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hommes descendent de Deucalion, qui est le même que Noé. Les Chinois, les nations septentrionales de l'Europe, les peuples du Mexique croyoient qu'après le déluge la terre ne fut repeuplée que par un seul homme. Une tradition américaine porte que les hommes sont nés de quatre femmes qui échappèrent au déluge avec Noé et ses trois fils. Japétus, père des Européens, Jon, ou comme on l'écrivoit autrefois Javon, le père des Grecs, et Hammon qui s'établit en Afrique, ne sont-ils pas visiblement le Japhet, le Javan et le Cham de la Genèse? Saint Jérôme remarque que, de son temps, les Egyptiens appeloient encore l'Egypte du nom de Cham. Josèphe et quantité d'autres auteurs ont découvert dans les noms de beaucoup de peuples, des traces sensibles de ceux qui se trouvent dans la Genèse.

X. On lit dans la Genèse, qu'avant la dispersion des enfans de Noé, il n'y avoit qu'une seule langue pour tous les hommes. Ils entreprirent d'élever une tour qui devoit aller jusqu'au ciel (c'est-à dire fort haut); mais le Seigneur irrité de l'orgueil des hommes, confondit tellement leur langage, qu'ils ne s'entendoient plus les uns les autres, et qu'ils furent forcés de se disperser dans tous les pays du monde.

Josèphe cite le passage d'une certaine sybille tout-à-fait conforme au récit de Moïse. Il y est rapporté « que les hommes n'avoient d'abord qu'un même langage, qu'ils bâtirent une >> tour si haute, qu'il sembloit qu'elle dût s'élever jusqu'aux cieux, que les dieux excitèrent » une si violente tempête qu'elle fut renversée, et que ceux qui la bâtissoient parlèrent en » un moment diverses langues; ce qui fut cause qu'on donna le nom de Babylone à la ville » qui fut bâtie dans ce même lieu. » Eusèbe rapporte un passage d'Abydène où l'on trouve le même fait et les mêmes circonstances. Eupolème, Artapan, cités par Alexandre-Polyhistor, disent qu'il est mention de la tour de Babylone dans toutes les histoires, et que cette tour a été bâtie par les géans qui avoient échappé au déluge, et qu'elle fut aussitôt renversée par les dieux qui dispersèrent les géans par toute la terre. L'entreprise téméraire des géans de la fable, qui tentèrent d'escalader les cieux, n'est bien vraisemblablement qu'une altération de l'histoire de la tour de Babel, que les hommes vouloient élever jusqu'au ciel, c'est-à-dire le plus haut possible.

XI. L'embrasement de Sodome, rapporté dans la première partie du Pentateuque, est confirmé par les témoignages de Diodore de Sicile (liv. 19), de Strabon (liv. 16), de Tacite (liv. 5), de Pline et de Solin.

