ou e dur n'est pas très-rare (charabé=carabe, chirivia = alquirivia, alchimilla = alquimilla, alchimia=alquimia, etc.). La difficulté serait peut-être aussi grande à admettre pour origine d'alberchigo le terme persan-arabe فرق firsiq ou فرسك firsik (qui représente le grec περσικός, en latin persicus, d'où notre pêche). Car on n'a guère d'exemple du changement de fen b. (Voy. cependant CABAS.) ABUTILON. Plante de la famille des malvacées. De l'arabe اوبوطيلون auboutiloūn. C'est là du moins l'orthographe du mot dans l'Avicenne de Rome (p. 137). Mais les traducteurs transcrivent tous abutilon, et c'est aussi l'orthographe de Bauhin, qui parle de l'abutilon d'Avicenne et d'un abutilon Indicum. (Hist. plant. univ. t. II, p. 958 et suiv.) ACHARS. Fruits, légumes, bourgeons confits dans le vinaigre, comme nos cornichons, ou dans d'autres préparations fortement épicées. C'est un condiment très-goûté dans l'archipel Indien, à Maurice, à l'île Bourbon, etc. On écrit aussi achards : « Les achards colorés par le safran." (Simonin, Voyage à l'île de la Réunion1.) Le Dictionnaire de Déterville écrit atchar, qui est la forme originelle. C'est le persan اچار atchar en malais اچر atchar. Je ne saurais dire quel est le sens primitif de ce mot, qui nous est venu, non de la Perse, mais des Indes. ACHERNAR OU AKHARNAR. Étoile brillante à l'extrémité de la constellation d'Éridan. Elle ne s'élève jamais sur l'horizon de Paris. C'est l'arabe آخر النهر akhir-an-nahr, littéralement l'extrémité du Fleuve 2. An-nahr, le fleuve, est le nom de cette constellation. L'étoile est une des quinze que l'astronome Alfergani (vulg. Alfraganus) compte comme étant و منها في برج الحمل الكوكب الذي : de première grandeur في آخر صورة النهر »parmi elles se trouve, dans le signe du Bélier, celle qui est à l'extrémité de la constellation du Fleuve.» (Édit. de Golius, p. 76.) ACHOUR. «Nom d'un impôt payé par les indigènes de l'Algérie au Gouvernement français. » (Littré, Dict. Addit.) C'est l'arabe عشور achour, dimevenant de عشر achar, dix. Le mot achour n'est pas dans le Diction. fr.-ar. de M. Cherbonneau, qui, du reste, a laissé de côté un grand nombre des termes introduits chez nous par la conquête de l'Algérie. ADÈNE. Arbrisseau grimpant d'Arabie (Adenia venenata); en arabe عدن aden. AFFION. Ancien terme de pharmacie: électuaire à base d'opium. De l'arabe افیون aroun,qui représente le grec ὄπιον, opium. AFRITE. Sorte de mauvais génie dont il est question dans les récits orientaux. Le roi légendaire Tahmouras soutint une lutte gigantesque contre les Afrites ou Divs, ALB qu'il chassa dans les mers et au fond des déserts. En arabe عغرية 'ifriya ou عفریت 'ifrit. AGA. C'est le turc اغا agha, maître, seigneur, chef. AIGREFIN. C'était autrefois le nom d'une monnaie qui avait cours en France. En portugais, xarafım, xerafim, désigne une monnaie des Indes orientales, que Baumgarten, au commencement du xvi siècle, appelle en latin seraphi. C'est l'arabe-persan أشرقى achrafi «monetæ aureæ genus, valens vi reales hispanicos» (Vullers). Le mot semble formé de اشرف achraftres-illustre, comme son synonyme اكبرى akberide أكبر akbar très-grand. On peut voir sur le xarafim l'article du Gloss. de M. Dozy, p. 353, 354. Si aigrefin, monnaie, vient de achrafi, il ne serait pas impossible que aigrefin, homme rusé, en vînt également; c'est par cette qualification de très-illustres que les Arabes désignaient les plus éminents philosophes. (Voy. D'Herbelot, Bibliothèque orient. au mot aschrafioun.) ALAMBIC. Esp. alambique, port. lambique, ital. lambico, de l'arabe الانبيق al-anbig, venant du grec ἄμβιξ, vase à distiller, précédé de l'article arabe al. ALANCABUTH. Terme d'astronomie. Partie de l'astrolabe. De l'arabe العنكبوت