Trévisani, & d'avoir fait pendant An. 1431 toute la campagne fi peu d'ufage des FRANÇOIS forces confidérables qu'on lui avoit LXV. Doge confiées. Au commencement de l'aude Venife. FOSCARI, Trruption tomne il manqua la ville de Crémone par fa pure faute. Un de fes détachemens s'étant approché de nuit du foflè de la place, remarqua que la fécurité avoit éloigné les fentinelles du rempart. Il efcalada les murs, fe faifit d'une des portes, s'y retrancha & s'y mainting pendant deux jours, contre les efforts de la garnifon & des habitans. La ville étoit prife, fi Carmagnole avoit foutenu ce détachement; mais il parut incertain & irréfolu. H prétexta des périls qui n'étoient point à fup pofer il fe tint à l'écart avec fon armée, & laiffa écrafer fon détachement. On ne douta plus qu'il ne fût gagné par Philippe, & on eut d'autant plus de raifon de le croire, que contre d'autres ennemis il montra toute fon activité. Le Patriarche d'Aquilée avoit enfim des Hongrois obtenu de l'Empereur Sigifmond un corps de troupes, qui pénétra cette année dans le Frioul, & fit un affreux dans le Frioul. FRANÇOIS LXV. Doge de Venife dégât dans les environs d'Udine. Le Nouvelles Après cette courte expédition Carmagnole revint dans le Crémonois, fautes de Cat & y mit fes troupes en quartier d'hi-magnole, ver. Nicolas Pichinin, après avoir repris fur les adhérens de Thomas Frégofe les châteaux qu'ils occupoient dans l'Etat de Gênes, après avoir conquis & dévasté tout le Montferrat, parut fur les rives du Pô. Il attaqua les An. 1431. FRANÇOIS quartiers des Vénitiens, & enleva ceux de Turricella & de Bordellano , FostARI, fans que Carmagnole fît le moindre LXV. Doge mouvement de Venife. les défendre. Ce derpour nier trait mit le comble à toutes fes autres perfidies, dont le détail fut connu du Sénat par des lettres interceptées. On réfolut fa perte, & ce qu'on ne voit qu'à Venife, plus de deux cents perfonnes eurent part à cette réfolution, fans que le fecret fût trahi. Affaires d'E- Les injuftices du Soudan d'Egypte contre les marchands Vénitiens, fournirent au Sénat de nouveaux objets d'affliction. Bypte. Ce Soudan avide, non content d'exiger des droits de douane contraires aux capitulations, fixoit arbitrairement le prix des marchandifes, & forçoit les Vénitiens de les acheter fur le pied de cette fixation. Ceux qui refufoient de fubir la loi étoient mis en prifon, & on leur prodiguoit les injures & les mauvais traitemens. Benoît Dandolo, Conful de la République à Alexandrie, s'étoit tranfporté au Caire pour fe plaindre de cette injustice. Admis à l'audience du Sou FOSCARI, dan, il avoit eu pour toute réponse, que fi les marchands de Venise n'é- An. 1431. toient pas contens, ils étoient les FRANÇOIS maîtres de fe retirer; qu'on n'avoit LXV. Doge que faire d'eux; que dorénavant ils de Venife paieroient encore plus qu'ils n'avoient payé par le paffé, & qu'on vouloit être maître chez foi. Le Sénat imagina un expédient pour fe fouftraire à cette vexation; ce fut d'ordonner que tous les navires chargés pour les ports de la domination du Soudan, y feroient le commerce en rade, fans débarquer, ni hommes, ni marchandises, fous peine, pour les contrevenans, d'une amen, de équivalente à la valeur de leur cargaifon, & pour les Capitaines, fous peine d'exclufion de tous les Confeils pendant dix ans, s'ils étoient nobles, s'ils & de cinq cents ducats d'amende, ne l'étoient pas. Cet expédient avoit cet avantage, que, le commerce fe faifant à bord des navires, le Capitaine confervoit la liberté d'accepter ou de refufer les marchés, & on ne pouvoit lui faire aucune violence. On efpéroit que, l'Egypte & la Syrie ne pouvant fe An. 1431 FOSCARI, paffer des Vénitiens, ni pour acheter d'eux des marchandises de premiere FRANCOIS néceffité, ni pour leur vendre leurs LXV. Doge denrées furabondantes, cette conduite en imposeroit au Soudan; & au cas qu'il perfiftât dans fes injuftices, on réfolut d'abandonner le commerce de fes Etats. de Venife. En même temps on envoya ordre au Conful d'Alexandrie de retourner au Caire, & de représenter avec fermeté au Soudan, que le commerce des Vénitiens étoit avantageux à fes Etats; qu'ils cefferoient d'y aborder s'ils continuoient d'y être affujettis à des avanies cruelles; que les Vénitiens étoient des ennemis plus à craindre qu'on ne penfoit; qu'on ne les irritoit point impunément, & qu'on devoit juger des effets de leur vengeance par l'étendue de leur pouvoir; qu'au furplus * ils ne demandoient que ce que la justice ne fouffre pas qu'on refufe à per fonne, dans les lieux où le droit des gens eft connu. Le Soudan fut étonné du langage du Conful. Il avoit cru que fon orgueil & Les menaces intimideroient les Véni |