de faux prophètes n'ont-ils pas surgi tantôt sous le manteau de l'hypocrisie, tantôt audacieusement et le glaive à la main, pour propager et accréditer ses impostures? Chose remarquable, toutes ces sectes diverses, profondément divisées entre elles, toujours prêtes à se déchirer et à s'excommunier pour les faussetés graves qu'elles découvrent les unes dans les autres, se retrouvent toujours ensemble dans le lien du mensonge preuve évidente que toutes sont filles d'un même père à qui elles doivent les germes de leurs aberrations. Le disciple fidèle de l'Évangile, lui qui a reçu la grâce de discerner le souffle de vie du souffle de mort, et qui a bâti sur le rocher l'édifice de sa foi, demeure ferme au milieu des tourmentes de l'imposture; tandis que l'homme inexpérimenté, peu instruit des vérités de l'Évangile, qui s'attache aux paroles sans en pénétrer le sens, devient facilement la victime de leurs. misérables artifices. De là l'utilité et la nécessité de prier pour obtenir du Ciel la grâce du discernement: afin que chacun connaisse bien, selon le précepte de saint Jean, ceux qu'il doit repousser au loin, et ceux qu'il doit admettre comme ses amis ou comme ses frères dans la foi. (SAINT ATHANASE.)

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12. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes. pression que les Juifs avaient conçue que le Christ devait paraître en ce temps était si forte, qu'elle dura près d'un siècle parmi eux. Ils crurent que l'accomplissement des prophéties pouvait avoir une certaine étendue, et n'était pas toujours renfermé dans un point précis ; de sorte que pendant près de cent ans il ne se parlait parmi eux que de faux christs, qui se faisaient suivre, et de faux prophètes qui les annonçaient... Les Samaritains, qui lisaient dans la Pentateuque la prophétie de Jacob, se firent des christs aussi bien que les Juifs, et un peu après Jésus-Christ ils reconnurent leur Dosithée. Simon, le magicien,' de même pays, se vantait aussi d'être le fils de Dieu; et Menandre, son disciple, se disait le sauveur du monde... Quand le terme fut tellement passé qu'il n'y eut plus rien à attendre, et que les Juifs eurent vu par expérience que tous les messies qu'ils avaient suivis, loin de les tirer de leurs maux, n'avaient fait que les y enfoncer davantage, alors ils furent longtemps sans qu'il parût parmi eux de nouveaux messies; et Barcochébas est le dernier qu'ils aient reconnu pour tel dans ces premiers temps du christianisme. BOSSUET.)

12. Il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes.- Un homme

hardi et entreprenant, nommé Bar-Coziba, qui se disait le Messie et prenait le nom de Bar-Cocheba (fils de l'étoile), profita de l'absence des légions romaines pour rassembler des troupes nombreuses et s'emparer de Jérusalem, de cinquante places fortes et d'un grand nombre de villes ouvertes et de villages. Il se conduisit bientôt en roi et fit battre monnaie. Akiba, un des plus illustres docteurs de cette époque, reconnut publiquement dans Bar-Cocheba le Messie annoncé par les prophètes, et déclara que c'était là l'Étoile de Jacob, sous laquelle avait été désigné le futur rédempteur du peuple hébreu. Adrien, qui avait commencé par mépriser cette insurrection, dut bientôt en reconnaître la gravité. Tinnius Rufus, qui commandait alors en Judée, fut battu en plusieurs rencontres. Adrien envoya en Palestine Jules Sévère, dont la bravoure et les talents pour la guerre venaient d'être éprouvés dans la Grande-Bretagne. Encore une fois Jérusalem fut prise et rasée. BarCocheba s'étant renfermé dans Béthor, cette ville soutint contre les Romains un siége de trois ans et demi; elle fut prise d'assaut après des efforts incroyables, l'an 136 de Jésus-Christ; et l'on vit se renouveler les scènes de désolation qui avaient eu lieu à la prise de Jérusalem par Titus. Selon Dion Cassius, cinq cent quatre-vingt mille Juifs furent massacrés par les Romains qui, de leur côté, essuyèrent aussi des pertes immenses. Bar-Cocheba ayant péri dans la mêlée lors de la prise de Béthor, la conquête de cette ville termina la guerre; mais l'ère des faux christs et des faux prophètes, inaugurée ainsi par BarCocheba, dura plusieurs siècles. (LE R. P. LAORTY-HADJI.)

