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rendues en sa faveur; les Chrétiens appelés aux premières charges sont comblés d'honneurs et de richesses ; les fondations pieuses se multiplient, et de tous côtés s'élèvent des temples magnifiques (1).

L'Eglise cependant ne touchoit pas au terme de ses tribulations, elle étoit destinée à des épreuves d'une espèce nouvelle, et plus dangereuses peutêtre qu'aucune de celles qu'elle eût encore subies. Julien devenu, par la mort de Constantius, maître absolu de l'empire, voulut renverser la religion au sein de laquelle il étoit né, et rétablir entièrement l'Idolâtrie. Convaincu par expérience que les tourmens et les supplices ne pouvoient rien sur des hommes qui, selon son expression, voloient au martyre comme les abeilles à leur ruche, il n'eut pas recours à la violence, mais il employa des moyens non moins puissans, et le succès auroit infailliblement couronné ses efforts, s'il n'eut été arrêté dans le conseil éternel

que
les

portes de l'enfer ne prévaudroient point contre l'édifice élevé par Jésus-Christ (2). Tandis

que
d'une

part les Païens sont exclusivement protégés, et que

la

(1) Voy. Eusebe, Vie de l'emper. Constantin; et Sozomène, Hist. de l'Eglise, liv. I et II.

(2) ....Et partæ inferi non prævalebunt adversùs eam. Matt.

XVI, 18.

liberté

liberté de toutes les sectes est proclamée; de l'autre, on dépouille l'Eglise de ses dons et de ses priviléges; on sème la division parmi les Chrétiens; on les chasse de leurs emplois; on leur ravit leurs biens; et pour les réduire au dernier degré d'abaissement, on leur interdit l'étude des lettres humaines. Cependant, voyant que ces tentatives étoient infructueuses, et que les proscrits n'en persévéroient pas moins dans leur attachement à la foi, Julien conçut le bizarre projet de christianiser, pour ainsi dire, l'idolâtrie. Il fonda en conséquence des hôpitaux, défendit les spectacles aux prêtres idolâtres, prêcha la pureté des moeurs et recommanda par-dessus tout la prière et l'aumône : « Car il est honteux, disoit-il, qu'aucun » Juif ne mendie, que les impies Galiléens ( c'est » ainsi qu'il appeloit les Chrétiens ) outre leurs » pauvres, nourrissent encore les nôtres, et que » nous les laissions sans secours (1) ». Pour donner un démenti éclatant à la prédiction du Sauveur (Matt. xxiv), il essaya, mais en vain, de

) relever le temple de Jérusalem (2). Doué de beau

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(1) Jul. Lett. à Arsace, prince de Galatie , dans Sozomène, Hist. eccl. liv. , ch. 16.

(2) Amm. Marcell. lib. XXIII, cap. 1; et le rabbin Gedaliah, dans Wagenseil, Tela ignea Satanæ. MOR. DE LA BIB. I.

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coup d'esprit, et versé dans les belles-lettres et dans la philosophie, il ne dédaigna pas de prendre la plume pour combattre le Christianisme (1), ́et associa, dit-on, à ses travaux polémiques les auteurs du temps les plus illustres par leurs talens et leurs connoissances, tels que Maxime, Prisque d'Epire et Libanius. Enfin ce prince, dans toutes les circonstances, manifesta contre les disciples de l'Evangile une animosité si opiniâtre et si injuste qu'il s'attira les reproches des Païens mêmes (2).

Ce furent là les derniers assauts, de ce genre du moins, qu'eut à soutenir l'Eglise. Julien mourut en combattant les Perses; le coup qui le frappa abattit pour jamais l'Idolâtrie, et la religion chrétienne devint la religion de l'empire et des empereurs (3).

(1) Il ne nous reste du grand ouvrage que Julien composa contre la religion chrétienne, que les fragmens qu'en a conservé saint Cyrille, qui l'a réfuté. Cyrille Alex. cont. Jul. Saint Grégoire de Nazianze a aussi écrit contre ce prince.

(2) ........Nimius religionis christianæ insectator, perindė tamen ut cruore abstineret. Eutrop. lib. x, n.o 16.

(3) Voy. Orose, Hist. lib. v11, ch. 3o. Les Hist. de l'Eglise, par Sozomène, liv. v; par Socrate, liv. 11; par Théodoret, liv. 111; et par Fleury, liv. xv. - Lebeau, Hist. du Bas-emp.

liv. XI, XII, XIII et XIV.

Et Bullet, Hist. de l'établissement

du Christianisme, Disc. sur cette hist. et pièces justificatives,

etc. etc.

Quoique la religion, depuis la mort de Julien, Considéra

tions génén'ait plus été exposée aux persécutions de la puis- rales sur la sance idolâtre, et que les empereurs fussent de- suite de la

religion. venus ses protecteurs naturels, cependant elle eut encore à résister à de longues et terribles épreuves; mais la Providence qui l'avoit soutenue dès son berceau, ne cessa jamais de veiller sur elle. Quand on considère en effet ce nombre

prodigieux de schismes et d'hérésies auxquels a été en proie la société chrétienne, cette succession continue de révolutions désastreuses, qui, dans le cours du moyen âge, bouleversèrent les empires et, au milieu de tant de combats et de vicissitudes, l'Eglise de Jésus-Christ toujours inébranlable, toujours triomphante, on ne peut s'empêcher de reconnoître et d'admirer l'oeuvre du Tout-puissant.

Il avoit été prédit qu'un temps viendroit où de faux prophètes et des docteurs d'hypocrisie et de et hérésies. mensonge blasphemeroient contre la vérité et ne craindroient pas d'introduire de nouvelles sectes (1). Aussi à peine le Fils de l'homme a-t-il quitté la terre qu'une foule d'imposteurs commencent à répandre leurs poisons. En vain les zélateurs

Schismes

(1) Voy. Matt. xxiv, 4,5, 23 el 24. - 1. Timoth. Ir, 1, 2. II. Pier. 11, 10. - I. Jean, 11, 18; et II. Jean, 7, etc.

de la saine doctrine réunissent-ils leurs efforts pour arrêter le fléau dans son principe; l'erreur sans cesse vaincue et terrassée se relève sans cesse, et, prenant toutes les formes, empruntant tous les langages, impose aux foibles, se perpétue de race en race, et produit enfin des maux dont nous avons encore à gémir aujourd'hui (1). Après Ebion, Cerinthe et Ménandre, hérétiques du premier siècle, paroissent Basilide, Valentin, Marcion et Montan. A ces derniers succèdent Novat, Sabellius; Paul de Samosate, Manès et çet Arius dont le système impie devoit être si fatal au repos de l'Eglise. Ensuite viennent Donat, Macédonius et Apollinaire. Au cinquième siècle Nestorius et Eutychès en Orient, et Pélage en Occident, sément la discorde parmi les fidèles. Dans le sixième, les opinions des Origénistes donnent lieu à d'interminables débats. Aux désordres occasionnés pendant le septième parle Monothélisme, se joignent d'autres calamités : vers l'an 626 commence la guerre

des Iconoclastes, qui se prolonge jusqu'à la fin du siècle suivant. Au neuvième l'ambitieux Photius excite entre les Eglises grecque et latine cette jalousie

(1) Les sectes qui se sont élevées dans le sein du Christianisme sont innombrables, nous ne citops ici que les pļus fameuses Voy. le Dict. des Hérésies, par Pluquet.

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