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cette lettre s'était donc glissée dans le mot du dialecte parlé en Espagne.

SATAN. Mot hébreu, satan, qui signifie ennemi, adversaire, d'où le chef des anges rebelles (en arabe شيطان chéitān). Ce mot n'est entré dans le latin que par la littérature chrétienne.

SATIN. Portug. setim. Il est assez remarquable que l'équivalent de ce mot ne se trouve pas en espagnol. Mais y manque-t-il réellement? Et ne serait-ce pas le terme setuni, aceituni, que M. Dozy a relevé dans Clavijo comme désignant une étoffe de fabrication chinoise? Le mot est tombé en désuétude, peut-être par la nécessité d'éviter une confusion avec aceitune, aceytuni, olivâtre, venant de زيتون Zeitoun, olive. Aceituni, étoffe, vient d'un adjectif identique de forme,الزيتونى az-Zeitounī, mais dérivant ici du nom de la ville de Zeitoun, qui est la ville chinoise de Tseu-Thoung, où se fabriquaient, dit M. Dozy, «des étoffes damassées de velours et de satin qui avaient une trèsgrande réputation et qui portaient le nom de zeitouni. »

Bien que M. Dozy n'en suggère point la pensée, il ne serait pas impossible que ce zeitoūni, setuni, fût l'origine du portugais setim et de notre satin (qu'on a essayé de tirer du latin seta, soie de porc, par l'intermédiaire d'un adjectif fictif, setinus). Le changement de ou en i est assez fréquent pour ne faire ici aucune difficulté.

SCHEAT OU SEAD. Étoile de deuxième grandeur, de Pégase. De l'arabe ساعد said, qui signifie proprement avant-bras. Voltaire écrit sheat: «Dès que la brillante étoile sheat sera sur l'horizon. » (Zadig, ch. XII1.)

SCHEVA. Terme de grammaire hébraïque, sorte d'e muet. Transcription de l'hébreu שוא cheva, qu'on rattache à une racine dont le sens est vain, nul.

SCHIBBOLETH. Transcription de l'hébreu שְׁבֹּלֶת chibboleth, qui signifie proprement épi (correspondant à l'arabe سنبلة sounboula). Le Livre des Juges, ch. xII, raconte que les gens de Galaad, poursuivant les fuyards de la tribu d'Éphraïm, reconnaissaient les hommes de cette tribu à cela qu'ils ne pouvaient prononcer le ch de chibboleth, qu'ils rendaient par uns: «Interrogabant eum: Dic ergo scibboleth... Qui respondebat sibboleth... Statimque apprehensum jugulabant. » C'est ainsi que, durant le massacre des Vêpres siciliennes, les Français trahissaient leur nationalité par la difficulté de prononcer correctement le mot ciceri. Par allusion à l'aventure des Éphraïmites, le mot pris le sens de difficulté insurmontable, épreuve concluante, signe de ralliement, mot d'ordre.

schibboleth

a

SCHIITE. Sectateur d'Ali. De l'arabe شیعی chiya'adjectif formé de شيعة chiya'a, secte, en général, et plus particulièrement secte des Schiites.

1 Volt. OŒuvr. compl. édit. Lahure (1860), t. XV. p. 45. * Histor. plant. univers. t. I, p. 198.

SÉBESTE. Fruit du sébestier, arbre d'Égypte et de l'Inde. Il était naguère d'un grand usage en pharmacie. Les Grecs le connaissaient sous le nom de μύξον : « Sebesten vulgo officinis, Arabicam appellationem magis quam Græcam (myxa, τὰ μύξα) retinere malentibus», dit J. Bauhin2. C'est en effet l'arabe سیستان sebestan.

SÉBILE. On a proposé l'arabe-persan زبیل zebbil ou زنبیل zenbīl, qui signifie une corbeille de feuilles de palmier, une bourse de cuir, un panier d'osier, de sparte, une boîte à mettre les aiguilles etc. (en mal سمبل soumboul corbillon(.

SECACUL OU SECCACHUL. Sorte de panais: «Ses racines et ses graines, qui diffèrent peu de celles du panais cultivé, sont réputées, chez les Arabes, comme propres à augmenter leurs facultés prolifiques 3. C'est l'arabe شقاقل chaqaqoul, que Sprengel appelle Tordylium secacul, et Bosc

Pastinaca dissecta.

