CARTHAME ou safran bâtard. Latin botan. carthamus. On tire ce mot de l'arabe qortoum, même sens. J'ignore quelles sont les raisons, excellentes sans doute, qui ont empêché MM. Dozy et Engelmann de compter cartamo, cartama, parmi les mots espagnols et portugais dérivés de l'arabe. CARVI OU CHERVIS. Esp. carvi, alcaravia, portug, cherivia, alcaravia, alquirivia, ital. carvi. De l'arabe 1 karawīā ou karwīā, qui désigne la même plante, nommée en grec xápov, xáρeov (en latin carum, careum, dans Pline). L'arabe serait la transcription d'une forme grecque xapvia ou xapevia qui manque dans les dictionnaires. Par quel singulier artifice M. A. de Chevallet veut-il tirer chervis de siser ou sisarum, et carvi de careum 2 ? CASAUBA, CASBAH. Esp. alcazaba, portug. alcaçova, pro-. prement forteresse. De l'arabe & qaşaba, même signification. Y a-t-il eu quelque influence de ce mot dans la formation du bizarre terme italien casamatta, origine de notre casemate et de l'espagnol casamata? (m et b sont deux labiales sujettes à se substituer l'une à l'autre.) CASOAR. Cet oiseau, originaire de l'archipel Indien, tire son nom du malais kasouāri. CASSE. Poëlon, chaudron, grande cuiller, coupe (dans le Midi). Esp. cazo, portug. caço, ital. cazza, bas lat. caza, cazia. On a proposé comme étymologie l'ancien haut allemand chezi. En arabe kas, coupe à boire, date au moins du XIII° siècle, car il est souvent répété dans le is sirat antar, aventures d'Antar, et on trouve au kisah dans le Gulistan, ouvrage écrit en 1258: «Je veux, dit un marchand, porter en Chine du soufre de Perse et en rapporter pour la Grèce de la vaisselle de Chine», pyy in an LT (Édit. Eastwick, p. 111; liv. III, hist. 22, p. 179 de la traduct. de M. Defrémery.) juk, awk, sont-ils différents de casse? L'ancienneté de kas dans les langues sémitiques est constatée par l'hébreu o kōs, coupe, qui se rencontre dans le Lévitique, le Deutéronome et les Psaumes. Cazo, caço manquent dans Dozy. آنجا کاسه چینی بروم CATIANG. Plante exotique de la famille des légumineuses (Dolichos catiang de Linné). C'est le malais K katchang, qui se dit de tous les légumes à gousse, pois, fève, haricot, vesce, etc. Le dolic cacara des naturalistes est en malais kātchang-kakāra. Cayan (cajanus), genre de cytise, est étymologiquement le même mot que catiang (jav. amarı). CENSAL. Courtier, dans les ports du Levant. Ital. sensale. C'est l'arabeo simsar, même sens. Bocthor donne Le mot est dans Razi, man. déjà cité, fol. 41 recto. 2 Orig. de la lang. fr. t. II, p. 140. 3 Stirpium icones, append. p. 657. 4 Gazophyl. ling. Pers. p. 377, au mot scolopendria. aussi l'orthographe simṣār. (Voy. à censal et à courtier.) On regarde le mot comme étant d'origine persane; à côté de simsar, le persan ali sifsār. dit CÉTÉRACH. Plante vulgairement nommée scolopendre ou doradille. Esp. ceteraque, ital. cetracca, citracca, bas grec XITαρáx. «Mauritanis et officinis ceterach Arabum », Chabré3. C'est l'arabe J chetrak", auquel il faut identifier chitaradj, tchitarak, nom d'un médicament indien, dans Freytag. شیطرج CHABAN. Huitième mois de l'année musulmane. En arabe cha'bōn. Montesquieu écrit chahban. CHACAL. Bocthor traduit ce mot par JK tchakal, qui est turc et vient du persan J chaghal, ou J chagul, même sens; en ar. J thou’al, en héb. чy chou'al, renard. CHACHIA. Transcription de l'arabe l✰ chāchia, «bonnets de laine fine, façon de Tunis ou de Fez, qui sont ordinairement de couleur écarlate, et qui font la pièce essentielle de la