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douleur fut pour elle un martyre ineffable. Quoi! le Fils de Dieu luimême, pour qui l'avenir était sans voiles, a pu souffrir et mourir; et Marie, sa Mère, n'aurait pas pu compatir à ses douleurs?

(SAINT BERNARD.)

23. Ordonnez donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne l'enlèvent furtivement, et ne disent qu'il est ressuscité d'entre les morts. La raison qu'ils allèguent n'est pas celle qui les inquiète et qui les amène auprès du gouverneur. Qu'ont-ils à craindre des disciples de Jésus? Quelle influence exercent-ils dans la nation et même dans le peuple? Quelle résistance ont-ils apportée au jardin de Gethsemani? Quel tumulte ont-ils excité devant le prétoire de Pilate? Quelle sédition ont-ils fait craindre sur la montagne du Calvaire? Quelles clameurs menaçantes ont-ils proférées? Qui a ouvert la bouche en faveur de Jésus-Christ, à l'exception du larron crucifié à sa droite? Mais pour les disciples, en a-t-on même vu un seul? -Pierre, leur chef, est allé jusque dans la cour de Caïphe. - Oui, pour trembler à la voix d'une femme qui lui adresse une question; pour renier son Maître; pour protester avec tous les serments qu'il ne le connaît pas, qu'il ne sait pas même de qui on veut lui parler. Quant aux autres, ont-ils osé ouvrir la bouche, même pour parler entre eux? Pourquoi iraient-ils enlever le corps et proclamer la résurrection d'un séducteur qui se serait joué de leur crédulité et de leur bonne foi? Et quand bien même ils le feraient, qui voudrait les croire sur leur simple parole? D'ailleurs, est-ce que tous les habitans de Jérusalem, et tous les Israélites qui s'y trouvaient en ce moment, ne se sont pas levés comme un seul homme pour provoquer et pour acclamer ce qui a été fait? Évidemment, ce ne sont point les disciples, mais Jésus-Christ lui-même qu'ils redoutent. Mais puisqu'il est mort... Juifs aveugles, vit-on jamais employer nos soldats pour bloquer un sépulcre, et pour se garantir d'un ennemi qui a cessé de vivre? Ne voit-on pas, au contraire et toujours, l'inquiétude et la crainte disparaître, la haine elle-même s'amortir et s'éteindre, lorsque, au lieu d'un ennemi dangereux, on n'a plus devant soi qu'un cadavre? Si Jésus-Christ n'est qu'un pur homme, soyez sans inquiétude sur cette parole qu'il a dite: Je ressusciterai le troisième jour. S'il n'est qu'un homme, il restera dans la mort; et vous, attendez le troisième jour en toute sécurité. Soyez même sans scrupule car, s'il n'est qu'un homme, vous avez bien fait de le crucifier. Mais s'il est Dieu en même temps qu'il est homme, vous avez grandement raison de craindre l'accomplissement de ce qu'il a dit tou. chant sa résurrection. Dans ce cas encore, ne fatiguez point le gouver

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neur, laissez les gardes tranquilles, et vous-mêmes n'allez pas inutilement au sépulcre: car sa résurrection, vos armes ne l'empêcheront point; le sceau que vous apposerez sur la pierre ne sera point pour elle un obstacle; vos soldats ne l'arrêteront point, votre argent ne la préviendra point. N'espérez jamais avoir le dessus en luttant contre Dieu. (SAINT AMPHILOque.)

ÉLÉVATION.

Oui, mon Dieu! vous vous êtes attaché votre peuple par des liens bien étroits, et nous sommes bien plus particulièrement à vous depuis que vous nous avez arrachés à l'empire du tyran auquel nous nous étions asservis. A qui appartiendrions-nous, si ce n'est à celui qui, après nous avoir créés, est venu ensuite à notre secours pour briser les fers dont nous étions incapables de nous affranchir, après avoir consenti à les prendre? Votre côté ouvert par la lance d'un soldat, est devenu une source vivifiante d'où sortent les eaux pures qui désaltèrent si bien ceux qui viennent y puiser. Nous nous approcherons de cette source divine, et nous vous dirons comme la Samaritaine : « Donnez-moi, Seigneur, de cette eau, afin que je n'aie plus soif. » Nous n'attendrons pas, pour vous reconnaître comme notre souverain Maître, ce jour terrible où la nature ébranlée manifestera votre puissance : comme les saintes femmes qui vous avaient suivi jusqu'au Calvaire, comme ce pieux Joseph qui se déclare tout à coup votre disciple, sans crainte de la haine de ceux qui vous avaient condamné, nous attendrons votre règne. On est bien fort, Seigneur, lorsqu'on attend véritablement ce règne; on est bien faible, au contraire, quand on n'espère rien qu'en ce monde, et qu'on croit tout perdre en perdant des biens périssables. Nous approcherons de votre croix pour entendre de vous des paroles si tendres et si persuasives qu'elles nous rendront capables de vaincre toutes les difficultés : nous ne tremblons que parce que nous sommes loin. A vos pieds, Seigneur, nous sentirons qu'il n'y a rien de pénible, rien d'amer pour celui qui embrasse votre croix.

