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corruption et la vie de pureté ; la vie de mort et la vie de résurrection. Les hommes n'en connaissaient qu'une, c'était la vie de mort, et JésusChrist leur fit voir la vie de résurrection. (SAINT GREGOIRE, pape.)

11. Il vous précède en Galilée. — Dans la résurrection, nous ne devons pas voir un retour, mais un passage, une émigration; la Galilée où nous devons voir le Rédempteur et la terre d'émigration. Lorsque la passion fut consommée, si Jésus-Christ avait repris notre condition mortelle, les chagrins et les vicissitudes de la vie présente, je dirais qu'il est revenu et non qu'il a émigré. Or, maintenant qu'il est passé dans cette vie nouvelle, il nous invite à le suivre, il nous appelle en Galilée. Il est mort à la chair et il vit en Dieu. Nous aussi, ne mourons-nous pas au péché? me direz-vous; ne mourons-nous pas à la chair? ne nous livrons-nous pas tous les jours à la componction et à la prière? ne pleurons-nous pas sur nos fautes, et ne nous sommes-nous pas purifiés par un baptême de larmes, par la pénitence, par la confession? Et si nous sommes morts au péché, pourquoi vivons-nous encore en lui? si nous avons lavé nos fautes, pourquoi en commettons-nous de nouvelles? Car dans un instant peut-être nous serons pris de colère, de curiosité, de vanité. C'est que vos changements ne sont pas un passage, vous n'émigrez pas dans une terre nouvelle; votre résurrection n'est qu'un retour aux mêmes lieux. Ce n'est pas là le chemin de salut que nous montre Jésus-Christ. Après la pénitence, il ne faut pas chercher de nouveau les consolations de la chair, confiez-vous entièrement à Dieu et mettez toute votre joie dans l'Esprit-Saint. (SAINT BERNARD.)

14. Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? — Il faut chercher les choses où elles sont. Celui que vous cherchez n'est pas ici; il n'est point parmi les morts, mais parmi les vivants. C'est dans le palais de la vie, resplendissant de triomphe et de gloire, que vous devez le chercher, et non dans la demeure des morts. Allez, et vous le trouverez dans la vie immortelle. Laissez tous ces parfums qui ne servent qu'à la sépulture des morts. Prenez plutôt des branches de palmiers pour célébrer son triomphe. Ne cherchez point dans le tombeau celui qui a triomphé de la mort, et ne venez pas oindre de vos parfums celui qui est plus pur, plus incorruptible que les étoiles qui brillent aux cieux. Tout en lui respire un parfum d'immortalité. Voyezvous cette énorme pierre? elle ne défend plus l'entrée du sépulcre. Naguère inconnue aux hommes, elle est maintenant le trône des Anges. Ce sépulcre est maintenant glorieux, d'infime qu'il était, car

c'est le sépulcre du Roi des Anges, du Maître souverain de l'univers. Les Anges sont là pour témoigner de sa résurrection, non-seulement par leur parole, mais par l'éclat de leurs vêtements; leur visage est comme l'éclair et leurs vêtements comme la neige. Ce ne sont plus des soldats romains qui gardent le sépulcre, Dieu envoie ses Anges du plus haut des cieux. L'aspect éblouissant des envoyés célestes a comme foudroyé les soldats romains, car ils se sont jetés la face contre terre; et les Anges brisant les sceaux, roulant la pierre, ont ouvert le sépulcre. (BARRADIUS.)

ÉLÉVATION.