SÉIDE. NOM commun, Vient de SÉIDE, nom propre, personnage de la tragédie de Mahomet de Voltaire, lequel a été pris pour type d'un serviteur dont le dévouement va jusqu'au fanatisme et au crime. Séide, suivant la remarque de M. Defrémery, ne vient pas de سيد seyid seigneur, qui a donné cid, mais de زيدzeid, nom d'un affranchi de Mahomet.

SÉLAN OU SELAM. Bouquet de fleurs dont l'arrangement forme un langage muet. De l'arabe سلام salam salut, mot qui commence la formule de salutation musulmane. (Voy. SALAMALEC.(

SÉNÉ. Arbuste d'Égypte, d'Arabie, de Syrie. Esp. sen, sena, senes, portug. sene, senne, ital. sena. De l'arabe سنا senā. Dans le commerce, on distinguait plusieurs sortes de séné, telles que le saidi صعیدی du Said)egébéli جبلي )de montagne), le bélédi بلدی du pays égyptien), aussi nommé bahrouyi بحری )du ile hedjazi بازی Hedjaz), aussi nommé séné de la Mecque, etc.

SEPHIROTH. Terme de la cabale, désignant certaines perfections de l'essence divine. Transcription de l'hébreu שפרות chefiroth, pluriel de chefer, beauté, splendeur, de la racine שְׁפַר chafar, briller, plaire (en arabe سغر safar

SEQUIN. Esp. cequi, portug. sequim, ital. zecchino. C'est de l'italien que sont venues les autres formes romanes, et zecchino vient de zecca, atelier monétaire, en espagnol seca, mot pris de l'arabe سكة sikka, coin a frapper la monnaie. La Fabrica ling. arab. traduit même l'italien zecca par سكة sikka. Le sequin lui-même ne porte pas ce nom au Levant; mais sikka se dit de la monnaie en général. (Voy. Bocthor à monnaie.)

SÉRAIL. Esp. serrallo, portug. serralho, ital. sarraglio. On disait aussi chez nous autrefois serrail ou sarrail,

3 Dict. d'hist. nat. de Déterville, t. XXIV, p. 447. ▲ Journ. asiat. août 1867, p. 187.

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سر عسکر mot

SÉRASQUIER OU SÉRASKIER. Chef militaire en Turquie. Le ser'asker, est formé du persan ser, tête, chef, et de l'arabe عسكر asker armée. Les Turcs font toujours sentir un i très-bref après la consonne كk.

SERDAR. Chef militaire chez les Turcs et les Persans. Du persan سردار serdar, qui est formé desertete, et دار dar, qui possède du verbe داشتن dachten, avoir), celui qui tient la tête, qui est à la tête.

SESBAN OU SESBANE. Genre de légumineuse dont le nom a été pris d'une espèce égyptienne, en arabe سيسبان seiseban, mot d'origine persane. Dans Richardson, sisabān est, à tort probablement, la quintefeuille ou potentille, plante de la famille des rosacées.

SIAMANG. Singe anthropomorphe, connu dans les forêts de Sumatra. Du malais سيام siamang.

SICLE. Poids et monnaie chez les Hébreux. Ce mot, qui nous est venu par le latin de la Bible, siclus, est l'hébreu שְׁקְל chegel, qui se rattache à la racine chaqal, peser, en arabe ثقل thagal. Voyez au mot MESCAL.(

SIMOUN OU SEMOUN. De l'arabe سموم samoum,vent brûlant de l'Afrique, ainsi nommé de la racine سم samm, em poisonner. « C'est un coup de simoun qui nous arrive. Confortablement pelotonnés sur nos banquettes, nous sommes à l'abri des dangers du fameux vent-poison si redouté des caravanes." (Guill. Lejean 1.)

