Œuvres de George Sand: Un hiver au midi de l'Europe

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Société belge de librairie, Hauman et cie, 1842
 

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Page 106 - C'est à elle qu'on montre les grands mystères purs et la naissance même du Jour et de la Nuit. Car elle a des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre et une bouche qui est pour ne pas parler.
Page 172 - Quand les formes s'effacent, quand les objets semblent trembler dans la brume, quand mon imagination peut s'élancer dans un champ immense de conjectures et de caprices, quand je peux, en clignant un peu la paupière, renverser et bouleverser une cité, en faire une forêt, un camp ou un cimetière; quand je peux métamorphoser en fleuves paisibles les grands chemins blancs de poussière, et en torrents...
Page 26 - Je n'oublierai jamais un certain détour de la gorge où, en se retournant, on distingue, au sommet d'un mont, une de ces jolies maisonnettes arabes que j'ai décrites, à demi cachée dans les raquettes de ses nopals, et un grand palmier qui se penche sur l'abîme en dessinant sa silhouette dans les airs. Quand la vue des boues et des brouillards de Paris me jette dans le spleen, je ferme les yeux, et je revois comme dans un rêve cette montagne verdoyante, ces roches fauves et ce palmier solitaire...
Page 224 - Pressé, forcé de gagner de l'or, j'ai pressé mon imagination de produire, sans m'inquiéter du concours de ma raison ; j'ai violé ma muse quand elle ne voulait pas céder; elle s'en est vengée par de froides caresses et de sombres révélations. Au lieu de venir à moi souriante et couronnée, elle y est venue pâle, amère, indignée.
Page 163 - Alors ceux qui t'écoutaient se regardaient avec étonnement. — Quel est donc celui-ci , dirent-ils, et en quelle langue célèbre-t-il nos rites joyeux ? Nous l'avons pris pour un des nôtres, mais c'est le transfuge de quelque autre religion , c'est un exilé de quelque autre monde plus triste et plus heureux. Il nous cherche et vient s'asseoir à nos tables; mais il ne trouve pas, dans l'ivresse, les mêmes illusions que nous. D'où vient que, par instants, un nuage passe sur son front et fait...
Page 230 - ... grive chantait la retraite à ses compagnes, et que le pipeau du vacher se perdait dans l'éloignement ? Oh ! que la nuit tombait vite sur ces pages divines ! que le crépuscule faisait cruellement flotter les caractères sur la feuille pâlissante ! C'en est fait, les agneaux bêlent, les brebis sont arrivées à l'étable, le grillon prend possession des chaumes de la plaine. Les formes des arbres s'effacent dans le vague de l'air, comme tout à l'heure les caractères sur le livre. H faut...
Page 163 - Le murmure de la Brenta, un dernier gémissement du vent dans le feuillage lourd des oliviers, des gouttes de pluie qui se détachaient des branches et tombaient sur les rochers avec un petit bruit qui ressemblait à celui d'un baiser, je ne sais quoi de triste et de tendre était répandu dans l'air et soupirait dans les plantes.
Page 95 - Mais la société se trouvait là entre eux, qui rendait ce choix mutuel absurde, coupable , impie ! La Providence a fait l'ordre admirable de la nature, les hommes l'ont détruit; à qui la faute?
Page 109 - ... infâme tyrannie de l'homme sur la femme! Mariage, sociétés, institutions, haine à vous! haine à mort! Et toi, Dieu! volonté créatrice, qui nous jettes sur la terre et refuses ensuite d'intervenir dans nos destinées, toi qui livres le faible à tant de despotisme et d'abjection, je te maudis ! Tu t'endors satisfait d'avoir produit, insoucieux de conserver.
Page 171 - J'oublie leurs traits, leurs noms, leur nombre et leur âge. Je sais confusémentqu'ils sont tous beaux et jeunes ; hommes et femmes sont couronnés de fleurs, et leurs cheveux I76 l77 flottent sur leurs épaules. La barque est grande et elle est pleine. Ils ne sont pas divisés par couples, ils vont pêle-mêle sans se choisir, et semblent s'aimer tous également , mais d'un amour tout divin.

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