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Quia venient dies in te, et circumdabunt te

inimici tui vallo, et cir

cumdabunt te, et coan

gustabunt te undique;

et ad terram prosternent te et filios tuos qui in te sunt, et non relinquent in te lapidem

22. Viendront pour toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées ils t'environneront et te presseront de tous

côtés; et ils te renverseront dans la pous

super lapidem, eo quod sière, toi et tes fils qui seront dans tes murs; et ils ne laisseront pas de toi pierre sur

non cognoveris tempus visitationis tuæ.

pierre, parce que tu n'as point connu le temps où tu as été visitée.

22. On reconnaît dans cette prophétie la ligne de circonvallation que Titus fit tirer autour des murailles de Jérusalem pour la tenir bloquée.

6. Et, selon la parole de Jésus, ils trouvèrenl une ânesse et un ânon attachés dehors devant une porte, à l'angle de deux chemins. - Jésus avait prévu jusqu'aux moindres détails; et comme il voulait accomplir toutes les prophéties, une secrète Providence exécutait tout le reste. Ilse trouva précisément un vaisseau où il y avait du vinaigre; il se trouva une éponge dans laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa : on l'attacha au bout d'une lance, et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses ennemis que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrètement, fit tout le préparatif nécessaire pour l'accomplissement de la prophétie. Ainsi, dans cette occasion, l'ânesse et l'ânon se trouvèrent à point nommé près du lieu où devait se faire la célèbre entrée. Le maître les laisse aller; on met Jésus dessus, sans savoir ce qu'on fait; une soudaine joie saisit le peuple; les cris s'ensuivent; et Dieu agit secrètement, non pas sur deux ou sur quatre, ce que l'on pourrait attribuer à quelque concert, mais sur toute la multitude et jusque sur les enfants, parce qu'il était encore ainsi prédit. Si les plus petites choses s'accomplissent, tout, jusqu'à l'ânon et l'ânesse, et jusqu'au vinaigre, que crains-tu, chrétien? et peux-tu douter des magnifiques promesses qui t'ont été faites? Jésus a tout vu, tout prévu, pensé à tout, tout préparé: marche en confiance, et ne crains rien.

(Bossuet.)

14. Lorsque Jésus se fut mis en marche, un grand nombre étendirent leurs vêtements le long du chemin; d'autres coupaient des rameaux aux

différents arbres, et en jonchaient son passage, etc.-En cette occasion, il plut au Sauveur de laisser éclater l'admiration que les peuples avaient pour lui. C'est pourquoi ils accoururent au-devant de lui avec des palmes à la main, criant hautement qu'il était leur roi, le vrai fils de David qui devait venir, et enfin le Messie qu'ils attendaient. Les enfants se joignirent à ces cris de joie, et le témoignage sincère de cet âge innocent faisait voir combien ces transports étaient véritables. Jamais peuples n'en avaient tant fait à aucun roi ils jetaient leurs habits par terre sur son passage, ils coupaient à l'envi des rameaux verts pour en couvrir les chemins, et tout, jusqu'aux arbres, semblait vouloir s'incliner et s'abattre devant lui. Les plus riches tapisseries qu'on ait jamais tendues à l'entrée des rois n'égalent pas ces ornements simples et naturels. Tous les arbres ébranchés pour l'usage qu'on vient de voir, tout un peuple qui se dépouille pour parer en cette manière le chemin où passait son roi, fait un spectacle ravissant. Dans les autres. entrées, on ordonne aux peuples de parer les rues, et la joie, pour ainsi dire, est commandée. Ici tout se fait par le seul ravissement du peuple. Rien au-dehors ne frappait les yeux : ce roi pauvre et doux était monté sur un ânon, humble et paisible monture; ce n'était point sur ces chevaux fougueux, attelés à un chariot, dont la fierté attirait les regards. On ne voyait ni satellites, ni gardes, ni l'image des villes vaincues, ni leurs dépouilles ou leurs rois captifs. Les palmes qu'on portait devant lui marquaient d'autres victoires : tout l'appareil des triomphes ordinaires était banni de celui-ci. Mais on voyait à la place les malades qu'il avait guéris et les morts qu'il avait ressuscités. La personne du roi et le souvenir de ses miracles faisaient toute la recommandation de cette fête. Tout ce que l'art et la flatterie ont inventé pour honorer les conquérants dans leurs plus beaux jours cède à la simplicité et à la vérité qui paraissent dans celui-ci. On conduit le Sauveur avec cette pompe sacrée par le milieu de Jérusalem jusqu'à la montagne du temple. Il y paraît encore comme le seigneur et comme le maître, comme le fils de la maison, le Fils du Dieu qu'on y sert, ainsi que nous verrons. Ni Salomon, qui en fut le fondateur, ni les pontifes, qui officiaient avec tant d'éclat, n'y avaient jamais reçu de pareils honneurs. Arrêtons-nous ici, et donnons-nous le loisir de considérer le détail de ce grand spectacle. (BOSSUET.)

