Impressions de voyage: Suisse, Volume 1

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Michel Lévy Frères, 1868
 

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Popular passages

Page 96 - A nous deux, dis? — Chacun pour soi. — Adieu, Guillaume! — Bonne chance, voisin! Et le voisin, en s'en allant, vit Guillaume mettre sa double charge de poudre dans son fusil de munition, y glisser ses trois lingots et poser l'arme dans un coin de sa boutique. Le soir, en repassant devant la maison, il aperçut, sur le banc qui était près de la porte, Guillaume assis et fumant tranquillement sa pipe. Il vint à lui de nouveau. — Tiens, lui dit-il, je n'ai pas de rancune.
Page 94 - Effectivement, l'animal parut presque aussitôt au coin du verger, s'avançant en droite ligne vers le poirier en question, passa à dix pas de Guillaume, monta lestement sur l'arbre , dont les branches craquaient sous le poids de son corps, et se mit à y faire une consommation telle qu'il était évident que deux visites pareilles rendraient la troisième inutile. Lorsqu'il fut rassasié, l'ours descendit lentement, comme s'il avait du regret d'en laisser, repassa près de notre chasseur, à qui...
Page 99 - avec son poitrail le canon de sa carabine. Machinalement il appuya le doigt sur la gâchette ; le coup partit. L'ours tomba à la renverse, la balle lui avait traversé la poitrine et brisé la colonne vertébrale. François le laissa se traîner, en hurlant, sur ses pattes de devant et courut à Guillaume. Ce n'était plus un homme, ce n'était plus même un cadavre : c'étaient des os et de la chair meurtrie, la tête était dévorée presque entièrement.
Page 97 - ... son sac, entra dedans, ne laissant sortir par l'ouverture que sa tête et ses deux bras, et, s'appuyant contre le roc, se confondit bientôt tellement avec la pierre, par la couleur de son sac et l'immobilité de sa personne, que le voisin, qui savait qu'il était là, ne pouvait pas même le distinguer. Un quart d'heure se passa ainsi dans l'attente de l'ours. Enfin un rugissement prolongé l'annonça. Cinq minutes après, François l'aperçut.
Page 98 - ... et qui se confondait de nouveau avec le rocher. » Le voisin regardait cette scène, appuyé sur ses genoux et sur sa main gauche, serrant sa carabine de la main droite, pâle et retenant son haleine. Pourtant, c'est un crâne chasseur! Eh bien, il m'a avoué que, dans ce moment-là, il attrait autant aimé être dans son lit qu'à l'affût.
Page 22 - En sentant la poudre de si près, l'empereur a disparu; le lieutenant d'artillerie s'est remis à l'œuvre. — Allons, Bonaparte, sauve Napoléon ! Protégées par le feu de cette redoutable artillerie, dont l'œil de Napoléon semble conduire chaque boulet, diriger chaque...
Page 61 - Comment, dans cette longue nuit, que nul jour ne venait interrompre, dont le silence n'était troublé que par le bruit des flots du lac, battant les murs du cachot, comment, ô mon Dieu ! la pensée n'at-elle pas tué la matière, ou la matière la pensée ? Comment, un matin, le geôlier ne trouva-t-il pas son prisonnier mort ou fou, quand une seule idée, une idée éternelle, devait lui briser le cœur et lui dessécher le cerveau ? Et, pendant ce temps, pendant six ans, pendant cette éternité,...
Page 290 - Au moment de son départ, et comme il venait de monter à cheval à la porte de l'auberge, il vit s'avancer de son côté les treize députés des treize cantons, tenant chacun un énorme widercome à la main, et venant lui offrir le coup de l'étrier. Arrivés près de lui, ils l'entourèrent, levèrent ensemble les treize coupes, qui contenaient chacune la valeur d'une bouteille, et, portant unanimement un toast à la France, ils avalèrent la liqueur d'un seul trait. Bassompierre, étourdi d'une...
Page 95 - Le voisin prit les morceaux de fer, les tourna et les retourna dans sa main en homme qui s'y connaît,7 et après avoir réfléchi un instant : — Tiens, Guillaume, dit-il, si tu veux être franc, tu avoueras que ces petits chiffons de fer sont destinés. à percer une peau plus dure que celle d'un chamois. — Peut-être, répondit Guillaume. — : Tu sais que je suis bon enfant, reprit François (c'était le nom du voisin).
Page 94 - ... telle qu'il était évident que deux visites pareilles rendraient la troisième inutile. Lorsqu'il fut rassasié, l'ours descendit lentement, comme s'il avait du regret d'en laisser, repassa près de notre chasseur, à qui le fusil chargé de sel ne pouvait pas être dans cette circonstance d'une grande utilité, et se retira tranquillement dans la montagne. Tout cela avait duré une heure à peu près, pendant laquelle le temps avait paru plus long à l'homme qu'à l'ours. Cependant, l'homme...

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