvi° siècle carragon et carraquon. Tous ces mots, anciens dans nos langues (du xiv° siècle au moins), viennent de CARAVANSERAIL. En persan کروانسرای karwān-serai, hôtel de la caravane. CARMANTINE. Genre de plantes de l'Asie tropicale (une des espèces porte le nom de noyer des Indes). En malais l'arabe قرقور qorqoūr, grand vaisseau marchand, soit di- Je suis porté à croire que l'arabe ترتور qorqor vient pa reillement du malais kora-kōra. Et, pour qu'on ne soit pas surpris de trouver un terme malais dans la langue arabe du moyen âge, je dirai que, dans un recueil d'anecdotes de voyages intitulé عجايب الهند adjāïb al-Hind, Merveilles de l'Inde, j'ai pu en noter plusieurs que l'auteur arabe emploie sans explication, ce qui fait supposer qu'il comptait être suffisamment compris de ses compatriotes. En voici un exemple : le mot bilij se rencontre dans deux histoires différentes (p. 26 et 108), et chaque fois répété de façon à ne laisser aucun doute sur sa signification, cabine d'un navire. Les dictionnaires arabes et persans ne donnent rien de pareil. Ce ne peut être que le malais بیلق bīliq, cabinet, pièce d'un logis, pavillon, qu'on trouve, par exemple, dans le passage suivant : دتارهن قد سوات بیلق هغیر استان ایت ,» ille fit placer dans un pavillon proche du palais. Je dois ajouter que tous les faits rapportés dans l'ouvrage arabe tendent à prouver qu'il a été rédigé vers le milieu du xo siècle de notre ère. CARAT. Esp. quilate, portug. quirate, ital. carato; chez les alchimistes, karratus". De l'arabe قيراط qirattiré du grec κεράτιον, le tiers d'une obole. CARATCH OU KHARADJ. Capitation payée en Turquie par les sujets non musulmans. C'est l'arabe خراج kharadj tribut, mot passé en turc. «Les rayas seuls payent le kharatch ou capitation." (Tancoignes.) CARAVANE. Du persan کروان karwan, même sens. De là vient: Gloss. p. 248. 2 Journ. asiat. août 1867, p. 183. 3 Marsden, Dict. mal. Rienzi écrit korokoro: «La sculpture des korokoros malais... annonce autant d'intelligence que de goût. » (Océanie, t. Icr, p. 84.) M. Littré donne la forme française caracore, sorte de navire en usage aux îles Philippines. 4 D'après le Dict. de l'abbé Favre کور koura-koura ne désignerait qu'une tortue terrestre. La tortue caret s'appellerait en malais کاره karah, mot qui manque dans Marsden. 5 Man. ar. de la collection de M. Schefer. • Man. malais de la Bibl. nat. n° 22, p. 107. Voy. aussi le Makota raja, p. ۱۳۵, éd. Roorda. CARME. Au jeu de tric-trac, le coup de dés qui amène le double quatre. On disait autrefois carne, et en espagnol ce même mot carne marque celui des quatre côtés de l'osselet qui présente une figure concave en forme de S. M. Dozy, remarquant l'analogie de cette figure avec une corneo, tire le terme espagnol de l'arabe قرن garn, corne. On sait que, chez les anciens, le jeu des osselets fut le prototype du jeu de dés. Il serait donc possible que notre carme ou carne dût être assimilé à l'espagnol carne. Toutefois il semble plus naturel de le rattacher au latin quaternus, comme terne, double trois, se rattache à ternus. On sait qu'une voyelle brève atone précédant immédiatement la tonique latine disparaît presque toujours en français. La chute de l'a bref de quaternus a entraîné celle du t; et nous trouvons en effet que l'expression querne ou quarne était usitée au xvi° siècle en Suisse et en Provence pour indiquer la réunion de quatre pièces de billon. Querne s'est dit aussi pour désigner les quaternaux ou quaternes, monnaie valant quatre deniers, frappée en Dauphiné dès le milieu du xr siècle. (Voy. Ludovic Lalanne, Dict. hist. de la France.) CAROUBE OU CAROUGE. Esp.garroba, garrubia, algarroba; portug. alfarroba; ital. carrubo. De l'arabe خروبة khar rouba ou خرنوب kharnoub, même sens. Cette dernière forme est celle qu'on trouve dans le manuscrit de Razi, fol. 34 verso. CARQUOIS. Esp. carcax, portug. carcas, ital. carcasso, provenç. carcais, tous mots fort voisins de notre carcasse; d'autre part, on a en italien turcasso, bas lat. turcasia, bas grec ταρκάσιον, correspondant au vieux français tarquais (xı11° siècle), turquois (xv° siècle). La permutation des articulations tet k étant extrêmement fréquente dans nos langues, ainsi qu'en a fait la remarque M. Defrémery 10, on est porté à assimiler tous ces mots, et l'on ne peut manquer d'y reconnaître avec ce savant le persan ترکش terkech, qui signifie aussi carquois (de( تيrflèche et kech, portant). Le mot nous est venu par l'arabe qui a changé terkech en tarkāch. «Et iste sol est ad xxij vel xxiiij karratos», et cet or est à 22 ou 24 carats. Man. lat. de la Bibl. nat. anc. fonds, no 7147, folio 18 verso (Opus mirabile super Mercurio). 8 Voy. de Constantinople à Smyrne et dans l'île de Candie, dans la collection Smith, t. XI, p. 390, note 2. Cet impôt, dit le même voyageur, est d'environ 10 piastres turques (moins de 10 francs). Les femmes et les enfants au-dessous de dix ans n'y sont point assujettis (Ibid. p. 371, note 2). • L'analogie est encore plus frappante dans le contour extérieur de cette face de l'osselet. 10 Mém. d'hist. orient. p. 235 (reproduction d'un article publié en 1857 dans le Constitutionnel). |