coiffure des Arabes et des Turcs. » (S. de Sacy, Chrest. ar. I, p. 199.) C'est un adjectif féminin formé de chach, mousseline. CHAGRIN. «Préparation de la peau du cheval, de l'âne ou du mulet, qui se fait en Turquie et en Perse. On ne se sert pour le chagrin que de la peau du derrière de l'animal; après qu'elle est tannée et devenue souple et maniable, on l'étend sur un châssis au soleil, on en couvre le côté du poil avec la graine noire d'une espèce d'arroche, et non pas avec la graine de moutarde, comme on le pense assez généralement; cette graine, pressée par les pieds des ouvriers, se fixe dans le cuir et ne s'en détache plus que lorsqu'il est sec. Le chagrin est le sagri des Turcs. » (Sonnini 5.) CHAH. Du persan sl chah, roi. Padichah est le persan slŵsḥ pādichāh. On écrit quelquefois shah, d'après l'orthographe anglaise, et schah d'après l'orthographe allemande. CHALAND. Sorte de bateau plat. Ce mot est très-ancien dans la langue française; on le trouve sous la forme calant, dans la chanson de Roland (xr° siècle), ce qui n'est pas très-favorable à l'étymologie arabel chalandi, it chalandia, genus navigii (dans Freytag). Un ch peut difficilement devenir c dur. Cf. Letronne, Journ. des Savants, janvier 1848. ش ' Voy, Defrémery (Journ. asiat. août 1867, p. 183), qui renvoie à IbnAlathir, éd. Tornberg, t. XI, p. 159. CHÂLE. Bien le mot se trouve dans la langue arabe que sont sarrazins et adorent Mahomet. Ils ont quatre esceques, c'est-à-dire quatre vieux hommes aux mains desquels est 5 moderne (J chal, plur. chīlān, dans Bocthor), ce n'est pas là la seigneurie du pays que nous l'avons pris. D'introduction peu ancienne en Europe, il a été apporté de l'Orient par le com- Le titre de cheik-ul-islam, merce anglais. C'est le persan J chal, sorte de drap signifie chef de l'islam ou de la 'religion. grossier en poil de chèvre ou de brebis que les derviches, dit Meninski, jettent sur leurs épaules en guise de manteau. Le mot s'est ensuite spécialement appliqué au tissu dit e Bahari, وبمعنى شالی که در کشمیر بافند : de Cachemire agam (cité par Vullers). CHEBEC. Bâtiment à trois mâts de la Méditerranée. Ancien franç. chabek, esp. jabeque, xabeque, xaveque, portug. xabeco, enxabeque, chaveco, ital. sciabecco, zambecco, stambecco, tous mots qui signifient chebec et dont l'origine est ignorée. » (Littré.) Jal, montrant que c'était autrefois une barque de pêcheur, pense que le mot vient de l'arabe chabeka, filet. Ce qui est certain, c'est que le terme chébec existe dans l'arabe moderne sous la forme chabbak ou chobbāk 2. Mais nous avons une forme plus ancienne, car on la trouve dans la première édition du Thesaurus de Meninski (1680): sounbekī, «< genus navigii in Asia frequentis. » La nasale de sounbeki se retrouve dans l'italien zambecco. Sounbeki est donné comme turc par Richardson, et ne paraît guère pouvoir se rattacher à ...ü chabeka, filet. سنبکی CHEBULE. Espèce de myrobolan. Dans les ouvrages de botanique écrits en latin3, on trouve kebulus, quebula, chepula, cepula. De l'arabe-persankabout, c'est-à-dire, je pense, du pays de Kaboul. On lit en effet dans Yakout 4 que le kaboul est « une province et ville de la Perse qui produit le coco, le safran et le myrobolan. CHEIKH, CHEIK OU SCHEIK. Transcription de l'arabe cheikh, qui, signifiant primitivement vieillard, a pris les mêmes sens que le latin senior devenu signore, señor, seigneur. « Les naturels (de Madeigascar), dit Marco Polo, cheikhou 'l-islam, خيري CHEIRANTHE. Le latin cheiranthus