al-ankabout, dont le sens propre est l'araignée. L'alancabuth, en effet, rappelle assez bien l'idée d'une araignée posée sur sa toile (dont les fils sont figurés par le réseau des méridiens s'entre-croisant avec les parallèles). Voy. les fig. 47 et 54, dans le Mémoire de Sédillot sur les instruments astronomiques des Arabes. ALBARA OU ALBORA. Nom d'une espèce de lèpre, dans les anciens traités de médecine. De l'arabe البرص al-baras la lèpre, qui a donné l'espagnol albarazo et le portugais alvaraz. pier, est une altération de l'espagnol et portugais alcatraz, ALBATROS. Ce mot, écrit algatros par Flacourt et Damqui désigne le pélican onocrotale, mais qui a été appliqué à plusieurs autres oiseaux aquatiques (entre autres au petit cormoran). Je ne doute pas qu'il ne faille l'assimiler au portugais alcatruz, signifiant seau d'une noria. Dans ce dernier sens, les Espagnols disent arcaduz, alcaduz, et ces expressions représentent l'arabe القدوس al-qados que Pedro de Alcala traduit alcaduç de añoria3, ce qui ramène finalement au grec κάδος. Pourquoi le pélican onocrotale a-t-il été comparé au seau d'une machine hydraulique qui puise l'eau et la répand à l'extérieur? Par la même raison qui a porté les Arabes à l'appeler سقا saqqa, porteur d'eau, disant que cet oiseau remplit d'eau son gros bec et va en remplir les petits creux dans le désert pour abreuver ses petits 4. Les l'eau quelquefois à deux journées de chemin, qu'il leur apporté dans la poche de son bec." (Chardin, Voy. en Perse, p. 219, 220, édit. Smith.) «ll a l'instinct de remplir son gros gosier d'eau, et de l'aller dégorger dans les fossettes du désert de l'Arabie pour abbrever les petits oiseaux.» (Gazophyl. ling. Pers. au mot Pelicano.) Turcs donnent ce même nom de porteur d'eau سقا قوشی saqa qouchou au chardonneret en cage, à qui on a appris à faire monter son eau pour boire. ALBOTIN. Terme de l'ancienne pharmacie : le térébinthe et sa résine, autrefois si employée en médecine. Esp. albotin. De l'arabe البطم al-botoum terebinthe. M. Dozy n'a pas relevé ce mot dans son Glossaire. ALBOUCOR. Liqueur qu'on retire de l'arbre de l'encens. )Bosc, Dict. d'hist. nat.) C'est l'arabe البخور al-boukhoūr, encens, bois d'aloès, et en général parfum à brûler. Ellious Bocthor (Dict. fr.-ar., au mot encens) redouble le kh. En portugais, par la transformation si fréquente du kh en f, le mot arabe est devenu albafor, encens, parfum. ALCADE. Esp. alcalde. De l'arabe القاضى al-qadi, juge du verbe قضى qada juger). Le second I qui est dans l'espagnol alcalde provient de la prononciation emphatique du ض . Il ne faut pas confondre ce mot, comme étymologie, avec alcaide. Voy. CAÏD. ALCALI. Esp. et port. alcali. De l'arabe القلى al-qali, cendres de soude ou la plante elle-même. Dans certaines régions du midi de la France, on réserve le nom de calíou aux cendres de sarments de vigne. Le nitre est quelquefois appelé algali par nos alchimistes. ALCARRAZA. Vase de terre à rafraîchir l'eau. C'est un mot que nous avons emprunté à l'espagnol et qui vient de l'arabe الكراز al-kourrāz, cruche. En Égypte, l'alcarraza porte le nom de بردك bardak, dont nous avons fait bardaque et balasse. Le mot est turc; cependant il semble se rattacher à la racine arabe برد barad, refroidir, d'où dérive assurément برادة barrada, qui désigne aussi un vase à rafraîchir les liquides, et qui a donné l'espagnol albar rada. ALCHIMIE. Esp. alquimia, port. alquimia, alchimia, ital. alchimia. De l'arabe الكيميا al-kīmīā, formé de l'article al et du grec χυμία ου χημεία, chimie. Je joins ici l'étymologie de quelques mots que nos alchimistes avaient empruntés aux Arabes, mais qui ne figurent plus, pour la plupart, dans les dictionnaires modernes. Le dictionnaire d'alchimie de Martin Ruland1 en contient beaucoup d'autres également pris à la langue arabe, quoique leur origine, tant ils sont défigurés, soit souvent difficile à établir. Mais je crains qu'on ne me reproche d'avoir déjà trop grossi ma liste. Cet inventaire suffira pour montrer à quel point s'altèrent les mots étrangers qui ne sont pas d'un usage courant. Il ferait voir aussi, si cela était nécessaire, que l'alchimie-nous est venue directement des Arabes. 