C'est en vain, Seigneur, que la haine implacable des Juifs vous poursuit jusque dans votre tombeau : ni le sceau, ni la pierre, ni les soldats, rien ne peut vous retenir. Vous vous échappez en dépit de toutes les précautions, et le seul effet qu'elles ont produit est de prouver que vous avez été réellement enseveli et déposé dans un tombeau, que vous n'avez pu en être enlevé, puisque le tombeau était gardé par une troupe nombreuse, et que vous n'en êtes sorti que par un miracle de votre toute-puissance. Pendant que les gardes fuient épouvantés à la vue des merveilles qui accompagnent votre résurrection glorieuse, de saintes femmes, qu'un pieux devoir avait tenues éveillées une partie de la nuit, s'acheminent de grand matin vers le sépulcre qu'elles avaient vu fermer par une grande pierre. Quel ne fut pas leur étonnement! Cette pierre était renversée et le sépulcre, vide, était gardé par les anges du Seigneur. L'un d'eux leur dit : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n'est point ici. » Ces paroles seront pour nous un enseignement salutaire, bon Sauveur; nous ne vous chercherons pas dans le tumulte et les fêtes du monde, vous n'êtes pas là: car l'agitation n'est pas la vie. Nous vous chercherons dans les croix; nous nous attacherons à vous qui nous avez aimés le premier, qui êtes toujours avec nous pour nous servir de guide, de sentier, et qui, lorsque tout nous manque ici-bas, nous appelez dans le séjour de votre gloire et de vos triomphes pour nous dédommager de nos souffrances, et couronner nos faibles vertus.

CHAPITRE CXV.

1-8. Pierre et Jean, avertis par Marie-Madeleine, viennent au tombeau. - 9-15. Marie-Made'eine y revient elle-même, et Jésus lui apparaît. -16-19. Jésus apparaît aux autres saintes femmes. 20-24. Les gardes racontent aux Princes des prêtres ce qui s'était passé (le dimanche, de huit à neuf heures du matin).

MATH., XXVIII, 9-15; Luc, XXIV, 12; JEAN, XX, 3-17.

Exiit ergò Petrus, et ille alius discipulus, et venerunt ad monumenium.

Currebant autem duo simul, et ille alius disci

1. Cependant Pierre et l'autre disciple étaient en chemin, se rendant au sépulcre.

2. Et ils couraient tous les deux; mais pulus præcucurrit citiùs l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre.

Petro, et venit primus ad monumentum.

Et cùm se inclinâsset, vidit posita linteamina; non tamen introivit.

Venit ergò Simon Petrus sequens eum, et introivit in monumentum, et vidit linteamina posita.

Et sudarium quod fuerat super caput ejus non

3. Et s'étant penché, il vit les linges posés à terre; mais il n'entra pas1.

4. Pierre, qui le suivait, arriva aussi et entra dans le sépulcre, et vit les linges posés à terre.

5. Et le suaire qui couvrait la tête de

cum linteaminibus posi- Jésus plié et placé, non avec les linges,

tum, sed separatim invo. lutum in unum locum.

Tunc ergò introivit et ille discipulus, qui venerat primus ad monumen.

mais en un lieu à part.

6. Alors l'autre disciple qui était arrivé tum, et vidit, et credidit; le premier au sépulcre entra aussi, et il

vit, et il crut2;

1 3. Il s'arrêta par déférence pour saint Pierre, dit saint Jean-Chrysostome: pour nous apprendre que, dès le premier jour, les apôtres, jusqu'au disciple bienaimé, jusqu'aux parents de Jésus-Christ selon la chair, s'effaçaient devant le chef visible de l'Église.

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6. Il crut à ce qu'avait dit Marie-Madeleine; il ne douta plus que le corps du Seigneur n'eût été enlevé.

3 7. Ce mot se rapporte aux disciples, mais avec quelque différence. A l'égard de saint Pierre qui ne croyait pas encore, il signifie que parce qu'il ne comprenait pas ce qui est écrit de la résurrection de Jésus-Christ, il s'en retourna sans y croire. A l'égard de saint Jean, qui commença pour lors à croire, ce mot veut dire que parce qu'il ne comprenait pas ce qui est écrit de la résurrection, il ne crut que parce qu'il trouva le tombeau ouvert, les linges sans le corps et le suaire plié à part.

Nondùm enim sciebant Scripturam, quia oportebat eum à mortuis resurgere.

Abierunt ergò iterùm discipuli ad semetipsos.

Maria autem stabat ad monumentum foris, plo. rans. Dùm ergò fleret, inclinavit se, et prospexit in monumentum;

Et vidit duos Angelos

in albis, sedentes, unum ad caput, et unum ad

rat corpus Jesu.

