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nissait la table, rompait le pain et l'offrait aux convives. Ceux-ci ne commençaient à manger qu'après qu'il avait goûté aux mets. Jésus fit donc la prière accoutumée et rompit le pain et le leur offrit. Ce pain était devenu entre ses mains son propre corps; de sorte que NotreSeigneur est le premier qui ait donné l'Eucharistie sous une seule espèce. La nourriture céleste que le Christ, ce nouvel arbre de vie, nous donne dans la sainte Eucharistie est comme l'antidote du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, que nos parents mangèrent et qui leur procura, à eux et à leurs descendants, la mort de l'âme et du corps. Aujourd'hui un procédé tout contraire a lieu pour le salut de l'humanité rachetée. Car de même qu'il est dit d'Adam et d'Ève qu'après qu'ils eurent mangé, leurs yeux furent ouverts et qu'ils reconnurent leur nudité, ainsi les yeux des deux disciples sont ouverts, mais dans un sens opposé; car ils reconnaissaient qu'ils avaient présent devant eux ce même Jésus qui était mort pour eux sur la croix, et qu'ils avaient pris pour un autre. Les peuples païens avaient aussi des mystères et une communion, figures du mystère de l'Eucharistie. Mais chez la plupart d'entre eux, ces mystères étaient tellement défigurés, qu'il n'était presque plus possible d'y reconnaître l'idée qu'ils signifiaient et qui leur avait servi de fondement. Et cette altération était tellement monstrueuse chez plusieurs peuples, qu'on est obligé de l'attribuer en grande partie à l'influence des démons, qui, comme on le sait, avaient une si grande part dans les mystères du paganisme. (Dr SEPP.)

26. Et leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; et il disparut à leurs yeux. Le Seigneur se fit connaître à ces deux disciples, et après s'être fait connaître, il leur devint invisible. Il s'éloigna d'eux corporellement, mais eux le retinrent par la foi. De même le divin Maître a retiré à toute l'Église sa présence corporelle, en remontant au ciel, afin que la foi crût et s'élevât dans les cœurs. Car si vous ne croyez que ce que vous voyez, où est votre foi? mais si vous croyez ce que vous ne voyez pas, vous aurez le mérite et vous goûterez la récompense de la foi. Ce qui fait la sécurité de la foi, c'est que la vue de ce qu'elle a cru lui sera rendue. Ce que nous ne voyons pas viendra; oui, cela viendra, quoi qu'en puissent dire les hommes dans leurs doutes insensés. Quand? comment? où? Soyez certains que cela s'accomplira, alors même que vous ne le voudriez pas. Malheur à ceux qui n'ont point cru, car lorsque apparaîtra l'objet de la foi, il n'y aura pour eux que terreur et confusion, tandis que les croyants seront inondés de joie.

C'est pour le salut des hommes qu'il a pris notre nature, avec la mort qui en était le triste apanage. Il ressuscita au troisième jour, pour ne plus mourir; il a repris cette chair qu'il avait un instant déposée dans le tombeau, et nous a donné en lui-même le modèle de la résurrection pour ne plus mourir. Il est maintenant monté vers son Père, dans cette même chair qui a été crucifiée; il est assis à la droite de Dieu, ayant la même puissance, et lui communiquant le jugement qu'il doit prononcer lorsqu'il viendra, comme nous le croyons, pour juger les vivants et les morts: afin que, pour ce qui nous concerne, nous croyions que dans la poussière du tombeau nous reprendrons la même chair, les mêmes ossements, la même grandeur et la même organisation. Nous ressusciterons tous: c'est l'objet de notre foi; mais nous ne nous réjouirons de ce grand événement qu'autant que nous aurons vécu selon les principes de cette foi. (SAINT AUGUSTIN.)

ÉLÉVATION.

