comprise entre la révolution de 1688 jusqu'à nos jours. L'avènement, au trône de la Grande-Bretagne, de Guillaume de Nassau, avait donné une nouvelle impulsion à l'esprit d'association, d'industrie et de commerce. La philosophie fondée sur le sensualisme, et, plus tard, l'économie politique, basée sur les principes de l'excitation aux besoins, de l'association industrielle, de la division du travail, de l'emploi des machines et de la production indéfinie, changèrent toutes les anciennes idées sur l'organisation morale et économique des sociétés chrétiennes. La population ouvrière, parquée dans de vastes manufactures, s'accrut avec un essor prodigieux; le nombre des indigens s'augmenta dans une proportion analogue et donna à la taxe des pauvres une extension correspondante au nombre et à l'immoralité toujours croissante des classes ouvrières. Toutefois, les propriétés et les capitaux demeurèrent concentrés dans un petit nombre de familles. Quant à l'Irlande catholique, où la taxe des pauvres n'avait pas été établie, la misère fut en quelque sorte abandonnée à elle-même, mais contenue par la force et l'oppression. Cette situation extrême explique parfaitement les caractères qu'a dû prendre successivement la charité anglaise. Détournée de sa source primitive, appliquée à un ordre de choses tout-à-fait en dehors des règles et des préceptes du christianisme, la charité, en Angleterre, devait nécessairement être uniquement considérée sous des rapports de politique et d'égoïsme. La charité antique, pressée de soulager le malheur partout où il se manifeste, avait multiplié les institutions et les secours en faveur des pauvres. Les philantropes anglais, alarmés de la progression de la misère, s'occupèrent moins de la nécessité de la secourir que des moyens d'empêcher sa propagation. Le fardeau des pauvres retombant tout entier sur les grands propriétaires, ceux-ci devaient naturellement faire tous leurs efforts pour s'en délivrer. Les chefs suzerains de l'industrie, quoique principaux auteurs du paupérisme, ne voulaient pas accepter cette responsabilité. Les uns et les autres prétendirent que le travail devait se charger de réparer l'inégalité et l'injustice de la répartition des richesses. Les théories froides de l'économie politique, les calculs et les combinaisons de l'intérêt personnel, tout fut mis à contribution pour remplacer, par une soi-disant philantropie, la charité religieuse dont on avait dénaturé le principe sacré. Nous avons dit ailleurs, et nous répétons ici, que cette tendance des esprits n'est certainement pas tellement universelle, qu'il n'existe en grand nombre, en Angleterre, des cœurs charitables et d'utiles associations de bienfaisance. Ces associations sont même plus nombreuses qu'ailleurs, et cela devait être, d'abord, parce que la misère y est plus étendue que dans les autres nations de l'Europe, et en second lieu, parce que l'esprit d'ordre, de calcul et d'association généralement appliqué à l'industrie en Angleterre, a dû s'introduire également dans les moyens de soulager et de secourir l'indigence; enfin, parce que le gouvernement, qui fait à peu près tout en France, laisse, en Angleterre, à peu près tout faire aux particuliers, et que la plupart des établissemens de charité ne subsistent qu'au moyen de souscriptions et d'associations. Ainsi, les ouvriers, les personnes exerçant des professions distinguées, ont formé des espèces de sociétés d'assistance mutuelle. On a créé des associations pour tous les cas de malheur qu'il était possible de prévoir; on a surtout multiplié les banques d'économie et de prévoyance; mais on a excité bien moins la sympathiede la charité que la sympathie du malheur. C'est la charité réduite aux calculs et au raisonnement, à l'entrainemant de la mode, de la vanité, la charité dépourvue du mérite, du dévouement, du sacrifice, de l'abnégation, du mystère, de la tendre et ardente pitié dans ceux qui l'exercent, de la reconnaissance et de la sensibilité dans ceux qui la reçoivent : charité pu rement humaine qui ne s'élève pas au-dessus de la vie terrestre et qui ne remplit donc qu'à demi la mission que cette grande vertu est appelée à exercer dans l'ordre moral de la société humaine. On pourra juger des effets de l'esprit d'association en Angleterre, en parcourant la liste des principales institutions de charité, de bienfaisance, fondées à Londres, que nous plaçons ci-après (1). Il est à remarquer qu'elles ont commencé à s'établir et à s'étendre aux mêmes époques que les théories de Smith et de ses disciples s'introduisaient dans l'industrie anglaise. (1) (Extrait du Charity Almanach.) SOCIÉTÉ POUR L'INSTRUCTION RELIGIEUSE. Plusieurs sociétés bibliques. Société pour répandre la connaissance du christianisme. Société