est un mot forgé par les botanistes pour désigner les giroflées. «Il tire son origine, dit Léman, soit de deux mots grecs qui signifieraient fleur en forme de main (xeíp, avtos), ou bien du mot grec anthos, fleur, et de cheiri, nom arabe de plusieurs espèces de ce genre. » Nos dictionnaires de botanique donnent en effet cheri, keiri, alcheiri, comme noms de diverses variétés de giroflées, ce.qui représente l'arabe kluri et le persan khirou. est dans Razi (man. déjà cité, fol. 45 recto). Il y a longtemps que nos botanistes connaissent le terme arabe. Hermolao Barbaro, qui écrivait au xv° siècle, commentant le terme tov de Dioscoride, dit: «Leucoia intelligo quas Mauritania cheiri appellat.» C'est assurément sur ce cheiri qu'a été fait cheiranthus. En espagnol, alhaili, alheli, aleli, giroflée, viennent du même terme arabe. خيرو خيري CHEWAL. Dixième mois de l'année musulmane; en arabe J chawouāl. Les éditeurs de Montesquieu écrivent chalval. CHIAOUX OU CHAOUx. Dans Bocthor djāouich; mais le mot est pris du turc tchaouch, en persan tchāwouch, chef, conducteur. « Proprie est vox Turcica, dit Vullers, significans apparitor, famulus aulicus. » M. Pavet de Courteille, dans son Dict. du turc oriental, a noté avec le sens de huissier, conducteur de caravane. CHIBOUQUE. Pipe orientale. Dans Bocthor choubouk, qui est le turc tchoubouq, tchibouq, proprement bâton, tuyau, et puis pipe. (Cf. tchoub, bâton, baguette.) CHICANE. Ce mot, aujourd'hui passablement détourné de son sens, a dû désigner primitivement le jeu du mail. D'après Bescherelle, il se dit encore d'une certaine manière de jouer au billard, au mail, à la paume 3. Dans certains appareils de chauffage et de ventilation, on appelle chicanes des pièces de diverses formes disposées de manière à contrarier, à diriger successivement en divers sens un courant d'air chaud ou froid; à quoi on peut comparer l'expression des marins chicaner le vent. De plus, on trouve, en bas grec, τluxávov, jeu de mail; τlvnavíLew, jouer au mail. Tout cela ne laisse aucun doute sur l'étymologie: c'est le persantchaugan, bâton recourbé, maillet pour jouer au mail. Aussi comprend-on difficilement que Diez et Génin aient voulu, après Ménage, chercher l'origine de chicane dans l'espagnol chico, petit, qui n'explique ni la forme, ni les sens de ce terme. De djokan, forme arabe de, dérive le portugais choca. (Voy. Dozy, Gloss. p. 254.) Le changement de , u, ou, ou en i est si fréquent qu'il est à peine besoin de s'y arrêter. CHIFFON. Ital. chiffone, arabe chiffoun, étoffe mince et transparente. (Defrémery 1.) L'étymologie est bonne, mais il faut dire que chiffon vient de chiffe, vieux mot français qui désigne une étoffe légère et de mauvaise qualité2, et chiffe est l'arabechiff, «vestis tenuis et pellucida. » La terminaison oun dans le chiffoun de M. Defrémery est la nunnation arabe, marque du nominatif des noms indéterminés, laquelle n'a jamais joué aucun rôle dans la transmission des mots arabes aux autres langues. Cf. cependant zédaron, terme, il est vrai, purement scientifique. CHIFFRE. Esp. et portug. cifra, ital. cifera. De l'arabe sifr, vide, mot employé pour désigner le zéro, qui n'est que la traduction du sanscrit counya, par lequel ce caractère est désigné dans les anciens traités d'arithmétique indiens. En effet, chiffre, ciffre, cyfre, cyffre, employé tantôt au masculin, tantôt au féminin, a marqué primitivement le zéro seul3; encore aujourd'hui, le portugais cifra et l'anglais cipher s'appliquent