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nous faisons toujours moins bien que nous ne voulons ; et si nous ne nous proposons que ce qui est précisément d'obligation, nous demeurerons toujours en deça, c'est-à-dire, dans le péché. Il ne faut donc pas nous contenter de ce que Dieu exige de nous, mais lui donner généreusement tout ce que nous pourrons, puisque nous ne lui devons pas moins que de l'aimer de tout notre coeur et de toutes nos forces. Il faut avoir une haute estime des conseils de Jésus-Christ, puisqu'il est la sagesse même, et qu'il sait bien mieux que nous ce qui nous est bon. Il ne faut pas chicaner avec Dieu, ni trop s'attacher à distinguer les préceptes des conseils, mais s'efforcer, autant qu'il est possible, de connaître et de pratiquer ce qui lui est agréable. Jésus-Christ a renfermé l'idée de toute la perfection dans ces huit béatitudes. Heureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux. Heureux ceux qui sont doux, parce qu'ils possèderont la terre. Heureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, parce qu'on leur fera miséricorde. Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. Heureux ceux qui procurent la paix, parce qu'ils seront nommés enfans de Dieu. Heureux ceux qui souffrent persécutiou pour la justice, parce que le royaume des cieux est à eux.

LEÇON XXX VII.
De la Grace.

Nous ne pouvons accomplir les comman

demens de Dieu, ni suivre ses conseils, que par sa grace: de nous-mêmes nous ne pouvons pas former une bonne pensée, ni dire le Seigneur Jésus, que par le Saint-Esprit. Ce n'est pas que Dieu ne nous ait créés libres, et ne nous ait proposé dans sa loi la vie et la mort, mais notre volonté est tellement affaiblie par le péché, que de nous-mêmes nous choisissons toujours le mal, et nous n'avons point de liberté pour bien faire, si nous ne sommes délivrés par la vérité qui est J. C Nous connaissons le bien par la lumière de la raison que Dieu a mise en nous, et par sa loi qu'il nous a donnée; mais nous n'avons pas la force de l'accomplir, parce que notre concupiscence nous entraîne continuellement vers le mal que nous condamnons; cette concupiscence est l'amour de nous-mêmes sans rapport à Dieu, et l'inclination au plaisir sensible, qui nous fait préférer le bien du corps à celui de l'ame. De-là viennent les passions déréglées, l'amour sensuel, la haine, la colère, la peur, la tristesse, la joie. Ces passions nous font commettre toutes sortes de péchés quand elles sont plus fortes que la raison; et elles sont tou

jours plus fortes quand nous demeurons dans l'état de la nature corrompue, où nous naissons tous, parce qu'en cet état il est impossible que nous prenions plaisir à autre chose qu'à ce qui flatte nos sens, et qui est conforme à notre amour-propre. C'est pour cela qu'il faut mourir au vieil homme, et renaître de nouveau en Jésus-Christ, étant justifiés gratuitement par sa grace, afin de faire par amour de Dieu et avec plaisir ce qui est conforme à sa volonté et à la lumière de la raison.

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LEÇON XXX VIII.

Des Sacremens.

A grace nous étant absolument nécessaire, Dieu ne se contente pas de nous la donner, il veut bien l'accompagner de signes sensibles proportionnés à notre faiblesse. On appelle ces signes, sacremens, c'est-à-dire, choses sacrées; ou mystères, c'est-à-dire choses

en

cachées. En effet, ce sont des choses matérielles, et des actions extérieures, qui nous signifient l'opération intérieure du Saint-Espit, par laquelle il sanctifie nos ames, même temps que nous pratiquons ces saintes cérémonies. Ce n'est pas que Dieu ne puisse ncus communiquer sa grace sans l'accompagner de ces signes, mais nous n'en sommes pas alors si assurés, et ce n'est pas aussi que

ces signes nous donnent une entière certitude d'avoir reçu la grace, puisque nous avons toujours sujet de douter si nous y avons apporté les dispositions nécessaires. C'est la misère inévitable en cette vie, de ne savoir jamais si nous sommes dignes d'amour ou de haine, ni si nous persévérerons jusqu'à la fin et d'être obligés de travailler à notre salut avec crainte et tremblement. Toutefois, connaissant la bonté de Dieu, nous avons grand sujet de bien espérer, quand nous nous approchons de ces sacremens avec foi, confiance, sincérité, humilité et componction. On appelle donc sacremens des signes sacrés, établis de Dieu pour signifier et opérer en nous la grace. L'ancienne loi parmi tant de cérémonies, n'avait aucun de ces sacremens qui donnent la grace, et c'est un avantage de la loi nouvelle. C'est Jésus-Christ qui les a tous institués, afin que son sang et ses mérites infinis, plus que suffisans pour le salut de tous les hommes, fussent appliqués en particulier à chacun de ceux que Dieu aurait appelés. Il en a marqué quelques-uns par ses paroles et par ses actions rapportées dans l'évangile ; savoir, le baptême, l'eucharistie la pénitence et l'ordre. Les apôtres ont déclaré les autres, en expliquant ce qu'ils avaient appris de lui. Car il n'était pas en leur pouvoir d'ins tituer des sacremens: il n'y avait qu'un Dien qui pût attacher à des choses sensibles l'opé

ration du Saint-Esprit. Il en a institué pour tous les besoins de la vie spirituelle; le baptême, pour y entrer et naître spirituellement; pour croître et se fortifier, la confirmation; pour se nourrir, l'eucharistie; la pénitence, pour guérir les maladies de l'ame, et même la ressusciter après qu'elle est morte par le péché; pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'extrême onction. Les deux autres sacremens regardent l'unité de toute l'église; l'ordre lui donne des ministres publics, le mariage sert à les perpétuer dans tous les siècles. Il y a donc sept sacremens : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême onction, l'ordre et le mariage. Pour bien entendre la nature des sacremens, il faut savoir les raisons des saintes cérémonies dont l'église les accompagne. LEÇON XXXIX.

Du Baptême.

Le baptême est le plus nécessaire de tous

les sacremens. En vérité, en vérité je vous dis, dit Jésus-Christ, personne ne peut entrer au royaume de Dieu, s'il ne renaît de l'eau et du Saint Esprit. Ce qui est né de la chair, est chair, et ce qui est né de l'esprit, est esprit. Or, si nous vivons selon la chair, nous mourrons, puisque la chair ne'st autre chose que l'amour-propre, la concupiscence que nous apportons au monde, comme enfans d'Adam,

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