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pas lire (1). Dieu faisait souvent des miracles aux tombeaux des martyrs, et souvent aussi il en faisait à leur martyre; en sorte que plusieurs des assistans se convertissaient, et quelquefois les bourreaux et les juges mêmes.. Ainsi, plus on faisait mourir de chrétiens, plus ils multipliaient (2); mais quoiqu'ils fussent en si grand nombre qu'ils pouvaient faire de grandes armées, ils n'usèrent jamais d'aucune violence pour se défendre contre ceux qui les traitaient si cruellement (3), et il y eut des légions entières de soldats chrétiens, comme celle de saint Maurice, qui se laissè rent massacrer plutót que de se servir de leurs armes contre leur prince. Ils avaient appris des apôtres qu'il faut respecter les puissances établies de Dieu, même en la personne des méchans, et obéir à nos maîtres, quelque fâcheux qu'ils soient. On lit encore tous les jours à l'église les martyrologes, où l'on a recueilli les noms d'un grand nombre de martyrs et l'abrégé de leur histoire. Il y en a qui sont honorés par toute l'église, comme les apôtres, saint Etienne, saint Laurent, saint Sébastien, saint Vincent, sainte Agnès, sainte Luce; d'autres sont plus connus aux lieux où ils ont souffert, comme saint Irénée à Lyon saint Denys à Paris, saint Saturnin à Tou

(1) Prud. Per. Steph. 9 et 11. Greg. ij, Ep. 1. (2) Tertul. Apolog. 35, etc.

(3) Rom. xiij. I. Petr. ij, 33, etc.

louse, saint Lucien à Beauvais, sainte Colombe à Sens, saint Bénigne à Dijon, et ainsi des autres.

LEÇON LII.

De la liberté de l'Eglise et de la vie monastique.

APRÈS trois cents ans de souffrances, Dieu donna la paix à son église, sous l'empereur Constantin, qui embrassa la foi chrétienne. Cette liberté rendit plus solennelles les prières publiques et les assemblées des fidèles qu'il fallait souvent faire la nuit et en cachette, du temps des persécutions. On fit aussi des édifices plus magnifiques; on augmenta le nombre des ornemens et des vases sacrés; on donna de grandes richesses aux églises pour l'entretien du luminaire et des bâtimens, pour la nourriture des clercs et des pauvres. L'on fonda des hôpitaux de toutes sortes; mais en même temps la vertu commença à se relâcher dans le commun des chrétiens. Comme il n'y avait plus de péril à l'être, plusieurs en faisaient profession, sans être bien convertis ni bien touchés du mépris des plaisirs, des richesses et de l'espérance du ciel. Ainsi ceux qui voulurent pratiquer la vie chrétienne dans une plus grande pureté, trouvèrent plus sûr de se séparer du monde, et de vivre en

Ma

solitude. On les appela moines, c'est à-dire seuls ou solitaires (1). Les plus parfaits furent en Egypte, où saint Antoine commença à les faire vivre en communauté, et à rendre plus fréquente cette manière de vie dont quelques particuliers avaient conservé la tradition depuis le commencement de l'église; car il y avait toujours eu quelques chrétiens à qui le désir d'une plus grande perfection faisait pratiquer une vie austère et retirée, à l'exemple de saint Jean-Baptiste et des prophètes. Les moines vivaient dans de grands déserts, où ils bâtissaient, pour se loger, de pauvres cellules, et ils passaient le jour à travailler, faisant des nattes, des paniers et d'autres ouvrages faciles, et méditant l'écriture sainte (2). Ils jeûnaient tous les jours, ne prenant leur nourriture que vers le soir, et ne vivant la plupart que de pain et d'eau. Ils s'assemblaient pour prier le soir et la nuit. Ils dormaient peu, gardaient un grand silence, et s'exerçaient continuellement à toutes sortes de vertus. Leur travail suffisait non-seulement pour les nourrir, mais encore. pour fournir à de grandes aumônes. Ils obéissaient parfaitement à leurs supérieurs, quoiqu'il y en eût quelquefois plusieurs milliers sous un même abbé; car en peu de temps ils multiplièrent extrêmement. Il y eut des femmes qui embrassèrent

(1) Moeurs des chrét. chap. 21. (2) I. Cas. inst..

aussi cette manière de vie. Dès le commencement du christianisme il y avait toujours eu grand nombre de vierges et de veuves qui se consacraient à Dieu; et quand l'église fut en liberté, il s'en forma de grandes communautés de religieuses et dans les villes et dans Fes solitudes. Il y a eu plusieurs saints qui ont fait des règles de la vie mouastique pour les hommes et pour les femmes; mais celle qui a été la plus suivie en Occident, est celle de saint Benoît, qui vivait en Italie au cómmencement du sixième siècle.

Fin de la première Partie

CATÉCHISME

HISTORIQUE,

SECONDE PARTIE,

Contenant les Dogines de la Religion.

TOUTE

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et

OUTE la doctrine chrétienne se rapporte à quatre parties principales: le symbole des apôtres, l'oraison dominicale, les commandemens de Dieu, et les sacremens. Le symbole se rapporte à la foi, l'oraison à l'espérance, les commandemens à la charité, les sacremens à toutes les trois. Car toute la vie chrétienne consiste en ces trois vertus que l'on appelle théologales ou divines, parce qu'elles se rapportent directement à Dieu, et viennent immédiatement de lui. Nous ne pouvons les acquérir par notre travail, et elles ne sont infuses, c'est-à-dire, répandues en nos ames, que par sa pure grace. Par la foi nous croyons fermement tout ce que Dieu a

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