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met du Siņaï, il s'étoit manifesté à leurs yeux avec l'appareil le plus imposant.

Il falloit bieħ aussi que l'autorité en vertu de laquelle Moïse sévit avec tant de rigueur contre les infracteurs de la loi (1), fût appuyée sur des miracles, et eût tous les caractères d'une mission divine, puisque les Israélites, peuple endurci et naturellement porté à la révolte, respectèrent toujours en lui l'envoyé du Très-Haut; et s'ils subirent sans résistance les peines sanglantes qu'il leur infligea, c'est qu'à coup sûr ils avoient la conviction que c'étoit le bras même du Seigneur qui s'appesantissoit sur eux.

Enfin quand on voit tous ces dénombremens de tribus, ces généalogies, ces descriptions d'objets relatifs au culte, et ces institutions de fêtes (2) qui comprennent la plus grande partie des quatre derniers livres du Pentateuque, on doit demeurer con: vaincu que ce ne peut pas être là un ouvrage supposé; quelle raison de croire, en effet, qu'un

(1) Exod. ch. XXXII.

(2) Ces fêtes étoient, 1.o celle de la Paque ou du passage, iqstituée en mémoire de la sortie d'Egypte. Exod. xu; 2.o cello de la Pentecôte, qui consacroit le souvenir du jour où la loi fut donnée sur le mont Sinaï. Levit. XXIII; 3.0 celle du Tabernacle, image du séjour dans le désert.

imposteur soit entré dans des détails si longs et souventsi minutieux? On auroit tort également de supposer que la constitution mosaïque, travaillée par plusieurs mains, n'ait été formée que successivement et par degrés. L'ensemble de toutes les lois et de tous les réglemens qui la composent, et leur parfaite correspondance, si frappante dès la première inspection, ne permettent pas de douter qu'elle soit l'oeuvre d'un seul homme, Nous démontrerons bientôt que cet homme ne peut être

que Moïse.

Si, d'un autre côté, on considère le caractère moral de l'historien, on verra que Moïse, n'agissant jamais dans la vue de son propre intérêt, n'a jamais abusé de sa puissance; que loin de flatter le peuple, il lui adressoit au contraire des reproches continuels sur son ingratitude et son impiété; qu'il ne s'est point réservé de priviléges; que la souveraine sacrificature, la plus importante charge de l'Etat, fut, par une loi solennelle, déclarée l'apanage immuable de la postérité d'Aaron, son frère; que le successeur qu'il se désigna lui-même étoit un homme (1) entièrement étranger à sa famille; et qu'enfin, à sa mort, ses propres enfans demeurèrent confondus parmi les

(1) Josué, voy. le Deuter. ch. xxxi.

menti par

autres lévites. Moïse n'a donc

pu
être
que

l'ins-
trument de la puissance divinė.
En

supposant que tous les Israélites se soient entendus pour favoriser l'imposture de leur chef, ce dernier ne devoit-il pas craindre d'être dé

par les peuples voisins, ennemis naturels des Hébreux, et particulièrement par les Egyptiens qu'il avoit, en quelque sorte, flétris dans son histoire. Quant à l'hypothèse qui admettroit comme possible la connivence des nations contemporaines, pour accréditer les fables contenues dans l'Exode, elle est trop absurde et ne mérite pas qu'on s'y arrête.

Il est donc évident que Moïse, véritable auteur du Pentateuque, n'a pu être que l'interprète fidèle de la vérité. Examinons maintenant si l'on peut prétendre avec quelque raison que ce livre ait été publié par un faussaire, sous le nom du prince israélite, et en quel temps la fraude peut

avoir eu lieu. Authenti- Personne n'a jamais révoqué en doute que cité du Pen. dans le temps de la version des Septante, c'esttaleuque et les autres li- à - dire deux cent soixante-dix-sept ans avant vres de l'ancien Testa- Jésus-Christ (1), le Pentateuque n’existât tel que

nous l'avons aujourd'hui. En remontant depuis

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ment.

(1) An du monde 3727, suivant la chronologie d'Ussérius.

cette époque jusqu'à Esdras, on trouve, la loi de Moïse constamment établie. Mais c'est ici que les difficultés naissent, et que les opinions varient. La discussion relative à l'origine et à l'intégrité du Pentateuque s'est naturellement étendue sur tous les autres livres qui entroient alors dans le canon des Ecritures (1), tels que les livres historiques, les sapientiaux, les prophètes, etc. Quelques auteurs, comme Eusebe (2) et saint Clément d'Alexandrie (3) croient que les livres sacrés ayant été tout-à-fait perdus pendant la captivité, Esdras les recomposa par l'inspiration et, pour ainsi dire, sous la dictée du Saint-Esprit. D'autres, qui n'en regardent pas l'entière destruction comme possible, pensent qu'ayant été seulement dispersés et endommagés après la ruine du temple et de Jérusalem par Nabuchodonosor , ce fut Esdras (4) qui les recueillit, les mit en ordre, com

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(1) On croit géuéralement que c'est Esdras qui le premier dressa le canon des livres saints. Voy. Prideaux, Hist. des Juifs, liv. v, et les Prolegomènes sur la Bible , par Dupin, tom. 1,

2

ch. 1.

(2) Préf. et Comment. sur les Psaumes. (3) Stromat. liv. 1.

(4) Il y en a qui veulent que ce soit Néhémie, mais l'opinion la plus commune est celle qui attribue à Esdras la restauration des Ecritures, au surplus quel que soit le personnage, l'état de la question est toujours le même.

1

pletta de mémoire et d'après la tradition, ceux dont il ne restoit que des fragmens, et rétablit

" les divers passages du texte qui se trouvoient altérés. Il en est aussi qui prétendent que ce docteur étant le seul qui en eût conservé un exemplaire, il ne fit, au retour de l'exil, que le traduire de l'hébreu en chaldéen, devenu alors la langue habituelle du peuple. Enfin des incrédules modernes, rejetant toute intervention divine, ont soutenu ou que les livres saints avoient été fabriqués par Esdras, ou, que tous les exemplaires en ayant été brûlés, le même Esdras les refit comme bon lui sembla, et les donna au peuple qui, sur sa foi, les reçut comme véritables

... Si les deux derniers livres publiés sous le nom d'Esdras, étoient authentiques, il n'y auroit pas de questions à agiter, puisqu'il y est dit que ce scribe, éclairé de l'Esprit de Dieu pendant quarante jours, dicta à cinq personnes, remplies comme lui de l'intelligence divine, tous les livres de l'Ecriture (1). Mais le troisième et le quatrième livres qui portent son nom, étant généralement reconnus pour apocryphes, et les deux premiers admis dans les canons, ne donnant à ce sujet aucun renseignement, il est impossible d'asseoir

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(1) Esdras, liv. IV,

ch. 14.

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