Pourquoi, Seigneur, permettez-vous cette longue obstination des apôtres et des disciples à ne pas croire aux premières nouvelles de votre glorieuse résurrection? C'est en vain que Marie-Madeleine leur déclare que vous vous êtes montré à elle et que vous lui avez ordonné de leur dire de se rendre en Galilée où ils devaient vous voir, ainsi que vous le leur aviez prédit; ils ont oublié les paroles du Maître et refusent de croire à son témoignage; les saintes femmes qui confirment ses paroles, ne sont pas mieux écoutées. C'est en vain que les deux disciples qui vous avaient rencontré sur le chemin d'Emmaüs, s'empressent de revenir à Jérusalem, et le cœur tout brûlant de vos discours divins, leur racontent comment ils vous avaient reconnu à la fraction du pain; ils ne trouvent que des hommes découragés et peu disposés à croire une nouvelle qui devait les transporter de joie. C'est qu'il fallait que ceux qui devaient annoncer par toute la terre JésusChrist ressuscité, fussent enfin convaincus du miracle qui était le fondement de leur prédication, et qu'ils en fussent convaincus jusqu'à répandre leur sang pour l'attester. Plus ils avaient été lents à croire, plus leurs paroles devaient avoir de force lorsqu'ils disent avec hardiesse: «Nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et ce que nous avons entendu.» Seigneur, nous vous disons comme les disciples d'Emmaüs Restez avec nous, parce qu'il se fait tard; parlez à nos cœurs, qu'ils deviennent brûlants de votre amour; nous lutterons alors sur le champ de bataille avec joie et confiance, et nous pourrons espérer d'entrer un jour en participation de votre bonheur éternel.

CHAPITRE CXVII.

1-14. Jésus apparaît à dix de ses apôtres, leur montre ses mains et ses pieds, mange en leur présences et leur donne le pouvoir de remettre les péchés (dans Jérusalem, le jour même de la résurrection)" -15-23. Il apparaît aux onze, bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru (le dimanche, huitième jour après la résurrection).

Dům autem hæc (loquantur), cùm serò esset die illo, unâ sabbatorum, et fores essent clausæ, ubi erant discipuli congregati propter metum Judæorum,

Venit Jesus et stetit in medio, et dixit eis: Pax vobis: ego sum, nolite

timere.

Conturbati verò, et conterriti, existimabant se spiritum videre.

Et dixit eis: Quid turbati estis, et cogitationes ascendunt in corda vestra?

Videte manus meas, et pedes, quia ego ipse sum: palpate, ei videte, quia spiritus carnem et ossa non habet, sicut me videtis habere,

a et

Et cùm hoc dixisset, Ostendit eis manus, latus, et pedes.

Luc, XXIV, 36-43; JEAN, XX, 19-31.

1. Pendant que les apôtres parlaient de cela 1, le soir du même jour qui était le premier de la semaine, rassemblés en un même lieu, et les portes étant fermées, dans la crainte des Juifs 2.

2. Jésus vint, et, debout au milieu d'eux, il leur dit : La paix soit avec vous : c'est moi, ne craignez point.

3. Mais eux, pleins de trouble et de frayeur, se figuraient voir un esprit.

4. Et il leur dit : Pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi ces pensées viennentelles dans vos cœurs?

5. Voyez mes mains et mes pieds, et que c'est bien moi; touchez et voyez : un esprit n'a ni chair ni os, et vous voyez que j'en ai.

6. Et ayant dit cela, il leur montra ses mains, son côté et ses pieds.

11. Par le témoignage des disciples d'Emmaüs, ajouté à celui des saintes femmes, les apôtres n'avaient pas été déterminés à croire; mais pourtant, ils en parlaient, comme on le voit ici.

2 ✈ 1. La cause de cette peur tenait, sans doute aussi, à la déclaration achetée des soldats romains que les disciples avaient enlevé le corps de Jésus. Saint Mathieu raconte les négociations qui eurent lieu avec les soldats; saint Jean rapporte la circonstance des portes fermées.

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d Gavisi sunt ergò discipuli, viso Domino.

• Adhuc autem illis non credentibus et mirantibus præ gaudio,

Dixit: Ilabetis hic aliquid quod manducetur?

At illi obtulerunt ei partem piscis assi, et favum mellis.

Et cùm manducasset coràm eis, sumens reliquias dedit eis.

CH. CXVII.

7. Or, les disciples furent remplis de joie en revoyant leur Maître.

8. Mais comme ils ne pouvaient encore en croire leurs yeux1, et que la joie les mettait hors d'eux-mêmes,

9. Jésus leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger?

10. Et ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un rayon de miel. 11. Et lorsqu'il eut mangé devant eux, prenant ce qui restait, il le leur distribua. 12. Et il leur dit de nouveau : La misit me Pater, et ego soit avec vous. Comme mon père m'a envoyé, ainsi moi-même je vous envoie 2.

Dixit ergò eis iterùm Pax vobis. Sicut

mitto vos.

