French classics: A selection of tales by modern writers

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Gustave Masson
Clarendon Press, 1880
 

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Popular passages

Page 10 - Je me suis aperçu, par diverses observations , que l'homme est composé d'une âme et d'une bête. — Ces deux êtres sont absolument distincts, mais tellement emboîtés l'un dans l'autre, ou l'un sur l'autre, qu'il faut que l'âme ait une certaine supériorité sur la bête pour être en état d'en faire la distinction. Je tiens d'un vieux professeur ( c'est du plus loin qu'il me souvienne) que Platon appelait la 'matière l'autre.
Page ix - Rabelais sont inexcusables d'avoir semé l'ordure dans leurs écrits : tous deux avaient assez de génie et de naturel pour pouvoir s'en passer, même à l'égard de ceux qui cherchent moins à admirer qu'à rire dans un auteur. Rabelais surtout est incompréhensible. Son livre est une énigme , quoi qu'on veuille dire, inexplicable : c'est une chimère, c'est le visage d'une belle femme avec des pieds et une queue de serpent , ou de quelque autre bête plus difforme : c'est un monstrueux assemblage...
Page 9 - Un bon feu, des livres, des plumes, que de ressources contre 10 l'ennui ! et quel plaisir encore d'oublier ses livres et ses plumes pour tisonner son feu, en se livrant à quelque douce méditation, — ou en arrangeant quelques rimes pour égayer ses amis ; les heures glissent alors sur vous, et tombent en silence dans l'éternité, sans vous faire sentir leur triste passage.
Page 73 - ... une visite : je me glissai derrière le paravent; je m'échappai ; je courus dans ma chambre, où un déluge de larmes soulagea un instant mon pauvre cœur. C'était un grand changement dans ma vie, que la perte de ce prestige qui m'avait environnée jusqu'alors ! Il ya des illusions qui sont comme la lumière du jour; quand on les perd, tout disparaît avec elles. Dans la confusion des nouvelles idées qui m'assaillaient, je ne retrouvais plus rien de ce qui m'avait occupée jusqu'alors : c'était...
Page 246 - Réfléchissant depuis à cette verrue, je me suis imaginé que 30 tous les gens susceptibles ont ainsi quelque infirmité physique ou morale, quelque verrue occulte ou visible, qui les prédispose à se croire moqués de leur prochain. Ne riez pas devant ces gens-là : c'est rire d'eux ; ne parlez pas de loupe ni de bourgeon: c'est faire des allusions; jamais de Cicéron, de 35 Scipion Nasica: vous auriez une affaire.
Page 280 - Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps; Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur, Ce n'est pas un concert à dilater le cœur. Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.
Page 248 - Je dépose l'étonnant animal sur la première page de mon 10 cahier, la tarière bien pourvue d'encre; puis armé d'un brin de paille pour diriger les travaux et barrer les passages, je le force à se promener de telle façon qu'il écrive lui-même mon nom ! Il fallut deux heures ; mais quel chef-d'œuvre ! La plus noble conquête que...
Page 247 - Berquin, qu'une bonne action ne reste jamais sans récompense. Mon hanneton s'était accroché aux barbes de la plume, et je l'y laissais reprendre ses sens pendant que j'écrivais une ligne, plus attentif à ses faits et gestes qu'à ceux de Jules César, qu'en ce moment je traduisais. S'envolerait-il, ou descendrait-il le long de la plume? A quoi tiennent pourtant les choses! S'il avait pris le premier parti, c'était fait de ma découverte, je ne l'entrevoyais même pas. Bien heureusement il se...
Page 271 - Quand on a des dispositions, et qu'on veut étudier, on fait des progrès rapides. A quoi vous sert d'avoir de l'esprit, si vous ne l'employez pas, et q'ie vous ne vous appliquiez pas?
Page 247 - L'animal grimpait péniblement les parois pour retomber bientôt, et recommencer sans cesse et sans fin. Quelquefois il retombait sur le dos; c'est, vous le savez, pour un hanneton un très-grand malheur. Avant de lui porter secours, je contemplais sa longanimité à promener lentement ses six bras par l'espace, dans l'espoir toujours déçu de s'accrocher à un corps qui n'y est pas. — " C'est vrai que les hannetons sont bêtes !

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