spécialement à ce caractère. Le même sens est resté assez longtemps au terme français; car on lit, dans un traité d'arithmétique du xvi° siècle : «La dernière figure, qui s'appelle nulle ou zéro, ne vaut rien... En autre langage, elle s'appelle chfre; toutefois ce mot abusivement prins en françois signifie toutes les figures et l'art d'arithmétique "." Zéro est une autre forme du même mot sifr, que les anciens traités de calcul écrits en latin transcrivent zephyrum, en italien zefiro, et enfin zéro 5. Si l'on songe que l'invention du zéro et de son rôle est le trait caractéristique de la numération écrite moderne, on comprendra que le nom de ce caractère ait fini par s'appliquer à toutes les figures, longtemps nommées figures de chiffre. CHIPER. Tanner les peaux d'une certaine façon diffé– rente de la manière ordinaire. En turc, sep est le tan ou le réservoir où se fait le tannage, ou la trempe destinée à l'apprêt des cuirs; d'où le verbe a sepmek, un passage du Voyage de Chapelle et de Bachaumont, qui montre qu'au XVII siècle chicane se disait du jeu du mail : « Nous y arrivâmes à travers mille boules de mail : car on joue là, le long des chemins, à la chicane.» 1 Mém. d'hist. orient. 2° partie, p. 334. * Littré, Diet. franc. Le mot chiffe n'est pas encore hors d'usage. En voici un exemple pris dans la préface de l'Almageste de Ptolémée, par M. Halma (1813): Manuscrit du Vatican, en papier de chiffes» (p. lij). seyid, seigneur, d'où CID. De l'arabe seyidi, mon seigneur; en Algérie, sidi, qui correspond à notre monsieur. Par abréviation, on dit aussi, tout simplement, si. CIMETERRE. Esp. et portug. cimitarra, ital. scimitarra. On tire ordinairement ce mot du persanchimchir, qui a le même sens. Au xv° siècle, on a dit cimiterre, sanneterre. CINNOR OU KINNOR. Instrument de musique chez les Hébreux. Transcription de l'hébreu i kinnōr, qu'on interprète par le latin cithara. CIPAYE. Nom donné dans l'Inde aux indigènes qui servent dans les troupes européennes. Du persan gw spāhī, cavalier, soldat. C'est le même mot que spahi. Sipahi vient de asp, cheval. اسپ CIVETTE. Ital. zibetto. Zibet où zibeth est le même nom appliqué par nos naturalistes à un animal très-voisin de la civette. C'est l'arabe sj zebād, zoubād, qui, comme chez nous le mot civette, s'applique à la substance onctueuse et parfumée que fournit l'animal. Les Arabes semblent vouloir rapprocher zoubād de j zoubd, crème de lait. Mais je suis porté à croire que c'est là une simple coïncidence avec le nom du quadrupède la civette est originaire de l'Afrique équatoriale; les nègres du Congo la nomment nzimé. : COLBACK. Sorte de bonnet à poil en usage dans quelques corps de notre cavalerie. Il date chez nous de l'expédition de Bonaparte en Égypte. C'est le turc ö qalpak, bonnet tartare en fourrures, mot qui figure aussi chez nos écrivains sous la forme calpak ou kalpak et talpack. COLCOTHAR. Esp. colcotar, portug. colcothar. On trouve aussi, chez les alchimistes, calcatar. Un lexicologue suppose que ce mot a été inventé par Paracelse; mais on le trouve déjà dans le Vocabul. arav. de Pedro de Alcala, de l'année 1505, époque où Paracelse n'avait qu'une douzaine d'années. C'est l'arabeli qolqoṭār, que M. Dozy (Gloss. p. 257) regarde comme une corruption du grec xaλnavχάλκαν θος ου χαλκάνθη. 3 Voy. les exemples cités par M. Littré. Planude écrit ropa: Eloi de Tà σχημάτα ἐννέα μόνα . . . καὶ ἕτερον τι σχῆμα δ' καλοῦσι τζίφραν, κατ' Ινδού onμaivov ovdév. (Voy. Woepcke, Propag. des chiff. ind. dans le Journ. asiat. juin 1863, p. 526.) L'arithmétique de Jean Tranchant. Lyon, 1643, p. 15. 