7. Car ils ne savaient pas encore qu'il fallait, d'après l'Écriture, qu'il ressuscitât

d'entre les morts 1.

8. Et les disciples s'en retournèrent chez eux, s'étonnant en eux-mêmes de ce qui était arrivé.

9. Or Madeleine étant revenue, se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait; et en pleurant elle se se pencha, et regarda dans le sépulcre 2:

10. Et elle vit deux anges vêtus de

pedes, ubi positum fue- blanc, assis l'un à la tête, l'autre aux pieds, à l'endroit où l'on avait posé le corps de Jésus.

Dicant ei illi: Mulier, quid ploras? Dicit eis: Quia tulerunt Dominum

suerunt eum.

11. Ils lui dirent Femme, pourquoi

meam, et nescio ubi po- pleurez-vous? Elle leur dit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et que je ne sais où ils l'ont mis.

Hæc cùm dixisset, conversa est retrorsùm, et vidit Jesum stanten; et non sciebat quia Jesus

est.

Dicit ei Jesus Mulier, quid ploras? quem quæ

ris? Illa existimans quia

hortulanus esset, dicit ei: Domine, si tu sustulisti

eur, dicito mihi ubi

posuisti eum; et ego

eum tollam.

12. Ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout; et elle ne savait pas que c'était lui.

13. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleurez-vous? Pensant que c'était le jardinier, elle lui dit : Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis, et je l'emporterai.

17. Le Sauveur le leur avait pourtant annoncé bien des fois; mais, pleins de l'idée d'un royaume temporel, ils avaient toujours compris le mot résurrection dans le sens d'élévation en gloire et en autorité.

9. Le tombeau de Notre-Seigneur était une pièce presque carrée, taillée dans le roc. Une moitié de cette pièce servait en quelque sorte de vestibule; l'autre moitié où se trouvait la pierre sur laquelle reposa le corps du Sauveur était plus profonde. Marie-Madeleine, qui se trouvait dans la première partie, devait se baisser pour voir dans la seconde.

Dicit ei Jesus : Maria. Conversa illa, dicit ei:

14. Jésus lui dit: Marie. Et Marie, sc

Rabboni (quod dicitur retournant, lui dit : Rabboni, ce qui signi

Magister).

Dicit ei Jesus: Noli

me tangere, nondùm enim ascendi ad Patrem

fie Maître.

15. Jésus lui dit : Ne me touchez point:

meum; vade autem ad je ne suis pas encore monté vers mon père1.

fratres meos, et dic

eis: Ascendo ad Patrem meum, et Patrem ves

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Mais allez à mes frères, et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu.

16. Or, les autres femmes s'étaient éloignées du tombeau pleines de crainte.

47. Et voilà que Jésus se présente à elles, en leur disant : La paix soit avec vous 2. Et elles s'approchèrent, embrassèrent ses pieds, et l'adorèrent.

18. Et Jésus leur dit : Ne craignez point; allez dire à mes frères qu'ils aillent en Galilée là ils me verront 3.

19. Alors elles s'en allèrent en hâte, et avec une grande joie, l'annoncer à ses disciples.

20. Et pendant qu'elles y allaient, quelques-uns des gardes vinrent à la ville et annoncèrent aux Princes des prêtres tout ce qui s'était passé.

1 y 15. C'est-à-dire, vous aurez le temps de me voir et de vous assurer que c'est bien moi.

217. Gr. zípere, gaudete, réjouissez-vous. C'était la salutation d'usage chez les Grecs; les Latins y ont substitué la leur, Avele, désirez (sous-entendu, et je suis à vos ordres pour vous servir). A notre tour, pour ne point déroger à la dignité du langage évangélique, nous avons remplacé l'une et l'autre par la formule usitée che les Juifs et dont Jésus-Christ s'est servi plusieurs fois en abordant ses apôtres. 318. C'est-à-dire, annoncez à ceux qui croient en moi la nouvelle de ma résurrection, et dites que l'on se rende dans la Galilée. Cet ordre de partir immédiatement pour la Galilée ne concernait point les apôtres, mais les soixante-douze disciples et beaucoup d'autres frères.

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