DE CHIMIE MÉDICALE, DE PHARMACIE, DE TOXICOLOGIE, ET REVUE DES NOUVELLES SCIENTIFIQUES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES, PAR LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE CHIMIE MÉDICALE. BÉCHET JEUNE, LIBRAIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N. 4. mnin DE CHIMIE MÉDICALE, DE PHARMACIE ET DE TOXICOLOGIE. ww RECHERCHES SUR LES EFFETS DE L'OXIDE DE FER HYDRATÉ DANS LES EMPOISONNEMENS PAR L'ARSENIC. Lues à l'Académie Royale de Médecine, le 9 décembre 1834; par MM. SOUBEIRAN et MIQUEL. i Ces recherches, dans lesquelles l'habileté de M. Nonat, élève de M. Magendie, a été fort utile pour la partie physiologique, ont fourni en résumé les résultats suivans: Le 28 octobre, 24 grains d'arsenic ont été donnés à un chien; vingt minutes après on a administré 4 gros d'hydrate de peroxide de fer dans de l'eau : le chien, qui avait eu des vomissemens, est resté triste; mais en deux jours il était complètement guéri. P Le même jour, un chien de petite taille a pris to grains d'arsenic et aussitôt de l'hydrate de fer: il a été rétabli l'après-midi. 11. Un nouvel essai a été fait sur trois chiens, en leur laissant la liberté de vomir, ils étaient bien le soir; il fallait donc arriver à la ligature de l'œsophage pour obtenir un résultat concluant. Chaque fois, du reste, le contre-poison a été donné à une dose douze fois plus considérable que l'arsenic. L'œsophage a été lié sur un chien barbet sans qu'il ait pris de l'arsenic, il est mort en 78 heures. Sur un autre barbet, on a administré douze grains d'arsenic blanc et lié l'œsophage: mort au bout de deux heures. Un autre a pris 9 grains d'arsenic, l'œsophage étant lié, et est mort deux heures et demie après. L'effet du poison et de la ligature était donc hors de doute. Alors nouvelle série d'expériences : Un chien de petite taille a pris 12 grains d'arsenic; immédiatement après de l'hydrate de fer et ligature de l'œsophage: en deux ou trois heures les symptômes extérieurs d'empoisonnement avaient disparu; vingt-quatre heures après on a détaché l'œsophage, on a donné du lait à l'animal, qui n'est mort que le sixième jour. Deux caniches traités de la même manière sont morts, l'un en soixante douze heures, et l'autre en quatre-vingttrois. : Il restait alors à déterminer si l'oxide de fer arrêterait l'empoisonnement quand l'arsenic aurait eu le temps d'agir. Un chien de moyenne taille a pris 12 grains d'arsenic'; deux heures et demie après, l'oxide de fer: mort au bout d'un quart d'heure. ! On a donné à un chien de haute taille 18 grains d'ar. senic: il y a eu des efforts de vomissemens; au bout d'une heure on a ouvert l'œsophage et administré le contre-poison, il a vécu quatre-vingt-dix heures, du 4 au 7 novembre. Huit grains d'acide arsénieux ont été administrés à un autre chien, au bout d'une heure le contre-poison: mort vingt-quatre heures après. Douze grains d'acide arsénieux, incorporés dans de la graisse de viande, ont été donnés à un chien barbet. L'hydrate a été donné: le bol alimentaire a passé dans l'intestin grêle, une partie de l'acide a été sans doute absorbée, et l'animal est mort en trente-huit heures; on a retrouvé quelques fragmens de poison dans les replis de la muqueuse de l'es tomac. Ainsi dans quatre expériences, mort lente; chez l'un, le poison a été tout-à-fait neutralisé. Il est donc possible de retirer de bons effets de l'ingestion de l'oxide de fer quelques temps après la prise du poison. L'hydrate qui a servi aux expériences provenait d'une oxydation du sulfate de fer du commerce, par l'action de l'acide nitrique. Dans cette opération, l'hydrate est précipité par l'ammoníaque liquide. Ce précipité doit être lavé suffisamment, la quantité d'oxide de fer est environ le tiers en poids du sulfate employé; il doit être administré dans la proportion de trente-six fois environ le poids de l'acide arsénieux ingéré. Plusieurs expériences ont été faites avec de l'oxide desséché, les résultats ont été constamment nuls. De ces expériences il résulte, dit M. Soubeiran, que l'hydrate de tritoxide de fer est un contre-poison de l'acide arsénieux, dans le cas où cet acide n'est pas rendu inaccessible au tritoxide par un corps qui lui sert d'enveloppe. Des expériences ont été entreprises dans le même but, å l'école d'Alfort; nous en ferons connaître les résultats. J. F. 1 |