Razi consacre quelques mots à l'harmale1 : حرمل يسكر ويسدر ويهيج التي ويدر الطمث » l'harmale enivre et donne le vertige, excite le vomissement et provoque les menstrues. " Dans le grand ouvrage médical persan de Zein ed-din abou 'l-fadi Ismail ben Hasan al-Hoceini de Djourdjan3, حرمل دو نوع است سرخ و سپید نوع سپید را حرمل عربی : on lit خوانند و بیونانی مولی و بپارسی صندل »il y a deux sortes d'harmale, le rouge et le blanc; l'espèce blanche est appelée harmale arabique, en grec moli et en persan sandal..." Je cite ce passage pour les curieux qui recherchent ce que peut être le moly, μῶλυ, que Mercure donna à Ulysse comme préservatif contre les enchantements de Circé. (Odyssée, chant X.) HASARD. Esp. et portug. azar, ital. azzardo, la zara, bas lat. azardum, azarum, azarrum. La signification primitive est jeu de dés, ainsi que le démontrent les nombreux exemples cités dans le Dictionnaire de M. Littré. (Voy. aussi Du Cange.) Aussi le tire-t-on de l'arabe الزهر az-zahr, de a jouer. Malheureusement ce mot, qu'on trouve chez Bocthor, manque dans les dictionnaires classiques. (Le Gazophyl. ling. Pers. écrit زار zar, qui figure dans Meninski comme purement turc.) Cela laisse des doutes. M. Defrémery accepte l'étymologie sans faire aucune réflexion sur l'authenticité de زهر zahr. Le Glossaire de MM. Engelmann et Dozy n'en dit pas davantage. Je n'ai moi-même aucun argument nouveau à fournir pour ou contre. HATTI-CHÉRIF. Ordonnance royale qui porte une marque de la propre main du souverain. C'est une expression persane خط شریف khatt-i-cherif, formée de deux mots arabes خط khatt, ligne, écriture et شريف cherif, illustre. L'i qui joint les deux mots marque en persan l'union du substantif à son adjectif. On dit dans le même sens خط هایون khatt-i-houmāyoun, prononcé hatti humayoun, du persan houmāyoūn, royal. HÉGIRE. Esp. hegira. De l'arabe مجرة hedira, fuite, de Mahomet à Médine, le 16 juillet 622, époque à partir de laquelle se comptent les années du calendrier musulman. HELBE, HEBBE OU HELBEH. Fenugrec. De l'arabe حلبة houlba. HENNÉ. Arbuste d'Afrique et d'Asie, dont les feuilles séchées et réduites en poudre servent aux femmes de l'Orient à se teindre les ongles en jaune safran. C'est l'arabe حناء hinna, qui précédé de l'article, a donné l'espagnol alheña. M. Dozy ne semble pas s'être aperçu que le portugais alfena, alfeneiro, troëne, est le même mot (il n'a point verso. noté ces deux termes dans son Glossaire, non plus que l'espagnol alcana, même sens); le henné porte aussi le nom de troëne d'Égypte. Gérard de Crémone, qui traduısait l'Almansouri de Razi, vers le milieu du xır° siècle, prononce alchanna: «Alchanna pustulis quæ sunt in ore et adustioni ignis remedium affert» (lib. III, cap. xxvII14). En italien, on dit encore alcanna et alchenna. HOQUETON. Vieux français auqueton. On a reconnu depuis longtemps l'identité de ce mot avec l'espagnol alcoton, algodon, coton, représentant l'arabe القطن al-qoton. Du nom de la matière, le mot est passé à l'étoffe qu'on en fabriquait et ensuite à un vêtement fait de cette étoffe. Si l'on ne connaissait à ce terme que le sens de casaque, on comprendrait malaisément que l'auteur du Roman de Roncevaux en eût pu faire un objet de comparaison avec une barbe blanche dans ce vers 5: Blanche ot la barbe aussi come auqueton. HORDE. C'est un mot tartare; en turc, اوردو ordou, camp. HOSANNA. C'est l'hébreu הוֹשִׁיעַ נָא hōchiana, deuxième personne du singulier de l'impératif intensif du verbe הוֹשִׁיעַ hochia (forme hiph. de sauve, délivre, porte