1. Acazdir, kazdir, kasdir, kacir, fasdir, sasdir, étain pur, de القدير al-qazdir, même sens. 2. Accib, plomb, de السكب as-sek, même sens. 1. Lexicon alchemiæ sive Dictionarium alchemisticum, auctore Martino Rulando. Francfort, 1612. 2 Les alchimistes appellent courge, cucurbite, la chaudière de l'alambic. 3. Adibat, zaibac, zaibach, zaibar, zibatum, mercure, de زيبق zibag, même sens. 4. Adoc, adho, adec, lait aigri, dead-dog même sens. Dōgh est d'origine hindoue. 5. Agabor, poudre de الغبار al-ghobār, même sens. 6. Alacap, anacab, aliocab, alcob, allocaph, ocab, ocob, ocop, obac, sel ammoniac de العقاب aloqab, l'aigle. Les alchimistes donnaient le nom de cet oiseau au sel animoniac: «Aquila, pro sale armoniaco, propter levitatem in sublimationibus,» dit Ruland (p. 45). 7. Alastrob, usrub, uzurub, ursub, plomb de السرب al-osrob, même sens. 8. Alaurat, nitre, corruption de البورق al-baragorax. Les deux sels sont souvent confondus: «Affronitrum est spuma nitri, quod arabice dicitur baurach. » (Lex. alch.) 9. Albor, urine, de البول al-baul même sens. 10. Alcamor, camar, kamar argent de القمر al-qamar la lune. On sait que les alchimistes donnaient à l'argent le nom de notre satellite. 11. Alcara, courged al-qara; obelchera, obelkara représentent حبّ القرع habb al-qara', fruit ou graine de courge. sens. 12. Alcimod, antimoine de الاثمد al-outhmoud, même 13. Algali, nitre, est le même mot que alcali. 14. Algérie, algérit, gir, chaux vive, de aldiyar même sens, ou mieux d'une forme جير dir, qui est dans Bocthor, mais qui manque dans Freytag et Richardson. Cf. une note de M. Dozy (Gloss. p. 124) sur le mot alger. 15. Alhenot, allonoc, alhonoch, aloanac, plomb,de الأنك al-anok, hebr. אֲנָךְ anak, même sens. Allenec, alnec se disaient avec le sens d'étain. 16. Alkalap, étain de al-qala'i, même sens. 17. Allabor, alahabar, alabari, alabri plomb,de الابر al-abār, plomb fondu, mot d'origine persane 3. 18. Alma, eau de الماء alma, même sens. 19. Almetat, almartack, almarcat, almarcab, almarchat, almarchas, litharge d'or ou d'argent; esp. almartaga; de المرتك al-mourtak ou al-martak, même sens. On disait encore, sans l'article: martach, martath, marched4. 20. Almisadre, almisadir, almizadir, amizadir, anoxadic, anotasier, misadir, mixadir, muzadir, musadi, nysadir, nusiadat, nestudar, sel ammoniac. Tous ces mots sont des altérations plus ou moins fortes de l'arabe النشادر an-nochādir; comp. les formes hispaniques almojatre, almohatre, almocrate, nochatro. Alinzadir, borax, est le même mot. 21. Alramudi, ramag, cendres, de الرماد al-ramad même sens. 22. Anore, annora, ancora, nora, chaux vivede النورة an-noūra, même signification. 3 Avicenne donne al-abār et al-anok, comme signifiant plomb noir : ها ۱۳۱ . الرصاص الاسود de l'édit. de Rome(. 4 Mourtak est prob. la div. assyr. Mardouk, la planète Jupiter, l'étam. 23. Antarit, antérit, antaric, altaris, mercure de 'outārid, qui est à la fois le nom de la planète et du métal. Alécarith est le même mot avec l'article al. 24. Anticar, atinkar, le même que TINGAL. 25. Araxat, alrachas, rasas, rasasa, plomb de الرصاص a-rassouar-razaz,même sens1. 26. Ased, or, de اسد asad, lion ; c'est un des noms que les alchimistes donnaient au roi des métaux, de même que le lion est appelé le roi des animaux. 