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XII. Herodote, Diodore de Sicile, Strabon, Philon, des nations entières issues d'Abraham, les Hébreux, les Iduméens et les Ismaélites, confirment ce que Moïse nous apprend de la circoncision. L'histoire d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de Joseph, se trouvoit autrefois dans les livres de Sanchoniaton, dans ceux de Bérose, d'Hécatée, de Nicolas de Damas, d'Artapan, d'Eupolème, de Démétrius, et dans les Vers orphiques. Justin, dans son Abrégée des livres de Trogue-Pompée, en a conservé une partie. Bérose dit : « qu'au » dixième âge, après le déluge, il y avoit en Chaldée un homme fort juste et fort intelligent » dans la science de l'astrologie.» (Josèphe, Ant. liv. 1.) Le temps et le lieu cadrent ici avec ce que l'Ecriture nous dit d'Abraham. Nicolas de Damas rapporte « que ce patriarche >> sortit du pays des Chaldéens avec une grande troupe, qu'il regna en Damas, en partit >> ensuite avec son peuple, s'établit dans la terre de Chanaan qui se nomme actuellement »Judée, où sa postérité se multiplia d'une manière incroyable; que le nom d'Abraham » étoit encore (du temps de l'auteur) fort célèbre et en grande vénération dans le pays » Damas; qu'on y voyoit un bourg qui portoit son nom, et où l'on dit qu'il demeuroit. » Ainsi Moïse est d'accord avec tous les anciens sur l'existence d'un Dieu créateur du ciel et de la terre, sur la description du chaos, la nuit qui précéda le jour, la séparation des élémens, la création de l'homme fait à l'image de Dieu, les animaux nés de la matière, l'observance du septième jour consacré au culte de Dieu, la félicité primitive de l'homme, le déluge, la renaissance du monde et la vie des patriarches. Voilà ce qui a été cru de tous les temps, par toutes les nations, sur la foi des historiens et des traditions les plus anciennes; et voilà aussi ce que Moïse nous a rapporté. Voudroit-on rejeter son témoignage ou lui donner moins de créance, parce qu'il expose avec une netteté singulière l'histoire de ce qui est arrivé? Qui ne voit que cette grande précision dans les faits est la suite nécessaire d'une supériorité de connoissances dans les circonstances qui ont dû accompagner tous ces événemens? La tradition orale, telle qu'elle existoit dans l'origine du genre humain, n'a pu transmettre à la postérité que des histoires confuses, sans suite, sans liaison; ensorte que, si la révélation n'étoit venue à notre secours, il eût été presque impossible de pouvoir jamais débrouiller un tel chaos. Tous les peuples avoient retenu la coutume de fêter le septième jour; mais la circonstance du monde créé en six jours, et du jour de repos que Dieu luimême s'étoit réservé, s'étant perdue, ils ne lioient point cette observance avec l'histoire de la création. Il en est de même du reste : l'âge d'or leur rappeloit l'idée du paradis terrestre ;

mais faute d'avoir conservé quelques circonstances relatives à cet état primitif, ils ne pouvoient remonter jusqu'à la source de cette tradition, et s'en former des idées aussi nettes que le peuple hébreu. De même, ils n'avoient retenu de la création du monde que quelques faits particuliers, qu'ils ont pour la plupart mêlés et confondus; au lieu que Moïse, rapportant l'histoire de ce mémorable événement dans l'ordre dans lequel il est arrivé, présente un tableau net et précis de ce qui a été fait chaque jour. Ainsi tout s'accorde, puisque les événemens principaux se rapportent exactement: mais, d'un côté, l'on ne voit que la masse des objets, un plan informe, tel, en un mot, qu'il devoit être par la soustraction de plusieurs circonstances essentielles à sa perfection; au lieu que l'on voit de l'autre un ordre si admirable, une suite d'événemens tellement dépendans les uns des autres, des détails, des rapports si sensibles, qu'il seroit difficile de n'en être pas frappé. Voyez les notes de Jean Le Clerc, dans le Traité de la Religion par Grotius.

