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Qui, en l'apprenant, ne serait pas frappé d'admiration? Quelle àme ne serait pas stupéfaite? Quelle accumulation d'expressions appropriées à ces exploits pourrait les élever à leur hauteur? Certes par des éloges procédant de l'imagination et de cet art qui promet un style solennel, ils restent à terre. Ils volent vers le ciel; ils s'élèvent par leurs propres ailes et non pas par des ailes artificielles et étrangères. Vers Dieu, qui a institué le combat pour la religion, ils s'écrient avec le prophète : « Auprès de toi est notre louange dans la grande Église'. »

En mentionnant l'Église, j'ai tiré de l'athlétisme de ces vaillants con10 fesseurs un sens plus divin et mystérieux. Il me semble que ce sont des modèles : le vieillard Éléazar est le type de la Loi qui a vieilli dans l'Écriture; les jeunes gens qui ont reçu les instructions du vieillard et de leur mère sont l'image de l'Église qui a rassemblé les peuples; qui autrefois était sans enfants, mais eut ensuite une nombreuse postérité; qui, elle aussi, s'ins15 truisit d'abord et apprit de la Loi ces enseignements élémentaires qui sont pour ainsi dire le premier alphabet de la religion; elle, au sujet de laquelle la prophétesse Anne dit : « La stérile a enfanté sept2 », lorsque cette Église qui autrefois avait beaucoup de fils fut affaiblie.

1. Ps. XXI, 26. - 2. I Sam., 11, 6; dans les Septanle : ére greoa Erexsv érvd.

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* fol. 99

r' b.

Mais comment a-t-on représenté à vos yeux ce stade de la vertu, que n'a pas assombri même ce temps qui s'efforce de détruire les anciens principes? Si ce n'est que, chanté par tous, il fait résonner aux oreilles des nouveautés qu'on n'aurait pas encore goûtées. Les mets exquis du repas, l'Ancien Testament les offre dans le cycle des années, et le Nouveau les donne 5 avec amour sans qu'on s'en rassasie.

En tête, Antiochus le tyran, le cruel par excellence, était assis sur un lieu élevé. C'est le propre en effet de la vanité et de la pauvreté d'esprit de faire croire à ceux qui en souffrent qu'il est dur pour eux de se tenir sur la terre elle-même avec les autres hommes. Ils ont à cœur de s'élever en l'air, 10 de monter et de marcher sur la pointe de leurs pieds', de lever le front et de s'exhausser le plus possible, semblables aux cèdres du Liban dont parle le Livre divin' en flétrissant leur stérilité et leur orgueil.

Autour de lui étaient rangées de nombreuses troupes de soldats et de porteurs de lances, ceints de leurs armes, qui pouvaient inspirer de la 15 crainte aux spectateurs. En avant étaient placés divers instruments de toute

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1. Sic L; Add. 14599, wax La corrigé en alamas las par BENSLY, The fourth Book of Maccabees, p. , note; V. illisible.

* fol. 99 vo a.

espèce de supplices qui représentaient les différents genres de châtiments. Certains d'entre eux, extraordinaires, ne servaient qu'à titre d'épreuve. Mais tous également menaçaient d'une mort amère et violente. Par des lacérations les plus subtiles, si l'on peut dire ainsi, ils déchiraient en même temps la 5 chair et l'âme. Peu à peu ils détachaient celle-ci du lien de leur union intime.

Au premier rang s'avançait le prêtre Éléazar dont la vieillesse se trahissait à ses cheveux blancs, mais qui était jeune d'esprit. On lui demandait de manger de la chair des sacrifices païens et de la chair de porc, et de renoncer au culte pur de la Loi. Le tyran croyait en effet que, s'il triomphait 10 de lui, il vaincrait aussi la Loi et le sacerdoce, dont la ruine serait la conséquence de la défaite du vieillard. C'étaient ces institutions qu'il attaquait, et non pas en réalité les personnes. * Il pensait aussi que les jeunes gens et * fol. ' les disciples suivraient sans résistance leur maître. Mais il fut déçu dans son espoir et dans ses illusions.

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Éléazar se rajeunit dans son corps vieilli et affaibli contre les dures calamités. Il fortifia les jeunes gens, eux qui étaient d'un corps ardent et vigoureux. Il prouva que la Loi était spirituelle, que le sacerdoce était su

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blime et élevé, en montrant qu'ils possèdent une espérance mystique pour laquelle on doit souffrir, et qu'ils n'existent pas seulement en apparence et par écrit.

Antiochus était très occupé (τoλùs v) à rire d'Éléazar comme de quelqu'un qui souffrait inutilement et dédaignait le mets très délicieux de chair de porc. 11 5 appelait ce mets un bienfait de la nature, et il considérait comme une sottise de préférer la mort à un mets. Mais il tempérait ses menaces en riant de cet homme et en même temps en cherchant à l'effrayer. Parfois il montrait à son égard de la pitié et de la compassion; il disait cet homme est courbé et affaissé par la faiblesse et le faix de la vieillesse.

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Les mêmes sentiments étaient partagés par les serviteurs, les porteurs de lances qui entouraient en armes Éléazar et protégeaient ainsi le roi. De tous côtés ils entouraient en bon ordre le vieillard comme une tour de vertu. Mais celui-ci était pour eux inaccessible, complètement inexpugnable et invincible. Il disait : « Notre Loi, ô Antiochus, est la vraie loi; elle est l'œuvre et le don 15 de Dieu, et non pas la doctrine d'un homme. Est-ce que tu n'as pas entendu

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parler de Moïse, de son jeûne de quarante jours, de la splendeur et de la purification qu'il en a tirées, du sommet du mont Sinaï, du nuage, de Celui qui lui faisait là des révélations, des Tables gravées par le doigt de Dieu, lesquelles étaient doublement écrites, à l'intérieur et à l'extérieur? A ceux qui 5 étaient très grossiers, ces Tables montraient la face extérieure de l'écriture, mais à ceux qui les contemplaient avec sagacité, elles indiquaient les profondeurs mystiques de l'esprit. De là nous est venue la répulsion pour les mets de chair de porc, laquelle nous instruit et nous enseigne à contenir la passion de la gourmandise, à ne pas rechercher les choses délicieuses et à observer fol. 99 10 ainsi la continence. Je respecte donc, ou le fondateur de la Loi qui est Dieu, ou l'esprit de la Loi. Aux animaux privés de raison, il est permis de se servir, comme tu le dis, de l'abondance du don de la nature et de jouir des voluptés sans frein. Mais à l'homme doué de raison, il n'est pas permis de faire ni de manger tout ce qui est possible; il a reçu une loi qui lui interdit certaines 15 choses et qui lui en permet d'autres. C'est pourquoi nous appelons des brutes les barbares, eux qui se mettent tout sous la dent en obéissant à la nature

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