logie on pourrait croire que تر ter est le nom de l'arbre qui donne le tringibin. Mais les dictionnaires n'ont rien de pareil, et il ne saurait être ici question du تار tar sorte de palmier qui produit la liqueur enivrante nommée tari تاری )le toddy des Anglais) 1; car cet arbre ne produit pas de manne, et Garcias dit que le trunjibin qu'il a vu apporter à Bassora vient sur de petits buissons épineux assez semblables à nos genêts. THUBAN. Étoile de troisième grandeur dans la constellation du Dragon. C'est l'arabe تعبان thouban dragon. TIBER. Poudre d'or, dans le commerce africain. Les voyageurs écrivent aussi tibbar, atibar, «le tibbar ou l'or pur du Sennaar», écrit Bruce2. C'est l'arabe تبر tibr, même sens. La région africaine que nous nommons Côte d'Or est appelée par les Arabes بلاد التبر beladat-tibr, pays de la poudre d'or. TIMBALE. Esp. timbal, atambal, atabal, portug. timbale, atabale, ital. timballo, taballo. De l'arabe طبل tablec l'article at-tabl, sorte de tambour. Il s'est glissé un m avant le b, comme dans tabour devenu tambour. Il est vraisemblable du reste que les formes timbale, timbal, timballo, ont subi l'influence du latin tympanum (τύμπανον). Tabl est d'origine persane. On trouve un pluriel grec τάβαλα, «tambour, timbale dont les Parthes se servaient à la guerre 3." TINCAL OU TINKAL. Borax brut. Esp. atincar, portug. atincal, tincal. C'est l'arabe-persan تنكال tinkalou تنكار tin kar (en persan تنگار tengar. Le tincal nous vient principalement de l'Asie (Perse, Thibet, Inde). Il semble qu'une sorte de confusion se soit établie entre le tinkar et une autre substance appelée en arabe زنجار zindjaren persan زنگار zengar ou زنگار jengar. Celle-ci est le vert-de-gris ou le vitriol vert. (Voy. Azagor, au mot ALCHIMIE.) On traduit volontiers ces deux termes par chrysocolle, mot qui désignait chez les anciens une substance verte assez mal définie, employée par les orfévres pour la soudure des matières d'or 5. A l'article ærugo aurifabrorum de son Lexicon alchemiæ, Martin Ruland dit : « Quidam hanc vocant tinckar vel boracem arabice», et à la page suivante : « Arabes omnes tales ærugines vocant generali nomine zinckar. » On ne comprendrait pas que le borax pût être confondu avec le vert-de-gris, si l'on ne savait que le borax brut, tel qu'on le tire de certains lacs de l'Asie, est coloré en vert par des substances étrangères. TOHU-BOHU. Cette expression est empruntée au deuxième verset du premier chapitre de la Genèse : «Et la terre était תהוּ וָבֹהוּ tohoū va-bohoū», c'est-à-dire d'après la Vul gate, inanis et vacua. Chacun des deux mots tohoū, bohoū, est interprété désert, solitude, néant. TOMBAC. Alliage de cuivre et de zinc. Esp. tumbaga, portug. tambaca, ital. tombacco, arabe moderne تنباك tanbak (dans Bocthor). C'est le malais tembaga cuivre qui est d'origine hindoue. TOMAN. Monnaie de compte chez les Persans. «Toman est un mot de la langue des Yusbecs )يوزبك youzbe qui signifie dix mille. Les Tartares comptent leurs troupes par dix mille comme nous faisons par régiments... ils dénotent la grandeur d'un prince par le nombre de tomanes qu'il a sous sa puissance." (Chardin1.) Le mot tartare est passé en arabe et en persan sous la forme تومان toūmān, avec le sens de dix mille. Marco Polo écrit tom man. TOUG Ou Touc. Étendard turc fait d'une queue de cheval portée au bout d'une pique ou d'une perche. En turc tough TOUTENAGUE. Alliage de zinc, de cuivre et de nickel. Portug. tutenaga. Silvestre de Sacy dit : « Le mot toutenazue vient assurément de toutīā, et peut-être est-ce un mot purement persan توتيناك toutanak substance d'une nature analogue à la tuties.» (Voy. plus loin TUTIE.) Thévenot appelle la toutenague tutunac. (Voy. aux Indes orient. p. 1409.) On trouve aussi tintenague. TRÉPANG OU TRIPAN. Holothurie comestible des mers de l'Inde, très-appréciée des Chinois. En malais تريغ tripang TURBITH. Plante autrefois très-employée en médecine comme purgatif. Esp. turbit, lat. des botan. turpethum. C'est l'arabe-persan تريد tourbed, tirbid. Flemmata diffugiunt, si des medicamine turbich, dit un poëme médical du moyen âge 10; ce qu'on peut regarder comme la traduction de cette phrase de Razi: 11 Man. déjà cité, fol. 44 verso. 