secours. Le נָא na final est une particule précative, qui a le sens du latin quæso, je vous prie. Les Grecs ont transcrit Ωσαννά, et saint Jérôme Hosanna. HOUKA. Pipe turque ou persane peu différente du narghileh. (Littré.) De l'arabe حقة houqqa, ou, si l'on veut, du persan حقه houqqa, vase, bocal, et spécialement : « the bottle through which the fumes pass when smoking tobacco» (Richardson), le flacon où passe la fumée du tabac avant d'arriver à la bouche du fumeur. HOULE. Bien que Jal (Dict. de Marine) ait indiqué pour ce mot le hollandais holle, creux, je ne puis m'empêcher de signaler la coincidence au moins remarquable de ce terme avec l'arabe هول haul auquel les dictionnaires ne donnent d'autre sens que celui de terreur, objet terrifiant, mais qui, dans maints récits de tempêtes ou d'aventures maritimes se traduirait tout naturellement par houle ou quelque chose d'approchant. En voici trois exemples empruntés à l'ouvrage intitulé عجايب الهند Merveilles de l'Inde, dont il a déjà été question. Au milieu d'une tempête, un marin s'écrie : ما تنظر هول هذا البحر وأمواجه Ne vois-tu pas le haul de cette mer et ses vagues?» (p. 18). Et plus loin, au sujet d'une troupe d'esclaves qui, emmenés de la côte africaine dans un navire, se sauvent en sautant par-dessus bord, mal 4 Ce qui correspond au fol. 48 verso du man. de Razi déjà cité : الحنا ينفع للقلاع وحرق النار 5 Dict. de M. Littré. - M. A. de Chevallet, dans son Orig. de la langue fr. (t. Icr, p. 544), faisait de hoqueton un diminutif de huque, houque, et lui donnait une origine germanique. • L'étymologic est suggérée par M. Pihan et par M. Cherbonneau, mais sans aucun argument à l'appui. M. Cherbonneau traduit mer houleuse par بحر مهول bahr mouhawel. JAMBOSE OU JAMBOSIER. Arbre des Indes (Eugenia jambos) qui produit un fruit comestible appelé pomme de rose; en malais jambou. Une espèce porte, chez les Malais, le nom de جبر كل djambou-kling, ce qui marque qu'elle est originaire de la côte de Coromandel (kling, en malais). Le jambolongue ou jamlongue de l'île de France, le jambolane et le jamrosade de Saint-Domingue, sont des espèces ou des variétés de jambosier importées des Indes dans ces colonies. Les trois premiers de ces noms correspondent au malais djambelan; le dernier est formé de djambou et du mot rose, à cause de l'odeur de rose des fruits de cette espèce, qu'on nomme aussi, aux Antilles, pom mier-rose. JANISSAIRE. Du turc يکچری yeni-tcheriformé de یگی yeni, nouveau et cheri soldat milice. JARDE. Tumeur qui se développe à la partie externe du jarret du cheval. Ital. giarda. Dans un ouvrage d'hip 1 L'expression folla da mar semble calquée sur هول البحر 2 La forme régulière ne peut être que . On dit aussi مستحل .. la note 40 de Lane sur le chap. xi de sa traduction des Mille et une Nuits. (Ch. Deírémery.) I J HOURI. L'ancienne forme arabe est حوراء haura plur. حور hour, qui a les yeux noirs de la gazelle. Les Persans en ont fait حوری houri avec le si d'unité, et les Arabes ont repris ce mot sous la forme حورية houria. (Voy. Dozy, Gloss. p. 287.) HULLA. Celui qui, d'après la loi musulmane, doit épouser une épouse divorcée, avant que son mari puisse la reprendre en mariage. (Littré.) C'est un dérivé de la racine arabe حل hall, qui, à la deuxième forme حلل hallal signifie: «Ter repudiatam duxit, ut post repudium a primo conjuge repeti posset2. » L'épouse reprise ensuite par son premier mari est appelée حلالة halala. férentes écoles vont prendre leurs repas. Les pauvres y trouvent aussi gratuitement des