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. Il est une nouvelle créature. »

(Avec portraits).

Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature; les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Cette parole de l'apôtre Paul (2 Cor. 5, 17) a trouvé dans notre Mission de l'Australie une éclatante confirmation Le Journal a plus d'une fois entretenu ses lecteurs du changement, aussi réel qué manifeste, que les aborigènes de la Nouvelle-Hollande ont subi sous l'influence de l'Evangile, et nous en multiplierons encore les preuves pour la gloire de Dieu. Aujourd'hui nous sommes heureux d'offrir à nos lecteurs, par la reproduction de deux photographies, une illustration de ce changement qui s'accuse jusque dans les traits du visage de ces sauvages. L'un de ces portraits représente un Papou à l'état naturel. Un coup d'œil sur cette physionomie hébétée suffira pour nous faire comprendre que cet homme-là ait pu accueillir le message du salut par ces mots : « Y a-t-il au moins de l'eaude-vie dans votre ciel? L'autre portrait est celui de Philippe, l'un des chrétiens d'Ebenezer, qui vient de quitter ce monde avec ces paroles sur les lèvres : « Oh! quel bonheur d'être une brebis du bon Berger! Nos lectrices préféreraient peut-être qu'il fût moins barbu. Elles se réconcilieront cependant avec lui, nous n'en doutons pas, quand elles apprendront que sa veuve affligée lui a rendu ce beau témoignage : « C'était mon meilleur ami, il m'a amenée à Jésus. En effet, Philippe a retiré Rébecca d'un abîme d'ignorance et de péché. Nous servirons l'Eternel, déclara-t-il en épousant cette pauvre créature, et sous son influence Rébecca est devenue un modèle de propreté, de décence et d'activité, une femme chrétienne dans toute la force du terme.

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Quant à Philippe, voici ce que le missionnaire Hartmann en dit: Si vous l'aviez entendu rendre témoignage de Christ avec conviction et chaleur, et prier avec ferveur tantôt pour ses frères inconvertis, tantôt avec eux; si vous l'aviez vu travailler assidûment et joyeusement du matin au soir, vous auriez eu de la peine à croire que ce même homme avait été jadis un franc paresseux, un ivrogne et un querelleur. Mais, voici, la grâce toute puissante de Dieu l'a attiré, et il s'est laissé attirer; il a cru en son Sauveur je suis un pauvre pécheur, disait-il souvent à l'époque de sa conversion, mais le Seigneur m'accueillera et les choses vieilles ont passé, toutes choses sont devenues nouvelles.

»

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Nous avons eu le privilége de nous entretenir dernièrement avec Monsieur La Trobe, ancien gouverneur de la province de Victoria où nos frères firent, en 1848 et 1859, les premières tentatives missionnaires parmi les aborigènes. Il les reçut et les seconda dans leur œuvre avec une sympathie chrétienne et un zèle dévoué, mais les expériences qu'il avait faites durant les quatorze années de son séjour en Australie ne lui permettaient pas d'espérer un succès de ces travaux missionnaires. « Avez-vous cru à la possibilité d'un relèvement de la race aborigène?» lui demandions-nous l'autre jour. Jamais, fut sa réponse, jamais, à moins d'un miracle de la toute-puissance de Dieu! » Or, ce miracle a eu lieu et Philippe en est l'un des heureux témoins.

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La vieille Norah.

Nous devons l'histoire qu'on va lire à l'obligeance de l'épouse du missionnaire Hartmann. Il s'agit d'un épisode de l'activité missionnaire en Australie, d'un triomphe de l'Evangile, qui ne peut être comparé qu'à une résurrection d'entre les morts.

Il y a quelques années, écrit la sœur Hartmann, nous vîmes arriver à la station une pauvre vieille, désireuse de se fixer auprès de nous, comme pour se reposer de la vie de vagabondage qu'elle avait menée. On l'accueillit, cela va sans dire, quoiqu'elle ne payât pas de mine. Des haillons couvraient un corps amaigri et courbé sous le poids des années; des cheveux en désordre cachaient à moitié un visage qui, même dans ses plus beaux jours n'avait jamais dû prétendre à la beauté, mais auquel l'absence de toute expression et de toute marque d'intelligence donnait presque alors l'apparence de l'idiotisme. Ajoutez-y les traces trop visibles d'une profonde dégradation morale et vous ne serez pas étonnés que nous fussions tentés de douter de la possibilité d'un relèvement.

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L'histoire de sa vie passée laisse entrevoir des abîmes de misère et de corruption dont on ne se fait point d'idée au milieu d'une société civilisée. Telle que nous vîmes arriver cette pauvre vieille, l'âme et le corps ruinés, on eût dit qu'il ne lui res tait plus qu'à mourir.

Grande fut donc ma surprise de la voir entrer un jour à l'école où j'enseigne aux femmes à coudre, à lire et à écrire. Norah s'était mis dans la tête d'apprendre à lire. Il était touchant de voir avec quelle patience cette pauvre vieille femme épluchait l'abc. Certes, ce n'était pas petite chose pour elle que de contraindre son intelligence éteinte à de pareils efforts! Elle persévéra néanmoins et, au bout de quelques mois, elle réussit à lire les phrases faciles de l'abécédaire. Aussitôt elle se mit à faire part de son savoir à d'autres vieilles femmes que le succès de Norah avait rendues jalouses. Maîtresse infatigable, elle passait tout son temps avec ses écolières à cheveux gris.

» Mais voici qu'un jour sa fille mariée vint la chercher et malgré tout son désir de rester auprès de nous, force lui fut de

partir. Elle prit congé les larmes aux yeux et s'en retourna dans le camp de sa tribu. Nous avons su plus tard qu'elle avait repris sa tâche au milieu de ses compatriotes, leur parlant avec animation de tout ce qu'elle avait entendu de Jésus.

. Sa fille étant morte, quelques mois plus tard, Norah chercha aussitôt une occasion pour s'en retourner à la station, et n'en ayant pas trouvé, elle entreprit toute seule le voyage de 40 à 50 milles qu'il fallait faire à travers les bois et les déserts hantés par des tribus sauvages. Elle réussit et nous arriva avec de grandes démonstrations de joie.

» Mais la maladie qui la minait depuis longtemps faisait des progrès alarmants et ne nous permettait pas de douter de sa fin prochaine. Norah avait plus d'une fois manifesté des dispositions réjouissantes, elle n'avait jamais douté un seul instant de son salut depuis qu'elle avait trouvé en Jésus son Sauveur, mais nous n'espérions guère voir la grâce de Dieu se glorifier en elle comme il nous fut donné de le voir pendant sa dernière maladie. Moi prier chaque jour Jésus de me rendre accomplie. Moi appartenir à Jésus, Lui me garder; moi très heureuse à présent. Telle était sa confession de foi souvent répétée. Quand nous lui parlions de la félicité que Jésus réserve à ceux qui lui appartiennent, elle s'écriait: Que c'est bon, cela, dites-le moi encore une fois! Elle se réjouissait d'aller vers Jésus et nous donnait rendez-vous auprès de lui. Peu de jours avant sa fin, elle fit un rêve. Une rivière large et profonde lui barrait le chemin; elle ne savait comment la traverser; mais voilà qu'un homme survient, la prend par la main et la guide à travers les flots. Ce rêve s'accomplit lorsque son Sauveur lai aida à traverser le Jourdain pour la déposer sur la rive de la Canaan céleste. La dernière demande de la vieille Norah fut qu'on lui chantât son cantique favori: Ici-bas nous souffrons mille chagrins et peines. Elle essaya de mêler sa voix aux

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