27. Azogor, asugar, asingar, zingar, ziniar, vert-de-gris; de الزنجار az-zindjar, qui est le persan زنگار zengar, meme signification. 28. Azar, azane, hager, pierre,de hadjar meme sens. 29. Azarnet, adarnech, zarnich, zarnec, zarne, orpiment; esp. azarnefe; de l'arabe-persan الزرنيخ az-zernikh, qui est le même mot que le grec ἀρσενικός, arsenic jaune, orpi ment. 30. Azazeze, verre de الزجاج az-zadjādj, même sens. 31. Azeg, vitriol, esp. aceche, aciche, acige; port. azeche; de الزاج az-zadjeme sens. 32. Azegi, azagi, colcotar, est identique au précédent. M. de Chézy, dans une note insérée au t. III, p. 467, de la Chrest. ar. de S. de Sacy, fait observer que زاج zadj est au Levant le nom générique des vitriols, qu'on différencie par des épithètes (bleu, blanc, vert, rouge); mais zādj pris seul désigne en général le vitriol vert (sulfate de protoxyde de fer). Le colcotar est un peroxyde de fer obtenu par la calcination du sulfate. Notons encore asagi, vitriol rouge, zegi, zezi, zet, vitriol en général. 33. Azob, azub, azef, alsech, alun; esp. axebe, enxebe, xepe de الشب ach-chabbo الشاب ach-chab, même sens. 34. Berne, birmine, vase de verre; esp. albornia; de برنية berniya, vase à conserver les liquides ou les comestibles. 35. Besec, besech, mercure, métathese de زيبق zibac. (Voy. ci-dessus Adibat.) 36. Chara, excréments de خراء kerā, même sens. 37. Daib, deheb, deabedetzorde ذهب dhahab, même sens. 38. Edic, edich, adid, hadid, fer, de حديد hadīd, même signification. 39. Fidhe, fidda, fido, argent de fidda, même sens. 1 Le même mot se retrouve dans l'expression blanc rasis, blanc de plomb: «Le plomb aussi qui est noir, quand il est calciné par la vapeur salsitive du vinaigre, il se réduit en blanc de plomb, de quoy la céruse est faite, et blanc rasis, qui est la plus blanche de toutes les drogues." (Bernard Palissy, Recepte véritable, édit. Cap. p. 41.) C'est à tort qu'on a quelquefois écrit Album Rhazis, comme si le mot venait du nom du célèbre médecin arabe رازی Razi que nous appelons Rhazès. Pour le changement, d'ailleurs fréquent, de a en i, voy. Engelmann, Gloss. p. 25. 2 Martin Ruland écrit michach, micha; ce sont des erreurs de lecture, d'ailleurs faciles à commettre avec des manuscrits où les points sur les i ne sont pas marqués. 3 Azimar me paraît une faute de copiste, pour aziniar. (Voy. ci-dessus Azagor.) 40. Melech, maleckede milk, même sens. 41. Merdasengi, litharge du persan مرده سنك mourdeh seng, même sens. 42. Misal, masal, mest, petit lait, de مصل masleme sens. (Cf. l'esp. almece, dans Dozy, Gloss. p. 162.) Dans le Languedoc on dit mesi, et dans d'autres provinces mesgue: «Le mesgue pourra servir pour la nourriture des pourceaux.» (Agriculture et maison rustique, 1601, p. 83.) 43. Nobach, tambour employé par les nécromanciens; du persan نوبت nobat, sorte de tambour. 44. Nochat, nuchat, nuchar, nuchor, nuchach, nucha2, nuhar, cuivre, de نحاس nohas, même sens. 45. Quebrit, quibrith, kibrith, kibrit, abric, alkibric, alchabric, alcubrith, alkibic, algibic, alkibert, alphebriock; tous ces mots signifiant soufre viennent de l'arabe الكبريت al kibrīt, même sens; en espagnol, alcrebite. 46. Sericon, stricon, minium. (Voy. au mot JARGON.) 47. Zarfa, cuivre, metathese de صغرة sofra meme sens. Alzofar, esp. azofar, laiton, est le même mot précédé de l'article. 