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FOSCARI,

les villes, bourgs, villages & châAn. 1428. teaux qui en dépendent; item, la vilFRANÇOIS le de Bergame & tout le BergamafLXV. Doge que; & on s'en remet à l'équité du Cardinal médiateur, pour décider fi la ville de Martinengue & le val Saint-Martin doivent être compris dans cette ceffion.

de Venife.

II. Ledit Duc de Milan cede de même à ladite République de Venife les châteaux & tout le terrein conquis par les Vénitiens dans le Crémonois.

III. Le Comte Palavicin ne pourra être inquiété en aucune maniere par ledit Duc, à raifon de fon alliance avec les Vénitiens, dans laquelle il veut perféverer; & il pourra jouir librement de tous les biens qu'il poffede dans les Etats dudit Duc.

IV. Le Duc Philippe rendra au Comte de Carmagnole fa femme & fes enfans; il lui reftituera pareillement tous fes biens meubles & immeubles, avec pleine liberté de les. vendre & aliéner, à la réfèrve des fiefs relevans du Seigneur de Milan."

V. Toutes les profcriptions & confifcations faites dans les Etats dudit

Duc au préjudice de ceux qui ont été

à la folde de la Seigneurie, feront ré- An. 1428. voquées & déclarées de nul effet.

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VI. Le Duc de Milan ne pourra conftruire fur le Pô aucune fortereffe & celles qui y font actuellement feront démolies. Les Vénitiens ne pourront de même conftruire aucun nou veau Fort fur ce fleuve. S'il reste à cet égard, & rélativement aux autres ceffions, quelque chofe d'indécis par le traité, on s'en remet de part & d'autre à l'équité du Cardinal médiateur.

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VII. Le Duc de Milan ne pourra, fous quelque prétexte que ce foit s'immifcer dans les affaires de la Romagne, du Boulonois & de la Tofcane; il ne pourra avoir dans tous ces endroits, ni protégés, ni adhé

rens.

VIII. Les Florentins auront la liberté déformais d'arborer leur pavillon en mer, & ne feront plus contraints de naviger fous le pavillon de Pife, comme ils y avoient été forcés: par les Génois, & le Duc de Milan

engage à leur en faire donner acte

FRANÇOIS
FOSCARI,.
LXV. Doge
de Venife.

par la Communauté de Gênes; item, An. 1428. ledit Duc a encore en fa puiffance FRANÇOIS quelque terre ou château appartenant LXV. Doge à la Communauté de Florence, il les reftituera fans délai.

FOSCARI,

de Venife.

IX. Thomas Frégofe, Jean-LouisAntoine de Fiefque & les autres nobles Génois, établis en Tofcane, refteront fous la protection de la Communauté de Florence: ils conferveront toutes les terres qu'ils poffédoient avant la guerre, & quant celles qu'ils pourroient avoir acquifes depuis, on s'en remet à l'équité du Cardinal médiateur.

X. Toutes les ceffions faites par le Duc de Milan à la République de Venife, & ftipulées dans ce traité, feront effectuées au plus tard le 6 du mois de Mai prochain. Les hoftilités cefferont le premier du même mois, & tout ce qui aura été jusques-là conquis par les Vénitiens, leur reftera.

XI. Les hautes parties contractantes auront deux mois pour nommer au Cardinal médiateur leurs alliés & adhérens; & elles ne pourront mettre de ce nombre, que ceux qui l'étoient

FRANÇOIS

avant la guerre. Les Vénitiens nomment dès à préfent les Marquis de Fer- An. 1428. rare & de Montferrat, le Seigneur FOSCARI de Mantoue & le Comte Palavicin. LXV. Doge XII. Les parties contractantes s'obli- de Venife. gent à l'exécution pure & fimple de ce traité, fous peine de cent mille ducats d'or, payables par l'infracteur, au profit de la partie lésée, & fous la garantie du très-faint Pape Martin. Fait à Ferrare le 18 Avril 1428.

cette paix.

Cette paix, qui fur publiée à Ve- Avantages de nife le 6 de Mai, eft l'une des plus' glorieufes que les Vénitiens aient jamais faites. On peut dire qu'ils déciderent avec fupériorité du fort de leurs alliés & de leurs ennemis mêmes, & deux Provinces fertiles & abondantes furent incorporées, fans retour, à leur Etat de terre-ferme. Ces deux Provinces, anciennement occupées par les Etrufques, & enfuite par les Gaulois Cénomaniens, fubirent le joug des Romains avec le refte de l'Italie. Dans la décadence de l'Empire elles eurent fucceffivement, pour maîtres, les Goths, les Lombards & les François. A l'exemple des autres villes d'Italie,

An. 1428

FRANÇOIS
FOSCARI,

LXV. Doge

de Venife.

Breffe & Bergame s'érigerent en Républiques dans le douzieme fiecle: domptées enfuite par Frédéric I, & long-temps déchirées par les factions des Guelfes & des Gibelins, elles furent foumifes aux Vifcomtis dans le quatorzieme, enlevées à cette Maifon par Pandolphe Malatesta au commencement du quinzieme, reprises par Philippe Duc de Milan, & enfin cédées avec leur territoire aux Vénitiens, à qui elles ont appartenu jufqu'à nos jours.

La publication de la paix fut accompagnée de réjouiffances extraordinaires dans tout l'Etat de Venife mais perfonne ne fut plus fenfible aux heureux fuccès de la guerre que le Doge Fofcari, qui en avoit été le principal auteur. Il voyoit par-là fon crédit dans le Sénat affermi & augmenté, de nouvelles facilités acquifes pour étendre de plus en plus la gloire du nom Vénitien, & tous les obftacles levés au defir qu'il avoit d'accroître fa réputation perfonnelle par les entreprifes les plus vaftes.

Ses vues de conquête avoient prin

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