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quoi qu'il pût arriver, il ne se sépareroit jamais de lui.

An. 1446. FRANÇOIS

par sforce perd

che d'Ancone.

L'armée des alliés étendoit fes con- FOSCARI, quêtes de toutes parts: la ville d'An- LXV. Doge de Venife cone elle-même entraînée > l'exemple des autres, traita avec le toute la MarLégat du Pape, & fe foumit à lui. Sforce fe borna à défendre le pays de fon ami le Comte d'Urbin, & eut le bonheur de s'y maintenir, avec des forces inférieures, par fon habileté dans le choix des pofitions, & par fon extrême vigilance contre tous les mouvemens de l'ennemi.

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reprendre

Pendant ce temps-là une nouvelle Le Duc de guerre s'allumoit en Lombardie. Le-Milan veut Duc de Milan réfolu de pouffer à Crémone. bout le Comte Sforce, fon gendre, voulut lui ravir le Comté de Crémone, qu'il lui avoit cédé en lui donnant la Princeffe Blanche, fa fille, en mariage. Comme les Vénitiens étoient garans de ce Traité, il leur envoya un Ambaffadeur, pour les prier de recevoir en dépôt cent mille ducats pour conftituer la dot de fa fille Blanche, fon intention étant, moyennant cette fomme déposée, de reprendre

le Comté de Crémone, qu'il avoit An. 1446 engagé à fon gendre, jufqu'à ce qu'il FRANÇOIS fût en état de payer la dot convenue. LXV. Doge' Le Sénat répondit, qu'il n'avoit au

FOSCARI,

de Venife.

cune connoiffance de cette convention; que le Comté de Crémone n'avoit point été fimplement engagé, mais cédé en toute propriété au Comte Sforce; & que la République ne recevroit point le dépôt qu'on lui propofoit, dans la crainte de préjudicier aux droits de fon allié. L'Ambaffadeur ne diffimula point au Sénat que, fi le Comte Sforce ne rendoit pas le Crémonois de bonne grace, on le lui enleveroit de force.

En effet, Philippe affembla une armée de fix mille hommes, & la fit paffer dans le Crémonois. Les villes de Soncino & de Pontoglio furent fes premieres conquêtes: de-là fes détachemens fe répandirent, fans oppofition, dans toute la Province. L'armée s'approcha de Crémone, & en entreprit le fiége. Les Vénitiens y firent entrer à la hâte un fecours de douze cents hommes: ils chargerent Michel de Cotignola, élu depuis

An. 1446. FRANÇOIS

de Venife.

peu leur Capitaine-Général, de for-mer un camp dans le Breffan, & auffi-tôt que toutes les troupes y fe- FOSCARI, roient réunies, de fe mettre en marche LXV. Doge pour faire lever le fiége de Crémone: enfuite ils envoyerent Louis Fofcari à Milan, lequel, conjointement avec l'Ambaffadeur des Florentins, fomma le Duc Philippe de retirer les troupes du Crémonois, & de reftituer au Comte Sforce les fortereffes qu'elles lui avoient enlevées en lui difant que, s'il refufoit de le faire, les deux Républiques regarderoient ce refus comme une déclaration de guerre. Philippe répondit, que le Crémonois lui appartenoit, & qu'il vouloit le ravoir. De ce moment la guerre fut déclarée.

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dérable dans

Une partie des troupes de Venife Il reçoit un étoit dans le Bolonois où le Duc échec confide Milan avoit porté la guerre. Ses le Bolonois. Généraux dans cette partie étoient Charles de Gonzague, frere du Marquis de Mantoue, & Guillaume Marquis de Montferrat. Le caractere bouillant & impétueux de Charles déplaifoit à Guillaume : ils fe brouil

An. 1446.

FRANÇOIS

de Venife.

lerent; ils en vinrent aux invectives & aux accufations. Guillaume, piqué FOSCARI, au vif contre fon rival, traita avec LXV. Doge les Vénitiens, qui le reçurent à bras ouverts. Il furprit Charles dans le Château Saint-Jean, &, aidé des troupes de la République, il fit mettre armes bas à tous fes foldats,en forte que Charles de Gonzague, après une forte réfiftance, fe fauva précipitamment à Modene. Cet événement termina la guerre de Bologne. Les foldats de Charles de Gonzague refterent prifonniers des Vénitiens. Ceux de Guillaume de Montferrat fe joignirent aux compagnies de Tadée d'Et & de Tibert Brandolino, que la Seigneurie avoit envoyées dans le Bolonois, & pafferent dans le Breffan, où elles groffirent l'armée du Capitaine-Général. Les Florentins avoient auffi dans le Bolonois un corps de quatre mille hommes, qu'ils envoyerent au Comte Sforce, retiré dans le pays d'Urbin. Ainfi cet allié, pour la défense duquel on faifoit tant d'efforts, fe trouva en état d'agir offenfivement; & les Vénitiens, débar

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quatre

An. 1445.

FOSCARI

raffés de la guerre de Bologne, eurent = dans le Breffan une armée de mille hommes de pied & de fix mille FRANÇOIS chevaux : ils y joignirent les Cernides LXV. Doge du Breffan & du Bergamafque, & de Venise. leur Capitaine-Général fut en force contre le Duc de Milan.

François Pichinin, fils du célebre Nicolas Pichinin, commandoit l'armée de ce Prince, & étoit occupé au fiége de Crémone. Dès qu'il vit que Michel de Cotignola se disposoit à paffer l'Oglio pour venir le combattre, il fe replia fur Cafal-Maggior, où il jetta un pont fur le Pô, afin de pouvoir tirer fes fubfistances du Parmefan. Michel de Cotignola paffa l'Oglio, fit rentrer dans le devoir toutes les villes du Crémonois, ravitailla la capitale, & s'avança à quatre milles de l'ennemi. Pichinin, intimidé par fon approche, établit fon camp dans une Ifle du Pô, qui eft audeffus de Cafal-Maggior, ayant derriere lui un pont fur le grand bras du fleuve qui communiquoit dans le Parmefan, & en face un autre pont fur le petit bras qui communiquoit dans te Crémonois: il fit fortifier la tête

Guerre en

Lombardie

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