48. Zebeb, fumiere zebilmême sens. 49. Zengifur, zingijur, uzijur, uzufar, azemafor, cinabre; de zindafrou zoundjoufr, même sens. Le portugais azinhavre, vert-de-gris, est certainement le même mot, quoique M. Dozy ait voulu le rattacher زنجار zindar (Voy. ci-dessus Azagor.) Remarquez que azinhavre sonne presque à l'oreille comme cinabre, et reproduit lettre pour lettre Parabeالجغر az-zindjafr. Quant à sa signification, vert-degris au lieu de cinabre, il ne faut pas s'en étonner; les alchimistes, dans leurs dénominations, confondaient presque constamment des substances qui ne nous semblent plus avoir que des analogies lointaines. Dans le cas particulier dont il s'agit, je puis citer à l'appui de ma correction : zynfer, vert-de-gris; azimar3, vert-de-gris et cinabre; azamar, azemala, qui embrassent également ces deux significations. N'oublions pas que le vert-de-gris et le cinabre (confondu avec le minium) font tous deux partie de la classe des zadj ou vitriols. 50. Zub, zubd, zebdbeurred زبد zoubd, même sens. ALCOOL. Esp. et portug. alcohol, aragon. alcofol5, catal. alcofoll. Il est bien démontré que l'étymologie de ce mot est l'arabe الكحل al-kohl, le coheul ou poudre d'antimoine, dont les femmes, en Orient, se teignent les paupières. On sait que ce mot a été employé à désigner un grand nombre de collyres divers tels que كحل أغبر, كل اصغر 4 Les anciens, Pline, Vitruve, Galien, confondent sans cesse le cinabre et le minium. Dans le Dioscoride latin de J. Ruel (1516), cette confusion est relevée en ces termes: «Argentum vivum fit ex minio, quod abusive cinnabaris dicitur." (Lib. V, cap. cı, fol. 320 recto.) Dans ce passage, c'est précisément l'inverse qu'il faudrait dire, d'après notre terminologie actueile; car le cinabre est un sulfure de mercure, et le minium un oxyde de plomb. 5 Alcofol, id est Anthimonium. (Man. lat. du xiv siècle, no 7156 de la Bibl. nat. p. 40.) • Ou plutôt de sulfure de plomb. (Voy. ALQUIFOUX.) Le coheul, en Perse et en Turquie, est souvent appelé سرمہ surmeh mot quelquefois employé dans les relations des voyageurs français. Les dictionnaires traduisent à tort surmeh-tāch par antimoine. C'est aussi un sulfure de plomb. , كل عزيز etc. Alcohol dans l'ancienne pharmacie, se disait de toute substance porphyrisée : « Les pierreries, dit Moïse Charas 1, les bols, les terres, le succin, les dyamants et quelques parties d'animaux sont réduits en poudre impalpable qu'on nomme alkohol. » Comment, après avoir désigné une poudre sèche, le mot est-il arrivé à s'appliquer au liquide obtenu par la distillation des matières spiritueuses? On peut en voir la raison dans cette explication citée par Martin Ruland: «Alkol est purior substancia rei, segregata ab impuritate sua. Sic alkol vini est aqua ardens rectificata et mundissima 2. » Nous avons un exemple d'un changement pareil dans le sens moderne d'élixir. (Voy. ce mot.) ALCORAN. Transcription de l'arabe القرآن al-qoran. Al est l'article; aussi dit-on de préférence aujourd'hui le Coran قرآن qoran signifie proprement lecture, récitation. «Le Coran, dans sa forme primitive, était une récitation plutôt qu'une lecture, et c'est dans ce sens qu'il faut entendre le verbe قراً qaraa dans plusieurs des passages où on l'a traduit par lire." (E. Renan 3.) ALCÔVE. Esp. alcoba, portug. alcova, ital. alcova, alcovo; de l'arabe القبة al-qobba, qui, entre autres sens, a celui de petite chambre, cabinet, ainsi que le montre M. Lane (The thousand and one Nights, I, 231). Voir l'intéressant article de M. Dozy, Gloss. p. 90, 91. Le mot est employé avec son sens le plus ordinaire dans ce passage de Niebuhr: «Les derniers seigneurs de Taæs... ont bâti de beaux palais pour eux et leur postérité, et se sont contentés d'un petit kubbe pour leur servir d'oratoire et de sépulture 4. " الضيعة ad-day aferme, bourgade. Le I de l'article ne s'est pas assimilé à la lettre suivante, ce qui peut tenir ici à la prononciation emphatique dud, qui, dans les langues hispaniques, entraîne souvent l'introduction d'un l. (Alcalde, al-bayalde, etc. VOY. ALCADE, ABIT.) ALÉPINE. Étoffe qui tire son nom de la ville d'Alep, en arabe حلب Haleb, soit que le mot