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dans une congrégation particuliere tenue la veil
le, qu'on l'omettroit, contre l'avis de plufieurs,
& particulierement des Imperiaux, qui néan-
moins y confentirent, fuppofé qu'on ne pût au-
trement empêcher le départ des François avant
la clôture du concile.

AN. 1503.

Difcours

Le cardinal Moron premier des légats parla XLVII. encore aux peres fur la néceffité de finir le concile. Il fit voir que les matieres les plus impor- du premier tantes avoient été déja traitées: que pour ce qui legat aux concernoit la foi, qui étoit le premier but que peres pour s'étoit proposé le concile, on l'avoit très-bien la clôture établie en parlant de la juftification & des facre- du concile. mens; que les herefies du temps étoient con- Raynald, in damnées dans plufieurs canons: que les hereti- annalib hoc ques dont on fouhaitoit la converfion & le falut anno n. 2c&. avoient été invitez par le pape, par fes légats, & Extat in par fes nonces avec l'offre d'un fauf- conduit actis MS. dans toutes les formes, fans qu'on cût pu les ga congreg. Trid. gner: Qu'on avoit même prié les princes, & archiv. Varifur-tout l'empereur, qui avoit beaucoup de cré- can. fign. dit fur leur efprit, de les engager à venir; mais 3196. p. 42. que ç'avoit été fans fuccès. Plut à Dieu, dit-il, Pallav, ut qu'ils euffent affifté au concile, & qu'ils fe fuf- fuprà cap. 4. fent foumis à fes décrets: rien ne pouroit arriver "e de plus heureux & pour eux & pour toute la chrétienté. Il faut prier le Seigneur de leur inf pirer de meilleurs fentimens, & un efprit foumis aux décifions de l'églife. Mais comme il n'y a plus d'efperance de les voir ici, il eft inutile de perdre le temps, les affaires du concile fe trouvent dans un état, où rien n'empêche qu'on ne le finiffe quand on voudra.

Il s'étendit enfuite fur la réformation qui étoit Pautre but du concile, il rappella ce qui avoit été reglé dans la feffion précedente, & dit qu'en obfervant exactement fes décrets, on verroit bientôt le clergé rétabli dans fon ancienne discipline. Qu'il étoit vrai qu'on pouvoit mieux faire, mais

C 4

que

que ceux qui compofoient le concile étoient des AN. 1563. hommes, & non pas des anges, & qu'eu égard aux malheurs des temps, ou devoit le contenter de ce qu'ils avoient pu faire, laiffant à Dieu le foin de taire le refte. Que les peres avoient devant les yeux le peu qui reftoit, tant pour la doctrine que pour la réformation, que le tout avoit été fi bien examiné & digeré, qu'on n'avoit pas befoin d'en difputer davantage; que le chapitre des princes avoit été réformé, & qu'on devoit les engager à faire le bien plûtôt par le bon exemple que par des cenfures & des anathemes. Qu'enfin l'on pouvoit tout finir dans la prochaine feflion; que fa fainteté le fouhaitoit fort, de même que l'empereur & les François, fuivant le témoignage du cardinal de Lorraine: le concile ayant été principalement affemblé pour ces derniers, dont les états étoient fi cruellement ravagez par l'herefie. Que le roi Catholique étoit entré dans ces vûes, afin de pourvoir au falut de l'Allemagne & de la France. I eft donc temps, continua ce cardinal en adreffant la parole aux peres, que vous alliez recueillir le fruit de vos travaux ; vos brebis vous attendent, & ne peuvent plus fupporter une plus longue abfence; expediez donc ce que vous avez entre les mains, finiffez le concile en mettant fin à vos veilles & à vos fatigues, perfectionnez votre ouvrage, & attirez par vos prieres la benediction du Seigneur fur une fi fainte oeuvre, afin que peuples en retirent tout l'avantage qu'ils en peuvent efperer.

XLVIII.

les

Le même jour deuxiéme de Decembre on reVingt-cin- gut la nouvelle que le pape étoit non feulement quiéme, & hors de danger, mais que fa fanté même devederniére noit beaucoup plus ferme qu'elle ne l'étoit avant feffion du fa maladie. Le pape lui-même confirma le lenconcile, la demain cette nouvelle par une lettre, & fe ferneuviéme vit de cette occafion pour prier de nouveau les

fous Pie IV.

peres

Pallav.

cap. 5. n. 4.

peres de finir promptement le concile. Ses vœux furent exaucez: dès le jour même troifiéme De- AN. 1563. cembre, on tint la vingt-cinquiéme feffion, qui Labbe colfut la derniere depuis le commencement du con- lect, conc. cile, & la neuviéme fous le pontificat de Pie tom. 14. P. IV. Les peres s'étant rendus à l'églife avec les 894. & seq. céremonies ordinaires, la meffe y fut celebrée &p. 1659.folemnellement par Zambeccari évêque de Sulmone; & le fermon en latin prêché par Jero ibid. lib. 24. me Ragazzoni Venitien évêque de Nazianze, & alors coadjuteur de Famagoufte. Il prit pour Raynald texte ces paroles du pfeaume 48. Peuples écou- annal. hoc tez ces chofes, habitans de la terre, prêtez tous anno n.209. l'oreille. Il invita toutes les nations à être atten- & feq. tives à cet heureux jour auquel le temple de Dieu fe rétabliffoit & le vaiffeau arrivoit au port après de fi longues & de fi furieufes tempêtes. Il dit que fa joie eût été beaucoup plus grande, fi les Proteftans euffent voulu participer à la conftruction de ce grand édifice; mais que ce n'étoit la faute ni du pape, ni du concile; qu'on avoit choisi pour tenir le concile une ville en Allemagne, qui étoit comme à leur porte, fans fe fortifier par aucune garde, afin qu'ils n'euffent rien à craindre pour leur liberté: qu'ils avoient été priez, invitez, attendus; qu'on n'avoit rien épargné pour les guérir, foit du côté des dogmes de la foi catholique qu'on avoit expliquez, foit par rapport au rétabliffement de la difcipline de l'églife dans les articles de la réfor mation.