SIROC OU SIROCCO. Vent du sud-est. Provençal siroc, eyssiroc, issalot, catal. xaloc, esp. siroco, jaloque, xaloque, xirque, portug. xaroco, ital. scirocco, scilocco. Dans l'édition de Marco Polo publiée par la Société de géographie, on trouve yseloc: «Et ala six jornée por yseloc por montagnes e por valés» (p. 176); dans celle de Pauthier,

sieloc et seloc.

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3 Dans Bocthor.

un changement qui consiste dans l'introduction d'une voyelle entre les deux consonnes finales, et l'accent to nique se trouve fréquemment transporté sur cette voyelle adventice 2. Ainsi سمت semt devient zenithانف anf devient énif, مجرة hedira se transforme en hégire,تبر tibr en tiber, tibar, طبل tabl en atabaltimbale,القطب al-qoutben alchitotالحبس al-habs en alhabos, etc. De la même manière,شرق charq deviendra charac, cherac, avec l'accent sur la finale; et comme la consonne q tend toujours à assourdir la voyelle qui la précède, nous aurons naturellement charoc, cheroc, d'où xaroco, siroc, siroco, scirocco, et par le changement si commun der en 1, xaloc, jaloque, scilocco.

Parmi les formes précédemment citées, trois ont gardé la marque de l'article: eyssiroc, issalotyseloc = الشرق echcharq. La forme espagnole xirque paraît venir de l'adjectif شرق charqi, oriental, employé par les Arabes dans le sens de sirocco, et auquel Engelmann, sans autre explication, rattache tous les termes ci-dessus notés.

A côté de شرقى chargī, l'arabe moderne présente شلوك chelouk 3 ou شوق chelouq. M. Dozy (Gloss. p. 356) pense que ce n'est là rien autre que le mot européen repris par les Arabes qui n'avaient garde d'y reconnaître leur charqi. Peut-être aussi l'ont-ils confondu avec leur شروق chourouq lever du soleil, car en arabe comme dans nos langues, r et I permutent volontiers 5.

SIROP. Vieux français essyrot (xım° siècle), ysserop (xv siècle), provenç. eissarop, issarop, yssarop, esp. xarabe, axarabe, axarave, axarope, jarab, jarope, portug. xarope (surrapa, zurappa, vin qui a perdu sa force), ital. siroppo, sciroppo, sciloppo, bas lat. syrupus, siruppus, sciruppus. De l'arabe شراب charāb, boisson, vin, café, venant du verbe شرب charib, boire. On voit qu'un grand nombre des formes citées ont conservé l'article (ach-charāb); plusieurs ont pu tre faites sur الشروب ach-charobboisson.

Le mot arabe charāb a aussi signifié sirop, comme on peut le voir par les dérivés شرابی charābī, «syruporum venditor«شراباتی charābātī1, «qui syrupos conficit aut vendit.» (Freytag.) Voy. aussi Dozy, Gloss. p. 218.

SMALA OU ZMALA. Ce mot nous est venu d'Algérie; c'est l'arabe ازملة azmala ou زملة zamala (prononcé zmala par les Algériens), qui signifie la famille d'un chef et son mobilier, venant de la racine زمل zamalporter. De cette même racine est venu الزاملة az-zamila, qui a donné l'espagnol acemila, bête de somme, en portugais azemela, azimela, azemela, azemala.

SODA. Ancien terme de médecine, violent mal de tête. De l'arabe صداع sodā', même sens, qui se rattache à صدع sada', fendre en deux.

SOFA OU SOPHA. Portug. sofa. De l'arabe صفة soffa

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SOLIVE. Ce terme de charpenterie, dont l'origine ne paraît se rattacher ni au latin ni aux langues du même groupe, offre une grande analogie de son et de sens avec Parabe سلب salab, salib, arbre d'une longueur notable, et سليب salibarbre dépouillé de branches. Est-ce une pure coïncidence? Rappelons que l'art du charpentier a emprunté un certain nombre de mots à la langue arabe.

SOPHI. «Le nom de sophi donné aux souverains de la Perse, pendant les xvi° et xvır siècles, dit M. Defrémery1, doit son origine à صفوى seewi, adjectif relatif ou patronymique, dérivé du nom du cheikh Séfi, sixième ancêtre du chah Ismaïl, fondateur de la dynastie des Séfis ou mieux Séfévis. On a dit sophi sans doute par confusion avec le terme soufi, ci-après.

