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raisonnablement croire à une révélation divine? Telles sont les questions que nous allons traiter. Comme il est sans doute inutile de démontrer à des chrétiens la fausseté des autres religions ; quelle que soit d'ailleurs leur opinion sur celle qu'ils professent, nous pourrions peut-être nous dispenser de réfuter ici l'idolâtrie, le malométisme et le judaïsme (1); cependant nous croyons devoir en retracer les erreurs, avant d'entrer dans la discussion des titres du christianisme afin de faire plus puissamment ressortir, par

le contraste , les marques divines qui caractérisent l'Evangile, et déterminent la foi chrétienne.

L'idolâtrie (2) est née de la foiblesse, de l'igno- IDOLATRIE. rance et de la corruption. Car on ne sauroit Culte.

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(1) Je ne m'arrêterai ni à examiner les erreurs de la Synagogue, ni à défendre le christianisme contre les attaques des į Rabbins. Le point essentiel étant de prouver que Jésus-Christ

est le Messie, c'est en démontrant cette vérité, que je réfuterai le judaïsme moderne. Ceux qui désireroient de plus amples éclaircissemens peuvent consulter le 5.e livre du Traité de la vérité de la relig. chrét. par Grotius; le Traité de la divinité de Jésus - Christ, par Abbadie, et les savantes Dissertations de Jaquelot, sur le Messie, etc.

(2) Sous ce mot Idoláirie je comprends généralement tous les cultes qui n'ont pas pour objet le Dieu unique , auteur et conservateur de l'univers, ou qui, comme le lamisme des Tartares et le brahmisme de l'Indoustan, défigurent la Divinité par les

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douter que la connoissance du vrai Dieu n'ait été communiquée au premier homme par la Divinité même; et ici, le témoignage de la raison concourt admirablement avec l'autorité de l'Ecriture (1). En effet, ayant reconnu que les plus nobles attributs de la nature humaine, je veux dire les facultés intellectuelles, sont une image de la suprême intelligence, type de toute excellence et de toute perfection, ne seroit-il pas absurde de penser que Dieu, lors de la formation de son chef-d'œuvre, ait pu en négliger la plus belle partie, et qu'après avoir si merveilleusement organisé le corps de l'homme, il ait, en quelque sorte, paralysé ses moyens, en laissant son ame dans les ténèbres. Si l'on adoptoit ce systême, il faudroit, de toute nécessité, supposer aussi que l'homme, primitivement semblable à la bête, n'est parvenu que par des progrès insensibles à réfléchir, et à connoître sa prééminence et sa dignité. Mais Dieu, en créant le monde, n'a

superstitions les plus grossières. Grotius, dans son Traité de la vérité de la Religion chrétienne, ne réfute que le paganisme, le judaïsme et le mahométisme.

(1) Voy. les Livres de Moïse, — Athan. Disc. cont. les Païens, D. Calmet, Dissert. sur l'Idolatrie. Bossuet,

1.ro part.
Disc. sur l'Hist. univ.

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laissé imparfait aucun de ses ouvrages (1), et au moment où, à sa voix toute puissante, la nature sortit du cahos, en déployant ses majestueuses décorations, les astres brillèrent d'un éclat étincelant, la terre se trouva féconde, et les animaux furent doués de l'instinct nécessaire pour veiller à leur conservation (2). L'homme pour qui tout semble avoir été fait, et dans lequel se montrent, d'une manière si frappante, les marques de la prédilection divine, l'homme seul auroit-il été laissé dans un état d'abaissement contraire à sa nature; et n'étoit-ce qu'après une longue suite de siècles que devoient se développer les germes précieux originairement déposés dans son ame? La raison proscrit ce systême qui outrage à la fois la sagesse du Créateur et la di

(1) In judicio Dei opera ejus ab initio, et ab institutione ipsorum, distinxit partes illorum, et initia eorum in gentibus suis.

Ornavit in æternum opera illorum, nec esurierunt, nec laboraverunt, et non destiterunt ab operibus suis. Eccli. 171, 26, 27.

(2) Il n'est pas présumable que les animaux, privés d'abord de cette connoissance que nous appelons instinct, ne soient que progressivement devenus tels que nous les voyons; s'il en étoit ainsi, ils seroient doués de perfectibilité, ce qui est démenti par l'expérience. Voy. ce que nous avons dit, en parlant de l'ame des bétes.

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gnité humaine. Dieu ayant essentiellement destiné l'homme à être bon, et à l'être par son choix, ce qui constitue la vertu , a dû nécessairement , en le formant, lui prescrire ses devoirs envers son souverain maître et ses semblables, et lui apprendre à distinguer le bien d'avec, le mal (1). L'homme, dès l'origine, a donc été heureux par son innocence, puissant par sa liberté, et saint comme portant en lui-même l'image de Dieu ; et si cette noble créature est déchue de sa grandeur première, si elle a pu se corrompre et se dégrader, c'est par l'abus même qu'elle a fait de ses moyens et de sa puissance.

Lorsque la race humaine commença à s'étendre et à se multiplier sur la terre, les traces du culte primitif s'effaçèrent peu à peu. L'ignorance, les passions, les vices qu'elles engendrent, et les fausses traditions concoururent à obscurcir et à altérer l'idée si simple, si naturelle d'un Dieu unique, auteur et modérateur de l'univers (2).

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(1) C'est ce que l'Ecriture nous enseigne, Gen. ch. 1, 11 et ix, et Eccli. ch. xv et xv11. Mais je discute ici dans l'hypothèse où, privés des lumières de la foi, nous n'aurions à consulter

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que la raison.

(2) Voy. l'Esprit des religions, par Dumesnil, liv. 1, ch. 2 Mais comme l'homme, au milieu même de la dépravation la plus profonde, a toujours conservé le sentiment de sa foiblesse et de sa dépendance, et que toujours il a été obligé d'attribuer à une cause hors de lui et supérieure à lui, les admirables effets que reproduisoit sans cesse à ses yeux le brillant spectacle de la nature, il rendit à des créatures l'hommage qui n'étoit dû qu'au Créateur (1). L'homme dégénéré commença par invoquer les astres (2) dont l'influence bienfaisante semble, en fécondant la terre, tirer de son sein

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(1) « Le culte simple et pur qui est essentiellement dû à l'Etre » suprême, a dû être de tous les temps et naître avec le genre v humain. C'est lui qui a fait sentir aux hommes ce qu'ils se » doivent les uns aux autres, par rapport à celui à qui ils » doivent tout. C'est lui qui a modéré, policé, uni les hommes. » Ce lien unique , ce lien si puissant a manqué à tous les » peuples qui ont oublié Dieu. Il a fallu , par politique, y » revenir, et les hommes égarés, faute de la vraie religion » qu'ils avoient perdue, n'ont pu se passer d'en inventer de » ridicules et d'affreuses ». Fénélon, Lett. sur la relig.

(2) Voy. Voss. de Idolol. lib. 11. - - Leland, Nouv. dém. év. 7.re part. ch. iii et xx. - Deslandes, Hist. de la Philos. liv. I, ch. 3, S. 8. Pluche semble garder aussi le culte des astres comme la première idolâtrie, mais il en attribue la naissance aux abus que la cupidité a faits de l'écriture symbolique. Hist. du ciel. liv. I, ch. 2. Son systême m'a paru ingénieux et assez heureusement hasardé.

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