vivres. (Littré.) Transcription, d'après la prononciation turque, de l'arabe عارة 'imāra, fondation pieuse, édifice public. IRADÉ. Décretimpérial en Turquie. Prononciation turque de l'arabe ارادة irāda, volonté, désir. ISLAM. Transcription de l'arabe اسلام islam, religion musulmane, proprement, résignation à la volonté de Dieu. IZARI. - Voy. ALIZARI. piatrique écrit en latin au moyen âge, je trouve les deux formes giarda, jarda : « Quasi mollis sufflatio ad magnitudinem ovi aut amplius... nascitur in garretis 4. » C'est l'arabe جرد djaradh, même signification (Tumor omnis natus in suffragine jumenti aut inferiore pedis nervo, dit Meninski(. C'est par erreur que le Dictionnaire de Handjéri traduit javart par ce même mot les javarts n'ont aucun rapport avec la jarde. JARGON. Gemme de couleur jaune tirant sur le rouge, souvent confondue avec l'hyacinthe. Le minéralogiste Haüy a réuni ces deux sortes de pierres sous le nom commun de zircon. Ital. giargone. Jargon et zircon, dont personne, à ma connaissance, n'a encore établi l'étymologie, sont certainement identiques à l'espagnol azarcon. D'après le Dictionnaire de l'Académie espagnole, azarcon, en peinture, signifie orangé vif: «el color naranjado muy encendido, color aureus; ce qui s'applique très-exactement à l'hyacinthe. Azarcon s'est dit aussi, comme le portugais zarcão, zarquão, azarcão, de l'ocre rouge. Et tous ces mots correspondent à un terme arabe,زرقون zarqon avec l'article az-zarqoūn, qui se disait du minium et d'autres substances de couleur tirant sur le rouge. Mais quelle est l'origine de ce zarqoūn, qui ne paraît pas très-ancien dans la langue arabe? On trouve un certain nombre de termes très-voisins de celui-là, tels que سيلقون silgoun سریقون serigoun اسرقون asrigoun, etc. correspondant au bas grec συρικόν, et à notre vieux mot azuric, vitriol rouge, et s'appliquant aussi au minium, au cinabre. D'autre part, Pline a déjà syricum ou sirucum1 dans le même sens, et sirqoūn se trouve également en syriaque. Ceci prouve, comme l'a fort bien fait observer M. Dozy 2, que le mot en question était connu en Orient et en Occident avant que les Arabes pussent avoir aucune action sur les langues du monde civilisé. و Si le mot n'est point arabe, il peut être persan. M. Dozy suggère آزر گون azar-goūn, couleur de feu de آره آذر azar feet goun, couleur). Je préférerais زرگون zar goun, couleur d'or, qui me semble mieux convenir aux formes arabes et correspond très-exactement à زرقون zar qoūn. Il semble que l'Académie espagnole ait songé à cette étymologie, lorsqu'elle explique azarcon par color aureus. Dans tous les cas, notre jargon me paraît venir de cette expression persane qui définit très-exactement la couleur de la gemme. N'oublions pas que celle-ci est originaire de Ceylan, de l'Inde et du Pégu. JARRE. Esp. jarra, jarro; portug. jarra, zarra; ital. giara, giarro; dans l'Archipel, iarros 3. De l'arabe جرة djarra, «dsjarres, grands vases de terre, dont chaque maison (au Caire) est pourvue pour mettre l'eau.» (Niebuhr4). JASERAN. Esp. jacerina, portug. jazerina, ital. ghiazzerino. Voir les étymologies arabe et persane proposées par M. Dozy (Gloss. p. 289) et par M. Defrémery (Revue crit. 26 déc. 1868, p. 407, et Journ. asiat. mai-juin 1869, p. 529,530). JASMIN. Esp.jazmin, portug. jasmin, ital. gelsomino; chez les botan. jesminium, jesseminium, gelseminum, gelsemium, etc. De ياسمين yasemin, que les Arabes ont emprunté aux Persans. JAVARIS. «Espèce de sanglier d'Amérique. » (Nouv. Vocab. de l'Acad. franç. 