Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

AVERTISSEMENT.

Le présent essai n'a point la prétention d'être un livre. C'est un simple mémoire destiné, dans la pensée de son auteur, à être soumis à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et au petit nombre d'esprits sérieux qui prennent quelque intérêt à la critique d'érudition. Si l'on osait assigner une place à cette étude, on émettrait le vœu qu'elle fût jugée digne d'être classée parmi les travaux critico-historiques encore peu nombreux, qui se sont proposé pour objet d'examiner les progrès du christianisme à son début dans le monde païen. On tiendrait à honneur, pour citer un exemple, de voir ledit essai accueilli derrière, fût-ce bien loin derrière les savantes recherches de M. le comte Beugnot, sur la destruction du paganisme en Occident, ou même, malgré la profonde distance de

point de vue et de portée, feuilleté sans trop de mésestime, après le remarquable travail que vient de publier tout à l'heure en anglais le docte et zélé théologien protestant d'outre-Rhin, M. Bunsen, sur saint Hippolyte et sur son époque, Hippolytus and his age, etc.; mais cela, sans doute, est une prétention exorbitante sur laquelle, par conséquent, on craindrait d'insister.

L'ouvrage que l'on va lire sera donc plutôt encore, si l'on veut, une disquisition monographique, dans le goût de ces thèses d'érudition assez fréquentes au dix-septième siècle, qui, sous le titre de Deliciæ evangelicæ, de Recreationes ou Amanitates theologica, étaient écrites à l'usage des écoles supérieures ecclésiastiques. Il tend à établir (telle a été du moins une des intentions dé l'auteur) un lien plus marqué qu'on ne l'a jusqu'à présent observé, entre les lettres sacrées et la littérature profane. Les étudiants en théologie trouveront, en effet, dans cet ouvrage, une distraction à des occupations d'esprit plus sévères, qui, sans les détourner de l'objet de leurs études, pourra, au contraire, les y confirmer, on n'entend pas dire en les amusant, mais du moins peut-être en les intéressant. Par égard pour ce but, le lecteur voudra bien, on l'espère, excuser des citations trop longues et surtout les nombreuses bio

graphies des auteurs cités, qu'il rencontrera dans les notes, biographies dont une partie eût dû être éliminée, si l'on ne s'était préoccupé de l'idée qui vient d'être indiquée, et si l'on n'avait considéré que les recherches et les vérifications bibliographiques, toujours laborieuses, étant souvent impossibles à la jeunesse même la plus dévouée au travail, il convenait qu'un livre érudit, à l'adresse de la clientèle désignée ci-dessus, se présentât avec l'indication in extenso de ses autorités, et renfermât en lui-même son dictionnaire et sa bibliothèque. Cette considération n'a, il est vrai, pas peu ajouté à l'importance matérielle de l'entreprise. Mais on a quelque confiance qu'à l'aide de la table alphabétique qui y est jointe, les deux volumes offerts ici au public pourront, malgré la spécialité de leur titre, servir, dans beaucoup de cas, comme de manuel et d'index pour diverses élucubrations de philologie chrétienne et d'histoire littéraire ecclésiastique.

Indépendamment des quatre parties dont se compose cette étude sur la quasi-orthodoxie de Sénèque, 1° Sources littéraires et critiques, 2° Sources traditionnelles, 3° Inductions historiques, 4° Examen critique et philologique de la correspondance attribuée à Sénèque avec saint Paul et réciproquement, suivi du texte annoté et de la traduction de cette correspondance, on

a présenté dans les notes les principaux éléments de quelques dissertations analogues au sujet du travail en question, touchant l'influence possible ou probable de la religion chrétienne sur Epictète et Arrien, son disciple, et certains néo-stoïciens, sur Lucain, Martial et autres poëtes, comme aussi le sommaire ou les extraits des anciens matériaux qui ont servi, soit de base, soit de confirmation à certaines histoires controuvées qui rappellent la tradition Seneca-Pauline, notamment à l'histoire de la conversion et du martyre de Pline le Jeune, et à celle de la rédemption exceptionnelle de l'âme de l'empereur Trajan, ces deux légendes à leur tour si accréditées et si en vogue pendant tout le moyen âge. On prend la liberté d'appeler encore l'attention du lecteur sur les notices relatives à quelques-uns des personnages mentionnés dans les Actes des Apôtres et dans les Epîtres de saint Paul. Ces notices, où l'on trouvera parfois, s'il est permis de s'en flatter, des indications qui ont échappé au savant D. Calmet, semblent offrir un intérêt assez nouveau, en ce qu'elles mettent en lumière, dans leur individualité biographique, des noms peu connus et qui pourtant méritent de l'être, car ils figurent dans les livres saints, mais dont la critique sacrée ne s'était guère souciée jusqu'à présent, occupée qu'elle était du fond des choses beaucoup plus que des

« PreviousContinue »