12 Sulfate et azotate de mercure. minin. Voy. l'explication de Meninski). Turcoman est le persan ترکمان tourkoumān. Sur la valeur des mots ture et tatar comme noms de peuples, chez les écrivains arabes et persans, voy. la Biblioth. orient. de d'Herbelot. TUTIE. Oxyde de zinc, substance dont les anciens médecins faisaient grand usage dans les maladies des yeux. UBION. Genre de plantes voisin de l'igname. Lat. bot. ubium. Du malais اوبى oubi qui se dit de toute espèce de tubercules comestibles. Ce mot, généralement transcrit ubi ou obi dans les ouvrages français, est répandu dans tout l'archipel Indien et dans une grande partie de l'Océanie. Les Malais appellent la pomme de terre اوبى بقال oubi benggāla, obi du Bengale. ULÉMA OU QULÉMA. Docteur de la loi chez les musulmans. Esp. ulema. C'est l'arabe علماء 'oulema, pluriel de عالم 'alim savant, qui sait. UPAS. Liane de l'archipel Indien, qui produit un suc extrêmement vénéneux. Dumalais اوس oupas (javanais azar), poison extrait des végétaux. L'arbre que nos livres d'histoire naturelle nomment boun-upas ou bubonupas est en malais قوهن اوس pohou põhon-oūpas, de põhn, arbre. URDU ou plutôt OURDOU. Dialecte moderne de la langue des Hindous. Duture اور دو ordo camp. L'urdu a été ainsi VALIDÉ. Sultane validé, c'est-à-dire sultane mère. De Parabe والدة oualida, fém. de ouālid, qui a mis au monde. Validé est la prononciation turque. VALISE. Esp. balija, ital. valigia, bas lat. (xım° siècle) valisia. On ne connaît aucune étymologie acceptable de ce mot (Diez repoussant l'allemand felleisen). Une valise est proprement un long sac de cuir. Le mot paraît avoir été employé, dans la langue commerciale, avec le sens de ballot, et le P. Germain de Silésie (1639) a fait de valigia un synonyme de fardello. C'est vraisemblablement le même mot que l'arabe وليحة oualiha, saccus frumentarius, cophinus magnus", et le persan ولية walitche grand sac. Mais ne connaissant ces mots que par Golius et Castell, j'ignore s'ils sont vraiment d'origine orientale ou s'ils n'ont pas été importés au Levant par le commerce italien. VARAN. Sorte de lézard africain. Il est décrit et fi U V Espagnol et portugais, tutia, atutia. C'est l'arabe توتیا toūtīā. On peut voir sur la tutie un long article de Silvestre de Sacy, dans sa Chrestomathie arabe, t. III, p. 453 et suiv. Razi n'a garde d'oublier ce médicament, excellent, dit-il, pour renforcer l'œil,جيد لتقوية العين man déjà cité, fol. 44 verso). nommé (langage des camps), à la suite de l'invasion des Mongols, qui modifia profondément le vocabulaire de la langue du peuple conquis, en y introduisant un grand nombre de mots arabes, persans et turcs. Urdu est identique avec notre horde. USNÉE. Genre de plantes de la famille des lichens. Lat. des botan. usnea. Autrefois la médecine attribuait des vertus extraordinaires à l'usnée humaine, c'est-à-dire aux lichens qui poussaient sur les crânes des morts exposés à l'air, et spécialement des pendus. «Aujourd'hui, dit Bosc, on plaint l'ignorance et la barbarie de nos pères qui conservoient les cadavres exposés à l'air le plus grand nombre d'années possible, souvent uniquement pour avoir de l'usnée1.» «On ne paye plus 1,000 francs une once d'usnée ou prétendue usnée humaine, lorsqu'on peut avoir pour rien celle qui pousse sur les arbres de son parc 