CHAPITRE CXIV.

1-6. Les saintes femmes ayant acheté et préparé des parfums depuis le samedi à sept heures du soir, partent pour le tombeau avant le lever du soleil; la terre tremble, un ange leur apparaît. 7-18. Tandis que Marie-Madeleine court avertir les apôtres, les autres femmes entrent dans le tombeau, des anges leur parlent, elles se retirent épouvantées (le dimanche de cinq à sept heures du matin).

MATH., XXVIII, 1-8; MARC, XVI, 1-8; Luc, XXIV, 1-9; JEAN, XX, 1-2.

bEt cùm transisset sab

batum, vespere sab

quæ

må sabbati, Maria Magdalene, et Maria Jacobi, et Salome, • et Joanna et cæteræ quæ cum eis erant, beme

1. Lorsque le sabbat fut passé, et que

bati quae lucessit in pri fut venu le soir qui commençait le premier jour de la semaine 2, Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, Salomé, Jeanne, et d'autres encore avec elles achetèrent des aromates pour embaumer Jésus.

runt aromata ut ve

nientes ungerent Jesum.

Et valdè manè, & cùm adhuc tenebræ essent venerunt ad monumentum, portantes quæ paraverant aromata.

b Veniunt ad monumentum, orto jàm sole. E dicebant intra se : Quis revolvet nobis lapidem ab ostio monumenti? Frat quippè magnus valdė.

2. Et de grand matin, comme la nuit durait encore, elles se mirent en chemin pour aller au sépulcre, portant avec elles les parfums qu'elles avaient préparés.

3. Arrivées près du sépulcre après le lever du soleil, elles se disaient entre elles : Qui renversera pour nous de l'entrée du sépulcre la pierre qui la ferme? Car cette pierre était fort grande 3.

1 * 1. ὀψὲ δὲ σαββάτων τῇ ἐπιρωσκούτη εἰς μίαν σαββάτων, vespere autem sabbatorum, lucessenti in unam sabbatorum, sur le soir du sabbat le luisant dans un du sabbat, après le jour du sabbat, lorsque commençait le premier jour de la semaine. Le mot cábbra se prend pour le jour du sabbat, comme aussi pour la semaine entière. Le mot μpa est omis; c'était l'usage chez les Grecs. pix, une, au lieu de première, est un hébraïsme que nous trouvons dans les Septante et dans d'autres passages du du Nouveau-Testament.

21. Nous avons déjà dit que chez les Hébreux le jour finissait avec la lumière du soleil, et commençait à la nuit tombante. Les saintes femmes, ayant observé le repos du sabbat jusqu'à six heures du soir, allèrent ce même soir, qui commençait le premier jour de la semaine, acheter des parfums pour achever l'embaumement de Jésus. Elles préparèrent ces parfums pendant la nuit, et ne partirent pour le sépulcre que vers le lever du soleil.

3. Elles ignoraient que les Princes des prêtres y avaient placé des gardes.

Et eccè terræ motus factus est magnus. Angelus enim Domini descendit de colo; et acce dens revolvit lapidem, et sedebat super eum ;

Erat autem aspectus ejus sicut fulgur, et vestimentum ejus sicut nix. Præ timore autem ejus exterriti sunt custodes; et facti sunt velut mortui.

b Et respicientes viderunt revolutum lapidem.

Cucurrit ergò, et re

nit ad Simonem Petrum

4. Et tout à coup, un violent tremblement de terre se fit sentir car un ange du Seigneur descendit du ciel et, s'approchant, il roula la pierre et s'assit dessus1.

5. Son visage était comme l'éclair, et son vêtement comme la neige. Frappés de terreur et d'épouvante, les gardes devinrent comme morts.