5.) On écrit mieux javari. C'est l'espagnol jabali, sanglier, nom appliqué en Amérique au pécari. Jabali est l'arabe جبلى jabali, montagnard, formé de جبل dijabal, montagne, le sanglier étant appelé porc des montagnes. (Voy. Engelmann, Gloss. p. 288.) 1 A ces formes, se rattache le mot sory, «sel vitriolique des anciens» )Bescherelle); en persan,سورى souri vitriol rouge, c'est-à-dire cinabre ou minium, dans Richardson. Sory manque dans la plupart des dictionnaires. Il est question dans Pline, et avant lui dans Vitruve, d'une ocre jaune appelée sil, offrant plusieurs variétés qui se distinguent par le nom des pays d'où elles proviennent, sil Scyricum serait le sil de Scyros (voy. Dict. de Déterville. t. XXI, p. 165). JEHOVAH. Transcription de l'hébreu יְהוָה Iehovah. L'expression hébraïque Yhvh, écrite sans voyelles, les écritures sémitiques anciennes n'en ayant point, était un nom ineffable de la divinité. Dans le texte biblique, les Massorètes lui donnèrent les voyelles du mot אֲדֹנָי Adonai, afin que le lecteur prononçât ce dernier mot. La transcription Jéhovah ne remonte pas chez nous au delà du xvi° siècle. JUBARTE. Sorte de baleine. C'était le terme employé par les pêcheurs basques. Le même mot que gibbar. (Voy. ce mot.) JUBILÉ. Le latin biblique jubilæus, d'où vient notre mot, est formé sur l'hébreu יוֹבֵל yobel, qui désigne une sorte de trompette, au son de laquelle on annonçait l'année du jubilé,שְׁנַת הַיּוֹבֵל chenath ha-yobel. JUBIS. Terme de commerce. Raisins secs en caisse. C'est une altération de l'arabe زبيبzebib, raisin sec, comme le prouvent les vieilles formes azebit, auzibet: «Pro cargua de azebits seu racemis,» dit un vieux tarif de Carcassonne, cité dans Du Cange. Ces dernières, ainsi que l'espagnol azebibe, acebibe, ont gardé l'article al, dont le l s'assimile au z suivant : az-zebīb. En portugais, acipipe a pris une signification plus générale, celle de menues friandises propres à aiguiser l'appétit, à rafraîchir. Diverses contrées musulmanes, ne buvant pas de vin, livraient leurs raisins séchés au commerce, et cet aliment était fort estimé des Arabes; Razi le regarde comme plus nutritif que la datte : الزبيب JULEP. Esp. et portug. julepe; ital. giulebbo, giulebbe; bas latin, julapium. De l'arabe-persan جلاب djoulab ou djoullāb, qui a le même sens. «Ils font une potion... qu'ils donnent au malade et qu'ils appellent... julab, c'est-à-dire eau bouillie, mot d'où il y a assez d'apparence qu'est venu celui de julep, dont nous nous servons. >>> (Chardin 6.) Le persan djoulāb ou goulabest formé dol rose et اب abeau goulāb signifie, en effet, eau de rose, mais se dit aussi de plusieurs autres préparations. Cf. Sacy, Abdallatif, p. 317, note 12. JUPE. Esp. juba, chupa, veste, aljuba; portug. aljuba, casaque moresque; ital. giuppa. De l'arabe جبة joubba. (Voy. Dozy, Dict. des vêt. p. 107.) « Par-dessus le caftan, les Turcs mettent une juppe ou surtout à manches trèscourtes.» (Niebuhr, Voy. en Arab. p. 210.) KADOCHE. Grade élevé dans la franc-maçonnerie. De l'hébreu קדוש qadoch, saint,sacré ) קְדַשׁ qadach, être saint, en arabe قدس qadas(. KAÏMAC. Sorte de sorbet turc. Le mot turc تيمق ou قام qaïmaq signifie proprement crème du lait. KALPAK. Bonnet à la tartare, est le même mot turc que le colback. (Voy. ce mot.) KANCHIL. Chevrotain des forêts de Sumatra. (Bouillet, Scienc.) En malais کچل kantchilmoschus Javanicus. KAVA. Boisson enivrante des Polynésiens. «Il y a identité entre ce mot et le mot kavoua, café des Arabes, qui se prononce de la même manière. Ces deux boissons