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notables désignés par ledit conseil, et enfin des membres du conseil général du département qui auront leur domicile réel dans la circonscription du comité. Le procureur du roi est membre de droit, et le sous-préfet, président de tous les comités de l'arrondissement. Le préfet préside de droit tous les comités du département.

15° Le comité d'arrondissement nomme les instituteurs communaux sur la présentation du conseil municipal, procède à leur installation et reçoit leurs sermens; il peut les suspendre et les révoquer de leurs fonctions, sauf appel devant le ministre de l'instruction publique, en conseil royal.

160 Il y aura, dans chaque département, une ou plusieurs commissions d'instruction primaire chargée d'examiner publiquement et à des époques déterminées, les aspirans aux brevets de capacité pour les deux degrés de l'instruction primaire, et qui délivreront lesdits brevets sous l'autorité du ministre. Ces commissions seront également chargées de faire les examens d'entrée et de sortie des élèves des écoles normales primaires. Les membres de ces commissions seront nommés par le ministre de l'instruction publique.

Tel est, dans son ensemble, l'économie du projet de loi, présenté pour l'instruction primaire dans le royaume de France, à la chambre des députés de 1833.

La commission, chargée de l'examen et du rapport, en approuva les dispositions principales, sauf l'admission de droit des membres du clergé dans les comités de surveillance des écoles primaires.

Après une discussion animée, les conclusions du rapporteur de la commission furent adoptées par la chambre. On trouve dans le rapport fait par l'honorable M. Gillon, des détails statistiques qui ne sont pas sans intérêt.

En 1832, il existait en France, 42,092 écoles, dont 32,520 entretenues aux frais des communes et 9,572 par des maîtres qui en font leur entreprise particulière (1), Les écoles de garçons sont au nombre de 31,420, celles des filles de 10,679.

Sur 42,092 écoles, on en compte 1/31 (1,334) où l'enseignement mutuel est adopté.

Sur 1,334 écoles mutuelles, 1,205 sont affectées aux garçons et 129 aux filles.

La méthode simultanée dirige 24,173 écoles des deux

sexes.

La méthode individuelle, 16,185 écoles (3/5 du total des écoles primaires).

Le nombre de ceux qui fréquentent les écoles publiques est évalué à.

Celui de ceux qui suivent les écoles particulières est de.

1,906,718 28,906

Le nombre restant des enfans de 5 à 12 ans qui manquent absolument d'instruction, est de 2,895,608 (environ les 2/3 du nombre total). Sur le nombre total des élèves primaires des deux sexes et de tout âge, qui est de 1,935,624, il en est 242,776 (1/8) qui reçoivent l'instruction gratui

tement.

Pendant l'hiver, les écoles de garçons renferment 1,200,714 élèves, celles de filles 734,000. Dans l'été, on n'en trouve plus dans les premières que 696,165, et dans les secondes, 411,331. Il y a diminution des 7/12 (2).

(1) On a constaté qu'en France, sur une population de 26,750,487 habitans de 7 ans et au-dessus, on en comptait, en 1832, 299,605 très instruits, 11,684,612 sachant lire ou écrire, et 14,766,270 ne sachant ni lire

ni écrire.

(2) D'après le recensement fait à la fin de 1825, on comptait dans toute la monarchie prusienne 12,256,725 habitans, parmi lesquels, 4,487,461 enfans au-dessous de quatorze ans, ce qui donne 366 par 1,000 habitans, ou 11/30 de la nation.

En admettant que l'instruction commence à sept ans accomplis, on peut calculer que les 3/7 de la population entière des enfans sont en état d'aller aux écoles, et on aura un nombre de 1,923,200 enfans en âge de profiter M. Gillon, en demandant à la chambre 1,500,000 fr. pour venir au secours de l'instruction publique, termine ainsi son rapport :

<<< En France, l'intervention de la puissance publique est nécessaire au succès de l'instruction primaire : l'esprit d'association n'y suffirait jamais. Si en Angleterre il a produit des effets merveilleux, c'est qu'il a pour aiguillon et pour aliment la propagation des idées religieuses et que les sectes prennent, pour instrument de leurs luttes continuelles, les écoles qu'elles fondent et les livres qu'elles répandent à profusion ».

<< La capacité et la moralité des maîtres, voilà la première condition à accomplir: rien ne doit coûter pour y satisfaire.

