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CHAPITRE PREMIER.

La Bible vient de Dieu.-Remarques préliminaires.

Le livre dont il s'agit se présente avec une prétention qui, justifiée, doit en faire un écrit entièrement à part, unique dans la complète acception du mot, et prouver qu'il est bien ce que son titre annonce : LE LIVRE.

La vérité révélée, mieux partagée que la plu

par

part des autres vérités, et elle devait l'être, s'établit différents genres de preuves adaptées aux différentes espèces d'intelligences appelées à la reconnaître.

Avant d'entrer en matière nous ferons deux

remarques.

On demande souvent pourquoi les preuves de la religion ne sont pas plus nombreuses, plus simples, plus convaincantes, pourquoi elles ne sont pas éblouissantes, enfin.

Si l'on entend par-là que ces preuves ne sont pas suffisantes et convaincantes, nous le nions complètement, et c'est à ces preuves soigneusement étudiées à répondre pour elles-mêmes. Mais si l'on veut simplement dire qu'elles ne portent pas un caractère d'incontestabilité, d'invincibilité, qui force l'assentiment universel et ne laisse aucune possibilité de contredire et d'objecter, nous l'avouons, et nous croyons pouvoir démontrer pourquoi il en est ainsi.

Remarquons d'abord que la cause de la morale est soumise au même destin que celle de la religion. Les principes universels de la morale, quelle que soit la solidité de leur base, ne la découvrent qu'à l'œil qui la cherche. Les lois de la morale, quoique invariables, sont plus ou moins cachées sous des apparences et des exceptions qui semblent souvent les contredire. Les principes les plus simples de la vertu n'échappent pas à la grande loi de discussion, et semblent tour-à-tour abattus ou debout, vaincus ou vainqueurs, au champ-clos des spéculations de l'esprit.

Ainsi l'intempérant ne voit pas de prime-abord dans son intempérance la cause certaine de maux inévitables; ainsi le libertin met en doute la réalité du lien, pour lui invisible, qui unit à la domination des sens, aux égarements de la chair, les souffrances morales que la providence et la nature ont attachées aux suites du plaisir illégitime ou excessif (a.

S'il en était autrement, si le système moral présentait toujours une éblouissante légitimité, l'espèce d'épreuve dans laquelle l'homme est évidemment placé ne serait plus possible. Une irrésistible conviction des avantages de la vertu et des désavantages du vice s'emparerait de tout esprit, et transformerait l'obéissance, qui a un caractère moral, en un simple calcul, qui n'en saurait avoir aucun. Pour qu'il en soit autrement, un antagonisme perpétuel subsiste à la surface, quoique, au fond, l'harmonie triomphe; en apparence le bien semble quelquefois mal, et le mal bien, de sorte qu'il y a un choix, par conséquent une étude à faire. Le caractère de l'individu, pour se former, est soustrait à l'empire d'une nécessité même intellectuelle, et l'intention évidente du gouvernement spirituel sous lequel nous sommes placés serait détruite si le vice et la vertu apparaissaient toujours tels qu'ils sont réellement. Une connaissance certaine, illimitée, de leurs qualités et de leurs défauts respectifs détruirait pres

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