ait été formé directement en français, soit qu'on ait pris l'adjectif arabe حلبي halebī, d'Alep. ALEZAN. Esp. alazan, portug. alazão, se dit d'un cheval de couleur fauve ou rougeâtre plus ou moins foncée. On a proposé (voy. Littré, Dict. fr.) trois étymologies arabes: الحسن al-hasan, le beau حصان al-hisan, le cheval de race, et enfin العشن al-athan, la fumée. Aucune des trois ne me paraît satisfaisante. Sans s'arrêter à la dernière, qui me semble de pure fantaisie, on peut dire des deux autres qu'elles ne spécifient point une couleur de robe; car il serait, croyons-nous, bien difficile de montrer que les Arabes aient, à une époque quelconque, attribué une supériorité de beauté ou de race à l'alezan. Al-hişan est souvent pris pour l'étalon par opposition à فرس faras, jument comme dans l'exemple cité plus loin. Il paraît même qu'au Magreb il se dit du cheval en général. Mais tout cela est sans rapport avec l'adjectif alezan, et M. Dozy trouve fort suspecte cette étymologie, donnée par M. Engelmann dans la première édition de son Glossaires. Il y a quelques années, j'en ai proposé une quatrièmeo, acceptée depuis par M. Littré (Addit. au Dict.); c'est l'adjectif alas fém. halsā, «spadix equus,>> disent les dictionnaires (voy. Freytag au mot forme се que nous traduirions par cheval bai ou alezan. १ Nous dérivons notre mot français du féminin du terme arabe (comme nous le ferons plus loin pour balzan). On peut conjecturer que le féminin l'a emporté sur le masculin par suite d'un emploi plus fréquent : le terme générique فرس faras,cheval, signifie plus ordinairement la jument, ainsi que nous le disions tout à l'heure : أن المرأة و قيل له الدبران لدبوره الثريا : le mot est ainsi expliqué Dans ce .. تحيل على الرجل كما تحيل الفرس على الحصان سواء passage, qu'on peut se dispenser de traduire,فرس est dit par opposition à حصان. «Elle est ainsi nommée parce qu'elle vient derrière les Pleiades. " دبر dabar, en effet, signifie venir derrière, suivre. Toutes les étoiles qui viennent derrière une constellation, ajoute naïvement le commentateur, n'ont pas reçu ce nom de Débaran; mais les Arabes l'ont ainsi appelée en particulier, de même que les Pléiades ont été plus particulièrement désignées sous le nom de النجم an-noujoumles étoiles. On peut lire la même explication dans l'ouvrage intitulé Ephemerides Persarum, de Math. Frider. Beckius, 1696, p. 22. ALDÉE. Esp. aldea, portug. aldea, aldeia; de l'arabe Quant à la finale n qui s'est ajoutée au mot halsā, on en peut citer d'autres exemples, tels que camocande كا kamkha; arduran, de الدرا ad-doura (voy. DOURA); bosan, de بوزة bousa ; alchocoden 11 de كخدا ketkhouda azacan )porteur d'eau, en espagnol de السقاء as-saqqa, etc. ALFANGE. C'est un mot espagnol introduit en France par nos écrivains du xv11° siècle. De l'arabe الخنجر al-khandjar, sabre, que nous avons pris directement et sans l'article, sous les formes cangiar, khanjar, khandjar. ALFIER. Officier porte-drapeau. Mot emprunté par Brantôme et les écrivains du xvi° siècle à l'italien alsiere, esp. alferez, portug. alferes. De l'arabe alfaris, signifiant proprement le cavalier, venant de فرس faras, cheval. ALGARADE. C'est l'espagnol algarada, qu'on saccorde à tirer de l'arabe الغارة al-ghara incursion militaire, expédition guerrière. En tout cas, ce ne peut être une dérivation directe, vu l'accentuation. Mais al-ghāra a donné l'espagnol algara, qui a une signification identique à celle du mot arabe, et le bas latin algaru, algarum (Du Cange), et peut-être l'italien gara, dispute, rixe. De algara, l'espagnol a pu faire algarada. Je suis porté à croire que l'arabe العرادة al-arāda, catapulte, dont les anciens écrivains de la Péninsule ont aussi fait algarada ou algarrada, n'a pas été