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et non pas à la Loi. Tel est l'esprit de la Loi, pour m'abstenir de parler des sens sublimes et surtout inexprimables.

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<< Mais je dois encore m'adresser à l'impiété et à l'obéissance qui n'est pas conforme aux mystères. Que dirai-je au sujet de l'extérieur ou de la dignité du Grand Prêtre? J'ai peur de la tunique qui descend jusqu'aux pieds et qui 5 est tissée avec des couleurs variées et différentes. Elle montre que le Grand Prêtre doit être revêtu de tout l'ensemble varié des vertus. J'ai honte devant le pectoral des jugements, le symbole de la vérité, que devaient porter sur la poitrine ceux qui ont reçu le sacerdoce, en entrant dans le Saint des Saints, pour acquérir la raison intellectuelle qui est conduite par la parole plutôt que par la colère et les passions ennemies, pour pouvoir juger comme il faut, pour recevoir comme dans un miroir les révélations d'en haut et les directions et les transmettre aux initiés avec exactitude et vérité. Je suis confus devant la Cidaris, c'est-à-dire la tiare qui couronne la tête du prêtre en signe qu'il s'est fortifié contre les passions. Je tremble devant la bandelette d'or sur le front, 15 sanctifiée par le nom de Dieu qu'elle porte seul gravé en lettres qu'on ne prononce pas. Elle illumine le visage du prêtre qu'elle conduit et auquel elle

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enseigne que lui seul verra Dieu. Lorsque je suis plongé dans ces pensées

et dans beaucoup d'autres, pourquoi trahirais-je la loi de mes pères? Pourquoi

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serais-je vaincu par un mets privé de raison? Pourquoi souillerais-je ma* fol. 100 bouche qui jusqu'à une telle vieillesse est restée pure? Tu connais par là, ô Antiochus, l'état de mon âme; prends donc maintenant une épreuve de mon corps. >>

Frappé, comme par des aiguillons, par ces paroles qui étaient pleines de philosophie, Antiochus donna l'ordre de lacérer le vieillard par des tortures. Aussitôt les serviteurs porteurs de lances, ces cruels, se mirent à frapper du 10 poing, à multiplier les blessures. Par des coups de fouet ils le lacéraient, attaquant ses flancs et déchirant sa chair au point que son sang coulait abondamment.

Le vieillard, fixant ses yeux sur le ciel et courant avec empressement vers la voie céleste, soufflait et suait violemment. A la fin, sans avoir été contraint 15 à exprimer une parole de faiblesse et de lâcheté, il fut livré à l'ardeur du feu. Alors, lorsque le reste de son corps fut consumé, et après la prière pour le peuple et les dernières paroles de l'agonisant adressées à Dieu, il s'envola vers les bienheureuses demeures des anges et des saints Pères.

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Les jeunes gens, conformément aux instructions des prêtres, accueillirent les combats du maître et les méditèrent avec beaucoup de diligence et d'empressement. Ils connurent mieux que les enseignements de la Loi l'endurance du vieillard dans les souffrances, et ils la prêchèrent avec ardeur. Ils la conservèrent dans leur mémoire avec une exactitude remarquablement vive, sans aucune faute ni oubli. La science qu'ils reçurent, ce n'est pas principalement par la langue qu'ils l'enseignèrent et la transmirent, mais courage à la hauteur des supplices.

par un

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Chacun de ces jeunes gens fut amené en public suivant le rang de sa taille. Le tyran croyait, par un châtiment imposé à l'aîné, changer les autres en les effrayant. Lequel ne faillirait pas en effet par peur, en voyant les chairs de ses frères cruellement déchirées et mises en pièces? Mais tel ne fut pas le résultat. Au contraire, cette idée de frapper par la peur excita ces vaillants guerriers armés de la piété (evσéбex) à montrer un courage encore plus grand. L'aîné des frères songeait que c'était un devoir pour lui d'imiter son maître. Le second 15 * fol. 100 pensait que, outre * le vertueux exemple de son maître, celui de son frère lui imposait aussi une obligation. Le troisième s'efforçait de surpasser ceux qui l'avaient précédé dans le combat et d'être un exemple d'héroïsme pour ceux

ro b.

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qui restaient. Tous s'étaient associés les uns avec les autres dans les luttes et les combats. Chacun d'eux ne combattait pas seulement pour son propre martyre, mais aussi pour le martyre d'un autre. Celui qui s'était avancé le premier était une colonne animée pour celui qui suivait, et un symbole nouveau de courage qui subitement avait été écrit et placé devant lui, suffisant pour l'entraîner vers un zèle égal. Les derniers, en entrant dans le stade, éprouvaient l'athlétisme de leurs frères encore plus que ceux qui souffraient. Ils se préparaient à l'épreuve imminente, craignant non pas de suivre les traces de leurs devanciers, mais de ne pas montrer dans leur corps leur qualité 10 de frères et la même énergie d'endurance dans les tortures variées produites par les instruments du supplice.

L'un était allongé sur une roue qui disloquait ses articulations en l'entraînant dans la rotation de son cercle, pendant que des charbons ardents, placés au-dessous, le brûlaient en même temps. Un autre était dépouillé de sa 15 peau par des crampons de fer, comme on dépouille un mouton. Un autre, à l'ordre qu'on donnait de lui couper la langue, tirait de lui-même la langue et la tendait pour qu'elle fût coupée, montrant par là que si quelque chose de

PATR. OR.

I. IV.

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caché à l'intérieur était réclamé pour le supplice, il le donnerait aussi, s'il dépendait de sa volonté de le produire. En effet, chacun d'eux avait grand souci de mettre en évidence, en face des nouveaux genres de peines, un empressement encore plus nouveau à être éprouvé dans tous ses membres à la fois et à supporter vaillamment de nombreuses épreuves avant que son âme ne se séparât de son corps. Ils estimaient que c'est souvent le propre des animaux d'être abattus dans un seul massacre, tandis qu'à ceux qui se distinguent par leur énergie il convient surtout de porter sur leur corps de * fol. 100 nombreuses marques de courage, de marcher ensemble vers le glaive des adversaires, et de répandre leur sang aussi bien pour leur ennemi que pour 10 leur parent.

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Telle était la puissance des jeunes gens, ces vaillants héros, que je ne m'attarderai pas à faire le récit des actes de chacun d'eux. Telle était l'ardeur, la mieux préparée pour combattre, de ces confesseurs invincibles. De même que les ouvriers qui enchâssent dans une couronne d'or des pierres 15 précieuses et extraordinaires, ne prennent pas des pierres d'une seule couleur, mais de couleurs diverses et variées, pour en faire jaillir un seul éclat; ainsi ces jeunes gens s'élançaient avec joie vers ces inventions de supplice

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