pour répandre la religion parmi les marins. Société pour répandre la religion parmi les juifs. Société pour favoriser l'agrandissement et la construction des églises et des chapelles. SOCIÉTÉS DE CHARITÉ MATERNELLE. Société de Charité maternelle pour accoucher les femmes mariées indigentes, dans leurs propres demeures. Institution philantropique pour le même objet. Société philantropique de dames pour secourir les femmes mariées indigentes, pendant leurs couches. * Société de Dorcas pour donner des secours pécuniaires aux mêmes. Société amie des mères et des enfans. Société philantropique de dames pour secourir les femmes mariées, en couche, du culte hébraïque. Société pour former des salles d'asile pour les enfans en bas âge. Quatre hôpitaux de la Maternité. Une Infirmerie royale et Société de charité maternelle de l'ouest de Londres. HÔPITAUX GÉNÉRAUX. Hospice écossais. Hôpital de Greenwich pour les marins inva Voir les Actes des Apôtres. En vantant avec raison les résultats de l'esprit d'asso Hôpital maritime placé sur un vaisseau à deux ponts. du Christ. Hôpital de Londres. Hôpital de Westminster. Hospice - Hôpi tal Saint-Georges. Hôpital de Midlesex. Société Samaritaine auxiliaire de celle de l'Hôpital de Londres. HÔPITAUX ET ÉTABLISSEMENS POUR DES MAUX PARTICULIERS. Dispensaire royal pour les maladies de l'oreille, Institution pour la cure gratuite de la cataracte. Quatre établissemens pour les maladies de l'œil. Deux sociétés pour le soulagement de tous les pauvres du royaume et de Londres atteints de hernies. Maison de retraite pour le recouvrement de la santé. Etablissement royal pour les bains de mer. Institution pour la guérison et les traitemens préservatifs des fièvres contagieuses dans la capitale. Deux institutions pour la cure et le traitement des maladies glandulaires et cancéreuses. Etablissement pour les asthmes, les phtisies et autres maladies du poumen. Institution nationale pour la conservation de la vie des naufragés. Hôpital de Saint-Luc pour les lunatiques. Hôpital de Bethléem pour les insensés. Hospice de Bridwell pour les insensés. Trois institutions pour la vaccine. Infirmerie de Londres et de Westminster. ÉDUCATION DES ENFANS PAUVRES. Trente-huit écoles nationales, quotidiennes, du dimanche, et autres. Onze sociétés pour les écoles des enfans pauvres. Il existe à Londres, pour la ville et les environs, près de 4,000 écoles. ÉCOLES D'INSTRUCTION ET D'INDUSTRIE. Quatorze écoles de travail et d'industrie. Sociétés pour l'instruction des adultes Nous n'avons pas en France d'hôpital d'invalides de la marine. Il parait que les marins mutiles ou invalides français ont toujours préféré recevoir les secours de l'état dans leurs ports respectils, plutôt que d'être réunis dans des établissemens spéciaux, ciation appliqués à la bienfaisance, M. G. Degérando Maison de retraite pour les orphelins. Œuvre de charité pour mettre en apprentissage les enfans des pauvres. Institution pour les aveugles indigens. Société royale de Charité des francs-maçons. Maison de retraite Calédonienne. Société des Anciens-Bretons. Hospice des juifs Irlandais et Allemands. Société irlandaise de Londres. Deux œuvres de charité pour les juifs. Ecole gratuite pour les juifs. SOCIÉTÉS, ÉCOLES, MAISONS DE RETRAITE QUI SE RAPPORTENT A DES PROFESSIONS PARTICULIÈRES. Société en faveur des enfans du clergé, des orphelins du clergé, qui habitent la province, - de la marine et des Indes occidentales, - pour les enfans des aubergistes autorisés, pour l'assistance des membres indigens du clergé anglican idem pour l'assistance des membres du clergé, de leurs veuves et de leurs enfans qui résident à Londres, à Westminster et à Midlesex; idem pour l'assistance des veuves et enfans indigens des ministres protestans dissidens; caisse pour les ministres dissidens. Société des maîtres d'école, idem maritime, idem des officiers de santé, des hôpitaux militaires et des régimens, et de leurs veuves; - idem philantropique des officiers de santé de l'armée, idem littéraire, - idem pour les veuves et orphelins des médecins de Londres et environs, idem des commis de la banque, — idem des théâdes commis, des musiciens. Deux caisses musicales. tres, So ciété philantropique des propriétaires d'hôtels garnis, de tavernes, de cafés, de cabarets et des aubergistes autorisés. Association des avocats en faveur des familles des membres du barreau. Institution maritime de Londres. Société pour l'assistance des marins marchands, incapables de servir, de leurs veuves et de leurs enfans. Deux institutions pour les artistes. Société pensions aux artisans, aux ouvriers ruinés et à leurs veuves. médicale de philantropie. SOCIÉTÉS D'AMÉLIORATIONS PHILANTROPIQUES. Société pour la suppression de la mendicité, |