étranger à l'adoption de algarada dans le sens de cri subit, alerte, attaque imprévue. Quant à l'hypothèse de M. Dozy, rattachant ce mot à un vocable inconnu venant de غرد gharid chanter, je ne saurais ni l'appuyer ni la combattre. (Voy. Gloss. p. 120.) On aurait tort de rapprocher du mot qui nous occupe le portugais algazara, qui est aussi en espagnol et en italien, et dont l'origine est fort différente. Voy. l'article d'Engelmann sur ce mot (Gloss. p. 122, 123). ALGÈBRE. Esp. portug. et ital. algebra. De l'arabe الجبر al-djebr, réduction. On nomme l'algèbre علم الجبر والمقابلة science des réductions et des comparaisons. En espagnol, algebrista se dit du bailleul ou rebouteur, qui réduit les frac tures. ALGÉNIB. Étoile y de la constellation de Pégase, sur le flanc du cheval. De l'arabe الجنب al-djanb, le côté, comme enif de ani. Le Dict. des Mathématiques, dans l'Encyclopédie de d'Alembert, donne encore les formes génib, chénib, chelub. ALGOL. Étoile de la constellation de Persée, remarquable par la variabilité de son éclat. C'est l'arabe الغول al-ghoul, le même dont nous avons fait goule. (Voy. plus loin ce mot.) Les Arabes appellent راس الغول rasal-ghoul, tête de la goule, la tête de Méduse que Persée tient suspendue à la main. ALGORITHME. AU XIII° siècle, ce mot signifiait l'arithmétique avec les chiffres arabes; on écrivait algorisme et angorisme 1. Esp. alguarismo, guarismo, algorithmo; portug. garismo. C'est la transcription plus ou moins altérée du nom d'un des plus anciens auteurs de traités d'arithmétique, Abou Dja'far Mohammed ben Mousa, surnommé الخوارزي al-khowarezmā, dont l'ouvrage a été traduit ou imité en latin dès le commencement du xu° siècle. Ces sortes de livres furent désignés sous le nom d'Algorismus. M. Defrémery a raison de dire que cette étymologie est hors de doute depuis les recherches de MM. Reinaud 3, Chasles 4 et Woepcke5. Dans les ouvrages d'astronomie, le terme خوارزی khowārezmi s'est dit des tables des sinus et des tables des ombres (tangentes et cotangentes trigonométriques(. ALGUAZIL. C'est l'espagnol alguacil, qu'on trouve en portugais sous des formes très-variées : alvacil, alvazil, alvasir, etc. venant de l'arabe الوزير al-wazir, le vizir. On peut voir, dans le Glossaire de MM. Engelmann et Dozy 6, les explications données sur le passage du sens de vizir à celui d'officier de police. Le Dictionnaire de Du Cange fournit les formes suivantes : alguazilus, alguazirius, algozirius, algatzarius, algatzerius, qui montrent combien les désinences des mots sont peu solides dans le passage de l'arabe aux langues romanes. ALHAGÉES. Plantes de la famille des légumineuses, dont le type est le sainfoin alhagi, que les anciens botanistes appellent alhagi Maurorum1. C'est l'arabel-hadi Avicenne a fait la remarque que cette plante produit la fameuse manne téréniabin ترنجبین . )Voy. Dict. d'Hist. nat. au mot sainfoin, t. XXX, p. 42.) ALHAIOT. Étoile brillante de la constellation du Cocher, marquée a dans les catalogues et ordinairement nommée la Chèvre. On trouve aussi Ayuk. C'est l'arabe العيق al ayyoūq. Alfergani la cite parmi les quinze étoiles de pre وفي التومين العيوق كوكب اخضر مجراه قريب : mière grandeur s من سمت الراس في الاقليم الرابع Dans les Gémeaux, alayyoūq, étoile verte qui passe près du zénith dans le quatrième climat. » Si l'astronome arabe place la Chèvre dans les Gémeaux, c'est par suite du système de groupement de toutes les étoiles dans les douze signes du zodiaque; chaque constellation se trouve ainsi rattachée à l'un des signes. C'est pour cela qu'il met Wéga, de la Lyre, dans le Sagittaire, Achernar dans le Bélier, etc. ALHANDAL. Nom pharmaceutique de la coloquinte. Esp. alhandal; de l'arabe الحنظل al-handhal, même sens. |