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mêmes où les événemens s'étoient passés (1). On savoit que David avoit composé la plus grande partie des Psaumes, et que les Proverbes et l'Écclésiaste étoient des monumens de la sagesse et de la piété de Salomon. Les écrits des prophètes, publiés de leur vivant, étoient connus de tout le monde (2). Dans tous ces ouvrages la loi de Moïse est fréquemment citée. Le peuple avoit continuellement cette loi sous les yeux; un commandement formel lui en prescrivoit la lecture journalière : « Ces paroles, dit le Deuteronome (3), seront » gravées dans ton cœur, tu les inculqueras à tes » enfans, tu les méditeras assis dans ta maison, » et marchant dans le chemin, la nuit dans les » intervalles du sommeil, et le matin en te ré

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(2) Il existoit encore, outre tous ces écrils, des Mémoires ou Annales, contenant tout ce qui s'étoit passé de plus remarquable, et qui étoient rédigés par des secrétaires de la Cour des rois de Juda et d'Israël. On appeloit ces secrétaires maschirims , ce qui signifie memorialistes. Mais aucun de ces mémoires ne nous est parvenu. Les livres des Rois et les Paralipomènes paroissent en être des abrégés. Voy. Rois, liv. 11, ch. 8, 9. 16. Paralip. liv. 1, ch. 18, *. 16, et liv. 11, ch. 34, 7.8, etc.

(3) Ch. 6.

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» veillant; tu les lieras comme une marque

dans » ta main, tu les porteras entre tes yeux, et tu. » les écriras sur le seuil de ta porte ». Jamais au milieu même de l'idolâtrie et des impiétés auxquelles s'abandonnèrent, à diverses époques, les rois et le peuple, jamais la corruption ne devint telle, que la connoissance du vrai Dieu pût être entièrement perdue, et son culte anéanti; il s'éleva toujours quelques saints prophètes, quelques princes vertueux qui opposèrent des digues au torrent, et conservèrent le dépôt sacré de la foi. Ainsi la tradition, l'histoire, les monumens, les institutions, les usages, tout concouroit à établir la possession des livres saints. Quels qu'aient été les désastres qui précédèrent la captivité, et en supposant même le peuple parvenu alors au dernier degré de dépravation, peut-on croire qu'il n'y ait pas eu un seul Israélite qui ait gardé des exemplaires de ces livres? Le culte, pendant les soixante-dix ans que dura l'esclavage, aura-t-il été tout-à-fait abandonné, et le peuple de retour à Jérusalem, se sera-t-il trouvé tellement étranger à la foi de ses pères, qu'Esdras ait osé refaire le Pentateuque, et rétablir la religion sur des bases nouvelles ? On ne sauroit admettre aucune de ces suppositions. Au surplus le texte

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même d'Esdras doit, ce me semble, trancher les difficultés. On n'y voit rien qui puisse faire penser qu'à cette époque la loi n'existât plus; tout prouve au contraire qu'alors elle étoit connue et pratiquée. On y lit, par exemple : « Le sep» tième mois étant venu, les enfans d'Israël qui » étoient dans les villes, s'assemblèrent tous, » comme un seul homme à Jérusalem. Josué, fils » de Josedech, ses frères qui étoient prêtres, » Zorobabel, fils de Salathiel, et ses frères, com» mencèrent à bâtir l'autel du Dieu d'Israël, pour » y offrir les holocaustes, .selon qu'il est écrit » dans la loi de Moise, l'homme de Dieu..... Ils » célébrèrent la fête des tabernacles, ainsi qu'il » est prescrit..... Après que les maçons eurent » posé les fondemens du temple, les prêtres, re» vêtus de leurs ornemens, se présentèrent avec » leurs trompettes, et les lévites, fils d'Asaph, » avec leurs tymbales, pour louer Dieu, selon » que David, roi d'Israël, l'avoit institué (1)'». Il résulte explicitement de ces paroles, que les Israélites avoient toujours pratiqué la loi de Moïse.

Les grandes révolutions qu'amène la guerre, peuvent ébranler les fondemens des empires, in

(1) Esdras, liv. I, ch. 3, . 1, 2 et 10.

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fluer puissamment sur l'esprit des hommes et sur leur caractère ; elles peuvent altérer, changer même les institutions civiles et politiques, mais elles n'agissent point avec autant de force sur la croyance religieuse, et l'on a toujours vu les peuples fortement attachés à leur culte, braver avec opiniâtreté les persécutions les plus cruelles, et manifester leur zèle avec d'autant plus d'ardeur, qu'on faisoit plus d'efforts pour le comprimer. L'espace de soixante-dix ans, pendant lequel dura la captivité, n'étoit pas assez considérable

pour que les Israélites pussent perdre des souvenirs qui devoient leur être si chers ; et en admettant qu'on leur ait interdit tout exercice extérieur de dévotion, comme la foi pouvoit bien se perpétuer sans pompes publiques, et que rien ne prouve enfin qu'ils aient adoré les dieux de Babylone, ou qu'ils aient passé tout le temps de leur esclavage, sans remplir aucun devoir de piété, on peut regarder comme certain qu'ils n'ont jamais cessé d'être fidèles à la religion de leurs ancêtres (1). Ce qui confirme d'ailleurs cette

(1) L'histoire de Daniel et de ses compagnons qui pratiquèrent la loi au péril de leur vie, prouve que la religion étoit encore observée. Cet exemple ne resta probablement pas sans imita

teurs.

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opinion, c'est qu'à peine arrivés à Jérusalem,
ils s'empressèrent d'offrir des sacrifices et de célé-
brer les fêtes, avant même de rebâtir le temple,
et qu'ils observèrent les jeûnes et la prière, selon
qu'il étoit prescrit par la loi de Moïse. Comment,
si cette loi eût été perdue, auroit-on pu conser-
ver la mémoire de tant de pratiques et de céré-
monies, dont est surchargé le culte judaïque? On
sait aussi qu'Esdras ordonna aux Israélites qui
avoient épousé des femmes étrangères, de s'en
séparer sur-le-champ, pour faire, en cela, ce
qui étoit agréable. au Dieu de leurs pères (1),
et qu'ils lui obéirent sans difficulté. Auroient-ils
donc pu se résoudre à abandonner ainsi leurs
familles et à rompre les plus doux liens, si la
loi, en vertu de laquelle on leur imposoit un
pareil sacrifice, n'eût point été sacrée à leurs
yeux, s'ils n'eussent point eu dans l'authenticité
bien reconnue des livres saints, dans le témoi-
gnage de la tradition et dans une foule de mo-
numens alors subsistans, des
que cette loi étoit réellement celle que Dieu

:
avoit dictée à Moïse, et qui avoit gouverné leurs
ancêtres pendant plus de mille ans.

Enfin si tous les saints livres avoient péri, ce n'est (1) Esd. liv. 1, ch. 10, 8.11.

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preuves certaines

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