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lib. 24.cap. 2.1.4. Fra-Paolo

ni sup.

touchez des remontrances qu'on leur avoit faiAN. 1563. tes là-deffus, & du danger auquel on s'exposoit Fallav. ibid. de voir affembler un concile national en France, ils s'étoient foumis, comme des fils obéiffans, aux volontez du pape. Que depuis le colloque de Poiffi on avoit eu beaucoup de peine à retenir le clergé de France, & tous les ordres de ce roïaume, qui vouloient prendre des mefures contraires au concile; & qu'ils les prendroient infailliblement, fi on ne le terminoit au plûtôt. Que de plus les prélats François feroient obligez de fe retirer avant la fin, foit parce qu'ils ne Fouvoient foutenir plus long-temps la dépenfe, foit pour d'autres befoins publics & particuliers; qu'on fçavoit qu'il y en avoit déja un grand nombre qui étoient partis, & que les autres ne manqueroient pas de les fuivre inceffamment, fi on differoit plus long-temps; que lui-même étoit obligé de s'en retourner avant Noël ; & qu'il ne tenoit qu'aux peres de lui procurer la confolation de porter en France l'heureuse nouvelle de la fin du concile, & les remedes falutaires pour extirper l'erreur.

XLI.

prennent

tieres.

Toute l'affemblée fe rendit aux raifons du carLes légats dinal, & conclut à terminer entierement le concile, excepté les évêques de Lerida & de Leon, des mefures qui demanderent qu'on en obtînt auparavant le pour difpo- confentement du roi Catholique, & quelques aufer les ma tres qui vouloient qu'on agitât encore quelques queftions, mais fur lefquelles ils n'infifterent que foiblement. Le premier légat aïant communiqué aux ambaffadeurs eccléfiaftiques les avis de cette affemblée; celui du cardinal de Lorraine prévalut: & l'on ne penfa plus qu'à traiter de la maniere dont on devoit fe conduire pour terminer heureusement l'affemblée. On convint qu'il falloit s'attacher à établir les décrets de difcipline, qui avoient déja été conclus, & ceux qui étoient encore à faire, mais d'être moderez dans

Pallav, ibid. Lib. 24. c. 2. 7.5.& 6.

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ce qui feroit décidé fur la réformation des prin

ces.

C'eft pourquoi l'on approuva fort le mo- AN. 1563. dele du décret envoïé par le pape, dans lequel on renouvelloit les ftatuts des anciens canons, & l'on fe fervoit à l'égard des princes de monitions paternelles au lieu d'anathêmes. Touchant les dogmes du purgatoire, des indulgences, de l'invocation des faints, & du culte des images, 1 on remarqua que, quoiqu'il y eût déja beaucoup de chofes décidées fur ces matieres dans les conciles précedens; il étoit toutefois à propos d'en parler dans celui de Trente, pour corriger les anciens abus. Le cardinal de Lorraine à l'occafion des images, produifit un décret de la faculté de théologie de Paris, qui fut fort approuvé des peres. Les légats s'affemblerent donc le quatorziéme de Novembre avec le cardinal, & réfolurent qu'on ne traiteroit que des dogmes qu'on avoit produits, & dans la forme dont on a parlé. Pour cela ils appellerent quelques prélats à qui ils découvrirent leur deffein; & après en avoir choisi cinq pour chaque queftion ils les chargerent d'en dreffer les décrets avec cinq théologiens qu'on leur joignit, & d'expedier le tout en peu de jours.

Tout étant ainfi difpofé, on commença le XLII. quinziéme de Novembre à tenir des congréga- Congregations genérales deux fois chaque jour, pour opi- tions genener fur les quatorze articles qui reftoient de la ré- rales pour formation: & comme l'envie qu'on avoit de fi- examiner nir au plûtôt, faifoit qu'on rejettoit ce qui pa- le dogme & roiffoit inutile, & qu'on ne s'attachoit qu'à ce 11 dif. ipliqu'on jugeoit abfolument néceffaire: chacun fut ne. en état de donner fon avis le dix-huitiéme du Pallav.ut même mois. Le légat Moron charmé d'une fi fuprà üb. grande promptitude, expofa en peu de mots, 24.cap.3. que le concile avoit jusqu'à présent travaillé en vain pour ramener les hérétiques; qu'il y avoit beaucoup d'avantages à tirer de fes décisions tant

C 2

pour

n. I.