sont servies chaudes." (Rienzi1.) — Voy. CAFÉ. KAZINE. Trésor du Grand-Seigneur. De l'arabe خزينة khazīna, venant de la même racine qui a donné magasin. KERMÈS. Esp. carmes, alquermez, portug. kermes. De l'arabe-persan قرمز qirmiz, même sens. Les botanistes écrivent en latin chermes. KETMIE. Genre de plantes de la famille des malvacées, comprenant un assez grand nombre d'espèces exotiques )Hibiscus). De l'arabe خطمى khatmi ou khitmi, qui est l'althœa dans Freytag, la mauve des marais (marshmallow) dans Richardson, la guimauve dans Bocthor. Celui-ci donne aussi خطمية khetmiya, ketmie. K Ketnice, que certains dictionnaires donnent comme le nom d'une malvacée, est probablement une faute d'impression, pour ketmie. KHAMSIN OU CHAMSIN. Vent d'Égypte. Transcription de Parabe خسین khamsin, mot qui signifie proprement cinquante de khams, cinq), et a été, dit-on, appliqué à ce vent parce qu'il souffle pendant cinquante jours. (Voy. J.-J. Marcel, Contes du cheykh El-Mohdy, t. III, p. 318.) KHAN. Sorte d'hôtel pour les voyageurs, en Orient. C'est l'arabe خان khan, même sens, dont l'origine est persane. (Comp. خانه khanehmaison.) Dans le sens de prince, chef, le mot est aussi persan et a la même orthographe. On trouve quelquefois khan écrit par un simple h, han. KHANDJAR. - Voy. ALFANGE. KHARBEGA. «Nom d'un assemblage de trous que l'on creuse symétriquement sur une surface plane, et dans lesquels on pose des cailloux ou des noyaux de datte en guise de pions, comme pour le jeu de dames : خربة khar bega.» (Cherbonneau, Dict. franç.-arab. pour la conversation en Algérie.) KHÉDIVE. Titre donné au vice-roi d'Égypte. Du persan خير kediri, prince, souverain, mot adopté par les Turcs. KIBLA OU KIBLAT. Point vers lequel les Musulmans se tournent pour prier (direction du temple de la Mecque). En arabe قبلة qibla, dont le sens propre est chose placée en face. KIMA. Tridacne géant (Chima gigas). Du malais كيم kima qui se retrouve dans les autres idiomes de l'archipel Indien. Néanmoins, le terme scientifique chama et les mots français correspondants chame, came, qui désignent un genre de coquillages, ont été pris du grec χήμη. KIOSQUE. Du persan et turc كوشك koūchk, belvédère. palais, villa. Le mot nous est venu par les Turcs qui font toujours sentir un i bref après le ك KURTCHIS. Corps de cavalerie persane composé de l'ancienne noblesse. La finale s est la marque du pluriel, car le mot est en persan تورچی gourtchī2. L LAMPOUJANE. Espèce de gingembre. Du malais-javanais | المقويغ lamponyang, qui se rattache peut-être au mot لمو 1 Océanie, t. Ier, p. 45. 2 «Regis Persarum prætorianus eques: sunt numero 12,000." (Castell.) lampou, excessif, par allusion à la force de cette épice. Le mot nous est venu par les Hollandais, ce qui explique la substitution du j à l'y. LANGIT. Nom attribué par quelques botanistes à l'arbre plus connu sous le nom d'ailante ou vernis du Japon. C'est le malais كايو لاغت kayo langhit, arbre du ciel. J'ignore l'origine de cette appellation. LANTARD. Espèce de palmier (Borassus flabelliformis), lontarus de Rumpf 1. Du malais لنتر lontar. On tire en grande quantité de cet arbre la liqueur appelée toddi ou vin de palme. LAQUE. Gomme laque. C'est un mot d'origine indienne, qui nous est venu par l'arabe-persan لك lakk ou لاك lak 2 La gomme laque, comme les autres gommes, est le suc épaissi d'un arbre, ou plutôt de diverses espèces d'arbres qui croissent aux Indes orientales. «Les Indiens de la côte de Malabar l'appellent caiulacca», dit d'Herbelot3. Caiulacca n'est pas la