Hæc cùm dixisset, insufflavit, et dixit eis: Accipite Spiritum Sanctum;

Quorum remiseritis peccata, remittuntur eis,

paix

43. Et ayant dit ces paroles, il souffla sur eux3, et leur dit : Recevez l'EspritSaint:

14. A ceux à qui vous remettrez les péet quorum retinueritis, chés, les péchés seront remis; et à ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus".

retenta sunt.

18. Ils croyaient jusqu'à un certain point, puisqu'ils étaient remplis de joie. Mais cette croyance n'était pas exempte de doute. C'est pour cela qu'il est dit qu'ils ne croyaient pas encore, parce qu'ils n'avaient pas la foi qui est incompatible avec le doute. Ils étaient charmés de le voir, mais ils doutaient si ce n'était pas une illusion ou un songe. Saint Augustin lisait ici: El adhuc trepidantibus et mirantibus præ gaudio, Et comme ils tremblaient encore, et que la joie les mettait hors d'euxmêmes. Ils tremblaient craignant de prendre un fantôme pour une réalité. Saint Pierre, à qui Jésus-Christ était déjà apparu, ne devait partager ni cette crainte ni ce manque de foi.

-

212. C'est-à-dire pour la même fin, qui est le salut des hommes; avec une portion de la même autorité, pour propager et gouverner l'Église; aux mêmes conditions, qui sont de prêcher par la parole et par l'exemple, comme aussi d'être prêts à tout souffrir pour la gloire de Dieu et le salut du monde; enfin, avec la promesse de la même récompense et de la même gloire.

313. Ce souffle de Jésus est le symbole de l'Esprit-Saint, qu'il commence à leur donner, et dont il les remplira le jour de la Pentecôte.

14. C'est-à-dire Dieu pardonnera les péchés à ceux à qui vous les remettrez

Thomas autem unus ex duodecim qui dicitur Didymus, non erat cum eis quando venit Jesus.

Dixerunt ergò ei alii discipuli Vidimus Dominum. Ille autem dixit eis: Nisi videro in mani

15. Or Thomas appelé Didyme, un des douze, n'était pas avec eux quand Jésus vint1.

16. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Il leur répon

bus ejus fixuram clavo- dit: Si je ne vois dans ses mains l'ouver

rum, et mittam digi

tum meum in locum clavorum, et mittam manum meam in latus ejus, non credam.

Et post dies octo, iterùm erant discipuli ejus intùs, et Thomas cum eis. Venit Jesus januis clausis, et stetit in medio, et dixit: Pax vobis.

Deindè dixit Thomæ : Infer digitum tuum hùc, et vide manus meas, et affer manum tuam, et mitte in latus meum, et noli esse incredulus, sed fidelis.

Respondit Thomas, et dixit ei: Dominus meus et Deus meus?

Dixit ei Jesus : Quia vidisti me, Thoma, credidisti beati qui non viderunt, et crediderunt.

ture faite par les clous, et si je ne mets mon doigt dans cette ouverture, et ma main dans son côté, je ne croirai point 2.

17. Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu et Thomas avec

eux, Jésus vint, les portes étant fermées; et, debout au milieu d'eux, il leur dit : La paix soit avec vous.

18. Puis, il dit à Thomas: Avancez votre doigt voici mes mains; approchez votre main et mettez-la dans mon côté; et ne soyez plus incrédule, mais fidèle.

19. Thomas, élevant la voix, lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu !

20. Jésus lui dit : Vous avez cru, Tho

mas, parce que vous avez vu. Heureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru.

par l'absolution, après avoir entendu la déclaration qu'ils vous en auront faite eux-mêmes, et après vous être assurés de la sincérité de leur conversion. Ces paroles s'adressent, en la personne des apôtres, à tous ceux qui doivent leur succéder dans leur ministère par une ordination légitime.

15. Thomas, qui était absent, a-t-il reçu le pouvoir de remettre et de retenir les péchés? Oui, nous dit saint Cyrille, par la même raison que Eldad et Médad recurent, quoique absents, le don de prophétiser. - Voici le passage des nombres : Et le Seigneur descendit en la nuée, et prenant de l'esprit qui était en Moïse, il en donna aux soixante-dix des anciens d'Israël, et ils prophétisèrent. Or, deux de ces vieillards étaient demeurés dans le camp, l'un s'appelait Eldad, et l'autre Médad; l'esprit se reposa sur eux, et ils n'étaient point allés au tabernacle.

216. Cette incrédulité et cette défiance de la part des apôtres nous indiquent suffisamment qu'ils n'ont pu être trompés sur la vérité de la résurrection de JésusChrist.

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