pendant six mois, d'un soleil ardent, recouvre le plus souvent une couche imperméable de roche calcaire : dès lors il y a humidité alternativement et sécheressc extrême. Déjà de nombreux essais ont été tentés sans succès, entre autres dans le grand établissement de Nevers près de la Teste. Partout on n'a presque obtenu d'améliorations que par les semis de pins maritimes; mais ce mode d'emploi des terrains est le moins propre à occuper beaucoup de bras et à procurer une abondante nourriture, et par conséquent à favoriser une colonisation. D'un autre côté, un des mémoires mis par M. de Villeneuve, à la suite de son travail, montre la difficulté d'établir des colonies dans les landes de Bretagne, qui, loin d'être improductives, entrent comme portion nécessaire dans la composition d'une ferme complète, mais qui, considérées isolément, sont peu aptes à la production de substances alimentaires. Enfin l'agglomération de la population dans le royaume des Pays-Bas, le rapprochement des villes considérables, les facilités que présente partout un réseau de canaux et de routes assurent des débouchés avantageux aux produits des colonies agricoles; tandis que dans les parties du royaume où les nôtres pourraient être établies, les moyens de communication manquent totalement; et il semble qu'il faudrait qu'au moment même où les colonies seraient fondées, le gouvernement s'occupât de la création de voies publiques. Mais quels que soient les obstacles que l'on rencontre dans la nature des licux, dans la résistance obstinée des communes, propriétaires jalouses de la plus grande partie des landes, dans les prétentions des autres possesseurs, tout indique, comme le dit M. le vicomte de Villeneuve, « qu'i} << y a quelque chose à faire. Poursuivons cette recherche avec persévérance, « continue-t-il; que le signal se donne, que le mouvement s'imprime, et << sans doute la France ne s'arrêtera pas dans une carrière qui appelle tous « les sentimens nobles et généreux, toutes les méditations des hommes « éclairés et philantropes, et le concours de tout ce qui est véritablement << humain et religieux. » Je parlerai succinctement des mesures parallèles à la mesure principale que propose l'auteur des Mémoires, parce qu'elles n'entrent pas dans le cercle des attributions du conseil supérieur. M. de Villeneuve voudrait une révision de la législation relative à la répression de la mendicité: il est en effet bien désirable que ces questions, fort controversées, et qui trouvent devant les tribunaux des solutions diverses, soient enfin traitées à fond, et que, s'il est nécessaire, une loi nouvelle interprète la législation et amène une jurisprudence uniforme. Il invoque aussi une loi qui donne aux établissemens charitables la tutelle des enfans dont les pères reçoivent des secours de la bienfaisance publique. Mais avant de dépouiller ainsi la paternité d'un droit qu'elle tient de la nature, il serait nécessaire d'examiner bien attentivement les avantages de la substitution de cette tutelle officieuse à la tutelle naturelle; peut-être pourrait-on craindre que le travail qui résulterait de cette charge imposée aux administrations ne les décourageât, et que des devoirs devenus trop nombreux ne fussent négligés. Mais j'applaudirai sans restriction, et, je pense, sans trouver ici de contradicteurs, à la proposition d'établir dans chaque commune une école publique; cependant je dois faire observer que ce vou d'un homme de bien et d'un administrateur éclairé n'est pas de ceux qui se réalisent su-` bitement, et le défaut de revenus communaux, l'indifférence des pères de famille et beaucoup d'autres causes reculeront nécessairement le moment de la génération de l'enseignement ; mais c'est encore un but auquel tous les efforts doivent tendre, et M. de Villeneuve prouve évidemment que l'instruction du peuple se lie intimement au soulagement de l'indigence, et qu'il est un puissant moyen de prévenir la mendicité. Les mesures à prendre pour obtenir des manufacturiers, en faveur de leurs ouvriers, des soins hygiéniques, pour leur imposer le devoir de veiller à la conservation de leurs mœurs et à leur instruction, sont, ainsi que la proposition d'interdire les cabarets aux indigens, sous peine d'être privés des secours publics, des moyens qu'en théorie on ne peut que louer; mais leur mise en pratique est-elle possible? Ne faudrait-il pas donner une sanction à ces prescriptions, et établir des pénalités; et comment appliquer ces peines sans pénétrer dans l'intérieur des manufactures, et sans soumettre la conduite des fabricans à une sorte d'inquisition? Comment refuser des secours à des femmes, à des enfans mourant de besoin, parce que leur père aura été dépenser au cabaret l'argent qui était destiné à leur subsistance? Ne semble-t-il pas que c'est seulement à améliorer les mœurs qu'il faut s'attacher, et que c'est des sentimens humains des chefs de manufactures, excités par l'estime publique, par leur intérêt, qu'il faut attendre le soulagement de la classe si intéressante des ouvriers? Je termine enfin ici, messieurs, ce rapport si étendu, et pendant lequel je n'ai eu d'espoir en votre patience qu'à cause de l'importance extrême du sujet. Heureux du moins si la faiblesse du talent de votre rapporteur ne nuit pas, dans votre esprit, au travail le plus important, peutêtre, qui ait été soumis depuis votre réorganisation! |