6. Alors les femmes, regardant, virent que la pierre était renversée.

7. Aussitôt Marie-Madeleine 2 courut dire

et ad alium discipulum, à Pierre et au disciple que Jésus aimait :

quem amabat Jesus, et

dixit illis: Tulerunt Dominum de monumento, et nescimus ubi posue

runt eum.

bEt introeuntes in monumentum, viderunt ju

Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et

nous ne savons où ils l'ont mis.

8. Et les autres femmes, étant entrées venem sedentem in dex- dans le sépulcre, virent assis à droite un jeune homme vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées;

tris, coopertum stolâ candida et obstupuerunt.

Respondens autem Angelus, dixit mulieribus : Nolite timere,

9. Mais l'ange leur dit : Vous, ne crai

vos: scio enim quod Je- gnez point3, rassurez-vous : je sais que vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié :

sum, qui crucifixus est, quæritis.

Non est hic surrexit enim sicut dixit.

Venite, et videte locum

10. Il n'est plus ici, il est ressuscité comme il l'avait dit4.

11. Venez, voyez le lieu où on l'avait

14. Déjà Jésus en était sorti. L'ange renversa la pierre pour faire voir que le tombeau est vide, pour en faciliter l'accès aux saintes femmes et leur annoncer la grande nouvelle.

27. Sans entrer dans le sépulcre, sans avoir aperçu l'ange; mais conjecturant de ce que la pierre était renversée, que le corps de Jésus avait été enlevé.

3 9. Que ces gardes soient glacés d'effroi, c'est juste; ils sont les instruments d'une passion déicide; mais vous, vous venez pour accomplir envers Jésus de Nazareth un acte de piété, ne craignez point.

4 10. Depuis sa transfiguration, le Sauveur n'avait point cessé d'inculquer à ses disciples qu'il devait mourir et ressusciter le troisième jour : les Juifs eux-mêmes en rendent témoignage devant Pilate.

ubi positus erat Dominus. discipulis ejus b et Petro,

Et citò euntes, dicite

'quia resurrexit, et eccè præcedit vos in Gali

fram; ibi eum videbitis,

b sicut dixit vobis; ⚫eccè prædixi vobis.

Et ingressæ non invenerunt corpus Domini Jesu.

Et factum est, dùm mente consternatæ essent de isto, eccè duo viri steterunt secùs illas in veste fulgenti.

Cům timerent autem, et declinarent vultum in terram, dixerunt ad illas: Quid quæritis viventem cum mortuis?

déposé; et, sur-le-champ, allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il est ressuscité; qu'il vous précède en Galilée, et que là vous le verrez comme il vous l'a dit, et comme je vous l'annonce moi-même.

12. Et étant entrées, elles ne trouvèrent point le corps de Jésus.

que

13. Tandis qu'elles en étaient profondément consternées, voilà deux hommes parurent tout à coup debout auprès d'elles, avec des vêtements resplendissants;

14. Et comme, saisies de frayeur, elles détournaient les yeux vers la terre, ces hommes leur dirent : Pourquoi cherchezvous parmi les morts celui qui est vivant? 15. Il n'est point ici : il est ressuscité. cum adhuc in Galilicà Souvenez-vous de ce qu'il vous a dit lorsqu'il était en Galilée :

Non est hic, sed surrexit. Recordamini quali.er locutus est vobis,

cùm

esset.

Dicens: Quia oportet Filium hominis tradi in manus hominum peccatorum, et crucifigi, et die tertiâ resurgere.

Et recordatæ sunt verborum ejus.

Et exierunt citò de monumento, et bfugerunt: invaserat enim eas tremor et pavor;

et

16. Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour.

17. Et elles se ressouvinrent des paroles de Jésus.

18. Et, sortant aussitôt du sépulcre, elles s'enfuirent car le tremblement et

nemini quidquam dixe l'effroi s'étaient emparés d'elles 1; et elles

runt timebant enim.

ne dirent rien à personne 2, la crainte les

en empêcha.

18. C'était chez les Juifs une croyance générale que l'on ne pouvait voir ni Dieu ni un ange sans mourir bientôt. Ces saintes femmes devaient donc être comme accablées de ce qu'elles venaient de voir et d'entendre.

18. Elles ne dirent rien d'abord, ce ne fut que plus tard qu'elles allèrent toutes ensemble annoncer aux apôtres ce qu'elles avaient vu,

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