15. Et, pleins de joie, ses disciples, en différents groupes, se mirent à louer Dieu à haute voix. Ces fervents disciples, transportés de zèle pour la personne de leur Maître, n'attendent pas qu'il soit aux portes

de la ville pour se disposer à le recevoir; au premier bruit qu'ils entendent de sa venue; ils sortent de leurs maisons et, par respect, ils viennent au-devant de lui. De plus, ils se présentent à lui, les uns portant des branches de palmier, et les autres avec des branches d'olivier, qu'ils coupaient sur la montagne, selon la remarque expresse de l'Évangile. Or, la palme est le symbole de la victoire, et l'olive est le signe de la paix. Sous ces deux symboles, l'Esprit-Saint nous enseigne ⚫ que nous ne devons point approcher de Jésus-Christ, si nous ne portons la palme en témoignage de la victoire que nous avons remportée sur le péché, et l'olive pour signe de la paix que nous avons conclue avec Dieu. (BOURDALOUE.)

16. Et quelques-uns des Pharisiens, du milieu de la foule, dirent à Jésus: Maître, imposez silence à vos disciples. La jalousie les dévorait; et pendant que jusqu'aux enfants, tout criait qu'il était le fils de David, ils lui disaient: Maître, réprimez vos disciples; entendez-vous bien ce qu'ils disent? Il leur répondit deux choses, l'une: N'avez-vous jamais lu ce qui est écrit? Vous avez tiré la louange la plus parfaite de la bouche des petits enfants et de ceux qui sont à la mamelle. Vous devez-vous donc étonner si, dans un âge plus avancé, les enfants rendent à Dieu, en ma personne, des louanges et un témoignage plus éclatant? Si vous aviez la simplicité et la sincère disposition d'un âge innocent, vous loueriez Dieu comme eux; comme eux vous honoreriez celui qu'il envoie, mais votre envie, votre fausse gloire, votre hypocrisie et votre fausse politique vous en empêchent. Dépouillons-nous de tous ces vices, et revêtons-nous de l'innocence et de la simplicité des enfants, pour chanter sincèrement et purement les louanges de Jésus-Christ. Le Sauveur répondit encore au reproche des pontifes et des docteurs de la loi : Si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront. Dieu est assez puissant, disait Jean-Baptiste, pour faire naître même de ces pierres des enfants à Abraham, et des cœurs les plus endurcis, en faire de vrais fidèles. Le temps devait venir, et il était venu, que la gloire de Jésus-Christ retentirait si hautement par toute la terre, que les Gentils s'assembleraient à cette voix, et que Dieu serait adoré par un peuple qui jusqu'alors ne le connaissait pas, et qui dormait endurci dans son péché. O pierres, ô cœurs endurcis, éveillez-vous et attendrissez-vous à cette parole du Sauveur!

(BOSSUET.)

19. Béni soit le règne de David, notre père, qui va commencer. Voilà donc ce règne admirable prédit dans les psaumes, et tous les

peuples gagnés au Sauveur par le charme de sa parole et par la grâce répandue sur ses lèvres. Le prophète y ajoutait celle de la vérité qu'il annonçait, de la justice dont il était le parfait modèle, de la douceur et de la bonté avec laquelle il guérissait tous les malades, ne faisant servir sa puissance que pour le soulagement des malheureux et de tout le genre humain. Qui jamais avait régné de cette sorte? Mais c'est ainsi que Jésus régna. Ainsi sa doctrine et ses miracles firent tout l'effet extérieur qu'ils devaient faire naturellement sur tous les esprits. On le suivait, on l'admirait, on lui applaudissait, on le recevait avec des cris de joie; il n'y avait que ses envieux qui frémissaient et néanmoins n'osaient parler. Mais d'où vient donc qu'il eût si peu de véritables disciples? D'où vient que les cris qui l'envoyaient à la croix : crucifiezle, crucifiez-le, suivirent de si près ceux qui le célébraient comme le fils de David? Et que l'on compte à peine six-vingts hommes parmi les frères, c'est-à-dire parmi les disciples qui se renfermèrent dans le cénacle pour recevoir le Saint-Esprit? C'est que les disciples de JésusChrist ne sont pas ceux qui l'admirent, qui le louent, qui le célèbrent, qui le suivent même à l'extérieur et jusqu'à un certain point, mais ceux qui le suivent au-dedans et partout, qui observent tous ses préceptes, qui portent sa croix, qui se renoncent eux-mêmes, et le nombre en est petit, et il faut, outre les attraits de la parole et les miracles, une parole intérieure que tout le monde ne veut pas entendre, et un miracle qui change les cœurs dont notre orgueil et notre mollesse empêchent l'effet. (Bossuet.)

