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FRANÇOIS

de Venife.

Les Grecs

nitiens.

Les commencemens de fon Dogat furent fignalés par une acquifition im- An. 1423. portante. Jean Paléologue regnoit à FOSCARI, Conftantinople. Incapable de confer- LXV. Doge ver fes Etats contre les forces Ottomanes, il aimoit mieux les démem- cedent Salobrer en faveur des Puiffances voifines nique aux Vé de la Chrétienté. Il fit offrir aux Vénitiens la Ville de Salonique, que le Sultan Amurat, déja maître d'une partie de la Macédoine, projettoit d'envahir. L'offre fut acceptée par le Sénat. On arma à Venife fix galeres; on fit partir un Gouverneur, deux Provéditeurs & des troupes, pour prendre poffeffion de la place; & le peuple de cette Ville riche & commerçante, fe crut à l'abri des évenemens qu'il appréhendoit, en fe voyant défendu par une garnifon Vénitienne.

fition irrite

tiens.

Amurat fut très-offenfé contre le Cette acquiSénat, qui avoit ofé traverfer fes vues Amurat con& braver fa puiffance. Son méconten- tre les Vénitement qu'il fit éclater, & les grands préparatifs qu'il faifoit pour affiéger Salonique, déterminerent la Seigneurie à l'envoi d'un Ambassadeur, pour entrer en négociation avec ce Prince.

An. 1423.

LXV. Doge

Nicolas Giorgi fut chargé de cette FRANÇOIS Commiffion importante. Il fe rendit FOSCARI, au camp d'Amurat, qui le reçut trèsde Venife. fierement, & qui lui dit avec amertume que, fi les Vénitiens n'avoient pas accepté l'offre de Jean Paléologue, il auroit eu Salonique, ou par capitu lation, ou par force. Il le congédia fans vouloir l'entendre, & le fit arrê ter à fon retour près d'Andrinople. Une détention fi contraire au droit gens rendit la guerre inévitable. On arma à Venife toutes les galeres du port on envoya ordre d'armer toutes celles de Candie, de Modon, de Coron, de Naples, de Romanie & de Zara. On donna le commandement de cette flotte à Pierre Lorédan; qui s'embarqua avec un gros corps de troupes de terre, & qui fut fpécialement chargé de fecourir Salonique & de couvrir les colonies de l'Archipel..

Safonique eft affiégée par les Turcs.

An. 1424.

cés de lever le

des

La flotte fit voile vers les côtes de Ils font for- Romanie. Amurat s'étoit porté fur fiége. Salonique avec une grande armée, & dreffoit fes machines pour battre la place. Lorédan, après avoir établi fa croifiere devant Gallipoli, détacha

An 1424.

de Venife.

Fantin Michiéli pour porter du renfort à la garnison affiégée. Les trou- FRANÇOIS pes de ce détachement débarquerent FOSCARI, près de Salonique, à l'Ile de Caffan- LXV. Doge dre, dont elles s'emparerent malgré la vigoureufe réfiftance des Turcs. Elles eurent le même avantage à Platanée, & ayant forcé ces deux poftes principaux, elles ne trouverent plus d'obstacles pour faire entrer le fecours. Dès que Michiéli eut ravitaillé la place, il alla rejoindre le gros de la flotte. Amurat fit attaquer le Château de Chryfopolis par un corps de douzę mille hommes. Ce Château fut canonné & bombardé pendant trois femaines, furpris enfin & enlevé dans une efcalade de nuit. Mais cet avantage n'eut pas les fuites qu'on en devoit craindre. Tant de fatigues & tant de pertes avoient tellement affoibli l'armée d'Amurat, qu'il fut contraint de lever le fiége.

L'Italie n'étoit pas moins agitée que Affaires d'Iles contrées de l'Orient. Jeanne, four talic. de Ladiflas, regnoit à Naples. Livrée aux cabales de fes favoris & à toute l'inftabilité de fon caractere, elle dif

FOSCARI, LXV. Doge de Venife.

pofoit bizarrement de fon trône & de An. 1424. fon cœur, & fon gouvernement n'éFRANÇOIS toit qu'un tiffu de débauches, de foibleffes & de cruautés. Elle avoit d'abord adopté Alphonfe, Roi d'Arra gon; mais s'étant bientôt laffée de ce nouveau maître, qui lui préparoit des fers, elle s'étoit jettée par une fecondes adoption entre les bras de Louis III Duc d'Anjou; & le Royaume de Naples étoit la victime des prétentions alternativement fupérieures de ces deux concurrens.

Le Pape Martin V appuyoit le parti du Duc d'Anjou autant par attachement aux idées de fes prédéceffeurs, qui avoient difpofé du Royaume de Naples en faveur de ce Prince, que par oppofition contre Alphonfe, fauteur du fchifme de Pierre de Lune,& dans le deffein de former aux Colonnes fes neveux de riches établissemens aux dépens de la Reine Jeanne.

Philippe-Marie Viscomti, Duc de Milan, lié d'intérêt avec les Colonnes, profitoit des complaifances du Pape pour étendre fes vues d'ambition fur tous les Etats qui étoient à fa

FOSCARI,

bienséance, & dont la foiblesse ne pouvoit l'arrêter. Rempli de cette po- An. 1424. litique artificieufe qui feme les défian- FRANÇOIS ces, qui fomente les divifions, qui, LXV. Doge' mille fourdes infractions aux trai de Venife. tés, infpire des mécontentemens fe

par

crets,

& provoque les ruptures ouvertes, il ne cherchoit qu'à aigrir ceux qu'il vouloit foumettre, afin de trouver des motifs d'éclater dans la résistance qu'on faifoit à fes injuftices.

Les Florentins en garde contre la puiffance & le caractere d'un voifin fi entreprenant, voyoient la perte de leur liberté dans les évenemens qui pouvoient le rapprocher de leurs frontieres. Ils étoient les amis néceffaires de tous les ennemis de Philippe, & avoient une oppofition décidée pour tous les par is que ce Prince favori

fo it.

Il y avoit alors en Italie un nombre de guerriers indépendans qui avoient leurs foldats à eux, & qui fe vendoient au plus offrant, changeant de maître & de parti à l'appas d'une meilleure folde. Ces chefs, foldats de fortune la plupart, s'étoient établis fur

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