<< Telle est la maxime du chancelier d'Angleterre, de lord Brougham qui a dit : C'est l'instituteur, non plus le canon, qui est désormais l'arbitre des destinées du monde.

des bienfaits de l'instruction. Or, à la fin de 1815, il y avait dans le royaume 21,261 écoles des deux sexes.

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Ainsi sur 15 enfans 13 suivent réellement les écoles publiques.

Il existe en Prusse 1,923,200 enfans en état de recevoir l'instruction. 1,664,218 suivent les écoles publiques.

Il reste 258,982 enfans, dont une partie sont élevés chez eux ou dans les écoles particulières.

La chambre des pairs ayant rétabli l'article du projet de loi qui admet les ecclésiastiques comme membres de droit dans les comités de surveillance d'instruction primaire, et les députés ayant consenti à cette modification, la loi a été promulguée à la date du 28 juin 1833. M. le ministre de l'instruction publique, en l'adressant à tous les instituteurs, l'a accompagnée d'une circulaire où l'on remarque les passages ci-après :

<< Cette loi est vraiment la charte de l'instruction primaire... Comme tout, dans les principes de notre gouvernement, est vrai et raisonnable, développer l'intelligence, propager les lumières, c'est assurer l'empire, la durée de la monarchie constitutionnelle. >>>

« Il faut qu'un sentiment profond de l'importance morale de ses travaux soutienne l'instituteur : que l'austère plaisir d'avoir servi les hommes, et secrètement contribué au bien public, devienne le digne salaire que lui donne sa conscience seule. C'est sa gloire, de ne prétendre à rien au-delà de son obscure et laborieuse condition, de s'épuiser en sacrifices à peine comptés de ceux qui en profitent, de travailler enfin pour les hommes et de n'attendre sa récompense que de Dieu. »

<< Vous le savez: les vertus ne suivent pas toujours les lumières, et les leçons que reçoit l'enfance pourraient lui devenir funestes, si elles ne s'adressaient qu'à son intelligence. Que l'instituteur ne craigne donc pas d'entreprendre sur les droits des familles, en donnant ses premiers soins à la culture intérieure de l'âme de ses élèves. Autant il doit se garder d'ouvrir son école à l'esprit de secte et de parti, et de nourrir les enfans dans des doctrines religieuses ou politiques qui les mettent pour ainsi dire en révolte contre l'autorité des conseils domestiques, autant il doit s'élever sans cesse à propager et affermir les principes impérissables de morale et de raison, sans lesquels l'ordre universel est en péril, et à jeter profondément dans de

jeunes cœurs ces semences de vertu et d'honneur que l'âge et les passions n'étoufferont point... Aussi, voit-on que partout où l'enseignement primaire a prospéré, une pensée religieuse s'est unie, dans ceux qui la répandent, au goût des lumières et de l'instruction. Puissiez-vous trouver dans de telles espérances, dans ces croyances d'un esprit sain et d'un cœur pur, une satisfaction et une constance que peut-être la raison seule, ou le seul patriotisme ne vous donneraient pas. »

...-« Le maire est le chef de la commune; il est à la tête de la surveillance locale; l'intérêt pressant, comme le devoir de l'instituteur, est de lui témoigner, en toute occasion, la déférence qui lui est due. Le curé ou le pasteur ont droit aussi au respect, car leur ministère répond à ce qu'il y a de plus élevé dans la nature humaine. S'il arrivait que, par quelque fatalité, le ministre de la religion refusât à l'instituteur une juste bienveillance, celui-ci ne devrait pas sans doute s'humilier pour la reconquérir, mais il s'appliquerait de plus en plus à la mériter par sa conduite, et il saurait l'atteindre. C'est au succès de son école à désarmer des préventions injustes; c'est à la prudence à ne donner aucun prétexte d'intolérance. Il doit éviter l'hypocrisie à l'égal de l'impiété.

<< Rien, d'ailleurs, n'est plus désirable que l'accord du prêtre et de l'instituteur : tous deux sont revêtus de l'autorité morale; tous deux ont besoin de la confiance des familles; tous deux peuvent s'entendre pour exercer, par des moyens divers, une commune influence. Un tel accord vaut bien qu'on fasse, pour l'obtenir, quelques sacrifices, et j'attends de vos lumières et de votre sagesse que rien d'honorable ne vous coûtera pour réaliser cette union, sans laquelle nos efforts pour l'instruction populaire seraient souvent infructueux. »

Le rapprochement de la loi du 28 janvier 1833 et de la circulaire du ministre, avec les rapports de M. Cousin sur

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