14. Et si l'on vous dit: Voici le Christ dans le désert, n'y allez point; le voici dans le lieu le plus reculé de la maison, ne le croyez point. Restez fermes dans la croyance de l'Église et repoussez au loin tous ceux qui voudraient vous en écarter. Quand même ils vous apporteraient des textes de l'Écriture, tenez-les pour suspects; quand même ils sembleraient parler le langage de l'orthodoxie, n'ouvrez pas même l'oreille pour les écouter, nous dit saint Athanase. Ayons toujours présentes à notre esprit ces paroles de saint Paul aux Galates: Je m'étonne que vous quittiez sitôt celui qui vous a appelés à la grâce de Jésus-Christ, pour passer à un autre évangile car il n'en est pas d'autre; mais il y a des hommes qui mettent le trouble parmi vous, et qui veulent changer l'Évangile de Jésus-Christ. Mais, quand nousmêmes nous vous annoncerions, ou quand un ange venu du ciel vous annoncerait un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il

soit anathème. Souvenons-nous encore de la plainte du chef des apôtres, que déjà les méchants abusaient des paroles de saint Paul, comme ils ont dans tous les temps abusé des autres Écritures. (B.)

19. Le soleil s'obscurcira. -Transportons-nous en esprit à ce dernier jour, si heureux pour les uns, si funeste aux autres. Représentonsnous l'étonnement où l'on sera de cette nouvelle lumière que jettera le Sauveur; de ce prodigieux éclat qui se fera sentir d'une extrémité du monde à l'autre, avec la rapidité d'un éclair. Contemplons ces aigles mystiques, les esprits sublimes à qui le monde n'aura rien été, et qui n'auront pas été troublés de tant de persécutions ni de cet ébranlement universel de la nature éperdue, prendre tout à coup leur vol, et, comme dit saint Paul, être enlevés dans les nues au milieu des airs à la rencontre de Jésus-Christ, pour être ensuite toujours avec lui. Heureux jour, heureux spectacle pour ceux qui seront trouvés dignes de paraître avec confiance devant le Fils de l'homme ! (Bossuet.)

19. Et aussitôt après ces jours de tribulation, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les vertus des cieux seront ébranlées. Ces paroles s'accompliront à la lettre à l'approche du jugement dernier; mais en attendant, elles servent à indiquer des jours de tristesse, de douleurs, d'afflictions, de confusion et de bouleversement. Isaïe les a employées pour annoncer la destruction de Babylone; Ezéchiel, pour peindre les revers épouvantables d'un roi d'Égypte; Joël s'en sert également dans le sens littéral et dans le sens figuré. Pour bien comprendre ce passage de l'Évangile, ne perdons pas de vue que le Fils de Dieu prédit en même temps plusieurs événements distincts dans lesquels il manifestera sa puissance toute divine et sa justice inexorable. Outre la ruine de Jérusalem et la grande catastrophe de la fin des temps dont tous les écrivains religieux ont parlé, Jésus-Christ indiquait aussi, sans doute, la chute de la capitale du monde païen, déjà figurée par celle de l'ancienne Babylone, comme l'Apocalypse en fait foi. Envisagées sous ce dernier rapport, les paroles du Sauveur peuvent, ce nous semble, se traduire ainsi : Après cette longue persécution durant laquelle Rome se sera enivrée de votre sang et de celui de vos frères, viendra pour elle le jour de la vengeance divine. Je ferai marcher contre elle des armées innombrables venues de tous les points de la terre et du ciel, portant avec elles des instruments de mort, pour tout exterminer dans cette ville coupable; et elle

se verra tout à coup plongée dans les ténèbres de la barbarie. Alors la croix du Fils de l'homme s'élèvera glorieusement dans les airs. Lorsque cet événement commencera, c'est-à-dire quand vous verrez les peuples barbares marcher contre Rome et le monde païen, levez la tête avec confiance, parce que votre délivrance est proche. (B.)

