Bossuet, orateur: études critiques sur les sermons de la jeunesse de Bossuet (1643-1662)

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Didier et Cie, 1868 - 460 pages
 

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Popular passages

Page 230 - Elle se propose un objet plus noble dans la solennité des discours funèbres : elle ordonne que ses ministres , dans les derniers devoirs que l'on rend aux morts, fassent contempler à leurs auditeurs la commune condition de tous les mortels , afin que la pensée de la mort leur donne un saint dégoût de la vie présente, et que la vanité humaine rougisse en regardant le terme fatal que la Providence divine a donné à ses espérances trompeuses.
Page 273 - Il poussera encore plus loin ses conquêtes, il abattra aux pieds du Sauveur la majesté des faisceaux romains en la personne d'un proconsul, et il fera trembler dans leurs tribunaux les juges devant lesquels on le cite. Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d'une lettre du style de Paul, adressée à ses citoyens, que de tant de fameuses harangues qu'elle a entendues de son Cicéron.
Page 125 - Cette force, cette vigueur, ce sang chaud et bouillant, semblable à un vin fumeux, ne leur permet rien de rassis ni de modéré. Dans les âges suivants on commence à prendre son pli, les passions s'appliquent à quelques objets, et alors celle qui domine ralentit du moins la fureur des autres : au lieu que cette verte jeunesse n'ayant rien encore de fixe ni d'arrêté, en cela même qu'elle n'a point de passion dominante...
Page 183 - Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi; car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme.
Page 268 - Trois choses contribuent ordinairement à rendre un orateur agréable et efficace; la personne de celui qui parle, la beauté des choses qu'il traite, la manière ingénieuse dont il les explique; et la raison en est évidente. Car l'estime de l'orateur prépare une attention favorable, les belles choses nourrissent l'esprit, et l'adresse de les expliquer d'une manière qui plaise les fait doucement entrer dans le cœur. Mais de la manière que se...
Page 196 - Deux maladies dangereuses ont affligé en nos jours le corps de l'Église : il a pris à quelques docteurs une malheureuse et inhumaine complaisance, une pitié meurtrière, qui leur a fait porter des coussins sous les coudes des pécheurs, chercher des couvertures à leurs passions, pour condescendre à leur vanité, et flatter leur ignorance affectée.
Page 36 - Ma vie est de quatre-vingts ans tout au plus ; prenons-en cent : qu'il ya eu de temps où je n'étais pas ! qu'il y en a où je ne serai point ! et que j'occupe peu de place dans ce grand abîme de temps ! Je ne suis rien ; ce petit intervalle n'est pas capable de me distinguer du néant où il faut que j'aille.
Page 129 - Bernard, disoit-il, cette verte jeunesse ne durera pas toujours : cette heure fatale viendra, qui tranchera toutes les espérances trompeuses par une irrévocable sentence : la vie nous manquera , comme un faux ami, au milieu de nos entreprises. Là tous nos beaux desseins tomberont par terre ; là s'évanouiront toutes nos pensées.
Page 126 - ... rien de fâcheux; tout lui rit, tout lui applaudit. Elle n'a point encore d'expérience des maux du monde , ni des traverses qui nous arrivent : de là vient qu'elle s'imagine qu'il n'ya point de dégoût, de disgrâce pour elle. Comme elle se sent forte et vigoureuse , elle bannit la crainte , et tend les voiles de toutes parts à l'espérance qui l'enfle et qui la conduit.
Page 157 - Messieurs, de faire quelque chose de semblable , et dans cet exercice pacifique, je me propose l'exemple de cette entreprise militaire. Les libertins déclarent la guerre à la Providence divine, et ils ne trouvent rien de plus fort contre elle que la distribution des biens et des maux, qui paraît injuste, irrégulière, sans aucune distinction entre les bons et les méchans.

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