SORBET. Esp. sorbete, portug. sorvete, ital. sorbetto. De Parabe شربة chorba, prononcé en Turquie chorbet, venant de la même racine que sirop.

Sourr. Transcription de l'arabe soufigereligieux, qu'on veut tirer de souf laine, les soufis étant tenus de porter des vêtements de laine et non de soie; d'autres disent du grec σοφός, sage.

1

SOURATE. Verset du Coran. De l'arabe سورة soura prononcé sourat lorsque le mot est en connexion avec celui qui suit.

SPAHI. Du persan سپاه sipahi cavalier, soldat. C'est le même mot que cipaye.

SUCRE. Le sucre vient originairement de l'Inde, du Bengale, suivant l'opinion du géographe Karl Ritter; son nom est en sanscrit çarkarā, primitivement grains de sable, de la racine çri, briser. De là le mot est passé dans toutes les langues. Les Grecs en ont fait σάκχαρον, que les Latins ont transcrit saccharum. Les Arabes ont changé le premier a en ou, et ont dit sokkar. Ce changement se montre également dans les langues modernes de l'Europe: ital. zucchero, anglais sugar, allemand zukker, holland. suiker, danois zukker, hongrois tzukur, polonais sukier, etc. L'espagnol azucar et le portugais açucar, assucar, viennent directement de l'arabe, comme le montre la syllabe inițiale qui représente l'article as pour al. Quant aux autres formes curopéennes, y compris notre mot sucre, je pencherais à

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croire qu'elles viennent de l'italien, et celui-ci a dû subir l'influence de l'arabe. N'oublions pas que le sucre n'a été vraiment connu en Europe que vers l'époque des croisades, et cela par l'intermédiaire des Arabes. Au xu° siècle, Gérard de Crémone, traduisant l'Almansouri de Razi, ne se sert point du terme latin saccharum; il traduit سكر soukkar par zuccarum,et جلنجبين djoulendjoubīn, miel de roses, par zuccarum rosatum. Zucchero paraît être une combinaison du mot latin et du mot arabe.

M. Littré rattache à sucre le terme sucrion ou soucrillon, espèce d'orge, oubliant qu'au mot escourgeon (autre variété d'orge) il a donné, comme formes congénères, le normand sugregeon et les formes wallonnes soucrion, soucorion, socouran, socoran, en même temps que le bas latin scario. Évidemment, tout cela n'a aucun rapport avec sucre. J'ignore quelle est la vraie étymologie et s'il y a quelque rapport plus ou moins éloigné entre ces mots et l'arabe شعر chair,orge [en hébreu,שְׂערִים, שְׁעֹרָה se orah seorm, venant de saar, poil (barbe des épis)]2.

و

SULTAN. Esp. soldan, portug. soldão, ital. soldano, sultano, vieux franç. soudan. C'est l'arabe سلطان soultan. Quant à Soudan, nom d'une région de l'Afrique, il vient de سودان soudan, les nègres africains (de( اسود asouad plur. soud, noir.)

SUMAC. Esp. zumaque, portug. summagre, ital. sommaсо; en français, on trouve aussi sumach et sommac et même sommail dans un document de 16693. C'est l'arabe سماق soummaq, même sens. Le sumac, cultivé particulièrement en Espagne pour les usages de la corroierie, produit des baies qu'on employait autrefois à l'assaisonnement des viandes. Cet usage existe encore en Égypte, car, dans un almanach du Caire pour l'année 1250 (1835-1836 de J. C.), je lis cette prescription des médecins, qu'il ne faut pas au printemps assaisonner les mets au vinaigre, au

ce qui sup ما طبخ بالخل والحصرم والسماق ,verjus ni au sumac

pose que cet assaisonnement convient aux autres saisons de l'année. Razi dit : سماق عاقل للبطن دابغ للمعدة lesumac resserre le ventre, prépare l'estomac 4. "

SUMBUL. «Plante ombellifère de la Perse, d'espèce inconnue, dont on extrait une résine médicinale. » (Littré.) L'arabe-persan سنبل soumboul désigne une espèce de lavande (spica Nardus) qu'on trouve dans l'Inde et qui fournit le nard indien des pharmaciens. Razi donne le sounboul comme excellent pour l'estomac et le foies.

