Les intellectuels et l'Occupation, 1940-1944: collaborer, partir, résister

1940. Le traumatisme de la défaite devient, chez beaucoup d'intellectuels français, l'expérience d'une perte : celle de l'influence de leur nation dans le monde, mais aussi de leur statut individuel en tant qu'écrivains. Dans une société où l'économie et la technique sont amenées désormais à jouer un rôle déterminant, ils cherchent une nouvelle identité. Confrontés à des modèles contradictoires, à côté de ceux, très rares, qui entrent en résistance, certains choisissent l'exil ou la passivité, d'autres optent pour le fascisme comme moyen de combattre le communisme et de « réduire la décadence » (Drieu La Rochelle). 1944. L'histoire opère un brusque retournement. La plupart des intellectuels ayant adhéré, à des degrés divers, à la collaboration se sentent trahis par la politique allemande, qui n'a pas pu remplir ses promesses d'une « nouvelle Europe » et a même échoué à dresser un rempart contre le bolchevisme. Pendant ces quatre années, pourtant, la production culturelle fut, en France, impressionnante. Comment expliquer un tel paradoxe ? Les contradictions extrêmes de cette crise aiguë méritent d'être réexaminées de près. La distance historique permet à une équipe d'historiens de cinq pays d'Europe de porter un nouveau regard sur cette période cruciale de l'histoire européenne. Pages de début Avant-propos Figures de l'intellectuel en temps de guerre Trois écrivains face à une autre « étrange défaite » : Goncourt, Flaubert et Zola et la guerre de 1870 La collaboration littéraire Otto Abetz, inspirateur et catalyseur de la collaboration culturelle Céline entre le IIIe reich et la France occupée De la « république moderne » à la révolution nationale. l'itinéraire intellectuel d'André François-Poncet entre 1913 et 1943 Quelle attitude adopter ? Entre adhésion nuancée, résistance et exil Résistance intellectuelle et soutien passif de Vichy ? Réflexions sur un paradoxe dans l'itinéraire de Jean-Paul Sartre L'exil intellectuel français des années noires : une prise de parole oubliée Les intellectuels et le système éditorial français pendant la seconde guerre mondiale La radiodiffusion nationale et la « culture française » Valeurs et formation des intellectuels La continuation des annales sous l'occupation : une « solution élégante » ? Grandes écoles pendant la guerre (1940-1944) Fascisme, autorité, identité valeurs des intellectuels francophones et flamands dans la collaboration Engagement et crises desintellectuels italiens « Trahison » des clercs ? Pages de fin.