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Une paix profonde signale les jours du second temple. Les Juifs instruits par tant de malheurs, restent enfin fidèles, et ne rejettent plus le Dieu d'Abraham. L'accomplissement miraculeux des prophéties les confirme dans la foi des Ecritures, et selon que Zacharie l'avoit prédit (1), il ne se montre plus parmi eux de faux prophètes. Proté, gés par les Lagides et les Séleucides, ils sont reçus dans tous les pays de leur domination, où ils concourent, sans s'en douter, à la préparation du règne du Messie, en faisant connoître aux peuples les prédictions des livres saints. Cet état de repos et de prospérité où les Juifs vécurent pendant environ trois cents ans, fut troublé par leurs propres divisions. C'est pendant les discordes qui éclatèrent au sujet du souverain sacerdoce que parut Antiochus Epiphanes, l'ennemi le plus implacable qu'ils aient jamais eu. Jérusalem tomba encore au pouvoir de l'étranger; son temple fut

III,

20.

ad generationem et generationem : nec ponet ibi tentoria Arabs, nec pastores requiescent ibi. Is.

(1) In die illâ erit fons patens domui David, et habitantibus Jerusalem in ablutionem peccatoris, et menstruatæ.

Et erit in die illâ, dicit Dominus exercituum : disperdam nomina idolorum de terrâ, et non memorabuntur ultrà : et pseudoprophetas , et spiritum immundum auferam de terrâ, Zach. xii, 1, 2.

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de nouveau profané et livré au pillage; mais ce sacrilege ne demeura point impuni, le roi de Syrie trouva dans une mort misérable le châtiment de tous ses crimes. La Judée affranchie du joug par le courage des Macchabées, se soumit à ses libérateurs, et vit, sous leur empire, accroître sa puissance et sa gloire. Enfin subissant la loi commune, elle devint tributaire des Romains, et le sceptre chancelant de Juda tomba entre les mains d'un favori d'Antoine (1). C'étoit le temps marqué par la plus ancienne des prophéties (2) pour l'avénement de ce Réparateur si souvent promis dans les Ecritures, et attendu avec tant d'impatience. Avant la réédification du temple, époque à laquelle devoient cesser les prédictions, cette promesse étoit devenue plus formelle et plus précise; Dieu avoit alors répandu ses lumières avec plus d'abondance que jamais par l'organe de Daniel, de Zacharie, d'Aggée et de Malachie. C'est dans le livre du premier que

(1) Ce fut à la sollicitation d'Antoine que le Sénat romain transporta la couronne sur la tête d'Hérode, quoiqu'étranger et non issu de race royale..

(2) Non auferetur sceptrum de Judâ, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, et ipse erit expectatio gentium. Gen. XLIX, 10.

se trouvent positivement annoncées la venue du Christ et l'abrogation de l'ancienne loi, après une révolution de soixante-dix semaines (1). Aussi lorsqu'Hérode eut usurpé la couronne, les Juifs supputant les années, jugèrent-ils avec raison qu'ils touchoient au moment où le Messie alloit paroître (2). Mais combien étoient fausses les idées qu'ils se formoient de ce roi, objet de leurs vœux et de leurs espérances. Toujours imbus de faux préjugés, ils étoient loin de penser que

la

première alliance ne fût que l'ébauche d'un pacte plus saint et plus durable, et que le règne du Messie, fondé sur la vertu, dût être purement spirituel. Leur imagination se figuroit un prince revêtu des qualités les plus brillantes, selon l'acception du langage humain, c'est-à-dire, doué de force et de courage, terrible aux nations, et destiné à les combler eux-mêmes de toutes les

prosa pérités temporelles (3).

(1) Voyez plus loin la note relative à la prophétie de Daniel.

(7) Pendant les persécutions que souffrirent les Juifs sous Nabuchodonosor, sous Antiochus et à diverses autres époques, ils n'attendoient pas Messie, parce que, suivant les Ecritures, son temps n'étoit pas encore venu; mais après la profanation

! sacrilége du temple par Pompée , ils crurent avec raison

que

la manifestation du Christ étoit proche.

(3) Voy. Basnage, Hist. des Juifs, liv. vi, ch. 25.

Sectes par

De puissans indices faisoient d'ailleurs pressenmi les Juifs. Déclin de la tir une révolution prochaine. Hérode, seul dépoSynagogue. sitaire de l'autorité, en usoit d'une manière

arbitraire, changeoit les anciennes formes du gouvernement, et, par-là, excitoit de violens murmures. D'un autre côté, le culte regardé jusqu'alors comme un des plus fermes soutiens de l'Etat, penchoit visiblement vers sa ruine; les opinions nouvelles introduites par les Saducéens, les Pharisiens et les Esséniens, annonçoient le déclin de la Synagogue. En effet, quoique ces diverses sectes ne fussent pas entièrement séparées de l'Eglise judaïque, elles ne laissoient pas d'en altérer singulièrement la doctrine. Les Saducéens propageoient les dogmes les plus funestes en niant l'immortalité des ames, et en bornant ainsi, à la vie présente, la justice de Dieu envers les hommes (1). Les Pharisiens dégénérés de leur

ch. 12;

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(1) Voy. Jos. Antiq. jud. liv. xur, ch. 9; – le même , Guer. cont. les Rom. liv. 11,

- et Basnage, Hist. des Juifs, liv. Ili, ch. 4. - On convient généralement que ce n'est qu'après le retour de la captivité, que le dogme d'une autre vie 'a été positivement enseigné parmi les Juifs. Cependant tout porte à croire qu'avant cette époque il ne leur étoit pas inconnu, qu'il faisoit même un des fondemens de leur croyance. On trouve dans les Ecritures une foule de passages qui en sont la preuve. Daniel annonce ( ch. 12 ) que ceux qui dorment dans la

et

pureté primitive, et remplis d'orgueil et de présomption, avoient érigé en systême cette hypocrisie profonde, dont leur nom est devenu chez nous le synonyme (1). Ils cherchoient à s'attirer l'estime et la vénération des peuples par les pratiques les plus ridicules (2), ét poussoient l'impu

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poussière se réveilleront un jour, les uns pour la vie éternelle, les autres pour un opprobre sans fin. Nous sommes les enfans úc Dieu, disoit Tobie (ch. 2 ), et nous attendons cette vie qu'il doit donner à ceux qui ne renoncent point à sa foi. Salomon, en divers endroits, parle des jugemens de Dieu sur les justes et sur les impies , et des espérances de l'homme vertueux, à la mort. Voy. l’Ecclésiaste et les Proverbes. Au Ps. xv, on remarque ces paroles de David : Ma chair reposera dans l'espérance, parce que vous ne laisserez pas mon ame dans le tombeau, et que vous ne souffrirez pas que votre saint éprouve la corruption. Job s'énonce à ce sujet d'une manière aussi précise. Enfin nous voyons dans la Genèse , que Moise, toutes les fois qu'il rapporte la mort d'un patriarche, s'exprime ainsi : Il s'endormit avec ses pères, il fut réuni à son peuple, etc. Ce qui suppose la foi de l'immortalité de l'ame. Voy. D. Calmet, Dissert. sur la résurrection des morts, et Duvoisin, Autor. des liv. de Moïse, 3. part.

ch. 4:

(1) Pharisaïsme s'emploie familièrement dans le sens d'hypocrisie. Dict. de l'acad.

(2) Par exemple , ils se couchoient sur des planches étroites pour tomber en dormant; souvent même ils les garnissoient de clous et d'épines afin de se déchirer; ils se flagelloient, et se frappoient la tête contre les murailles.

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