19-20. Les vertus des cieux seront ébranlées. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme. Notre-Seigneur et Rédempteur nous annonce d'avance les maux qui doivent suivre les derniers jours du monde, afin de détacher notre cœur des biens de cette vie, et de nous tenir toujours prêts à le suivre dans son royaume éternel. Il nous parle de l'ébranlement de toute la nature, afin que, si le calme de la paix nous a fait oublier Dieu, la perspective du bouleversement universel nous ramène à lui par la crainte et par le besoin de nous abriter sous les ailes de sa miséricorde. Les vertus des cieux seront ébranlées. Que devons-nous entendre par les vertus des cieux, sinon les Anges, les Archanges, les Trônes, les Dominations, les Principautés et les Puissances? A l'avénement de Jésus-Christ comme juge inexorable, toutes les légions de la milice du ciel viendront sous une forme visible pour nous demander un compte sévère de tout ce que la bonté du Créateur invisible supporte maintenant avec sa patience infinie. Alors il apparaîtra lui-même aux yeux des pécheurs consternés et glacés d'épouvante. Ils verront dans sa puissance et dans sa majesté celui auquel ils refusent d'obéir durant les jours de ses divins abaissements. Plus ils auront endurci leurs cœurs quand il les attendait à la pénitence, plus il leur fera sentir la force de sa puissance, et le poids de sa majesté divine. (SAINT GREGOIRE, pape.)

20. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme, alors aussi tous les peuples de la terre pousseront des cris de douleur. Comment pourrons-nous sans tomber d'effroi voir un fleuve de feu, s'élançant avec l'impétuosité d'une mer en furie, embrâser les montagnes et les vallées, consumer le monde entier avec tous les travaux des hommes? Soudain les fleurs se dessèchent, les fontaines se tarissent, les étoiles s'effacent, le soleil s'éteint, la lune a disparu, et le ciel se replie comme un livre inutile. Les anges au vol rapide parcourent la terre, rassemblant les élus de toutes les parties du monde. Un nouveau ciel et une nouvelle terre apparaissent bientôt, selon les promesses du souverain Maître, Tout à coup, un trône majestueux s'élève, mes bien

aimés, et l'étendard de la croix, où le Christ expira volontairement pour nous resplendit de lumière. A l'éclat tout divin qu'il jette sur le monde, tous les peuples ont reconnu le sceptre redoutable du grand Roi; ils se rappellent que le Seigneur a prédit que le signe du Fils de l'homme apparaîtra dans le ciel, et personne ne doute plus alors que le moment de la justice est venu. Comment oser se présenter devant Jésus-Christ? Chacun, en ce fatal moment, s'efforcera de se rappeler ses actions; bientôt elles se dresseront devant lui, bonnes et mauvaises. Les hommes au cœur miséricordieux, et qui ont sincèrement pratiqué la pénitence, se réjouiront en voyant s'accomplir les vœux qu'ils avaient formés, et attendront avec confiance l'avénement du grand Dieu sauveur notre Seigneur Jésus-Christ. (SAINT EPHREM.)

20. Et ils verront le Fils de l'homme venant dans les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté. -Et pourquoi ne pas dérouler devant vous un tableau plus imposant encore? A cette grande voix, à ce cri terrible parti des sommités du ciel, Voici l'époux qui arrive, voici le Dieu de l'univers qui vient pour juger les vivants et les morts; à ces mots, la terre a tremblé jusque dans ses fondements, les montagnes ont bondi de terreur, la mer s'est enfuie; les angoisses, l'épouvante et l'effroi sont dans tous les cœurs; tout est consterné dans l'attente des malheurs qui vont fondre sur la terre. Mais voilà que les puissances des cieux se sont ébranlées; les anges et les chœurs des archanges développent à la fois leurs célestes légions; les chérubins, les séraphins, les puissances et les vertus chantent l'hymne de gloire! Saint, saint, saint est le Seigneur, Dieu des armées, qui est, qui était, et qui doit venir dans son triomphe, le Tout-Puissant! Toute créature du ciel et de la terre a répondu d'une voix tremblante et respectueuse: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! A ce moment, le ciel s'entr'ouvre et laisse voir le Roi des rois dans tout l'éclat de la majesté divine. Tous pourront le voir, ceux même qui l'ont percé. Alors s'accomplira la prophétie de Daniel: «J'étais attentif à ce que je voyais, jusqu'à ce que les trônes furent placés, et que l'ancien des jours s'assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête comme la laine la plus pure. Son trône était de flammes ardentes, et les roues de ce trône un feu brillant. Un fleuve de feu sortait devant sa face; un million d'anges assistaient devant lui et mille millions le servaient. » Que de larmes à répandre dans ces cruels instants, et nous n'y pensons pas même ! C'est ainsi que