pour le dogme que pour la difcipline; qu'il étoit AN. 1563.vrai qu'on pouvoit en efperer de plus grands, mais que fuivant la conjoncture des temps, il falloit choisir un moindre bien, quand on ne pouvoit en obtenir un plus grand. Que Dieu peut. être pour récompenfer les peres de leur zele & de leurs bonnes intentions, leur procureroit des temps plus favorables. Que le peu qui reftoit à examiner, fe trouvoit si jufte & fi bien digeré, qu'il étoit inutile d'avoir recours à des difputes publiques. Qu'on avoit réformé l'article des princes; & que c'étoit aux évêques à les engager à faire leur devoir par leurs bons exemples, plûtôt que par des anathêmes & des cenfures. Qu'ainfi rien n'empêchoit qu'on ne XLIII. finît entierement dans la prochaine feffion. ANouveaux près que plufieurs prélats eurent dit auffi leurs articles pro- avis, on propofa quatre nouveaux chapitres. Le pafez par premier touchant la vie frugale des évêques, & l'ufage qu'ils devoient faire des biens de l'églife. C'étoit dom Barthelemi des Martyrs archevêque de Brague qui avoit propofé cet article. Le fecond concernoit les dixmes dont jouiffoient les laïques. Le troifiéme pour moderer les cenfures & les anathêmes. Le quatriéme pour établir un endroit dans les églifes, où l'on confervât les ates publics. De plus on propofa vingt-deux chapitres pour la réforme des reguliers en general & huit autres particuliers concernant les religieufes. Le premier des quatre articles fut peu goûté du grand nombre. Le cardinal MaDifferens drucce crut en affoiblir la force en reprefentant avis fur la que plufieurs évêques étant princes, & poffevie frugale dant des états, ne pourroient, felon lui, fe rédes évêques, duire à cette vie fobre & frugale qu'on demanPallav. ut doit d'eux, fans déchoir de leur dignité, & caufuprà lib. 24. fer du trouble dans leur païs. L'archevêque de cap. 3.n.5. Brague refuta ces prétextes, & dit que pour lui 6.7. il croyoit qu'il falloit preferire aux évêques une

differens prélats. Pallav.nt fuprà lib. 24. 8.3.2.3.&

XLIV.

ma..

maniere de vie conforme à la fainteté de leur état, regler leurs meubles & leurs domeftiques, AN. 1563, & les obliger même à rendre compte au concile provincial, de l'ufage qu'ils auroient fait de leurs revenus; qu'ils étoient à la verité maîtres de la portion qui leur étoit néceffaire: mais qu'ils n'étoient que les ceconomes du furplus. Mais de fi fages remontrances ne furent pas écoutées par les peres.

XLV.

Pallav. lose

Peu de jours après cette congrégation, le comte de Lune qui voïoit avec quel empreffe- Le comte ment on couroit vers la fin du concile, en fit de Lune in des reproches à quelques ambaffadeurs, il décla- fifte à voura aux légats qu'il ne pouvoit fouffrir qu'on vou- loir qu'on lût ainfi terminer fans attendre la réponse du attende la roi d'Espagne fon maître, & leur fignifia qu'il réponse du employeroit tous fes efforts, non pour empê- roi d'Efpacher la fin du .concile, ne voulant point agir gne. contre la parole qu'il avoit donnée; mais pour arrêter la précipitation avec laquelle on vouloit fup. citato. fe conduire fans attendre cette réponse. Il ajou ta qu'il lui paroiffoit indigne qu'on traitât un fouverain fi puiffant comme le moindre gouver neur de province, & il parla avec tant d'ai greur, que les légats indignez lui reprocherent qu'il n'encourroit pas feulement la colere de Dieu, mais encore celle du roi, dont il meritoit d'être féverement puni; que fa conduite & fes discours montroient fon penchant pour les heretiques, & que le roi d'Efpagne étoit trop attaché à la religion catholique pour approuver fes excès. Il fe dit encore plufieurs autres chofes importantes, après lefquelles on fe fepara fort mécontens. Deux jours après, c'est-à-dire le vingt-neuviéme du même mois de Novembre on tint une autre congrégation, où l'on résolut de nouveau de terminer promptement le concile, malgré les oppofitions continuelles du comte de Lune,

C 3

Le foir du même jour on apprit à Trente AN. 1563. que le pape étoit très dangereufement malade, & qu'on craignoit beaucoup pour fa vie. Un autre courier dépeché par le cardinal Borroméc arriva cinq heures après avec des lettres aux légats qui confirmoient la même nouvelle, & qui les exhortoient à preffer la conclufion du concile au plûtôt, fans fe mettre en peine des oppofi tions qu'on y voudroit faire, afin de prévenir un fchifme, que cette mort pourroit procurer par la divifion qui naîtroit auffi-tôt entre le facré college & le concile, touchant le droit d'élection d'un nouveau pape. Cette lettre étoit da☛ tée du vingt-feptiéme de Novembre; & les légats auffi-tôt qu'ils l'eurent reçue, manderent les deux cardinaux de Lorraine & Madrucce avec les ambaffadeurs de l'empereur & du roi d'Espa gne, & les exhorterent à s'employer pour finir au plûtôt le concile. Les Imperiaux quoiqu'im patiens de voir cette conclufion, ne laifferent pas de demander le jour entier pour en déliberer: & le lendemain dans une autre affemblée compofée des autres ambaffadeurs, & d'environ cinquante prélats, ils donnerent leur confentement, les autres furent du même avis, à l'exception du comte de Lune, qui s'y oppofa fortement avec les évêques Efpagnols, & trois Italiens.

XLVI.

Les peres s'appli quent à expedier promptement les

Tout le temps qui reftoit jufqu'à la feffion fut employé par les préfidens & par les peres à former les décrets qui devoient y être publiez; & dès le deuxième de Decembre les légats tinrent une congrégation generale, dans laquelle ils porterent tous les décrets concernant le purgatoire, les images, les reliques, le culte & l'invocation des faints, qui avoient été dreffez par le cardiFallav.ibid. nal Ofius & les autres commiffaires; & l'on pro lib. 24.cap. duifit enfuite les articles qui regardoient la réfor4.2.7.& 8.mation de la difcipline. Comme le décret des indulgences n'étoit pas encore prêt, on refolut

matieres.

dana

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