Page images
PDF
EPUB

dans ceux du sud. La moyenne, pour la totalité des indigens de la France, est de 1/6 512. Il en résulterait une augmentation; savoir:

[blocks in formation]

Lesquels ajoutés à .

[ocr errors]

forment un total de .

252,362 (1).

1,586,340 existant précédemment

1,838,702 pauvres actuellement à la charge de la charité publique. La population de la France en 1833 étant de 32,560,934 habitans, le rapport actuel des indigens à la population générale serait de 1/17 13/18 au lieu de 1/20 1/10.

Nous n'avons pas compris dans nos calculs les ouvriers privés temporairement de travail, dont le nombre a dû être prodigieux, mais seulement ceux présumés tombés dans la misère permanente. Nous sommes persuadés qu'une enquête, faite avec soin, prouverait que nous avons été très modérés dans nos évaluations.

Ainsi, par l'effet d'une commotion sociale, que de malheureux réduits à la misère absolue, sans compter les dommages énormes qu'ont éprouvés toutes les industries, toutes les fortunes, toutes les existences acquises (2)!........

Que serait-ce encore, si, par l'envahissement complet des théories anglaises, la France entière avait suivi l'impulsion industrielle imprimée à quelques-uns de nos départemens du nord? Heureusement, elle a été préservée, en grande partic, jusqu'à ce jour, des progrès d'une civilisa

(1) Ou 50,000 ouvriers chefs de famille.

(2) Nous n'avons aucun renseignement certain sur le nombre de pauvres existant en France avant la révolution de 1789. Tout porte à penser qu'il était beaucoup moins considérable qu'à l'époque actuelle, et ne s'élevait pas au-delà du 25o, et même du 30o de la population générale. Les calculs du comité de mendicité qui le portait au 20 nous paraissent exagérés.

tion factice et précaire. Puisse la raison publique, avertie par cette nouvelle expérience, placer désormais l'industrie, la richesse et le bonheur sur des bases plus pures, plus solides et plus nationales !...

Nous sommes amenés ici à opposer des faits positifs aux assertions présentées, il y a quelques années, par un écrivain dont le nom a fait autorité dans les sciences économiques, parce qu'il a consacré de grands efforts à diriger l'action du gouvernement et de l'opinion publique vers l'augmentation de la population manufacturière de la France, au préjudice de la population agricole.

Voici comment s'est exprimé M. le baron Ch. Dupin dans son ouvrage intitulé: Des Forces productives de la France (1).

PARALLÈLE DU NORD ET DU MIDI DE LA FRANCE.

« Le salaire des agriculteurs du midi de la France suffit à la rigueur pour leur existence aussi long-temps qu'ils conservent les forces et la santé; mais, dès qu'ils deviennent malades, infirmes, âgés, ils tombent dans la détresse, et ne peuvent plus subsister avec leurs familles sans avoir recours à la charité des particuliers, au refuge de l'hôpital, etc. Le prix de la journée du travailleur industriel est, dans le nord, de 2 fr. 26 c.; dans le midi, de 1 fr. 89 c.; dans la France totale, de 2 fr. 06 c. »

un

« Il se fait, entre le nord et le sud de la France, commerce considérable. Le sud envoie, en grande quantité, des vins, des caux-de-vie, des huiles, du bétail, des laines, des soies et des soieries. Il en reçoit, en retour, des fers travaillés sous mille formes, des objets d'orfévrerie, de bijouterie, d'ébénisterie, des lainages de toute espèce, des cotons tissés et filés, des livres, des gravures et beaucoup de produits des beaux-arts. Nous voyons que

(1) Tome 1, pag. 265 et suiv.

le midi lui envoie principalement des objets de consommation agricole : le nord, au contraire, envoie principa– lement dans le sud des objets manufacturés. Ces objets mêmes, comme les lainages, sont en partie fabriqués avec des matières premières du midi. La totalité des échanges du sud et du nord de la France en objets produits, ou du moins travaillés par nos mains, équivaut à une moitié du commerce de la France entière avec toutes les nations. >>

« Les résultats qui précèdent suffisent pour démontrer la supériorité que les industriels obtiennent de leur travail cemparativement au bénéfice des agriculteurs. Cette différence est encore plus frappante dans le midi que dans le nord, parce que, dans le midi, le revenu moyen des agriculteurs est beaucoup moins considérable que dans le nord. >>

« Lors même qu'on partagerait le territoire de la France, non pas entre la totalité des habitans, mais seulement entre les individus de la classe agricole, ce qui rendrait la part de ceux-ci beaucoup plus considérable, chacun d'eux n'aurait en revenu que les 23 du bénéfice moyen d'un industriel. (L'industriel gagne 10 à 15 pour 100 de ses capitaux, le propriétaire de 5 à 7.)