2. " Usnée est l'arabe-persan اشنة ouchna, mousse, lichen. Il en est parlé dans l'Almansouri de Razi, fol. 47 recto du manuscrit déjà cité. guré dans le grand ouvrage de la commission de l'Institut d'Égypte, sous le nom de ouaran 3. C'est une altération de l'arabe و ouaral. En Algérie on prononce ouran4. VÉRIN. Appareil à soulever les fardeaux, composé de deux vis placées dans le prolongement l'une de l'autre et engagées dans un même écrou qu'on peut faire tourner. On écrit aussi verrain. C'est assurément le même mot que l'italien verrina, l'espagnol barrena, le portugais verruma, tous mots signifiant vrille, tarière, et le bas latin verinus, vis. L'arabe a برية barima, même sens 5. Et ce dernier mot se rattache assez naturellement au verbe برم baram tordre d'autant mieux que barīm se dit d'un cordon obtenu en contournant ensemble en spirale deux brins de couleurs différentes. Cependant M. Dozy attribue à barīma une origine persane, et à nos formes romanes une origine indoeuropéenne 6. 5 Barima est remplacé en Algérie par برنينة bernina. Voy. Charbonneau Dict. fr.-ar. à vrille. Pedro de Alcala donne birrina ou barrina, qui est encore en usage dans l'arabe vulgaire. • Gloss. p. 375. Le persan a بیرم beiram,bīroum, vrille. ZAGAIE. Esp. azagaya, azahaya, portug. azagaia. Nos anciens écrivains disent azagaye, archegaye, lance gaie. C'est un mot berbère زغاية agaya adopté par les Arabes qui s'en servent encore dans le sens de baïonnette. Voy. les intéressants articles de M. Defrémery (Journal asiatique, janvier, 1862, p. 89) et de M. Dozy (Glossaire, p. 223). Le mot paraît être descendu jusque dans le sud de l'Afrique: «Un grand nombre de Damaras et de Namaquas, armés d'assagaïs et de fusils, dit Anderson, étaient tout autour rangés en bataille." (Voy. dans l'Afrique australe 2.) ZAÏM. Soldat turc dont le bénéfice militaire est un peu au-dessus de celui du timariot. (Littré.) De l'arabe زعيم za'īm, qui se dit de l'homme qui tient à vie un ziamet; le ziamet,زعامة est un bénéfice militaire dont le revenu minimum est de 2,000 aspres, mais peut s'élever beaucoup au-dessus, tandis que le tīmārتجار peut dépasser 9,000 aspres. (Voy. Meninski, a زعامة et a تيمار . ZAIN. Esp. portug. ital. zaino, cheval d'une nuance uniforme, sans trace de blanc. En italien, zaino signifie encore une gibecière de berger faite d'une peau conservant son poil, et Antonini ajoute: «Zaino, forse detto da Daino, cambiando il d in z, quasi che del daino si facesse cotesto arnese." Je ne cite cette hypothèse étymologique qu'à cause de l'origine très-incertaine du mot; car le Comme on lit dans Bouillet, Scienc. Y Z YED. Nom d'une étoile de la constellation de Pégase. De l'arabe يد yed, main, bras, ainsi nommée à cause de sa position. ZAOUIA. Établissement religieux où les docteurs de l'islamisme enseignent particulièrement la doctrine, la jurisprudence et la grammaire. (Cherbonneau, Dict. fr.-ar.) Transcription de l'arabe زاوية zawiya, dont le sens propre est angle, coin, cellule. ZÉDARON. Étoile a de Cassiopée, placée sur la poitrine. On la nomme aussi schédir, schédar. C'est l'arabe sadr poitrine (avec la nunnation sadroun( صدر ذات الكرسى sadr dhat al-koursi, la poitrine de la Femme assise. La Femme assise est le nom que les Arabes donnent à la constellation de Cassiopée, vulgairement nommée chez nous la Chaise. ZÉDOAIRE. Esp. cedoaria, zedoaria, portug. zeduaria, ital. zettovario. Ce nom, que Bosc, j'ignore pourquoi, a transformé en zéodaire, s'applique à des plantes de l'Inde dont les racines, d'un goût acre, d'une odeur agréable, rappelant celle du camphre mêlée à celle du laurier, étaient naguère fort employées en pharmacie comme un puissant sudorifique. C'est l'arabe-persan زوار zedwarجدوار djedwajedar que nos traducteurs d'ouvrages orientaux ont rendu par zedvar, giedvar, guiduar, jedwar, jidwar, geiduar, etc. * Dans le Tour du monde, t. I, p. 242. ZÉEN. Chêne zéen, espèce de chêne de l'Algérie, dit aussi chêne zang, dont le bois est remarquable par sa densité. (Littré.) De l'arabe زان zan, qui manque dans Freytag, mais qui est dans Richardson: «A tree whence bows and arrows are made», et que donne aussi M. Cherbonneau (Dict. fr.