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Bienfaits

presque toujours n'ont à espérer ici bas

que

le martyre, pour récompense d'une vertu surnaturelle et d'un héroïsme ignoré (1) ? Partout où elle établit son empire, la reli

que produit gion chrétienne s'annonce par d'innombrables

la prédicabienfaits. Elle adoucit l'humeur farouche des tion de l'E

vangile. hommes, change leurs habitudes, détruit les préjugés les plus enracinés, soumet la politique à d'autres maximes, fonde d'admirables institutions, ranime le goût des études et imprime aux esprits une direction nouvelle. Elle épure les meurs en réprimant la débauche; en abolissant la polygamie elle rend au mariage sa dignité, et rétablit l'humanité dans ses droits en détruisant l'esclavage. C'est elle aussi qui a fait cesser les sacrifices humains, qui a défendu le meurtre des enfans, interdit les combats de gladiateurs et condamné le suicide regardé jusque-là comme un acte héroïque. Si elle n'a pas réussi à perpétuer la paix entre les nations, elle a du moins

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(1) Voy. les Lettres édifiantes. Charlevoix, Hist. de la nouv. France.

Herrera, Hist. gen. des Indes. Delacroze, Hist. du Christianisme des Indes. - Les diverses Histoires des Missions, et notamment l’Hist. de l'établissement du Christianisme dans les Indes par des évêques français, et la Relation des Missions du Paraguay, par Muratori, etc. etc.

rendu leurs luttes beaucoup plus rares et diminué les horreurs de la guerre, en tempérant la férocité des guerriers. Le clergé seul, dans le moyen âge, parvint à suspendre le cours des divisions intestines, en s'armant de l'autorité du ciel, seul frein qui pût alors arrêter les hommes et dompter leurs fureurs (1). On vit en diverses occasions des évêques et même des pontifes interposer leur médiation salutaire entre des rois prêts à combattre (2). En représentant les monarques comme les images de Dieu sur la terre, la religion rehaussa l'éclat de leur majesté, et les rendit plus vénérables aux yeux des peuples; les trônes ne furent plus si fréquemment souillés du sang des princes (3). Enfin le Christianisme éleva que confir

(1) On sait quel bien produisit la Trève de Dieu mèrent plusieurs conciles. Voy. Fleury, Hist. eccl. liv. LIX, §. 28 et 41; LX, §. 16; LXIV, §. 29, 35 et 63; LXV, §. 65; et LXXIII, S. 21.

- Le

(2) Par ses vives instances, le pieux Chéore mit fin à la guerre d'extermination que se faisoient Egfred, roi des Angles, et Edelred, roi de Mercie. Bed. Hist. eccl. ang. lib. iv, cap. 21. pape Etienne III rétablit la paix entre Pepin et les Lombards. Fleury, Hist. eccl. liv. LXIII, §. 1. 15. - Et Foulque, archevêque de Rheims, réconcilia Othon et Charles le Simple sur le champ de bataille même. Baron. Annal. ad. ann. Dom. 897. On pour roit citer mille autres exemples de ce genre.

(3) Depuis Auguste jusqu'à Constantin, on compte quarante

ces

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ces établissemens inconnus des anciens, où l'enfance abandonnée, où l'indigence, les maladies et la vieillesse trouvent un asile et tous les secours que réclame l'humanité souffrante (1). Les invasions des Barbares replongèrent l’Eu- Influence

de la religion rope dans l'ignorance; et l'anarchie qui suivit

sur le génie. l'introduction du régime féodal ne contribua pas peu à retarder le progrès des lumières. Les cloitres devinrent le seul refuge des connoissances humaines. Mais du moment que des jours plus sereins commencèrent à luire, on vit les lettres et les sciences, long-temps concentrées dans ces solitudes, prendre tout-à-coup un rapide essor. Il appartenoit à la religion qui en avoit conservé le précieux dépôt, de leur donner une vie nouvelle, d'en favoriser la marche, et de produire par son heureuse influence tant d'immortels ouvrages dont l’antiquité n'offre pas de modèles. . Quel noble et imposant caractère en effet elle sait imprimer au talent? Le Lyrique français plane dans les cieux, lorsqu'il suit le vol du Psalmiste; Athalie est le fruit de la lecture des livres saints, et le Discours sur l'histoire universelle, le plus

six empereurs, dont douze seulement moururent dans leur lit; tous les autres périrent de mort violente.

(1) Voy. Ryan, Bienfaits de la Religion, ch. ii.

MOR. DE LA BIB. I.

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beau monument peut-être dont se puisse enorgueillir notre littérature, a été tout entier inspiré par cette même religion dont il décrit l'origine, la suite, les combats et le triomphe. Sans doute à quelque époque, et en quelque pays qu'ils fussent nés, Pascal, Racine et Bossuet n'auroient point été des hommes ordinaires, mais on peut douter cependant qu'ils eussent atteint ces hauteurs, dernières limites tracées, pour ainsi dire, à l'esprit humain, si leur génie n'eût été nourri et fortifié par la méditation habituelle des vérités les plus sublimes. Voltaire et Rousseau même sont toujours admirables lorsque, dominés par un ascendant irrésistible , ils rendent hommage à ce culte qu'ils n'ont que trop souvent outragé; le premier n'est jamais plus pathétique et plus touchant que quand il célèbre les vertus chrétiennes (1), et le morceau le plus éloquent qu'ait écrit l'autre est un éloge de Jésus-Christ (2). D'où vient que le génie dirigé par l'influence des opinions religieuses s'élève ainsi au-dessus de luimême? pourquoi les auteurs chrétiens sont-ils si supérieurs aux anciens sages, lorsqu'ils parlent de Dieu, de l'homme, de l'éternité? Est-ce l'effet

(1) Voy. Alzire, Zaïre, la Henriade, etc.
(2) Emile, Profession de foi du Vicaire savoyard.

du perfectionnement de l'art? ou cela ne tient-il pas plutôt à la puissance même de la vérité?

Apologie du Christia

C'est une tactique encore assez commune aujourd'hui de déprécier indirectement le Christia- nisme. Vanisme en préconisant les bienfaits de la philo- nité de la philosophie. sophie. A entendre certaines gens parler avec emphase des progrès qu'a faits la raison depuis un siècle, il sembleroit que jusque-là les peuples ont été plongés dans la barbarie, et que la civilisation est l'oeuvre des nouvelles doctrines. Un pareil systême ne mérite pas d'être réfuté. A l'égard des abus et des préjugés qu'ont attaqués les philosophes, peut-on de bonne foi les attribuer à la religion; est-il une seule de ses maximes qui soit contraire à la justice? et depuis la prédication de l'Evangile, a-t-on fait quelque grande découverte en morale ? Ah! celui à qui sa religion prescrit d'être bon fils, bon époux, bon père, celui à qui elle ordonne de pratiquer la tolérance et la charité, d'obéir aux lois et d'honorer Dieu, ne sauroit faire un mauvais citoyen. Non, non, le Christianisme n'est point le culte des esclaves, et ce seroit le calomnier indignement que de le représenter comme un systême protecteur du des

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