Discours populaires

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G. Charpentier et E. Fasquelle, 1893 - 378 pages
 

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Popular passages

Page 157 - Et cependant on voit tomber derrière soi tout ce qu'on avait passé ; fracas effroyable, inévitable ruine ! On se console parce qu'on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu'on voit se faner entre ses mains du matin au soir, quelques fruits qu'on perd en les goûtant.
Page 286 - L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.
Page 305 - ... C'est un sujet peu connu en France, mais curieux, que je crois fort beau, et qui, je l'espère, ne vous déplaira pas. D'abord, qu'est-ce qu'un chant populaire? Il faut s'entendre sur ce mot. Il est susceptible d'être entendu de plus d'une façon. Ainsi, par exemple, à Paris, nous ne pouvons guère sortir dans la rue ni même rester chez nous , sans qu'un orgue infernal , tourné par une main infatigable, ne vienne nous jouer des airs qui sont, dit-on, populaires, et dont la musique est quelquefois...
Page 157 - Non , non, il faut marcher, il faut courir, telle est la rapidité des années. On se console pourtant, parce que de temps en temps on rencontre des objets qui nous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent. On voudrait arrêter ; marche, marche.
Page 311 - Ah! dites, ma mère, ma mie, — Ce que j'entends clouer ici? — Ma fille, c'est le charpentier, — Qui raccommode le plancher! » « Ah! dites, ma mère, ma mie, — Ce que j'entends chanter ici ? — Ma fille, c'est la procession — Qui fait le tour de la maison ! » « Mais dites, ma mère, ma mie, — Pourquoi donc pleurez-vous ainsi?
Page 311 - ... maison. — Mais, dites, ma mère, ma mie, Pourquoi donc pleurez-vous ainsi? — Hélas ! je ne puis le cacher, C'est Jean Reinaud qui est décédé. — Ma mère, dites au fossoyeux Qu'il fasse la fosse pour deux, Et que l'espace y soit si grand Qu'on y renferme aussi l'enfant. (Longs applaudissements.) Voilà ce que j'appelle des chants populaires, des chants qui vont au cœur, qui sont faits on ne sait par qui, mais qui sont adoptés par tout le monde, et passent ainsi de génération en génération...
Page 157 - ... l'ombre de la mort [se présente; ] on commence à sentir l'approche du gouffre fatal. Mais il faut aller sur le bord ; encore un pas. Déjà l'horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux [s'égarent; ] il faut marcher. [On voudroit retourner] en arrière ; plus de moyen : tout est tombé, tout est évanoui, tout est échappé. Je n'ai pas besoin de vous dire que ce chemin, c'est la vie ; que ce gouffre, c'est la mort.
Page 361 - Le parler que j'aime, c'est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné comme véhément et brusque...
Page 309 - Il s'est fait une séparation entre la langue parlée par le peuple et la langue écrite par les gens qui savent écrire. Et, en effet, ce n'est plus aujourd'hui une chose toute simple que d'écrire ; il faut conserver certaines formes, observer certaines manières de s'exprimer qui ont été fixées par des hommes de génie.

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