-ar. au mot chêne). ZEKKAT. Impôt sur le revenu dans les pays musulmans et en particulier en Algérie. (Littré.) C'est en arabe o زكوة zaka «Pars opum quam expendit aliquis ad reliquas purificandas» (Freytag), aumône, impôt. ZÉNITH. Esp. et portug. zenith, ital. zenit. Corruption de l'arabe سمت semt, proprement voie, chemin, et chez les astronomes, zénith, par abréviation de سمت الراس semterras, la voie (au-dessus) de la tête1. Le point directement opposé de la sphère céleste, le nadir, est de même appelé سمت الرجل semt er-ridjl, la voie du pied. Le mot zénith paraît avoir été employé par les médecins dans un sens bien différent, comme on peut le voir dans ce passage de Gaspare de los Reyes, médecin du xvn siècle, connu pour sa grande érudition: «De sanguine menstruo illo potissimum primo qui a virginibus exit, quem appel lant zenith 2.„ musulmane, d'après l'orthographe adoptée par Montesquieu et les écrivains de son siècle pour transcrire l'arabe ذو القعدة dhoul-qa da et ذوالحجة dhoul-hidjdja. Le premier de ces noms est formé de dhoū, possesseur, et de al-qa'da, le repos, l'espace occupé par une personne assise, parce que les Arabes s'abstenaient de guerroyer pendant ce mois. Le second est composé du même mot dhoŭ et de al-hidjdja, le pèlerinage; c'est en ce mois qu'on se rendait à la Mecque ZINZOLIN. «Couleur d'un violet rougeâtre. Esp. cinzolino, portug. giangelina; de l'arabe djoldjolān, semence du sésame dont on fait cette couleur. » (Littré.) S'il est vrai que le zinzolin s'obtienne du sésame, l'étymologie est toute naturelle; car l'arabe جلجلان doldolān a donné en français gengéli et jugeoline. (Voy. GENGÉLI.) ZOUAVE. Ce nom a été pris de celui d'une confédération de tribus kabyles. ZOUIDJA. Terme d'administration, en Algérie: étendue de terre que deux bœufs peuvent labourer dans la saison. (Cherbonneau, Dict. fr.-ar.) Transcription de l'arabe algérien زوجة zoudja, qui se rattache à زوج zawwadi, for mer une paire. ZUFAGAR. «Ton esprit est plus perçant que Zufagar, cette épée d'Ali, qui avait deux pointes." (Montesquieu, Lettres persanes 4.) Altération de l'arabe ذو الفقار dhou'lfaqār. Voy. sur cette épée, donnée à Ali par Mahomet, D'Herbelot, Bibl. orient. INDEX DES MOTS EUROPÉENS. N. B. Les mots en petites capitales sont ceux qui figurent dans le Dictionnaire à leur ordre alphabétique. Les abréviations esp. ital. pg. aragon. valenc. prov. langued. Agabor, voy. Alchimie, 5. Ajonjoli, esp. voy. Gengéli. Alambique, esp. voy. Alambic. Alastrob, voy. Alchimie, 7. Alaurat, voy. Alchimie, 8. Albafor, pg. voy. Alboucor. Albarazo, esp. voy. Albara. Alberengena, esp. voy. Aubergine. Albor, voy. Alchimie, 9. Albornia, esp. voy. Alchimie, 34. ALBOUCOR. Albudeca, esp. voy. Pastèque. Alcaduz, esp. voy. Albatros. Alcamor, voy. Alchimie, 10. Alcatrão, pg. voy. Goudron. Alcatruz, pg. voy. Albatros. Alchabar, voy. Astronomie, 8. Adégige, voy. Astronomie, 2. Adho, voy. Alchimie, 4. Adibe, pg. voy. Avives. Albercocca, ital. voy. Abricot. Alchitot, voy. Astronomie, 31. Adide, voy. Alchimie, 38. Albercocoli, ital. voy. Abricot. Alcoba, esp. voy. Alcôve. Alcofol, aragon. voy. Alcool. ALCORAN. Alcoscuzu, esp. voy. Couscous. Alcovo, ital. voy. Alcôve. ALDÉE. Aldeia, pg. voy. Aldée. Alerce, esp. voy. Raze. Alfa, voy. Auffe. Alfabaca, pg. voy. Fabrègue. Alfarda, esp. voy. Fardeau. Alfiere, ital. voy. Alfier. |