FRANÇOIS de Venife. offices en faveur des Vénitiens, pour faire leur paix avec le Duc de Milan. An. 1438. Il continua de les affurer, par fes Am-FOSCARI, baffadeurs, de fon amitié. On déli- LXV. Doge béra de lui céder le Poléfin, que fes prédéceffeurs avoient engagé à la République pour foixante mille ducats. Cette générofité ne fut pas infructueufe. Nicolas d'Eft en marqua fa reconnoiffance, en retenant à fa folde plufieurs chefs de troupes qui vouloient paffer au service de Philippe & en travaillant à attirer Sforce dans le parti des Vénitiens. l'armée Véni La nouvelle du paffage de Pichinin Retraite de & de la défection du Marquis de tienne Mantoue, jetta l'épouvante dans l'armée de la Seigneurie. Gatta - Melata décampa la nuit même, & fit fa retraite avec beaucoup de précipitation & de défordre. Il entra dans le Breffan, & alla camper fous les murs de Breffe. A peine fe fut-il retiré, que le Marquis de Mantoue joignit Pichinin à la tête de quatre mille hommes. Ils tinrent confeil de guerre, & le réfultat fut que Pichinin pourfuivroit Gatta-Melata dans le Breffan, & que Gonzague entreroit dans le Véronois An. 1438. avec fes troupes. FRANÇOIS FOSCARI, LXV. Doge de Venife. Trifte fitua tion de l'ar nitiens. On étoit alors à la mi-Juillet. Pichinin s'appliqua à couper toutes les communications de l'armée Vénitienne. Comme il avoit des forces trèsmée des vé- fupérieures, il mit garnifon dans toutes les places entre Breffe & Bergame: enfuite il marcha par fa droite fur les villes du Lac de Garde, qu'il foumit en peu de temps; de forte que l'armée de la Seigneurie fe trouva enveloppée de toutes parts, & la ville de Breffe fut privée tout-à-coup de fes fubfiftances. Gatta-Melata frémiffoit de l'extrêmité à laquelle il fe voyoit réduit, fans pouvoir y apporter de remede. Il fit un effort du côté de Roado : il attaqua Pichinin près de cette place : l'action fut vive & difputée ; il y eut beaucoup de morts & de prifonniers de part & d'autre, & chacun s'attribua l'avantage; mais Pichinin conferva fa pofition, & Gatta-Melata fut forcé de fe replier fur Breffe. Elle tente de pailer dans le Véxenois. L'armée de ce dernier ne pouvoit manquer de périr, fi elle ne s'ouvroit pas un paffage vers le Véronois. Elle An. 1438. FRANÇOIS de Venife. n'avoit pour cela que deux moyens, : Belle mar Cette premiere reffource lui ayant che qu'elle manqué, & la néceffité de rompre les fait. obftacles qui le retenoient, devenant de jour en jour plus preffante, il se détermina enfin à mener l'armée à travers les montagnes da Trentin, tout autour du Lac de Garde. Le 24 Septembre il fe mit en marche trois heures avant le jour. Il parvint, avec des peines incroyables, à la partie fupérieure du Lac, ayant trouvé par-tout les chemins rompus par les torrens, -4 FRANÇOIS & les hauteurs occupées par des payAn. 1438. fans armés. Arrivé près d'Arco, fur FOSCARI, la Sarca, il rencontra un fort détaLXV. Doge chement des troupes de Mantoue; il de Venife. Le Général fé par le Sé fondit fur lui l'épée à la main & le diffipa. Les difficultés se renouvellerent au paffage du Mont-Baldo. Ses foldats manquant de vivres & exténués de fatigues, firent éclater plus d'une fois leur découragement. Les chevaux d'équipage fuccomboient, & il en perdit plus de trois cens. Il furmonta tous ces obftacles, & arriva dans la plaine de Vérone. Cette belle marche lui fit beaucoup d'honneur parmi les gens du métier, & Pichinin lui-même, qui l'avoit cru impoffible, en parla avec admiration. Le Sénat, dont il avoit fauvé l'areft récompen-mée, fe hâta de lui en marquer fa reconnoiffance. Il envoya deux nobles à Vérone, qui lui porterent la patente de Capitaine-Général, le don d'une belle maifon à Venife, & l'acte du Grand - Confeil qui l'élevoit à la dignité de Noble Vénitien. Gatta-Melata reçut avec beaucoup de fenfibilité ces marques de la fatisfaction du Sé pour nat; & les mériter davantage, An. 1438. il chaffa les troupes de Mantoue de FRANÇOIS tout le Véronois, entra dans le Man- FOSCARI, touan, où il fit le dégât, & fe porta de Venife. fur le Pô, dans le deffein d'appuyer les opérations de Pierre Lorédan. On avoit armé à la hâte à Venife fix galions, fix galeres & cent cinquante barques. Le fameux Pierre Lorédan en avoit pris le commandement, & étoit entré dans le Pô pour exercer la vengeance de la République contre le Marquis de Mantoue. Ce Prince avoit eu le temps d'embarraffer le courant du fleuve près de Sermido, par une forte eftacade de palis avec de groffes poutres en travers, & avoit pofté fur le rivage des troupes avec du canon. Quoique la flotte de Lorédan eût été mal équipée, & qu'il manquât de beaucoup de chofes néceffaires, il vint à bout de rompre l'eftacade; mais lorfqu'il voulut pénétrer plus avant, il s'apperçut que les eaux du fleuve baiffoient tout-à-coup. Le Marquis de Mantoue avoit fait rompre les digues, de maniere que les eaux fe répandirent des deux côtés dans la campagne, LXV. Doge Flotte Vétienne fur le Pô. |