Annales de l'Association de la propagation de la foi, Volumes 11-12

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Chez M. P. Rusand, Imprimeur-Libraire, 1838
 

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Popular passages

Page 233 - Quoiqu'il en soit, ma marche était en un sens fort pompeuse : environ cent chiquante soldats me précédaient , et autant me suivaient avec des mandarins en filets surmontés de dais; ma cage, portée par huit hommes et ombragée à l'aide de mon tapis rouge, occupait le milieu: j'étais suivi de dix chrétiens arrêtés en même temps que moi , qui marchaient tristement, attachés ensemble par l'extrémité de leurs caugues.
Page 59 - J'ai menacé un de ces jours le P. fondateur, comme nous l'appelons en plaisantant, de l'interdire lui et son couvent, s'il ne modérait l'ardeur et l'activité de leur zèle. Elles s'appellent du nom de sœurs, et ne font rien sans demander la permission à celle qu'elles ont choisie pour supérieure. Je compte envoyer quelques unes de nos néophytes puiser à Valparaiso la dévotion au divin cœur de Jésus et de Marie, afin de la répandre par ce moyen chez tous les peuples que nous évangélisons....
Page 233 - Je fus déposé devant un mandarin qui, s'étant enquis près des officiers, commença avant tout par me dire de chanter, parce que mon talent en ce genre était déjà renommé. J'eus beau m'excuser sur ce que j'étais à jeun, il fallut chanter. Je déroulai donc toute l'étendue de ma belle voix, desséchée par une espèce de jeûne de deux jours et demi, et leur chantai ce que je pus me rappeler des vieux cantiques de Montmorillon.
Page 241 - Lorsque vous recevrez cette lettre, mon cher père et ma chère mère, ne vous affligez pas de ma mort ; en consentant à mon départ, vous avez déjà fait la plus grande partie du sacrifice. Lorsque vous avez lu les relations des maux qui désolent ce malheureux pays, inquiets sur mon sort, ne vous at-il pas fallu le renouveler? Bientôt, en recevant ces derniers adieux de votre fils, vous aurez à l'achever ; mais déjà, j'en ai la confiance, je serai délivré des misères de celte vie et admis...
Page 233 - ... J'eus beau m'excuser sur ce que j'étais à jeun, il fallut chanter. Je déroulai donc toute l'étendue de ma belle voix, desséchée par une espèce de jeûne de deux jours et demi, et leur chantai ce que je pus me rappeler des vieux cantiques de Montmorillon. Tous les soldats étaient à l'entour, et un peuple nombreux se fût précipité vers la cage sans la verge en activité de service. Dès ce moment, mon rôle changea : je devins un oiseau précieux par son ramage.
Page 227 - ... j'en appliquai les dizaines ; vous pouvez imaginer aussi quel sacrifice j'avais offert le matin au lieu de la sainte Messe , quelle méditation avait remplacé celle du jour. Ce ne fut cependant qu'à quatre heures du soir que les soldats parvinrent jusqu'à moi. Quand je vis pénétrer dans les buissons leurs longues lances armées d'un pied de fer , je ne songeai pas qu'il eût été préférable de me laisser percer sur la place, ce qui eût évité toutes les misères qui découlent des circonstances...
Page 500 - ... nue des patientes, dont les forces s'épuisaient au milieu des horreurs prolongées de tant de tortures. Elles furent trouvées dans cette effroyable situation par une société nombreuse de résidents étrangers, qui visitèrent le fort vers onze heures du matin, et qui prirent sur eux de les délivrer. Détachées du bois du supplice, les mains déchirées, la tête brûlante, elles tombèrent évanouies.
Page 132 - Notre cher confrère surtout paraissait tout glorieux de son jeune compagnon, et jetait sur lui des regards pleins de satisfaction et de tendresse. Un témoin oculaire de cette marche triomphale rapporte un trait qui peint merveilleusement leur calme et leur sérénité. En passant le fleuve, et près d'arriver aux auberges où l'on a coutume de donner à boire et à manger aux criminels conduits au supplice, le jeune Thomas se retourna et dit en riant à M. Jaccard : « Père, prendrez-vous quelque...
Page 518 - Pour des ligatures, quoique je n'en manque pas chez moi , je ne t'en donnerai point : j'aime mieux les donner aux pauvres. » Arrivés au lieu du supplice , les mandarins environnèrent nos martyrs d'une double haie de soldats, afin de dérober à la vénération du peuple les reliques qu'il se préparait à enlever. Mais à peine le sang eut-il coulé 1 que chrétiens et païens se précipitèrent en masse pour le recueillir.
Page 348 - Je compris alors que le martyre considéré dans l'oraison , à quelques mille lieues da péril , ou bien dans le lieu même , et à la -veille du jour où l'on peut le subir , produit un effet bien différent : mais si les forces de notre nature ne sont pas toujours égales, la grâce de Dieu qui nous soutient est la même partout.

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