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L'âme étant en dehors de toute attaque, c'est toujours sur des instincts que leurs agressions ont lieu; mais, là encore, les projectiles de la doctrine matérialiste arrivent à faux, car on ne peut que brouiller les résultats des instincts quand la raison n'est pas là pour les maintenir.

En se servant aujourd'hui de l'hypnotisme, les défenseurs de cette théorie croient triompher. Ils pensent créer, remplacer Dieu. 'C'est un peu trop naïf! Ils ne se doutent pas que faire de l'hypnotisme, c'est ôter l'âme à l'homme et le réduire à l'état d'animal. Ils agissent alors sur lui, comme sur un chien, comme sur un cheval, et même leur pouvoir trouble presque toujours les rapports des instincts entre eux.

Je me trompe cependant; ce chemin, dans des cas bien rares, a un but différent : c'est celui où un bon et expérimenté docteur arrive en domptant par ses remèdes la matérialité mauvaise pour la rendre bonne; mais ce n'est pas à dire qu'il fera de la matérialité quelque chose de supérieur à ce qu'elle était avant ses soins. Non, c'est par une connaissance nouvelle que sa science lui donne, qu'il la disposera de façon à recevoir les rayons de l'âme, et à ce que les facultés pouvant se combiner aux sensations que la matérialité éprouve, la raison reprendra un peu son empire. Ainsi d'un hypnotisé vicieux, en rectifiant sa matérialité, il aura fait un hypnotisé presque vertueux; mais à une condition cependant, c'est que la cure soit courte et extrêmement douce, sous peine d'enterrer le patient.

CHAPITRE II

UNION DE LA RELIGION ET DES SCIENCES.

La religion chrétienne a son côté fort, je dirais même inattaquable. Elle se divise en trois parties :

La première partie est la reconnaissance de la puissance du Créateur et de l'amour qu'on lui doit. La seconde traite des rapports de l'homme avec la religion; et la troisième est la démonstration de l'ensemble de ces pensées.

Le détail de la première de ces divisions consiste à admettre l'existence de Dieu, à constater son grand œuvre, à chercher son but et à le démontrer à l'homme. C'est de la haute philosophie qui finit par se concentrer dans l'amour de Dieu et par trouver les occasions de lui donner le témoignage de cet amour.

C'est justement pour prouver la valeur de ces enseignements primordiaux que la religion flétrit le péché originel. C'est un malheur incombant à notre âme venant animer notre corps de soumettre la spiritualité aux étreintes de la matérialité. Voici pourquoi la religion a créé le baptême.

Le péché originel, l'histoire de la pomme de l'arbre

de la science offerte par Eve à son époux, n'est que Ève la représentation, que le fait rendu palpable, de la révolte de la matière, des instincts, contre Dieu. Ce n'est pas parce que Ève a mangé une pomme et en a fait manger à Adam, qu'une réhabilitation est nécessaire et que l'Église, imitant les Juifs, nous dit que nous ne pouvons être sauvés que par les saintes eaux du baptême; c'est parce que la rupture d'équilibre légal est un acte d'opposition à Dieu et qu'il faut qu'un autre acte de notre libre intelligence ou de celle des répondants vienne répudier cette révolte, reconnaître la grandeur du Tout-Puissant, et s'incliner devant lui. Il faut que notre âme, lors'qu'elle vient habiter notre corps, reconnaisse que ce corps n'est pas une puissance, mais une chose qui n'a de valeur que par la volonté divine. Il faut que l'esprit, uni à la matière, commence par admettre la prédominance de l'âme, du moi. La tradition de tentation par le serpent n'est qu'une représentation traduisant par le bonheur dont le premier homme jouissait dans le paradis terrestre l'équilibre prédécesseur de la création; et par la première faute, la rupture de cet équilibre. Cette faute, en nécessitant une réparation, entraînait implicitement la soumission à Dieu et la réprobation de toute révolte.

Le baptême ôte, aux fautes qui le suivent dans le cours d'une vie humaine, ce caractère hautain qui pourrait faire croire à l'homme qu'il est capable d'élever autel contre autel. Les crimes mêmes subséquents ne sont plus que des concessions faites aux entraînements de la chair et font naître cette parole:

errare humanum est. Désormais le baptême acquis, nous pouvons faiblir, mais sauve est la grandeur de Dieu! Par là on doit comprendre que le plus grand des crimes que l'homme puisse commettre, c'est de revenir sur cette soumission à Dieu, c'est de nier l'existence de ce Créateur adorable à qui nous devons tout ce que nous sommes, c'est d'exalter la matière, c'est d'élever la servante à la hauteur du maître; c'est plus encore, s'il est possible, c'est, pour ceux qui sont parties de Dieu, de nier la totalité de leur

essence.

Pour la seconde partie, l'humanité n'étant pas absolument composée de philosophes, il est nécessaire, sous peine de voir les individus emportés par leurs instincts bestiaux, de leur imposer une règle; c'est ce qui oblige à la création d'une religion qui donne à la justice sa valeur, calme les misères et, moralement, réconforte le malheureux en lui présentant une consolation dont il puisse conprendre les avantages et à laquelle il croit simplement, si son esprit ne peut embrasser des dogmes aussi élevés. Cette religion, même pour les cœurs d'élite, est la voie la plus parfaite qu'on puisse suivre, celle où l'espérance démontre une vie meilleure que celle d'ici-bas; et elle ne peut rendre cet immense service au monde qu'en prenant sa position à une hauteur de doctrine qui permette d'en imposer aux masses. Le christianisme le fit et, malgré quelques petites réformes désirables en ce que les climats, les produits, les mœurs, les habitudes, ne sont plus ceux de son point de départ; en ce que, par suite, certains instincts ayant un peu changé

demandent certaines réformes, il est encore ce qu'il y a de mieux. Son divin auteur a admirablement compris le fond des choses, et il a proportionné merveilleusement les conditions chrétiennes aux besoins de l'homme et à l'espoir, pour les âmes, de se retrouver dans l'éternelle béatitude.

On peut dire, comme troisième point, qu'il y a dans ce monde bien d'autres religions que le christianisme et qui lui sont infiniment inférieures, quoique, dans une certaine mesure, elles viennent aussi au secours de l'humanité en combattant une portion du matérialisme. Certaines de ces religions étaient des instruments d'une barbarie presque animale. La plupart ont cherché, bizarrement, c'est vrai, mais enfin elles ont cherché la vérité; et l'ensemble de leur histoire est intéressant à connaître. Leurs chefs, leurs prophètes se sont adonnés à y introduire et à y soutenir des idées qui souvent étaient vraies, sans cependant pouvoir empêcher, à cause de la rudesse de leurs ouailles, les passions de se grouper autour d'elles. Mais ce qui n'est plus du tout de ce genre, ce sont les bonifications qui se sont faites. après coup et qui presque toutes sont mal parties. Ces modifications ont été amenées par des raisons humaines. Le bouddhisme et les religions chinoises y sont parvenues. Plus tard, c'est encore le désir de changer la nature matérielle à laquelle conduisent des doctrines, que les sectes se sont produites. Les sectateurs de Luther, par exemple, tout en restant chrétiens pour garder ce que le christianisme avait de bon, ont pris au catholicisme ce qu'il avait

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