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cas, le droit de lire la Bible n'est plus qu'une amère ironie : il est à l'âme ce qu'est au corps le droit de s'empoisonner.

Tout cela, si la Bible est incompréhensible. Mais l'est-elle réellement ? Le livre de Dieu n'est-il jamais, ne peut-il jamais être compris de ceux qui le lisent? Le sens réel et salutaire des déclarations de Dieu est-il inaccessible à l'homme? Les difficultés que le sujet présente sont-elles insurmontables, même pour la bonne foi, l'étude et la prière? Le livre de Dieu ne dévoilera-t-il pas le secret du salut à l'âme qui cherche, à l'âme qui prie, à l'âme qui pleure?

Nous affirmons le contraire. Nous affirmons

hardiment, sans hésiter, avec clarté et plénitude de conviction, que la Bible a un sens clair, certain, évident, accessible à tout homme, dans certaines conditions possibles à tout homme. Et notre défiance de nous-même donnerait plus de timidité à nos expressions si notre confiance en notre cause n'était pas si entière. Tout

homme peut lire, tout homme peut comprendre la Bible; voilà l'assertion qu'acceptent avec une égale promptitude la raison et la conscience.

La possibilité de comprendre la Bible, niée pour pouvoir nier en même temps le droit de la lire, peut résulter de circonstances naturelles, ou générales, de circonstances spéciales, et enfin de circonstances surnaturelles. La Bible peut être dans le cas des productions ordinaires, dont le sens est constaté par ceux qui possèdent les qualités requises. Il se peut qu'elle revendique quelque particularité qui lui soit propre quelques circonstances qui l'accompagnent, et qui n'existent pas d'habitude. Enfin, il se peut qu'il y ait en sa faveur une intervention divine.

On le voit, ce qui domine la question, selon nous, c'est la possibilité de comprendre la Bible; car le droit de la lire nous semble avoir sa plus éloquente démonstration dans les paroles mêmes qui l'affirment, et quand on a dit : «< Toute créature a le droit de connaître la Parole de Dieu »>,

on voudrait passer outre, persuadé qu'entendre

et admettre c'est ici une seule et même chose. Toutefois, on nie ce droit; il faut donc insister, et montrer qu'il résulte comme conséquence naturelle et irrésistible, de l'origine, du contenu, du but et de l'influence du Saint-Livre. Exposer rapidement son authenticité et son autorité, c'est la meilleure préparation à la tâche ensuite facile de démontrer à tout homme le droit qu'il a de le lire. Si, une fois en possession légitime de ce droit, il hésite encore, il achèvera de se convaincre qu'il peut lire la Bible, en se convaincant qu'il peut la comprendre. Pénétré de la conviction qu'il peut connaître, lire et comprendre le livre de Dieu, comment refusera-t-il d'admettre qu'il est obligé d'y puiser sa foi?

La divinité de la Bible, le droit de la lire, la possibilité de la comprendre et, par suite, les avantages et les obligations qui découlent pour l'homme d'une révélation divine et qui lui est destinée, voilà donc les vérités à l'exposition

desquelles tous les développements de notre travail auront pour but unique de concourir."

Trois parties distinctes sont réclamées par le sujet ainsi envisagé. Dans la première, nous traiterons de la divine autorité de la Bible; dans la seconde, du droit de la lire, et dans la troisième, de l'obligation de le faire. Nous espérons prouver d'abord que la Bible, venant de Dieu, a le droit de dicter à l'homme la vérité religieuse; ensuite, que l'homme a le droit légitime et inaliénable de lire le livre de Dieu, et enfin qu'il est du devoir de tout homme de le recevoir avec confiance et docilité, de l'étudier avec soin et de le mettre en pratique sans retard.

Nous appelons sans fausse honte le Dieu de la Bible à bénir nos efforts, le suppliant d'accorder à l'auteur une entière sincérité, à l'écrit une vive clarté, au lecteur une véritable impartialité.

PREMIÈRE PARTIE.

DROITS DE LA BIBLE SUR L'HOMME.

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