5 Voir le savant mémoire de M. Woepcke, ci-dessus cité, p. 521 et suiv. Cf. Defrémery, Mém. d'hist. orient. p. 335, n. 1. COLOUGLI OU COULOUGLI. C'est le nom qu'on donnait, avant la conquête de l'Algérie par les Français, aux habitants d'Alger issus de l'alliance des soldats turcs avec les femmes indigènes. En turc, qoul-oghli, de J qoul, esclave, soldat, et Joghoul, fils, fils de soldat. On écrit aussi couloghlou: «Lors de la conquête, aut XVI° siècle, Darghout-Pacha partagea les jardins de l'oasis (de Tripoli) entre ses compagnons, qui, s'unissant aux femmes indigènes, formèrent une population métisse où domina le sang étranger. Les Coul-oghlou (fils de serviteurs), depuis lors, jouirent du privilége de ne payer aucun impôt, à titre de postérité des conquérants.» (Baron de Krafft, Promenades dans la Tripolitaine1.) COR. Mesure pour les liquides chez les Hébreux. Transcription de l'hébreu 5 kor, xópos dans les Septante. CORGE OU COURGE. « Paquet de toile de coton des Indes. " (Littré.) C'est vraisemblablement l'arabe khordj, besace, sac de voyage, portemanteau (qui, avec l'article et les d'unité, & al-khordja, a donné l'espagnol alforja, portug. alforge, besace). C'est ainsi que l'espagnol fardel, correspondant à notre fardeau, signifie à la fois havre-sac, besace et ballot de mar– chandises. Valise et ses congénères offrent un double sens du même genre. (Voy. FARDEAU et VALISE.) Cos ou Coss. Mesure itinéraire dans l'Inde, variant, suivant les contrées, de trois à cinq kilomètres environ 2. C'est le persan kos, «a road measure of about two miles», dit Richardson. Deux milles anglais valent un peu plus de trois kilomètres. « Les distances des lieux se supputent par cos; chaque cos est compté pour une demiheure de marche ou environ, ainsi que cela a été vérifié, en 1758, par les directeurs de la factorerie de Surate. » (Stavorinus, Voyage dans l'archipel des Moluques, t. II, p. 2 4 3. ) COTON. Esp. algodon, portug. algodão, ital. cotone, cottone. De l'arabe qoton. (Voy. HOQUETON.) COUFIQUE. Système ancien d'écriture arabe. Du nom de la ville de Koufu, dans l'Irak-Arabi. COULILABAN. Arbre des Indes orientales (Laurus culilaban, de Linné). C'est une altération du malais koulit-lawang, littéralement écorce-girofle, nom donné à ce végétal à cause du parfum de clou de girofle qu'exhale son écorce. lawang est l'ancien nom malais du clou de girofle, peu usité aujourd'hui; mais & lūbang signifie encore clou. Le mot koulit, écorce, entre dans la formation de plusieurs autres mots employés par les naturalistes ou les voyageurs, tels que culit-bavang, coquille appelée aussi tonne pelure-d'oignon, du mot ↳ bawang, oignon; culitapi, arbre de la famille des rubiacées, dont l'écorce, à 1 Dans le Tour du monde, 1o sem. 1861, p. 70. 2 Par quelque méprise inexpliquée, Bescherelle, après avoir donné trois kilomètres pour la api, odeur aromatique, est brûlée comme parfum, de feu; coulicoys, grandes pièces d'écorce préparées pour certains usages, corruption de l'expression malaise koûlit-kāyou, écorce d'arbre, etc. COURBAN. Fête religieuse des musulmans. En arabe, qourban, ce qu'on offre à Dieu, sacrifice. COUSCHITE. Nom d'une race d'hommes. De l'hébreu kouchi, éthiopien, adjectif formé sur Kouch, nom biblique de l'Éthiopie. COUSCOUS. On trouve aussi couscou, couscoussou et cuzcuz (dans J.