SUMPIT. Poisson du genre centrisque, qui habite la mer des Indes. Du malais سمت soumpit, étroit. Ces poissons en effet sont caractérisés par un museau très-allongé et un corps très-déprimé. Le Dictionnaire malais de l'abbé Favre

faim des povres gens, plustost que pour les nourrir, aussi est-il dit des François secourgeon, quasi des mots latins succursus gentium, secours des gens." (Liv. V, ch. xv11, p. 643.)

3 Dans Littré, Dict.

* Man. déjà cité, fol. 5o verso. 5 Ibid. fol. 50 recto.

ne donne pas soumpit comme nom d'un poisson, mais seulement sumpit-sumpit, espèce de coquillage.

SUNNITE. Musulman sectateur de la tradition. En arabe,

T

TABASCHIR OU TABAXIR. Concrétions siliceuses qui se forment aux nœuds d'une espèce de bambou, et qui étaient autrefois employées en médecine. C'est l'arabe طباشير ta bāchār, même sens. Ce mot signifie aussi craie, chaux, plâtre, et il s'est appliqué autrefois spécialement à l'ivoire calciné; nos alchimistes le prenaient en ce sens : « Tabaisir arabice est spodium", dit Martin Rulandı.

TABIS. Sorte d'étoffe de soie. Esp. portug. et ital. tabi. De l'arabe عتابي attābī, dont la première syllabe, prise sans doute pour l'article (at, au lieu de al, devant t), est tombée dans toutes les langues romanes, mais se retrouve dans le bas latin attabi. Quant à l'arabe attābī, c'était le nom d'un quartier de Bagdad où se fabriquait cette étoffe, et ce nom venait du prince Attab, arrière petit-fils d'Omeyya 3.

TAFFETAS. C'est sans doute le persan تغته taftah ou tefteh, même signification, comme l'indiquait, il y a près de deux cents ans, le P. Ange de Saint-Joseph4; à moins que ce ne soit une simple onomatopée, reproduisant le bruit produit par le taffetas quand on l'agite (taf taf) 5.

TALAPOIN. «Les bonzes ou prêtres bouddhistes, à Siam, s'appellent phra, grands. Les Européens les ont appelés talapoins, probablement du nom de l'éventail qu'ils tiennent à la main, lequel s'appelle talapat, qui signifie feuille de palmier." (Ms Pallegoix, Descript. du roy. Thai ou Siam, 1854, t. II, p. 23.) Ce talapat est évidemment le même mot que le malais كلا kelapa javanais lapa, noix de coco, cocotier. (Voy. CALAPITE.)

en

ka

TALC. Esp. talco, talque, portug. talco. En arabe,طلق talq. Je ne sais qui avait proposé l'étymologie allemande talg, suif, qu'on trouve mentionnée par Leman (Dict. d'hist. nat. t. XXXII, p. 378. Le mot se rencontre dans l'alchimie de Géber, notamment au chapitre vII du IIo livre. «Talcum, vox esse Arabica creditur, significans stellulas micantes", dit Martin Ruland. J'ignore à quelle expression arabe cette explication peut faire allusion.

TALISMAN. C'est l'arabe طلسم telesm ou telsam, qui représente le grec τέλεσμα, initiation, mystère.

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سنى sounni, adjectif formé sur سنة sounna, règle, loi, recueil des paroles et actes de Mahomet, formant pour les Sunnites un supplément au Coran.

TALMUD. Grand ouvrage qui contient un recueil des lois, traditions, coutumes des Juifs. En hébreu,תַּלְמוּד talmoud, instruction, du verbe לְמַד lamad, apprendre, forme pih. לְמַד limmad, enseigner.

