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ne pourront refuser, à la rigueur, qu'à des hommes repris de justice; à des instituteurs, enfin, encouragés à méconnaître la supériorité sociale et morale des ministres de la

conseil municipal de Beauvais a prononcé la suppression de l'institution des frères de St.-Yon, que possédait cette ville:

Séance du 12 août 1833.

«Vu la loi du 28 juillet 1833 et l'ordonnance royale du 16 juilet, sur l'instruction primaire : »

« Délibérant, en conformité des articles 1 et 29 de l'ordonnance, sur le nombre d'écoles primaires que la ville de Beauvais doit entretenir, à raison de sa population ; »

« Le conseil municipal,

« Considérant, en ce qui concerne l'école gratuite actuellement dirigée par les frères de la Doctrine chrétienne, que les statuts de la congrégation à laquelle ces frères appartiennent paraissent inconciliables avec les dispositions de la nouvelle loi : 1o parce que leurs statuts ne leur permettent pas de se présenter à l'autorité civile, pour y justifier de leur capacité et y obtenir le brevet prescrit par les articles 4 et 16 de la loi; 2° parce que ces mêmes statuts s'opposent à ce qu'ils admettent dans leurs écoles des enfans non indigens et dont les parens seraient tenus de payer une rétribution mensuelle, d'après l'art. 14; 3° en ce que les frères sont tenus à une obéissance passive aux ordres et à la volonté absolue de leurs supérieurs, dont les prescriptions pourraient se trouver souvent en opposition avec celle de l'autorité civile, qui n'aurait alors d'autre moyen de répression que la revocation prévue par l'art. 23 de la loi ; »

« Considérant que ce moyen serait d'autant plus insuffisant, qu'il dépend uniquement du supérieur général d'envoyer les frères dans les localités qu'il lui convient de désigner, et de les en retirer, quand il lui plaît, qualité essentiellement contraire à l'esprit et au texte de la loi, ete. ; . . . .

« Corsidérant, en outre, que dans le cas méme où les frères des écoles chrétiennes présenteraient toutes les garanties dont l'omission vient d'étre signalée, ils ne devraient pas moins étre éloignés des fonctions d'instituteurs primaires, en ce que les pratiques religieuses qu'ils multiplient à l'infini, le célibat qu'ils sont forcés de garder, à l'instar des prétres, et méme le costume ridicule qui leur est imposé par leurs statuts sont autant de motifs qui ne permettraient pas d'inculquer aux enfans confiés à leurs soins des principes en harmonie avec ceux du siècle et de la société actuelle, au-dehors de laquelle ils se trouvent nécessairement placés. »

« Le conseil, sans vouloir repousser aucun mode d'instruction, arrête, à la majorité de 13 voix contre 8: Les frères des écoles chrétiennes

gion. Il serait facile de prédire quel serait l'avenir des générations futures, si un tel système pouvait être durable, et l'on ne peut l'envisager sans épouvante.

De toutes les nations de l'Europe, sauf la Turquie, il n'en est aucune, aujourd'hui, qui ne puisse se vanter d'avoir une organisation d'instruction élémentaire plus morale et plus chrétienne que la France catholique. Nous ne parlerons pas des états du midi, où l'enseignement est demeuré placé exclusivement sous l'autorité ecclésiastique, comme il l'était jadis en France, ni des états catholiques de l'Allemagne, où influence religieuse n'a jamais été séparée des progrès de l'enseignement; mais la Prusse, la Suède, le Danemarck, la Russie, l'Angleterre, la Hollande, les cantons protestans suisses, ont admis en principe, et sur

sont supprimés du nombre des instituteurs communaux de la ville de Beauvais. »

Nous ignorons si cet arrêt a reçu l'approbation de l'autorité supérieure ; mais nous savons que l'institution des frères de St.-Yon, soutenue par la charité religieuse et la confiance des pères de famille, a dû subir, dans cette ville, de nouvelles persécutions. L'autorité locale a décidé même que les secours publics seraient refusés aux parens pauvres dont les enfans fréquenteraient l'école proscrite! Beaucoup d'autres villes ont demandé, comme Beauvais, la suppression des écoles chrétiennes. Des conseils généraux et municipaux ont retiré les secours qu'ils leur accordaient. A Nanci, on a enlevé aux frères de St.-Yon les locaux que la ville leur avait cédés, et ils ont eu beaucoup de peine à ravoir leurs meubles personnels. Mais, en général, partout la charité religieuse s'est chargée de l'entretien de ces écoles.