20. Quand Jésus fut près de Jérusalem, voyant cette ville, il pleura sur elle. Ce jour où le Fils de Dieu, accompagné de ses disciples, entra dans Jérusalem avec tant de solennité et au milieu des acclamations publiques, ce jour de la visite du Seigneur, c'était, selon l'expression de Jésus-Christ même, le jour de cette ville incrédule, parce que c'était en ce jour de grâce que le Sauveur des hommes venait répandre sur elle un nouveau rayon de sa lumière, et faire un dernier effort pour l'éclairer et la convertir. Il prévoyait de quels malheurs l'infidélité de ce peuple serait suivie, le profond aveuglement où il tomberait, les désolantes extrémités où l'ennemi le réduirait, le ravage affreux qui le ruinerait de fond en comble et le détruirait, la haine de toutes les nations qu'il encourrait. Tristes, mais immanquables effets de son opiniâtre résistance à la voix du ciel et aux pressantes recherches de la divine miséricorde ! Voilà, dis-je, ce qu'il avait en vue ce Rédempteur

d'Israël, et ce qu'il eût voulu prévenir en amollissant la dureté de ces cœurs jusque-là toujours rebelles, en les touchant par sa présence. (BOURDALOUE.)

21. Si toi aussi, tu avais connu, et même en ce jour qui s'offre encore à toi, si tu reconnaissais ce qui serait ton salut! Mais maintenant tout cela est caché à tes yeux. - Suivons Jésus et apprenons de saint Luc ce qu'il fit en descendant vers Jérusalem, et en approchant de ses portes et en la regardant. Dans les malheurs de Jérusalem que Jésus-Christ prédit, nous voyons ceux des âmes qui périssent. Il viendra, dit Jésus, un temps malheureux pour toi où tes ennemis t'environneront de tranchées, ils t'enfermeront et te serreront de toutes parts. Ainsi arriverat-il à Jérusalem de point en point; on sait les effroyables travaux que firent les Romains, et cette muraille qu'ils élevèrent autour de cette ville malheureuse, qui la serrait tous les jours de plus en plus, ce qui causa l'horrible famine que tout le monde attendait, où les mères mangeaient leurs enfants. Ainsi en arrivera-t-il à l'âme pécheresse, serrée de tous côtés par ses mauvaises habitudes. La grâce ni le pain de vie n'y pourront plus trouver d'entrée; elle périra de faim, elle sera accablée de ses péchés et il ne restera plus pierre sur pierre. Etrange état de cette âme, renversement universel de tout l'édifice intérieur! Plus de raison ni de partie haute, tout est abruti, tout est corps, tout est sens, tout est abattu entièrement à terre. Qu'est devenue cette belle architecture qui marquait la main de Dieu? Il n'y a plus rien, il n'y a plus pierre sur pierre, ni suite ni liaison dans cette âme, nulle pièce ne tient à une autre et le désordre y est universel. Pourquoi? Le principe en est ôté, Dieu, sa crainte, la conscience, ces premières impressions qui font sentir à la créature raisonnable qu'elle a un souverain. Ce fondement renversé, que peut-il rester en son entier? A ce triste spectacle Jésus ne peut retenir ses larmes. Si tu savais! ô âme, si tu savais! Il n'achève pas, les sanglots interrompent son discours, sa langue ne peut exprimer l'aveuglement de cette âme. Si tu savais ! du moins en ce jour qui t'est encore donné et où Dieu te visite par sa grâce. Il y a un jour que Dieu sait, après lequel il n'y a plus pour l'âme aucune ressource, parce que, dit Jésus, tu n'as pas connu le temps où Dieu te visitait. Quand une lumière intérieure te montrait tes crimes, quand tu es invitée à donner gloire à Dieu et que tout crie en toi qu'il faudrait se donner à lui (comme en ce jour de la visite de Jérusalem, tout le monde et jusqu'aux enfants criaient: ô fils de David!), si tu n'écoutes, le moment passe, cette grâce si vive et si forte ne reviendra plus. Tout ceci est caché à tes yeux. Si ton cœur est appesanti, tes yeux sont fermés et

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