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Moïse marque précisément le temps de la création du monde. Il nous apprend le nom du premier homme. Il traverse les siècles depuis ce premier moment, jusqu'au temps où il écrivoit, passant de génération en génération, et marquant le temps de la naissance et de la mort des hommes qui servent à sa chronologie. Si on prouve que la monde ait existé avant le temps marqué dans cette chronologie, on a raison de rejeter cette histoire. Mais si on n'a point d'argument pour attribuer au monde une existence plus ancienne, c'est agir contre le bon sens, de ne pas la recevoir. Il y auroit trop de crédulité à croire ce que chaque nation dit de son antiquité : la ressemblance d'un nom, une étymologie, suffit souvent pour faire une généalogie fabuleuse. C'est assez de trouver dans l'histoire un Francus fils de Priam, pour en faire le premier roi des Français. Ces sortes de larcins se commettent sans peine dans les ténèbres d'une antiquité inconnue, et ce seroit encore un plus grand travail de les réfuter, parce que le fait, quelque chimérique qu'il soit, n'est pas impossible. Mais la supposition de Moïse donne prise sur elle de tous les côtés, si elle est fausse. Il prétend que le monde n'étoit pas avant le temps qu'il a marqué dans son histoire. Parlant du monde, il renferme tout; il n'y avoit rien auparavant, rien que Dieu. La thèse est de trop grande étendue pour ne pouvoir être facilement convaincue de faux, si elle n'est pas véritable. Quand on fait attention que Moïse ne donne au monde qu'environ deux mille quatre cent dix ans, selon l'hébreu, ou trois mille neuf cent quarante-trois ans, selon le grec, à compter du temps où il écrivoit, il y a sujet de s'étonner qu'il ait si peu étendu la durée du monde, s'il n'eût été persuadé de cette vérité. Moïse, quel qu'il ait été, étoit un homme de bon sens; ses écrits ne permettent pas qu'on en doute. Pourquoi donc n'auroit-il pas donné au monde des millions de siècles, afin de poser à coup sûr une époque qu'on ne pût réfuter? La première pensée d'un imposteur iroit là. Car enfin, on peut bien connoître l'histoire de sa nation et de ses voisins, et s'assurer de leur origine. Mais parler de l'univers entier, et soutenir qu'il n'y avoit rien du tout, à remonter au-delà de trois ou de quatre mille ans, cette supposition me paroît si hardie et si téméraire, qu'elle ne tombera jamais dans l'esprit d'un homme sensé, à moins qu'il ne soit convaincu de sa vérité. Après tout, que faisoit cette hypothèse d'un monde si nouveau pour l'honneur de Moïse, de son histoire ou de sa nation? Si on remonte plus haut qu'Abraham, on ne trouve dans cette histoire rien de particulier ni de distingué pour le peuple juif. Les premiers rois et les premiers empires se voient chez les Egyptiens et chez les Assyriens.

Enfin les philosophes ont presque tous cru que le monde étoit beaucoup plus ancien que ne le fait l'histoire de la Genèse. Comment donc Moïse ne lui donne-t-il que trois ou quatre mille ans? S'il a dit faux, ne sera-t-il pas facile de l'en convaincre ?

Mais il ne s'est pas arrêté là. Il s'est retranché plus de la moitié de son calcul par l'his toire du déluge. Car depuis cette inondation universelle, qui fit périr tout le genre humain, excepté huit personnes qui composoient la famille de Noé, jusqu'au temps de Moïse, il n'y a, selon le compte des Hébreux, que sept cent cinquante-quatre ans, ou selon le calcul des Grecs, seize cent quatre-vingt-sept ans. C'est bien peu en vérité, pour la durée du monde ! Il y a aujourd'hui des familles qui ont des preuves certaines et des titres incontestables d'une plus grande antiquité?

Mais à quoi bon Moïse se seroit-il précipité lui-même, sans aucune nécessité, dans des détroits, dans des entraves d'où il étoit impossible de sortir, que par la force et par l'évidence de la vérité? Rien ne l'obligeoit à nous faire l'histoire d'un déluge universel. Elle ne

fait rien à son plan ni à son dessein. Un imposteur cherche du moins la vraisemblance autant qu'il peut; et rien ne paroît moins vraisemblable que ce déluge. C'est une renaissance du monde, qui rappelle le genre humain à Noé, comme à une seconde souche. Si on prouve qu'il y ait un homme au monde, qui tire son origine d'une autre source que de Noé, son bistoire est fausse.

Il faut, pour soutenir ce système, voir au temps de Moïse la terre peuplée d'une seule famille de l'Asie, qui n'étoit composée que de huit personnes, il y a sept cents ans, ou seize siècles tout au plus. Il me semble que la question étoit facile à détruire, si elle eût été fausse; et je ne comprends pas qu'un imposteur ait voulu s'exposer de la sorte, pour peu qu'il ait eu d'esprit et de bon sens.

Ce n'est pas encore tout. Moïse nous marque un temps, dans son histoire, auquel tous les hommes parloient un même langage. Si avant ce temps-là on trouve dans le monde des nations, des inscriptions de différentes langues, la supposition de Moïse tombe d'ellemême. Depuis Moïse, en remontant à la confusion des langages, il n'y a dans l'hébreu que six siècles ou environ, et onze selon les Grecs. Ce ne doit plus être une antiquité absolument ́inconnue. Il ne s'agit plus que de savoir si, en traversant douze siècles tout au plus, on peut trouver en quelque lieu de la terre un langage, entre les hommes, diffèrent de la langue primitive usitée, à ce qu'on prétend, parmi les habitans de l'Asie.