substance elle-même, mais l'arbre qui la produit, car le mot signifie arbre de la laque, du malais كابو you arbre. Les Arabes ont d'ailleurs appliqué le mot lakk, loukk, likk, à des substances colorantes analogues à la gomme laque 4. L'italien lacca signifie à la fois laque et cire à cacheter; dans ce dernier sens on dit en espagnol et en portugais lacre. La cire à cacheter doit ce nom à la gomme laque employée pour la colorer 5. LAZULI (LAPIS-). - Voy. Azur. LASCAR. Matelot indien de la classe des parias. Du persan لشكر lechker, armée, troupe. LEBBECK. Espèce d'acacia asiatique et africain (connu à la Réunion sous le nom de bois noir). De l'arabe ل lebkh. Le nom du genre lébeckie (Lebeckia), qui comprend des arbustes du cap de Bonne-Espérance, a sans doute la même origine étymologique. LÉVIATHAN. Transcription, dans saint Jérôme, de l'hébreu לִוְיָתָן livyathan, qui désigne un monstre aquatique ou terrestre mal défini. On peut voir ce qu'en dit Gesenius dans son Dictionnaire hébraïque. Le mot paraît se ratta cher à la racine לָוָה lavah, replier, tordre, en arabe lawa; le léviathan serait un animal capable de se recourber en replis tortueux, un serpent, un dragon. LILAS. Esp. lilac, portug. lilazaro. Les Arabes disent ليلاك, ليلك,lilac,lilāc. (Meninski, Onomast. au mot Syringa Persica.) Ces mots, qui ne sont point d'origine arabe, se rattachent au persan نيل nilindigo (voy. ANIL); on trouve ليلنك, ليلنج, ليلج, نیلج نیله : les diverses formes persanes nīlah, nīladj, līladj, lilandj, lilang, se rapportant toutes à l'indigo; ce qui montre le changement de n initial en l. L'arabe lilak peut être pris de l'un quelconque de ces mots, ou mieux encore, je pense, du diminutif ليلك tlak, bleuâtre, comme les doigts bleuis par le froid, nuance qui caractérise parfaitement les fleurs du lilas de Perse, lesquelles sont d'un pourpre pâle". LIMON. Fruit. Esp. limon, portug. limão, ital. limone. De l'arabe-persan ليمون leimon, même sens. Plusieurs espèces de citronniers portent aussi le nom de lime, esp. et portug. lima; en arabe ليمة lima. (Voy. Dozy, Gloss. p. 297.) LISME. Droit qu'on payait aux régences barbaresques pour la pêche du corail. De l'arabe لازمة لازم lazim, lāzima, chose obligatoire, dette, impôt. (Defrémery.) M. Cherbonneau donne la forme لزمة lezma qui convient encore mieux pour l'étymologie. (Dictionn. franç.-arab. au mot tribut.) Log. Mesure des liquides chez les Hébreux. Transcription de l'hébreu log LOOCH. Portug. looch. Terme de pharmacie, pris de l'arabe لعوق lag, petion qu'on lèche, c'est-à-dire qu'on prend à petites gorgées du verbe لعق laaq, lécher, lamper. LORI. Nom d'une espèce de perroquet. C'est le malais لوری louriou نوری nouri, qui désigne un perroquet des Moluques. «Le lori, dont les teintes rouges si variées surpassent en splendeur celles de la plus belle tulipe." (Rienzi, Océanie, I, p. 49.) LUTH. Esp. laud, portug. alaude, ital. huto. De l'arabe العود aloud, nom du même instrument. et dans certaines régions de l'Espagne sous celle de macabes, signifiant l'une et l'autre cimetière. Danse du cimetière ou des tombeaux est assurément une qualification des plus justes pour la danse macabre. Quant à la danse des Macchabées, chorea Macchabæorum, • «Nilak, a little blue, bluish; blue as the fingers with cold pinching.» (Richardson.) Dict. d'hist. nat. de Déterville, t. XVIII, p. 32. Les anciens botanistes, Matthiole, Dodonée, Tournefort, etc., conservent la forme arabe lilac, d'où li'acée, lilacine. 8 Voy. Dozy, Gloss. p. 168. 9 Voy. Littré, au mot macabre. |