En Bretagne, le conseil municipal de Vitré a demandé la fermeture des écoles établies par M. de La Mennais, qu'un député appelait du poison dans l'ouest. Il a été reconnu que ces institutions offraient l'enseignement le plus avancé et les principes les plus purs de religion et de morale. 20,000 enfans les fréquentent, et depuis 1818, 180,000 Bretons y ont reçu les bienfaits de Pinstruction. A la Chambre des Députés, M. Dubois (de la Loire-Inférieure) et M. de Lamartine ont trouvé des paroles chaleureuses pour réclamer, en faveur des écoles chrétiennes, le principe sacré de la liberté d'enseignement : « Messieurs, s'est écrié l'illustre auteur des Méditations, si les pétitionnaires de Vitré eussent visité ces contrées que nous appelons barbares, s'ils étaient allés en Turquie, ils y auraient vu que la tyrannie re va pas jusque-là : la charité y est libre et ne relève que de Dieu. »

tout en pratique, la nécessité de subordonner tout système d'instruction élémentaire à l'empire des idées religieuses. Les ministres de la religion ont donc conservé sur le choix des maîtres et sur la surveillance des écoles la juste part qui leur revient dans cette haute mission de confiance. La raison et la politique ont été d'accord pour conseiller le maintien de ce principe conservateur de toute société chrétienne. La France seule vient en quelque sorte de l'abandonner (1).

le

Dans un état de choses si alarmant, c'est à la charité religieuse à combattre la funeste tendance des nouvelles institutions. C'est à elle à opposer des écoles privées, fondées par des associations chrétiennes, et dont la surveillance et la direction appartiendraient aux curés et à des hommes éminemment recommandables, à ces écoles que préparent la politique et l'indifférence religieuse pour renversement des dernières barrières qui garantissent encore l'ordre social (2). Cette lutte pourra peut-être susciter au clergé des persécutions nouvelles; mais le sentiment d'un grand devoir à remplir saura inspirer le courage de les braver. Pourra-t-il en effet demeurer inactif, lorsqu'il voit la génération qui s'élève placée sur le bord d'un abîme dont les novateurs modernes, nous aimons à le croire, n'ont pas sans doute eux-mêmes calculé toute l'effrayante profondeur.

(1) Voir, sur les progrès de l'instruction élémentaire en Europe, le chapitre XIX, page 479 du livre I.

(2) Rien ne saurait empêcher MM. les curés d'ouvrir des écoles particulières, en se présentant aux comités d'examen pour obtenir un diplôme d'instituteur, qu'on ne peut légalement leur refuser. Cet exemple a été déjà donné par plusieurs de MM. les ecclésiastiques de la Bretagne, et notamment du diocèse de Rennes.

NOTES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES

DU LIVRE II DU TOME II.

[A]

EXTRAITS D'UN OUVRAGE INTITULÉ :

DE LA STATISTIQUE RUSSE,

PAR M. ZIABLOVSKY,

Professeur émérite de l'Université impériale de Saint-Pétersbourg, conseiller d'état
et chevalier.

Imprimé à Saint-Pétersbourg, à l'imprimerie du ministère de l'intérieur, section de la Faculté de Médecine, 1832 (1).

Il y a 38 gouvernemens, en Russie, placés sous un réglement uniforme, qui ont 286,692 milles carrés et 35,850,740 âmes de population.

De plus, 11 gouvernemens et 11 autres provinces, placés sous des réglemens particuliers, qui ont 32,799 milles carrés et 13,275,000 âmes.

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(1) Nous devons ce document à l'obligeance de M. le comte de Quinsonas, lieutenant-général, ex-pair de France, etc., qui a bien voulu l'extraire et le traduire de la Statistique de la Russie. Il nous a fourni également de précieux documens sur ce royaume qu'il a long-temps habité et où son nom n'est prononcé qu'avec amour par les nombreux paysans dépendant de ses terres, auxquels il n'a cessé de prodiguer les soins d'une bienfaisance éclairée.

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