-J. Rousseau); esp. alcuzcuz, alcuzcuzu, alcoscuzu. De l'arabe kouskous. A Saint-Domingue, la semence mondée du maïs est appelée coussecouche ou couchecousse. C'est le même mot, importé sans doute par les nègres africains. ticle ALCHIMIE, on ne sera pas surpris de l'altération de qanina en canna, kymenna, cuenne, cuine. CURCUMA. Esp. portug. et ital. curcuma. On trouve culcuma dans un tarif français du xvII° siècle. (Littré.) C'est Parabe, kourkoum, kourkouma (héb. D572), même signification. L'Avicenne de Rome donne la leçon bö qourqouma' (p. r), que les dictionnaires n'ont pas relevée. CUSCUTE. Esp. et portug. cuscuta, ital. cuscuta, cussuta. Cette dernière forme nous donne l'étymologie du mot: DAMAS. Étoffe; tire son nom de la ville de Syrie, en arabe mes dimachq. Le q final fait comprendre la forme des dérivés damasquiné, damasquette, etc. à côté des mots plus modernes damassé, damassade, etc. composés directement sur le nom français de Damas. DAME-JEANNE. Le dictionnaire français-arabe de Bocthor traduit dame-jeanne par les damdjāna ou damadjāna; ce mot, M. Littré (dans les Addit. au Dict.) le donne pour étymologie de dame-jeanne. Il joint une citation de Niebuhr2, de laquelle il résulte que damajane signifie en Orient un grand flacon de verre. Le Dictionn. arabe-franç. de Kasimirski a recueilli cette expression. J'ignore, pour moi, si les est d'origine orientale. La fin du mot rappelle l'arabe djouna, cruche, «< capsa vitraria » dans Golius, « a glass phial » dans Richardson, qui met un hamza sur le ; et ce djouna fait songer à notre vieux mot gonne, futaille à mettre des liquides, du poisson salé, du goudron, etc. On peut comparer damdjāna à l'hébreu nay tsintseneth, bouteille. " Ꭰ kouchout, ou kouchoūtā, qui dé c'est l'arabe signe la même plante1. On trouve les variantes orthographiques, kouchouth, kouchouthā. Les termes arabes viennent du grec xaoúτas ou d'une autre forme du κασύτας même mot. Le Dict. d'hist. nat. de Déterville donne, comme se trouvant dans Théophraste, cassytha (qu'on transcrirait xaσún, en arabe 33). Les formes cassuta, cassita, des botanistes modernes semblent, par leurs voyelles, dériver directement de la forme grecque. Il en est de même de cassite, nom d'une autre famille de plantes parasites assez analogues à la cuscute. dinar. Mais l'esp. dinero, le portug. dinheiro, l'ital. danaro, denaro, comme notre denier, viennent du latin denariuso. Le mot arabe lui-même n'est autre que le grec δηνάριον. DIRHEM. Monnaie arabe. Transcription des dirhem, en grec Spaxu, drachme. Les Espagnols ont pris le même mot sous la forme adarame ou adarme, avec le sens de demi-drachme. DIVAN. C'est un terme que nous avons pris aux Turcs, qui l'ont reçu des Arabes ou des Persans, car le mot dīvān est d'origine persane. On peut voir ses nombreuses significations dans les Dictionnaires de Meninski, Richardson, Bianchi. (Voy. plus loin DOUANE.) DIVANI. Sorte d'écriture en caractères arabes. C'est un adjectif diwāni, formé sur diwan, qui regarde le divan, parce que cette écriture est spécialement employée dans les bureaux du Divan, dans l'empire ottoman. DJÉRID. Transcription de l'arabe djerīd, qui signifie «une tige de palmier dépouillée de ses feuilles », d'où javelot et enfin l'exercice guerrier qui porte ce nom. « Le javelot des exercices qu'on appelle gerid, c'est-à-dire branche de palmier, parce qu'il est fait des branches de palmier sèches, est beaucoup plus long qu'une pertuisane et est fort pesant, de manière qu'il faut une grande force de bras pour le lancer. » (Chardin 7.) |