Il faut faire ici une remarque très-considérable. Moïse avoit demeuré avec les Egyptiens. Il le dit, et toutes les histoires profanes le confirment. Il étoit de plus leur voisin, et n'étoit pas aussi fort éloigné des Chaldéens et des Assyriens; ces nations passent, sans aucun contredit, pour les plus anciennes du monde. Moïse n'étoit pas loin de la ville de Joppe; Pline et Solin après lui, assurent qu'elle fut bâtie avant le déluge. On peut donc dire de Moïse et des Israelites, qu'ils étoient environnés des antiquités du monde. Il faut encore remarquer que Moïse n'ignoroit pas que le langage des Syriens et des Egyptiens étoit fort différent de celui des Hébreux. Cette colonne que Laban et Jacob élevèrent, pour témoignage de leur réconciliation, fut nommé par Jacob Galhed, et par Laban Jegar Sahadutha. Le roi d'Egypte ordonna, quand il voulut honorer Joseph, qu'on cût à crier devant lui abrec; il le nomma Tsaphenath-Pahaneah, ayant égard apparemment à la déclaration qu'il lui avoit donnée de son songe. Ce langage est fort éloigné de l'hébreu, et je ne sais s'il est resté chez les cophtes d'aujourd'hui assez de vestiges de cette langue antique ponr en deviner la signification.

Quoiqu'il en soit, Moïse, qui n'ignoroit rien de ces choses, soutient pourtant que les hommes ne se servoient, onze siècles auparavant, que d'un seul langage. Si cela n'étoit pas véritable, Moïse a voulu entreprendre de prouver qu'il étoit nuit en plein midi. quelot, Dissertation sur l'existence de Dieu, tome 1.

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Cette tradition des patriarches étoit encore toute récente au temps de Moïse. Les premières années de cet historien étoient peu éloignées des dernières d'Abraham, dont la naissance concouroit avec la mort de Noé, qui avoit vécu pendant plusieurs siècles avec Mathusala et Lamech, tous deux contemporains d'Adam.

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De si longues vies, et un si petit nombre de générations, rapprochoient presqu'autant l'origine du monde du temps de Moïse, que si la chose s'étoit passée depuis deux ou trois siècles, entre des personnes d'une vie ordinaire. Car entre la mort de Noé, qui touchoit de si près Adam, arrivé 350 ans après le déluge, et la naissance de Moïse, en 777, il n'y a guère plus de quatre générations, dont celle d'Abraham est la première, étant né deux ans après la mort de Noé, et par conséquent en 352, et Joseph, mort en 713, est la dernière. Si Moïse avoit eu d'autre vue que celle de fixer dans une histoire écrite ce qui étoit connu presque tous les peuples, et qui faisoit l'une des plus essentielles parties des monumens et de la religion de la famille d'Abraham, il n'auroit pas fait vivre si long-temps des témoins qui auroient déposé contre lui, et qui auroient rendu sensibles toutes les erreurs de ses dates, et fait douter, par conséquent, de tous les événemens qu'il y avoit attachés. Il se seroit mis en sûreté, en éloignant l'origine du monde, et en multipliant les générations, s'il n'avoit dit ce qu'on savoit déjà, en remontant d'àge en âge. Et il est visible que ses annales étoient les annales publiques, avant qu'il les écrivit, puisqu'il ne prend aucune précaution pour être cru, et qu'il multiplie tout ce qui peut servir de preuve contre lui, s'il n'est pas fidèle.