>>

« Cette énorme disproportion nous démontre d'abord qu'il y a, proportion gardée, trop d'individus de l'espèce humaine adonnés à la profession agricole, relativement au nombre des individus adonnés à la population industrielle. Si l'on voulait que les prolétaires de l'agriculture obtinssent un bénéfice égal à celui des prolétaires industriels, il faudrait ainsi réduire le nombre des agriculteurs : >>>

Nombres actuels.

Nombres réduits.

France du nord.

7,755,387
3,702,905

France du sud. France totale. 11,875,852

19.631,239

7,099,538 11,803,443

<< Alors on aurait pour répartition des industriels: »

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

« Si l'on faisait passer aux occupations industrielles le nombre d'agriculteurs indiqué dans les réunions précédentes, on obtiendrait pour l'agriculture et pour l'industrie une augmentation de produits représentée par les nombres suivans: >>

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

« Ainsi l'on pourrait, en nombres ronds, augmenter de trois milliards les revenus de la France du nord, et de quatre milliards les revenus de la France du midi, si l'on opérait ce simple déplacement d'occupations que nous indiquons, ou plutôt, qui est indiqué par l'état actuel de la production agricole et de la production manufacturière. »

« On me demandera sans doute comment il serait possible de trouver des consommateurs pour les produits d'industrie que fabriqueraient les nouveaux industriels ? Ces produits seraient consommés: 1o par les industriels eux-mêmes employés à les fabriquer; 2o par les hommes conservés à l'agriculture, lesquels recevant environ 35 d'augmentation de salaire, emploieraient ces 55 à se procurer tous les objets qui concourent au bien-être de la vic. La grande mutation que j'indique ici doit donc être si peu regardée comme chimérique, qu'elle aurait pour résultat de répartir la population française entre l'agriculture et l'industrie suivant une proportion à très peu près égale à celle qui produit la grande richesse agricole et manufacturière de l'Angleterre et de l'Ecosse. Par conséquent, l'expérience la plus éclatante existe aux portes de la France pour nous montrer la répartition des forces humaines la plus favorable aux prospérités de notre patrie. »

<«< Nous avons aussi une démonstration positive du grand avantage social que la France trouverait dans la diminution

graduelle du nombre des agriculteurs et dans l'accroissement des hommes adonnés à l'industrie. »

« Si la grande propriété n'était pas aussi scandaleusement concentrée dans la Grande-Bretagne, le peuple des campagnes y jouirait de la même aisance que le peuple des villes, et l'on ne serait pas obligé de payer chaque année une énorme taxe des pauvres. >>

« Loin que les propriétaires et les fermiers doivent craindre la dépopulation des campagnes et la diminution des bras consacrés à la culture des champs, ils doivent désirer, dans leur propre intérêt, que l'on fasse passer beaucoup de laboureurs aux travaux de l'industrie. La multiplication des travaux industriels augmentant les produits de l'industrie accroît la demande de toutes les matières premières fournies par la terre. Ainsi, les agriculteurs trouveront à vendre beaucoup plus de laines, de peaux, de chanvre, de lin, d'huile, de légumes, de garance, de bois, etc. Les mines et les carrières offriront un pareil avantage à leurs possesseurs. »

« J'ai cru devoir présenter avec détail ces observations, afin de démontrer combien est grande l'erreur des propriétaires qui, par un sentiment mal entendu de leur intérêt propre, s'alarment de voir augmenter la population des villes. >>

Après avoir lu ce magnifique exposé, on a besoin de se souvenir que c'est un homme grave, un statisticien accrédité qui propose de donner à la France un accroissement de 7 milliards de revenu, c'est-à-dire de le doubler, ou à peu près, et cela par un simple revirement de chiffres. Ne croirait-on pas autrement avoir entendu un de ces contes de fées, où une baguette magique opère d'étonnans prodiges?

Cependant notre foi ne saurait être irréfléchie. De nombreuses objections se présentent; nous nous bornerons à quelques observations principales.

« PreviousContinue »