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D'après les probabilités statistiques, le nombre de 1,121,763 mendians existant en Europe, peut se décomposer selon les catégories qui suivent :

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Il est à remarquer que nos calculs supposent un état de choses régulier et ordinaire. Nous n'avons pas compris, dans nos appréciations, ni les pauvres d'Angleterre qui vivent aux dépens d'une taxe légale ; ni ceux renfermés dans les dépôts de mendicité, dans les Pays-Bas et dans d'autres pays; ni ceux admis dans les établissemens charitables de l'Europe, ni enfin les individus qui se livrent passagèrement à la mendicité.

Toutes les causes diverses de la misère, poussées à leurs dernières conséquences, multiplient infiniment les pauvres forcés de recourir publiquement à l'aumône. Les guerres, les révolutions politiques, les vicissitudes de l'industrie, les disettes, les calamités générales les voient éclore par milliers. Quant à la fainéantise proprement dite, c'est-à-dire la mendicité réellement coupable, elle ne peut être habituellement comprise que pour un cinquième environ dans le nombre des mendians. Celui des individus robustes des deux sexes qui se refusent au travail est supposé s'élever à 205,656, 15 920 de la population indigente et 1|1003 17 20 de la population générale. Ceux-là sans doute sont le juste objet du blâme de la religion et de la sévérité des lois; mais pour les autres, tant qu'il n'aura pas été pourvu à leur procurer du travail, des secours, un asile, de l'instruction, comment oserait-on les trouver coupables d'un délit lorsqu'ils implorent, dans leur abandon, la charité des riches?

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CHAPITRE V.

DU NOMBRE ET DE LA SITUATION DES MENDIANS EN FRANCE.

La civilisation moderne des capitales s'occupe bien moins de repousser la misère ellemême que d'en éloigner l'image dégoûtante.

Nous avions espéré que pour la France, du moins, il nous serait possible d'obtenir des notions précises sur le nombre des mendians du royaume. Sans doute le recensement exact s'en est fait à l'époque où il fut question de l'établissement des dépôts de mendicité. Toutefois, nos recherches à cet égard ont été vaines, et l'on nous a fait connaître officiellement (le 16 février 1829) qu'il n'existait au ministère de l'intérieur aucun document de cette nature.

C'est donc à l'aide de notre correspondance avec plusieurs de MM. les préfets et de quelques dénombremens que nous avons fait effectuer nous-mêmes dans un certain nombre de départemens, que nous sommes parvenus à former, par département, le tableau de la population mendiante de la France [H].

Ce tableau porte à 198,153 le nombre des mendians présumé exister habituellement en France, particulièrement dans la saison rigoureuse de l'hiver. Voltaire évaluait à environ 200,000 «les fainéans qui, en France, gueusent d'un pays à l'autre, et soutiennent leur détes

table vie aux dépens des riches (1). » C'est environ le 18 41 7559 de la population indigente, et le 1/166 de la population totale portée en nombre rond, à 32,000,000 habitans, c'est-à-dire que, si nos calculs sont exacts, on compterait en France à peu près un mendiant sur 166 habitans, et un mendiant sur huit indigens.

D'après ce tableau, les cinq régions de la France peuvent être ainsi classées quant au nombre des mendians. [Voir les tableaux A et H.]

(1) Dictionnaire philosophique (Population).

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(1) D'après le recensement de 1827.

(2) D'après les chiffres réels, au lieu de 1,600,000 indigens. La différence s'explique par les nombres ronds employés dans les précédens tableaux.

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On remarquera, dans le tableau général des mendians du royaume et dans la carte ci-contre, des différences très sensibles de département à département; et, ce qui confirme les observations que nous avons émises dans le précédent chapitre, ce ne sont pas exclusivement les contrées qui présentent le plus grand nombre d'indigens qui donnent le rapport le plus élevé en population mendiante.

Ce rapport, par exemple, n'est que d'un mendiant sur quarante-six indigens dans le département de la Seine ; et dans ceux qui possèdent des villes très populeuses, comme la Gironde, la Seine-Inférieure, le Rhône, etc., on trouve proportionnellement moins de mendians que dans la plupart de ceux où l'indigence est cependant moins étendue. La raison en est simple. Ce sont sans doute les villes qui produisent le plus de pauvres; mais c'est dans les villes, aussi, qu'existent les établissemens de charité les plus vastes, les secours publics les plus abondans, les ateliers de travail les plus multipliés, et surtout une police plus vigilante et plus sévère contre la mendicité. La civilisation moderne des capitales s'occupe beaucoup moins d'éloigner la misère elle-même que de repousser son image dégoûtante.

Dans les campagnes, le nombre des indigens est moins élevé ; mais c'est là que les habitans ont conservé le plus soigneusement la tradition et la pratique de l'aumône. Là aussi les indigens ne sont guère que des malheureux dans

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