TAMARIN. Esp. et portug. tamarindo, ital. tamarindi; Matthiole et les anciens botanistes l'appellent tamar indi. Dans un passage de Marco Polo cité par M. Littré, on lit tamarandi: «Si donnent aux marcheans à faire et à boire une chose qui a nom tamarandi, qui leur fait aller hors ce qu'ils ont au ventre." En effet, le tamarin ou fruit du tamarinier a été souvent employé pour faire avec la casse un liquide laxatif. C'est l'arabe تمر هندی tam hindi, datte indienne. Le tamarinier n'est pas un dattier et n'offre aucune ressemblance avec un arbre de cette espèce; mais son fruit est une gousse qu'on a pu comparer à la datte. Le mot tamr, datte, se retrouve dans l'espagnol tamaras, trochet de dattes.

TAMBOUR. Esp. tambor, atambor, portug. tambor, ital. tamburo. On disait autrefois tabour ou tabur (comme aussi tabourin au lieu de tambourin). M. Dozy repousse l'étymologie arabe طنبور tonbour proposée par Engelmann; ce mot, au moyen âge, désignait, dit-il, une espèce de lyre; et si les Barbaresques ont aujourd'hui un grand tambour appelé par eux atambor, c'est qu'ils l'ont emprunté aux Espagnols. Niebuhr dit en effet que, chez les Arabes, tambura est le nom générique commun à tous les instruments à cordes. Mais il convient de remarquer que ces instruments à cordes ne sont pas sans analogie avec les tambours et les timbales, car ils sont d'ordinaire formés d'un corps creux sur lequel est tendue une peau. Niebuhr en décrit quatre ou cinq de ce genre 10.

Sans combattre l'opinion de M. Dozy, on peut faire observer que le persan a un autre mot تبير tabir, dont le sens est bien tambour, timbale11, et qui est assurément identique à notre tabur, tabour (on sait avec quelle facilité i et u (ou) se remplacent). Est-ce le persan qui est passé au français ou le français qui a pénétré en Orient? Tabur est bien ancien dans notre langue, puisqu'on le trouve déjà dans la chanson de Roland, qui est du xí° siècle; mais il est bien ancien aussi en persan, puisqu'il se lit dans le Chah-nameh, dont l'auteur Firdouci est mort en l'an 1020:

7 تمر هندى يسهل البطن le tamarin relâche le ventre, dit R: zi. (Mən. déjà cité, fol. 51 verso.)

8 Les formes tabour, tabourin existent encore en anglais, où l'on trouve tabret et tabouret. Notre tabouret est pareillement un diminutif de tabour.

Gloss. p. 374, 375.

10 Voy. en Arabie, éd. Smith, p. 219.

11 Richardson, Dict.; Gazophyl. ling. Pers.

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TANZIMAT. «On nomme ainsi l'ensemble des réformes qui découlent du hatti-chérif donné en 1839 parle sultan Abdul-Medjid pour réorganiser l'administration. » (Bouillet, Scienc.) De l'arabe تنظيم tandhim, mettre en ordre, dont les Turcs ont fait تنظیم tanzimat

TARAXACUM OU TARAXACON. Nom attribué par les anciens botanistes au pissenlit ou à la chicorée sauvage, d'où la famille des taraxacées. On lui a cherché une étymologie grecque : τάραξις, trouble, ἀκέομαι, guérir, c'est-à-dire plante calmante, ce qui n'a aucune raison d'être; d'autres disent de τάραξις et de ἀκή, pointe, à cause de l'inégalité des laciniures des feuilles. (Léman1.) Ce qu'il y a de sûr, c'est que le mot (qui du reste ne figure ni dans les dictionnaires grecs ni dans les dictionnaires latins) se rencontre chez les écrivains orientaux. Freytag ne l'a point relevé, mais il est dans Richardson,طرخشقونque ce lexicographe transcrit tarkhashkūn et traduit « wild endive». J'ai vainement cherché ce طرخشقون dans la longue liste de drogues et de médicaments qui termine le grand ouvrage médical d'Al-Hoceini (man. sup. pers. n°339); mais

-Le tara » الطرشقوق مثل الهندبا الا انة أبلغ : dans Razi on lit

chaqouq est semblable à la chicorée, mais plus efficace 2. " Évidemment il faut lire طرشتون tarachagoun, et traduire pissenlit ou bien chicorée sauvage. Dans la Synonymie arabolatine de Gérard de Crémone on lit aussi « Tarasacon, species cicorei3. » Il ne faut pas oublier que Razi écrivait au x° siècle. Le taraxacon fait l'objet d'un chapitre dans l'Avicenne latin de Bâle (édit. de 1563, p. 312), mais cet article et une douzaine d'autres en tête de la lettre T, manquent dans l'édition arabe de Rome.