Cela suffiroit pour une histoire ordinaire; mais ce n'est pas assez pour une histoire qui sert de fondement à la religion, et qui est le commencement de la révélation divine. 'Si Moïse nous mettoit en main les Ecritures, sans prouver sa mission, nous pourrions le croire bien instruit et fidèle; mais son autorité n'auroit pas droit de soumettre tous les esprits; et notre foi, n'ayant qu'un appui humain, ne seroit au plus que le bon usage de la raison. Il faut, pour nous rassurer pleinement, que Dieu lui-même rende témoignage à Moïse, comme à son prophète, qu'il l'envoie pour délivrer son peuple; qu'il fasse pour lui une infinité de prodiges en Egypte, au passage de la mer, à la montagne de Sinaï et dans le désert; que ces prodiges aient pour témoins toutes les tribus d'Israël; que l'indocilité d'un peuple porté à la révolte et au murmure, soit contrainte de céder à leur évidence; que son culte public et que ses principales solennités aient pour fondement ces prodiges; que les livres où ils sont écrits lui soient donnés par Moïse même; que ces livres soient révérés comme divins, quoique pleins de reproches contre le peuple qui les révère, et qu'ils marquent en détail ses désobéissances et ses crimes; que la terre s'ouvre sous les pieds de ceux qui osent révoquer en doute que Dieu parle par Moïse, et qu'il ne soit autre chose que son ministre et son prophète. Vous reconnoîtrez à ceci que c'est le Seigneur qui m'a envoyé, pour faire tout ce que vous voyez, et que ce n'est point moi qui l'ai inventé de ma téle (Num. c. 16, . 28); en un mot, que Dieu lui parle si clairement, si publiquement, si fréquemment, et d'une manière si privilégiée, qu'il le traite plutôt comme un ami à qui il se découvre sans énigme, et pour qui il n'a rien de caché, que comme un prophète ordinaire. A de telles preuves, je n'aurai qu'à l'écouter, et qu'à me soumettre. Ce sera Dieu même qui m'instruira, et ce sera à sa révélation que je sacrifierai non-seulement mes conjectures et mes doutes, mais aussi mon intelligence et ma raison.

C'est après cette foule de témoignages que j'ouvre les livres de Moïse, et je n'ai garde de lui demander des preuves tirées des monumens anciens, pour ajouter foi à une histoire qui précède nécessairement tous les monumens qui peuvent rester parmi les hommes. Aussi la commence-t-il comme si Dieu même parloit, sans préface, sans exorde, sans inviter les hommes à le croire, sans douter qu'il ne soit cru. La lumière qui l'éclaire et l'autorité qui l'envoie sont également ses garans. La majesté divine éclate seule, et son ministre disparoît.

Mais supposons pour un moment que, par condescendance pour notre foiblesse, Moïse eût voulu nous donner des preuves humaines de la vérité de son histoire, d'où les auroitil pu tirer? Que restoit-il de l'ancien monde après le déluge, que la famille de Noé, seule dépositaire des premières traditions, dont celle de la création étoit la principale? Mais quand on auroit consulté tous les hommes, avant qu'ils eussent été submergés, que nous auroientils pu apprendre de la première origine du monde? Quel homme a précédé le premier? Ce premier même, que savoit-il de la création du ciel et de la terre, à laquelle il n'avoit pas assisté? Où étiez-vous, lorsque j'établissois la terre sur ses fondemens, dit Dieu à Job? Qu'eût-il connu de l'ouvrage des six jours, si Dieu ne le lui eût appris? Qui ne voit que c'est demander une chose impossible et contraire à la raison, que de demander des preuves historiques d'un événement que la seule révélation divine a pù nous apprendre? Et qui de nous est assez reconnoissant pour rendre à la divine Providence de dignes actions de grâces, de ce qu'elle a réuni dans Moïse tout ce qui étoit capable de le faire respecter comme un homme inspiré, qui ne disoit aux hommes que ce que Dieu vouloit lui même leur révéler sur le passé et sur l'avenir? - Duguet, Explication du livre de la Genèse, etc. t. 1.

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Notre globe nous offre partout des traces si évidentes du déluge, qu'aucune vérité physique n'est aujourd'hui regardée comme plus certaine par les géologues. « Je pense avec » MM. de Luc Dolomieu, dit M. Cuvier, que s'il y a quelque chose de constaté en géo»logie, c'est que la surface de notre globe a été victime d'une grande et subite révolu» tion, dont la date ne peut remonter beaucoup au-delà de cinq ou six mille ans; que cette >> révolution a enfoncé et fait disparoître le pays qu'habitoient auparavant les hommes et les » espèces d'animaux aujourd'hui les plus connus; qu'elle a, au contraire, mis à sec le fond ›› de la dernière mer, et en a formé aujourd'hui les pays habités; que c'est depuis cette ré>volution que le petit nombre des individus épargnés par elle se sont propagés sur les terrains nouvellement mis à sec; et, par conséquent, que c'est depuis cette époque seulement >> que nos sociétés ont repris une marche progressive, qu'elles ont formé des établissemens, 3.