Il recapitula enfuite tous les décrets faits par le concile en matiere de foi; il montra combien il avoit retranché d'abus dans les cérémonies: que quand il n'y auroit pas eu d'autre fujet de convoquer le concile, il eût toujours fallu le faire pour arrêter le cours des mariages clandeftins; venant enfuite aux articles de la réformation, il fit voir de point en point l'utilité qui en € 5 revien

reviendroit à l'églife, & ajouta que ce concile AN. 1563. avoit travaillé plus exactement que tous les autres précedens à la réformation des mœurs: Que les argumens des herétiques avoient été discutez à diverfes reprises & fouvent avec beaucoup de difputes & de conteftations, non pas qu'il y eût de la divifion & de la difcorde parmi les peres, n'y en pouvant avoir parmi des perfonnes d'un même avis; mais pour développer la verité, de la même maniere qu'on eût fait, fi les herétiques euffent été prefens. Il conjura tous les peres d'en faire exécuter les décrets, dès qu'ils feroient de retour dans leurs diocéfes, & de remercier après Dieu, le pape Pie IV. qui n'avoit épargné ni peines, ni fatigues, ni dépenses pour conduire une œuvre fi fainte à un heureux fuccès. Il conclut par un éloge des légats & furtout du cardinal Moron, & felicita tous les pe res fur la gloire qu'ils alloient s'acquerir dans toute la pofterité, & fur la joie qu'ils devoient procurer à leurs peuples par leur retour.

XLIX.

cret tou

lect.conc.ut

fuprà.

Pallav, ibi

Enfuite le célebrant monta dans la tribune & Premier dé- lut à voix haute les décrets, dont le premier concernant le purgatoire étoit conçu en ces terchant le mes: L'églife Catholique inftruite par le Saintpurgatoire. Esprit, ayant toujours enfeigné, fuivant les Lalbe col- faintes écritures. & la tradition ancienne des peres dans les faints conciles précedens, & depuis peu encore dans ce concile general, qu'il y a un purgatoire, & que les ames qui y font détenues font foulagées par les fuffrages des fidéles, &particulierement par le facrifice de l'autel, fi digne d'être agréé de Dieu. Le faint concile ordonne aux évêques, qu'ils ayent un foin particulier que la foi & la créance des fidéles touchant le purgatoire, foit conforme à la faine doctrine qui nous a été donnée par les faints conciles, & qu'elle foit prêchée & enfeignée de la forte en tous lieux. Qu'ils banniffent des prédications

dem.

pu

publiques qui fe font devant le peuple ignorant
& groffier, les queftions difficiles & trop fubtiles AN. 1563.
fur cette matiere, qui ne fervent de rien pour
l'édification, & defquels d'ordinaire il ne fe titre
aucun avantage pour la pieté. Qu'ils ne permet-
tent point non plus qu'on avance, ni qu'on agite
fur ce fujet des chofes incertaines, & qui ont
apparence de fauffeté: & qu'ils défendent com-
me un fujet de fcandale, & de mauvaife édifica-
tion pour les fidéles, tout ce qui tient d'une cer-
taine curiofité, ou maniere de fuperftition, ou
qui reffent un profit fordide & mefféant: mais
que les évêques s'appliquent à faire enforte que
les fuffrages des fidéles; comme les meffes, les
prieres, les aumônes, & les autres œuvres de
pieté que les fidéles qui font en cette vie ont cou-
tume d'offrir pour les autres fidéles défunts, foient
faites & accomplies avec piété & dévotion, felon
l'ufage de l'églife; & que ce qu'on leur doit
par fondations teftamentaires ou autrement, soit
acquitté avec foin & exactitude, & non par ma-
niere de décharge par les prêtres, ou par ceux
qui fervent à l'églife, ou autres qui y font te-

nus.

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Ce décret fut fuivi de celui qui regarde l'invocation des faints, leur culte, leurs reliques, & Second déles images, dont voici la teneur. Le S. concile cret de l'inenjoint à tous les évêques & à tous autres qui vocation 3 font chargez du foin & de la fonction d'enfeigner des faints, le peuple, que fuivant l'ufage de l'églife Catholi- de leurs reque & apoftolique reçu dès les premiers temps de liques, & la religion chretienne, conformément auffi au des images. fentiment unanime des faints peres, & aux dé- Lathe collect, crets des faints conciles, ils inftruisent fur toutes conc. town, chofes les fidéles avec foin touchant l'intercef 14. p. 895. fion, & l'invocation des faints, l'honneur qu'on rend aux reliques, & l'ufage légitime des ima- Jup. cap. 5. ges; leur enfeignent que les faints qui regnent avec Jefus Chrift, offrent à Dieu des prieres pour C 6

les

Pallav. ut

71. 4.

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