TARBOUCH. Sorte de bonnet rouge de fabrique tunisienne. Transcription de l'arabe طربوش tarbouch, qui est peut-être une altération du persan سرپوش serpouch couvrechef, de سر ser, tête, et de پوشیدن pouchiden, couvrir.

و

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TARE. Esp. portug. ital. et provenç. tara; on trouve aussi dans l'ancien espagnol atara. C'est l'arabe طرح tar ha, venant du verbe طرح tarahrejeter. La tare est «la partie des marchandises que l'on rejette, c'est-à-dire les barils, pots, etc.; le poids de ces barils, etc. que l'on déduit quand on pèse les marchandises." (Dozy, Gloss. p. 313.) Un autre mot espagnol merma, qui a la même signification, diminution, déchet, vient du verbe ری rama, jeter, étymologie, dit M. Dozy, qui confirme celle de tare. L'espagnol mermar, éprouver un déchet, a passé dans certains dialectes de nos provinces méridionales; dans le Quercy, merma ou berma signifie diminuer, décroître.

TARGE. Il est admis que la forme espagnole et portugaise adarga, adaraca vient directement de l'arabe الدرقة ad-daraca, bouclier; mais on attribue à targe et à l'italien targa une origine germanique.

TARTRE. Esp. portug. ital. tartaro, lat. des alchim. tartarum; de l'arabe-persan دردی درد dourd, dourdi, sédiment, dépôt, lie de l'huile, lie du vin, tartre. L'arabe درد darad se dit aussi du tartre ou de la carie des dents; l'adjectif درد adrad s'applique à celui qui a les dents cariées. Le mot nous est venu par les alchimistes, ce qui explique son altération. On peut en voir de bien plus extraordinaires au mot ALCHIMIE. M. Littré cite un passage du Glossaire de Simon de Gênes où il est dit: «Tartar, arabice tartarum. «طرطير tartir qui est dans Bocthor, et figure aussi dans la Fabr. ling. arab. manque dans Freytag et Richardson. Le Gazophyl. ling. Pers écrit ترتير tartir M. Dozy n'a pas noté tartaro dans son Glossaire.

TARIF. Esp. et portug. tarifa, ital. tariffa. Le mot est traduit dans Bocthor par تعریف ta'rif qui est le nom d'action du verbe عرف 'arraf, faire connaître, publier. C'est là l'étymologie, indiquée déjà par le P. Ange de SaintJoseph (1684)5.

TASSE. Esp. taza, portug. taça, ital. tazza. De l'arabe bass, tassa, qu'on rapporte au persan تست tast coupe.

TÉRÉNIABIN OU TRINGIBIN. Manne liquide de Perse. Dorvault (Officine) écrit terniabin; on trouve aussi trunjibin, térenjubin, thérenjabin, et même trangebris. C'est l'arabe ترنجبين terendjoubin, qui est le persan ترنگبین terengoubin. Celui-ci est formé de انگبین engoubin, mielet deter, dont le sens reste douteux pour moi; ce pourraît être l'adjectif qui signifie humide, juteux.

و

Une autre manne de Perse porte le nom de گزانگبین gezengoubīn, miel du gezegez (prononcez guez), espèce de tamarix, étant l'arbre qui la produit 7. Par ana

و

• Dictionn. de Déterville, au mot agul. On peut voir encore sur le terendjabin une note de M. Defrémery. (Mémoires d'hist. orientale, p. 385-386.) 7 Cet arbre porte en arabe le nom de طرفاء taradont les Espagnols ont fait atarfe. Razi dit que de ses racines se tire le sikendoubin,وان عمل من اصله السكنجبين )fol. 49 recto). Ce n'est pas là une manne, mais une fiqueur (oxymel) de sikinaigre. Müller rattache l'espagnol taray, tamarix, au mème mot arabe tarfa. (Voy. Dozy, Glossaire, p. 348.)

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