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» recueilli des faits naturels, et combiné des systèmes scientifiques. préliminaires des Recherches sur les ossemens fossiles des quadrupèdes.

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Cuvier, Discours

Les molinistes n'enseignent point que Dieu donne à tous indifféremment la méme grace. M. Bergier lui-même en convient, lorsqu'il dit que les molinistes, en reconnoissant que Dieu donne à tous les secours nécessaires suffisans pour opérer leur salut, enseignent qu'il en accorde aux uns plus qu'aux autres, selon son bon plaisir. Voyez l'article MOLINISME.

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Tous les anciens docteurs de l'Eglise d'Orient, les Clément d'Alexandrie, les Athanase, les Basile, les Cyrille, les Chrysostôme, etc., ont reconnu la primatie de Rome, n'ont fait qu'un esprit et qu'un corps avec l'Eglise de Rome: autant de témoins contre les prétentions des Grecs modernes.

Les Grecs modernes ont eux-mêmes reconnu solennellement, aux conciles de Lyon et de Florence, la nécessité de renoncer à leur schisme, et de s'attacher au centre de l'unité, qui est le siége de Pierre. L'empereur en personne, dans le concile de Florence, s'est soumis au chef de l'Eglise universelle. Voltaire parle de cet événement comme du triomphe le plus complet de l'Eglise de Rome (Annal. de l'emp. tom. 2, p. 87; Ibid. t. 1, p. 178). Le même auteur observe qu'en 1705, Démétrius, chassé du trône de Russie, en appela au pape comme au juge de tous les chrétiens. Le duc Basile a reconnu la même qualité dans le pape durant la légation du P. Possevin. Le P. Papebroch (Act. sanct. maj. tom. 1, Ephrem. græc. et mosc. n. xj), montre que les Russes n'ont suivi que fort tard le schisme des Grecs. En Pologne, Transylvanie, Syrie, Grèce, Perse, etc. un grand nombre de Grecs adhèrent encore aujourd'hui à cette Eglise, comme à la mère et à la reine de toutes les Eglises.

Le ressort de cette Eglise schismatique, en y comprenant même les Russes, n'est pas comparable à celui de l'Eglise romaine, qui tient dans sa dépendance les régions les plus peuplées de l'Europe, la plus grande partie de l'Amérique, des fidèles sans nombre dans l'empire ottoman, et, comme nous avons dit ailleurs, dans toutes les régions du monde. La pauvre Eglise grecque, dont on peut dire avec saint Paul, qu'elle est servante et qu'elle est en esclavage avec ses enfans (Galat. 4), depuis sa séparation, ne s'est point étendue, et a paru absolument dépouillée du principe de fécondité que Jésus-Christ a laissé à ses apôtres. Les nouvelles conversions faites dans l'Amérique, à la Chine, au Japon, dans les Indes, etc. sont les fruits de l'Eglise de Rome.

L'ignorance prodigieuse, la stupide superstition où sont réduits les peuples et les ministres de cette Eglise isolée, entraînent nécessairement les grands abus et les désordres énormes qu'on lui reproche en matière de religion; depuis un grand nombre de siècles, elle n'a plus cu de docteur célèbre, ni de concile qui ait mérité quelque attention. Les derniers Grecs savans, tels que Bessarion, Allatius, Arcudius, etc. ont été attachés à l'Eglise romaine. «Si l'on fait le parallèle du clergé grec avec le clergé latin, dit Montesquieu (Grandeur » et décad. des Romains, c. 22), si l'on compare la conduite des papes avec celle des >> patriarches de Constantinople, l'on verra des gens aussi sages que les autres étoient peu » sensés. » — · Cathéchisme philosophique de Feller, tom. 2.

FIN DES NOTES.

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